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Les 4 Fantastiques


Les 4 Fantastiques

Titre original :The Fantastic 4

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Oley Sassone

Année : 1994

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h30

Genre : Super-(bl)héros

Acteurs principaux :Alex Hyde-White, Jay Underwood, Rebecca Staab, Michael Baile

Alf
NOTE
3/ 5


Il est rare de pouvoir chroniquer un film n’ayant jamais connu de véritable distribution ; encore moins un nanar aussi délectable. L’aspect nanardesque du présent film est d’ailleurs presque davantage présent dans ses conditions de réalisation que dans son contenu proprement dit. En des temps obscurs, d’avant les succès de « X-Men » et « Spider-Man », Marvel Comics était marqué par une poisse particulièrement aiguë quand il s’agissait d’adapter son cheptel de personnages sur le grand et le petit écran. En témoignent les versions de « Captain America » et de « Spider-Man » proposées dans les années 1970. « Les 4 Fantastiques », dont l’univers exigeait un investissement financier particulièrement lourd, ont été encore plus mal lotis. En 1994, les droits d’adaptation en film de la bande dessinée étaient détenus depuis des années par une compagnie allemande : or, ladite compagnie, ayant échoué à réunir les fonds pour proposer une adaptation crédible, risquait de perdre les droits d’adaptation si elle ne livrait pas un quelconque produit avant une date-butoir. Pour parer au plus pressé, les rusés teutons décidèrent de produire n’importe quoi, afin de conserver la propriété de la licence, et firent pour cela appel à Roger Corman, pape de la série B, qui mit 1,5 million $ sur le tapis pour livrer un produit fini uniquement destiné à conserver des droits bientôt caducs, et à faire monter les enchères pour que d’éventuels acheteurs paient afin de ne pas voir le film distribué. L’œuvre qui nous occupe est donc un film qui était, dès le départ, destiné à ne pas voir le jour – ce que Corman se garda bien de révéler à son équipe qui tentait vaillamment d’assurer le spectacle. Evidemment, avec 1,5M$ en poche, on ne va pas bien loin et la superproduction potentielle laisse vite la place au spectacle de patronage.




Les originaux et la copie...



Reed Richard, alias Mister Fantastic (Alex Hyde-White, dont le principal titre de gloire est d’avoir interprété Sean Connery jeune dans « Indiana Jones et la dernière croisade ». Un film où on ne voyait même pas son visage dans le montage final.)

La Torche Humaine et la Fille Invisible (Jay Underwood et Rebecca Staab).


Cette version des « 4 Fantastiques » suit de manière plus ou moins fidèle le concept de la bande dessinée : victimes lors d’un voyage spatial d’un bombardement de rayons cosmiques, un savant et ses trois amis sont transformés en surhommes et décident de mettre leurs pouvoirs au service du bien. Ils sont rapidement confrontés à un savant fou, le Docteur Fatalis, et au Joaillier (un super-méchant inventé pour les besoins du film). Le scénario du film a pour atout de réussir à condenser de manière relativement crédible sur une heure vingt l’origine des 4 Fantastiques, tout en insérant les personnages du Docteur Fatalis et d’Alicia Masters, la jeune aveugle qui vit une histoire d’amour avec la Chose.


La Chose (Carl Ciarfalio).

Le Docteur Fatalis.

Le Joaillier (Le personnage était au départ prévu pour être l’Homme-Taupe, un autre méchant semi-récurrent dans la BD d’origine, qui posait quelques difficultés d’adaptation).


Les mérites du film s’arrêtent malheureusement à sa bonne volonté, la forme ne suivant absolument pas les relatifs efforts du fond : faute de moyens, le récit échoue à bâtir la moindre dimension spectaculaire et ressemble au final à un épisode moyennement inspiré de série télévisée à petit budget des années 1970-80, à peine digne esthétiquement de « L’Homme de l’Atlantide » et nettement inférieur à « Cosmos 1999 ». Alors qu’Hollywood entamait sa révolution technologique et entrait dans l’ère des budgets atteints d’obésité chronique, un tel film faisait figure d’anachronisme stupéfiant, un peu comme un film muet en noir et blanc tourné dans les années 1950, en plein boom du cinémascope et du technicolor.




Si le visage de la Chose est correctement animé, le reste de son corps n’a pas bénéficié du même soin et l’être de pierre donne cruellement le sentiment d’être en caoutchouc médiocrement sculpté. Et c’est pourtant l’un des effets spéciaux les plus soignés du film. Entre des décors désespérément vides et un vaisseau spatial tout droit sorti de « Bioman », « Les 4 Fantastiques » version 1994 sont une véritable ode à la radinerie. Tous les stratagèmes sont employés pour meubler lors de l’exposition, et les personnages mettent une demi-heure (sur 1h20 de métrage) à acquérir leurs super-pouvoirs. C’est toujours ça de gagné, et ça ne fait plus que cinquante minutes maximum à garnir chichement d’effets spéciaux bricolés à l’économie. A ce niveau, pour avoir cru au film pendant le tournage, les comédiens et le réalisateur mériteraient presque une médaille.



