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Airport 80 : Concorde

(1ère publication de cette chronique : 2010)
Airport 80 : Concorde

Titre original :The Concorde... Airport '79

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :David Lowell Rich

Année : 1979

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 2h03

Genre : Classe éco

Acteurs principaux :Sybil Danning, Alain Delon, Susan Blakely, Georges Kennedy, Sylvia Kristel, Robert Wagner, David Warner

Wallflowers
NOTE
3/ 5


Airport 79 (appelé Airport 80 en Europe à cause de son année de sortie) est la rencontre de deux épopées sur grand écran. Un choc entre deux monuments, l'un cinématographique et l'autre technologique. L'ultime volet d'une franchise à succès (périclitant) allié au bijou de l'aéronautique. Le cinéma américain associé à la classe technologique européenne. En gros : la saga des « Airport » combinée à l'avion supersonique Concorde.


Moi j'ai un plan de vol... mais vous, vous avez un plan de carrière ?


Petit rappel historique pour les plus jeunes (et les nostalgiques). A la fin des années 1960, Français et Britanniques s'allient pour créer l'un des fleurons de l'aviation civile qui restera dans les annales : le Concorde. Véritable performance technologique ("un avion en avance de 30 ans sur son époque, dans les années 60 et toujours avec cette même avance technologique en 2003, et sans successeur pour prendre sa relève") qui se donne le culot d'offrir aux passagers civils ce que même l'armée n'avait pas encore réussi : un avion supersonique volant à Mach 2 pendant des heures à très haute altitude sans souffrir de la vitesse ou de la température extérieure. A partir de son « premier » vol le 21 janvier 1976, le Concorde fascinera le monde entier tant par ses qualités techniques, son esthétisme et sa vitesse que par le coût de son billet. A l'époque, il permettait de relier Paris à New York en moins de 4 heures ! Depuis son arrêt, le voyage est repassé au-delà des 8 heures aujourd'hui.
Hélas, le Concorde souffrira de pressions politico/ecologico/financières qui gêneront son exploitation commerciale. Son habitacle restera donc destiné aux plus riches (le billet Paris-NY se chiffre en dizaines de milliers de Francs à l'époque, soit plusieurs milliers d'euros actuels). Symbole d'une certaine grandeur de la France et de l'Angleterre, tout semble aller comme sur des nuages jusqu'au 25 juillet 2000 où le crash du modèle F-BTSC à Gonesse tuera plus de cent personnes. La production s'arrête, les vols également. Le denier Concorde décollera le 31 mai 2003, laissant pas mal d'amoureux de l'aviation tristes et un peu orphelins.
(passons sur l'avion Tu-144 surnommé "Concordski", la version nanarde du Concorde réalisée par les Soviétiques à coups d'espionnage industriel, voulant à tout prix le sortir avant le modèle franco-britannique, et qui s'est écrasé le jour de son test devant le public et la télévision au Bourget).


Comme un avion sans ailes...


Le Concorde rencontre donc la saga Airport, véritable emblème d'un cinéma de genre, celui du film catastrophe. Un genre très en vogue dans les années 70 avec des oeuvres parfois grandioses comme « La Tour infernale » ou « Les Aventuriers du Poséidon ». Airport, premier du nom, posait les bases d'une recette maintes fois reprises par la suite : une galerie de personnages (parfois plus d'une douzaine) se retrouve aux prises avec une catastrophe qui les menace alors qu'ils sont coincés dans une infrastructure censée, à l'origine, assurer leur sécurité et leur pérennité. Ainsi, la trame scénaristique de Airport se résume à un avion en vol susceptible d'exploser à cause d'une bombe placée à l'intérieur. Au spectateur alors de s'identifier à tel ou tel personnage parmi la chorale, tous plus stéréotypés les uns que les autres, bien qu'incarnés par des acteurs célèbres. Véritable triomphe en 1970. Airport sera suivi de trois autres volets, au succès décroissant : Airport 1975, Airport 1977 et enfin l'épisode qui nous intéresse : Airport 1979. Cette longue lignée de films aux pitchs quasi identiques inspirera l'un des films parodiques les plus drôles du cinéma (qui offre aussi un bon moyen pour identifier tous les clichés de cette saga) : "Airplane !" du trio Zuckers, Abrahams et Zuckers, alias "Y a-t-il un pilote dans l'avion ?".


Bhou... qu'elle est raide cette cravate pour faire croire que l'avion se tourne...


Bhou... qu'il est mauvais le comédien aussi...


Les producteurs cherchant sans doute à redonner un coup de fouet à la franchise, ils se concentrèrent sur quelque chose de moderne et novateur : le Concorde. Mentionnons le troisième facteur entrant en compte dans l'équation censée être explosive, à savoir la présence d'un monument du cinéma français : Alain Delon.


Delon, même quand il a l'air con, il a la classe.


