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Alive


Alive

Titre original : Alive

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Frédéric Berthe

Année : 2004

Nationalité : France

Durée : 1h20

Genre : Anconina Hagen

Acteurs principaux :Richard Anconina, Maxim Nucci, Valeria Golino, Christophe Willem

Wolfwood
NOTE
2/ 5

Sur le plan télévisuel, l'année 2001 aura été pour la France le théâtre de l'arrivée d'une nouvelle émission, j'ai nommé Loft Story. Précurseur d'un genre nouveau, la télé réalité, le concept a depuis été décliné à outrance, tantôt avec des célébrités dans une ferme ou dans une caserne, de jeunes Européens dans une villa ou plus sobrement en programme du type télé crochet, visant à nous faire découvrir la "star" de demain. Souvent décriés, ces concepts ont néanmoins suscité un engouement certain, surtout parmi la jeune génération et les téléphages déviants.
Comme tout ce qui marche est déclinable, il paraissait évident que des producteurs de cinéma allaient, à un moment ou à un autre, s'attaquer au phénomène pour profiter du filon. « Alive » s'inscrit dans cette logique et nous livre ainsi le pendant cinématographique d'émissions tels que « Popstars », « A la recherche de la nouvelle star » sans oublier « Star Academy »... si bien qu'on se demande pourquoi le film ne porte pas le nom de « Star » quelque chose. Ajoutons à cette recette une louche de comédie musicale, revenue à la mode par la faute de « Notre Dame de Paris », et il est certain que l'amateur de bonne musique peut déjà se retourner dans sa tombe.


Le scénario nous narre l'histoire d'Alex Meyer, metteur en scène de comédies musicales. Après avoir connu une période difficile suite à un divorce, il décide de remonter la pente et de mettre en chantier un nouveau projet, tout en tentant de reconquérir sa femme. Mais les années ont passé et le pauvre Alex se voit contraint de monter seul son nouveau spectacle, suite au refus de son producteur de l'aider dans sa tache. Sauf que Meyer, il en a rien à foutre de tous ces gens du métier. Il va leur montrer à ces ronds de cuirs qu'avec de l'obstination et des jeunes de talent, il peut le réaliser son show. Après avoir convaincu l'un des ses amis de prêter son entrepôt en guise de salle de spectacle, il trouve en Mathieu un jeune compositeur capable de lui écrire de la musique. Mais Mathieu, la célébrité ça ne l'attire pas. De toute façon, les responsables des maisons de disques, ce sont tous des pourritures capitalistes et on lui enlèvera pas sa liberté de pensée. Après un premier refus, il se laissera toutefois séduire, en quelques minutes, preuve que toute loyauté est flexible.
Nos deux larrons doivent toutefois faire vite : ils ont trois mois pour mener à bien leur folle entreprise, délai au delà duquel la salle ne sera plus disponible. Leur reste alors à trouver les différents membres de leur troupe afin de les entraîner, dans un délai très court, à chanter de la soupe formatée FM et à bouger sur des chorégraphies dignes d'un Maurice Béjart sous acide. C'est toutefois sans compter sur l'ancien producteur d'Alex qui va tout faire pour l'empêcher de réaliser son projet, comme ça, sans raison, preuve que les membres des institutions, ce sont vraiment rien que des ordures et des enfoirés de première.


Gniak, gniak, gniak, c'est moi le méchant producteur !


La trame a beau atteindre péniblement le rase-mottes au-dessus des pâquerettes, respecter absolument tous les codes du genre et donner dans le manichéisme primaire à fond les ballons, on sent surtout que son concepteur sait à qui il vend son produit, à savoir le jeune, être curieux aux moeurs bizarres, qui en bon amateur de Real TV a fatalement du yogourt dans le citron, c'est tout du moins ce que semble penser le créateur de cette histoire. On peut en effet très difficilement trouver une autre explication, tant cette intrigue recèle d'éléments prenant très ostensiblement le spectateur pour un imbécile. Ainsi, on pourrait déjà souligner les grosses ficelles du scénario et par exemple, se poser la question de savoir comment Alex, que ce soit en allant à la supérette ou au bistrot du coin, arrive à trouver un chanteur exceptionnel ou un danseur fabuleux en la personne d'un caissier ou d'un cuistot, par le plus grand des hasards. On a beau dire qu'il a du flair, je trouve plutôt qu'il a le cul bordé de nouilles. [NdlR : rhô, t’as pas compris Wolfwood, c’est la dimension socio-pouet-pouet du film : la France recèle de talents gâchés par notre société mal foutue de merde, chaque jeune est un génie en puissance mais à cause de ce monde pas cool la plupart d’entre eux se retrouvent à brider leurs rêves et ronger leur frein dans de petits boulots pas très fun. Les producteurs du film, pas du tout démagos, l’ont heureusement bien compris : hep, toi le jeune cuistot, toi la jeune caissière, nous on est pas des vieux cons, on sait bien qu’en fait vous êtes les nouveaux Shakespeare et les nouveaux Mozart, allez, offrez le DVD d’Alive à vos amis]






Indispensable en cuisine : les chaussures de claquettes !