Puisque nous parlons des effets spéciaux, mentionnons la pingrerie absolue avec laquelle ils nous sont proposés : les personnages se montrent bizarrement réticents à les utiliser (ben oui, ça coûte du pognon !) alors que la BD d’origine est particulièrement expressionniste sur ce point. Si le pouvoir d’invisibilité de Susan Storm est assez simple à mettre en scène, c’est la misère absolue du côté du pouvoir d’élasticité de Mr Fantastic et surtout du pouvoir pyrotechnique de la Torche Humaine, dont les transformations enflammées semblent tout droit sorties du piètre dessin animé des années 1960. Et dire que, moins de dix ans plus tard, même les Philippins arriveraient à faire un homme élastique à peu près dynamique avec « Lastikman » (d’accord, ce n’est pas très crédible, mais au moins, lui, il se transforme tout le temps).




Des effets spéciaux faits main.


Des sbires au top de la crédibilité.


Quant au Docteur Fatalis – merde quoi, c’est quand même le personnage de BD qui a inspiré Dark Vador ! – le comédien, Joseph Culp, tente bien de donner le change en cabotinant théâtralement à grand renfort de gestes emphatiques : mais il ne peut pas faire grand-chose, coincé dans une armure en plastoc et revêtu d’une cape en serviette-éponge. Loin de faire vibrer par leur dimension cosmique, les confrontations entre les héros et le méchant font penser à un film de fin d’année réalisé par des étudiants en cinéma moyennement motivés. A ce niveau, on n’est même plus dans la pacotille du « Batman » sixties, c’est carrément le Quart-Monde du divertissement.



Mouhahahahahaha !


Du côté de l’interprétation, c’est quelque peu inégal : si Alex Hyde-White réussit à faire un Reed Richard relativement crédible et que Rebecca Staab est bien sympathique, il n’y a pas de mots pour dire tout le mal nécessaire de Jay Underwood, qui compose une Torche Humaine insupportable, à la mesure de sa tête de thon. On peut toujours lui trouver une circonstance atténuante en se disant que le personnage est censé être une tête à claques.


Le film n’est cependant pas haïssable et demeure tout à fait sympathique malgré sa ringardise : on sent que l’équipe du film, malgré la misère ambiante, a vaillamment tenté de justifier son salaire et on serait presque tenté de leur envoyer une boîte de chocolats pour les consoler de l’arnaque. Mais toute indulgence quant à la crédibilité du film s’évanouit devant la dernière scène, quand Mr Fantastic et la Fille invisible, à peine mariés, s’éloignent en voiture et qu’un pauvre membre animé, censé être le bras élastique de Reed Richards, nous dit laborieusement au revoir, raide comme un piquet rembourré de capoc et menaçant de se casser en deux au moindre coup de vent. Horrible, ou attendrissant, selon votre humeur.



A bientôt les n’enfants !


A défaut d’être le nanar du siècle (on se situe davantage du côté de l’arnaque industrielle que de l’incompétence technique), ce « Fantastic Four » est une vraie curiosité sur les bizarres et tortueux chemins suivis par le cinéma. Ceci dit, il y en a qui le préfèrent aux adaptations officielles à gros budget qui ont fini, dix ans plus tard, par voir le jour : un film à réhabiliter dans deux siècles ?

- Alf -
Moyenne : 2.60 / 5
Alf
NOTE
3/ 5
Nikita
NOTE
2.5/ 5
MrKlaus
NOTE
2.5/ 5
Wallflowers
NOTE
2.5/ 5
Drexl
NOTE
2.5/ 5

Cote de rareté - 7/ Jamais Sorti

Barème de notation
Pour un film qui ne devait jamais sortir, celui-ci a bénéficié d'un bon nombre de DVD-R qui entretiennent le culte. Le paradoxe est qu'il est difficile de savoir si ce margoulin de Corman ne se cache pas derrière ces nombreuses éditions soi-disant pirates, même si celui-ci jure ses grands dieux qu'il n'est pas à l'origine de ce commerce pourtant juteux. Aux Etats-Unis, à chaque convention de comic book, on trouve des éditions artisanales en vente au détour d'un stand. Rien que dans la chronique nous avons replacé 4 visuels (souvent très chouettes) de ces bootlegs, et il y en a encore d'autres qui traînent sur la toile. Vous remarquerez simplement qu'à chaque fois, aucun nom d'éditeur n'apparaît. Et pour cause : comme il ne proviennent pas d'éditeur de DVD-R libres de droit ayant pignon sur net, nous ne pouvons pas vous les conseiller vu que nous serions bien en peine de vous garantir la qualité du repiquage vidéo. L'apparence plus que médiocre des captures d’écran que nous avons réalisées vous donnant une idée de la chose...