Nous sommes donc en 1979. Le Concorde décolle de Washington, pour rallier Moscou en vue des prochains Jeux Olympiques en faisant escale à Paris. Deux pilotes à son bord : Paul Metrand, Français à la réputation de coureur de jupons et ancien pilote de l'armée, associé à Joe Patronni (incarné par George Kennedy, déjà présent dans les autres opus de la série… ainsi que dans Le Clandestin... mais je m'égare), pilote américain émérite. Emérite en quoi ? On se le demande encore. Sûrement de jouer dans un film pareil.


"Aïe nide tou drinque heu lote offe Whisky"


Tout nanar de catastrophe ne serait pas une réelle catastrophe sans un méchant catastrophique. Il se trouvera en la personne de Kevin Harisson, fabriquant d'armes, personnifié par Robert Wagner. Véritable mollusque en matière d'expression faciale (ha ben il est bien loin le fringuant milliardaire de la série "L'Amour du risque" !), Harisson passera le plus clair de son temps à essayer de démolir l'avion en question tout en affichant une mine de dépressif. Pourquoi ? Pour lutter contre l'impérialisme giscardien ? Pour tenter de décoiffer Delon ? Non. Simplement car sa petite amie possède la preuve qu'il vend des armes à des pays terroristes et, en bonne journaliste intègre, elle compte faire la lumière sur cette histoire en rentrant de son voyage à Moscou. Il décidera donc à trois reprises de faire crépiter l'avion (avant et après son escale à Paris), mais c'était sans compter sur les talents des pilotes Paul et Joe (et sur des effets spéciaux neurasthéniques)


La journaliste en question, Susan Blakely, qui aime mettre des grosses photos sur son plateau télé.

...et qui se ballade dans le métro bondé en feuilletant des documents avec marqué en gros "confidentiel".


Malgré cette méchanceté calibrée propre aux bad guys de nanars, ce type censé représenter le chef d'entreprise carnassier au top du pouvoir et de la richesse n'est pas foutu de tuer sa femme quand ils se rejoignent dans son hôtel à Paris lors de l'escale ! Non, il lui demande juste, avec l'air d'un droopy sous tranxène, si elle est certaine d'aller jusqu'au bout de son action... et une fois qu'elle lui assure que son choix est fait, il se résignera et décidera donc simplement de recommencer à essayer de détruire l'avion.

ATTENTION : FESTIVAL D'EFFETS SPÉCIAUX SPÉCIEUX SPATIAUX !

 


La curiosité du film, outre son histoire inepte, vient de son esprit franco-américain. La présence de Sylvia Kristel (inoubliable "Emmanuelle") en hôtesse de l'air amoureuse de Delon (mais qui ne l'est pas ? Hein ? Qui ? Mais bon sang QUI ?) personnifie à elle seule la touche glamour à la française d'un film dont la vision en VO prend toute sa saveur (voir à ce sujet la scène où Delon, regard de braise à l'appui, souffle à Kristel "your hair is my French fries", couché sur elle à même la moquette de leur chambre d'hôtel).


"Tu l'as foutu où ton fauteuil en osier ?"


La galerie de seconds rôles potentiellement savoureux sera malheureusement négligée par le réalisateur, plus intéressé par les deux aviateurs et leurs coucheries. La plupart des passagers n'auront guère plus de trois lignes de dialogues. Et ce n'est peut-être pas plus mal car finalement, le vrai personnage principal, c'est l'avion lui-même et sa facilité déconcertante à échapper à des missiles et des avions de chasses qui veulent le descendre. Et ceci sans même rayer sa peinture.

LA LISTE DES PASSAGERS DU VOL AIR NANAR :

 


Car il faudra s'y prendre à plusieurs fois pour lui briser les ailes au Concorde. Harisson, voulant à tout prix lui mettre ses trains d'atterrissage dans un tupperware, tentera le coup en trois temps. Par le test de son missile thermoguidé dernier cri (sorti de sa propre usine… bravo pour la discrétion), par une attaque de chasseurs, et enfin par sabotage. Rien que ça ! Et ben croyez-le ou non, Delon va sauver tout le monde. Et puis Delon, c'est comme pour ses conquêtes féminines : quand il réussit, il veut que ça ait de la gueule.


Sans un bon café, impossible de réveiller un flic qui dort.


Et tant pis si ce n'est pas crédible. On s'en fout, on aime que le Concorde fasse des prouesses à dégoûter les méchants les plus malfaisants du monde ! J'en profite donc pour avertir les terroristes qui nous lisent et qui souhaitent lancer une roquette sur un avion en vol la semaine prochaine : regardez auparavant si Alain Delon est aux commandes. Sinon, il va gâcher votre effet comme il l'a fait en 1979 à bord du Concorde : en faisant un looping tout en ouvrant la fenêtre du cockpit avant de tirer une fusée éclairante pour leurrer le missile.

...

...

Je répète pour ceux qui écarquillent les yeux :
a) On effectue un looping, comme avec un petit bimoteur quoi.
b) On ouvre la fenêtre (en option suivant le modèle de l'avion).
c) On prend une fusée éclairante.
d) On tire PENDANT le looping.
e) On se recoiffe tout en lisant l'édito politique du Figaro.


