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Les 3 Supermen du kung-fu


Les 3 Supermen du kung-fu

Titre original :Crash ! Che botte ! Strippo strappo stroppio

Titre(s) alternatif(s) :I 3 Supermen in Cina, Les 3 Supermen en Orient, Three Supermen against the Orient

Réalisateur(s) :Bitto Albertini

Année : 1974

Nationalité : Italie / Hong Kong

Durée : 1h42

Genre : Un p'tit coup dans les baguettes

Acteurs principaux :Lo Lieh, Jacques Dufilho, Sal Borgese, Robert Malcolm, Antonio Cantafora

Nikita
NOTE
2.25/ 5



La série des « Trois fantastiques Supermen » a ceci de hautement sympathique qu'elle nous ramène à une époque révolue et innocente du cinéma. Celui où les héros se baladaient n'importe où, à n'importe quelle époque, de film en film, tels « Maciste en enfer » ou « Mickey à travers les siècles » (certes, ce n'est pas du cinéma, mais c'est pour donner une idée). Ainsi, la série des Trois fantastiques supermen, qui ne sont jamais les mêmes d'un film à l'autre : dans la jungle, au Far West, aux jeux olympiques… « Les Trois Supermen de l'Ouest », « Les Trois Supermen contre le Parrain », etc. : sans être jamais tout à fait les mêmes, nos trois crétins en pyjamas rouges étaient partout, jusqu'à vivre des aventures dans l'antiquité (« Supermen contre Amazones », resucée non-officielle de la série) ou en Turquie3 Supermen and Mad Girl »). Les personnages n'ayant d'autre consistance que leur concept, il était tout à fait naturel de les voir amenés à accompagner les nouvelles modes : c'est donc à la tendance des films d'arts martiaux asiatiques que nos trois amis s'attaquaient ici, en une réjouissante synthèse du bis italien à tendance comique et des coups de tatanes d'Extrême-Orient.





Brad Harris étant indisponible pour reprendre son rôle et Richard Harrison ayant la grippe, c'est l'illustre inconnu Robert Malcolm qui interprète ici le héros central, devenu l'agent Robert Wallace, des services secrets américains. Plusieurs agents des Etats-Unis ayant disparu en Extrême-Orient, Wallace est réquisitionné alors qu'il s'apprête à se marier et envoyé toutes affaires cessantes à Bangkok, puis à Hong Kong. Parfaitement incompétent et paumé en Orient, Wallace n'est guère aidé par les indications de l'Ambassadeur des Etats-Unis (Jacques Dufilho !) qui semble à la limite de la démence hystérique et lui apprend tout juste que les célèbres super-collants rouges à l'épreuve des balles sont à sa disposition.


Robert Malcolm, l'endive moustachue.


Jacques Dufilho (nous reviendrons plus tard sur son cas).



Heureusement, notre héros retrouve de vieux amis (Sal Borgese et Antonio « Supersonic Man » Cantafora, déjà présents dans les précédents films) qui vont le présenter à un maître du kung-fu (Lo Lieh), dont le concours s'avèrera fort utile pour accomplir la brumeuse mission en cours.


Sal Borgese et Antonio Cantafora.


Lo Lieh.


Notre héros, après un match de kung-fu amical avec Lo Lieh (qui vient platement s'excuser).


Bon, ben on va vous apprendre les arts martiaux, bande de moules !



Brumeuse, car les tenants et les aboutissants du récit ne sont que prétexte à une série de scènes comiques mongoloïdes et d'échanges de baffes amenant le film à une conclusion vaseuse. Personne ne semble en effet intéressé par la réalisation d'un vrai film de super-héros (les protagonistes ne deviennent vraiment des « supermen » qu'à la fin, en enfilant leurs super-collants à l'épreuve des balles) mais à une enfilade de gags tous plus consternants les uns que les autres, à faire passer Terence Hill et Bud Spencer pour des maîtres du comique subtil à la Jacques Tati.





Curieusement, la réalisation peu inspirée de Bitto Albertini (bisseux de seconde zone, futur responsable de « Black Emanuelle en Afrique » et de « Star Crash 2 ») met nettement plus en valeur les héros asiatiques, réellement efficaces, que les Occidentaux, présentés au mieux comme des incapables, au pire comme des pitres multipliant les travestissements débiles et les subterfuges éculés pour arriver à leurs fins. Le concours de n'importe quoi est comme d'habitude remporté par Sal Borgese, le comique de la bande, qui va très loin sur l'échelle des grimaces et des singeries pour amuser les p'tits n'enfants.











Mais si Sal Borgese sort du lot, il en est un qui se positionne naturellement hors concours et fracasse tous les records existants ou ayant existé de surjeu : Jacques Dufilho ! On a tendance à l'oublier, mais avant de s'affirmer comme un grand comédien, Dufilho a été un comique de cabaret de tendance frénétique, utilisé entre autres par Philippe Clair dans « La Brigade en Folie ». En Italie, une certaine gloire lui avait été apportée par la série des « Colonel Buttiglione », où il interprétait un officier borné et crétin : c'est sans doute cet emploi qui lui a valu son apparition dans « Les 3 Supermen du kung-fu ». Une seule pensée – si tant est qu'il pensât sur ce tournage – semble avoir animé Dufilho : réussir un numéro de cabotinage tel que même Louis de Funès dans « La Folie des grandeurs » et Henri Tisot dans « Le Führer en folie » réunis ne pourraient faire mieux.









Agité comme un parkinsonien frappé de la danse de Saint-Guy, congestionné, convulsif, Jacques Dufilho stupéfie littéralement ceux qui n'auraient connu que ses prestations chez Sautet, Schoendoerffer et Dupeyron : qui ne l'a pas vu péter en faisant une démonstration de kung-fu, jouer du violon aux toilettes et courir avec son pantalon sur les chevilles ne sait pas ce que perdre sa dignité veut dire.







« Les 3 Supermen du kung-fu » présente malheureusement quelques baisses de rythme ici et là : on sent la série en fin de course ; le cœur n'y est plus totalement et l'on devine l'épuisement qui guette à force de faire faire n'importe quoi aux trois supermen et de les faire jouer par n'importe qui. Bientôt, c'est Cüneyt Arkin lui-même qui deviendrait le héros de la série, récupérée par la Turquie (« Les Trois Supermen contre le Parrain »). N'empêche : le croisement délectable avec le film d'action de Hong Kong, l'accumulation de gags débiles et de jeux de mots du même calibre, la prestation de Jacques Dufilho surtout, font de ce spécimen dégénéré du cinéma bis sans complexes une curiosité à voir par les plus téméraires. Petite curiosité pour les amateurs : Jackie Chan, alors sur le point de devenir vedette, exécuta paraît-il certaines cascades sur ce film. Quant aux italophones, ils apprécieront d'autant dans la VO la fabuleuse chanson du générique, « Je suis Ping Pong la terreur de Hong Kong ». Cerise sur le panettone d'un film à la crétinerie décontractée.


- Nikita -
Moyenne : 2.08 / 5
Nikita
NOTE
2.25/ 5
MrKlaus
NOTE
3/ 5
Rico
NOTE
1/ 5

Cote de rareté - 4/ Exotique

Barème de notation
Bien que sorti chez nous en salles sous le titre utilisé pour la présente chronique, le film ne semble pas avoir été récupéré ni en VHS ni en DVD français. A condition de parler l'italien (car la piste sonore est strictement transalpine), on peut se rabattre sur le DVD de l'éditeur Bandiera Gialla, dans sa collection « Gli Incredibili Cult ».






Affiches italiennes.


Affiche grecque.


Affiche belge.


Affiche chinoise.



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