Et encore, vous ne savez pas ce qu'il fait avec son autre main !


Harisson, ne se laissant pas décourager, demandera à son sbire français d'envoyer deux avions de guerre lui tirer dessus (sans succès…  les pilotes français ne pouvant rivaliser face à un Battant comme Alain Delon) puis, faute de mieux et probablement d'un scénariste parti aux toilettes, se rabattra sur le bon vieux coup du sabotage. Là encore Delon, se souvenant que la neige dans les Alpes est suffisante pour atterrir car il y est allé skier dernièrement -et aussi se taper une poule, contrecarrera les plans du méchant industriel.


L'exemplaire de "L'Humanité" est resté dans la poche de son autre veste.


Que dire de plus ? Notre "Monsieur Klein" à nous tire certes la couverture dans ce film, mais sans vraiment le vouloir, faute de mieux dans le scénario. Scénario qui divague tout au long du film, notamment dans sa dimension sexuelle. Pour preuve cette scène ou Joe (George Kennedy) a une aventure avec une femme lors de son escale à Paris. Il se rendra compte qu'il s'agit en réalité d'une prostituée payée par Paul (Alain Delon) "Ce sont les meilleurs" entendrons-nous dans leurs explications pleines de clichés. On pense tous dès lors que Paul va s'en prendre une, mais en fait Joe prendra la nouvelle comme un Ecossais se rendant compte d'une erreur de la banque en sa faveur (oui, quitte à jouer sur les clichés, autant que j'y aille à fond). Il en tombera même amoureux.


- Quoi ??? Tu veux dire que tu m'as payé une pute ??
- Ben oui ! Comme vous dîtes, ce sont les meilleures !


*Explosion de joie matinée de virilisme navrant*


La ringardise sexuelle touche à son paroxysme lors de cette réplique lourde se sens, en version originale :


Isabelle : You pilots are such... men.
Capt. Joe Patroni : Well, they don't call it a "cockpit" for nothing".


Véritable joyau du film catastrophe dans tous les sens du terme (avec une nomination aux Razzie Awards de 1983 pour le confirmer), Airport 80 souffre d'une vraie réputation nanarde à l'étranger et ce, depuis sa sortie. Universal changea même sa stratégie marketing en modifiant sa tagline en conséquence.
L'initiale étant : "At twice the speed of sound, can the Concorde evade attack?" («A deux fois la vitesse du son, le Concorde peut-il éviter une attaque ?»)
Remplacée par : "Fasten your seatbelts, the thrills are terrific... and so are the laughs!" («Attachez vos ceintures de sécurité, les frissons sont extraordinaires… et les rires aussi !»)


Cette odeur de cigare, c'est toujours mieux que mon parfum "Samouraï".


Sans succès, hélas pour le studio. Si "Airport", en 1970, engrangea plus de 100 millions de $ lors de son exploitation (les suivants récoltant respectivement 47 millions et 30 millions), "Airport 80 : Concorde" n'en grappilla que 13. Un échec donc, qui clôtura la série des Airport mais aussi un genre de film, qui retrouvera un éclat très relatif à la fin des années 1990, avec des films comme "Daylight" ou le remake des "Aventuriers du Poseidon" entre autres.


Mais qu'on se rassure, un tel fleuron de l'industrie du cinéma restera dans notre musée à nous ! Car Nanarland aime afficher sa passion combinée du cinéma et des merveilles de la technologie (en témoignent le nanaromètre ou l'indispensable moustachotron). Alors vive Alain Delon, vive le Concorde et vive la France... et vive les nanars regroupant les trois !


- Vous savez que cette fille à côté de moi, va tourner dans Hurlement 2 ?
- Mouahaha !!! Sérieux, elle va faire quoi là-dedans ? Montrer ses seins ?


- Chéri, dis-leur aussi pour Hercule avec Lou Ferrigno !
- Bwhahaha ! Ho putain, arrête tes conneries Roger, on va s'écraser si tu continues !

 


Anecdote pour le moins dramatique : l'avion présent dans le film fut le même qui s'écrasa à Gonesse 20 ans plus tard, causant la mort de tous ses passagers. Véritable tragédie, sans Delon pour nous faire marrer cette fois.

- Wallflowers -
Moyenne : 2.75 / 5
Wallflowers
NOTE
3/ 5
Rico
NOTE
3.5/ 5
MrKlaus
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2/ 5
John Nada
NOTE
2.5/ 5
Barracuda
NOTE
3.5/ 5
LeRôdeur
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2/ 5
Peter Wonkley
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5/ 5
Hermanniwy
NOTE
1/ 5
Jack Tillman
NOTE
2.25/ 5

Cote de rareté - 1/ Courant

Barème de notation


Un DVD déjà ancien était sorti chez l'éditeur "Aventi", sans bonus particulier hormis le choix des langues. Depuis "Elephant Film" a ressorti toute la franchise Airport en Blu-ray, dont notre film. Pas de bonus en dehors d'une galerie photos et de la bande-annonce cependant. Alain méritait mieux.