Ensuite, de part ses clins d'oeils et ses emprunts flagrants. Toute personne suivant de manière plus ou moins assidue la télé réalité à vocation musicale vous dira qu'elle obéit à un certain nombre de poncifs, qui reviendront de manière quasi-systématique : prises de têtes entre les membres du jury, moqueries de ces derniers lors des auditions face à des candidats en roue libre, soucis de dernière minute mettant en péril la réussite du projet… De même, tout individu ayant déjà vu un film de ce genre vous dira que c'est presque toujours la même chose, à savoir un personnage qui, envers et contre tous, va partir de zéro et après moult péripéties, triompher des institutions. Et bien très étonnement, « Alive » n'oublie aucune de ces règles et va se faire un devoir de se lancer dans une accumulation de clichés éculés assez impressionnante, offrant ainsi une caricature involontaire de tous les tics de ces programmes.


« Moi, j'aime bien celle-là, elle a une superbe voix…
- Pas d'accord, il se passe rien, elle chante comme une merde. »




Le Charlie Oleg des années 2000 : cet homme est grand.


On aurait toutefois tort de ne s'attacher qu'à cet aspect tant, au-delà d'une intrigue archi-prévisible, singeant les codes les plus grotesques de ces genres, le reste du film se vautre également dans une nanardise assez plaisante.
Commençons par la musique, ingrédient ô combien essentiel de ce genre de film – bien que, à la limite, on ait déjà fait des films d'action sans action, alors pourquoi pas des comédies musicales sans musique. Et à la vérité, cette dernière idée aurait été à creuser dans le cas qui nous intéresse. En effet, dire que la guimauve insipide qui nous est imposée ici est horripilante de nullité serait un bien faible euphémisme, mais si on ajoute encore à cet aspect que ce sont toujours les mêmes rengaines qu'on nous inflige et qu'elles arrivent la plupart du temps sans prévenir, alors là, on en arriverait presque à des extrémités visant à vouloir se percer les tympans au fer à souder. De là à imaginer qu'un tel matraquage viserait à abrutir le public pour que ce dernier aille acheter la BO du film en sortant du ciné, il n'y a qu'un pas que nous ne nous permettrons pas de franchir.


Après le "evil saxophoniste" de « La Nuit du Risque », le "evil guitariste" de « Alive ».



« On cooouuuurrrrttt apppprrrèssss l'amouuuuuuuurrrr…». Bon sang, ma tolérance à des limites mais il ne faut pas exagérer.


Autre élément prêtant allègrement le flanc à la critique, l'interprétation des comédiens. On pourrait déjà parler de Richard Anconina, qui est aussi crédible en chorégraphe que Steven Seagal en acteur shakespearien. Cela étant, qu'il court après un serial killer ou joue un gars du Sentier, il a toujours le même bagage d'expressions alors pourquoi pas un metteur en scène de comédies musicales, me direz-vous. On a beau nous dire qu'il s'est entraîné pendant trois mois pour le rôle, dès qu'il s'agit de danser, Richard a autant de grâce qu'une loutre pétée au schnaps. On notera d'ailleurs une certaine lucidité chez le réalisateur qui a quand même la présence d'esprit de limiter au strict nécessaire les scènes où on peut le voir bouger son corps.





Pia-pia-pia dans ton corps, Richard, give me the step.


Mais la véritable révélation du film, c'est Maxim Nucci qui se révèle être un acteur particulièrement mono expressif. A part deux petits sourires sur la fin, c'est le calme plat et on sent bien que le Maxim, la comédie, c'est pas son truc. On n'en voudra toutefois pas trop à ce dernier, étant donné qu'il ne prétend pas être un comédien et que sa participation au projet n'est due qu'à la proposition d'Anconina de lui faire jouer le rôle de Mathieu, Maxim Nucci ne devant, dans un premier temps, que composer la musique du film. Là encore, faut-il voir un coup marketing de la production, de mettre en avant un musicien sans aucune expérience dans le domaine dramatique et dont la grande particularité est d'être ou d'avoir été, demandez à votre concierge si ça vous intéresse, le petit ami de la première gagnante de la Star Ac, Jennifer ? Dans le même registre tout en retenue, on signalera également le jeu d'Eric Naggar, interprétant le producteur véreux, qui ne se force pas des masses, semblant se demander continuellement ce qu'il fout dans cette galère.




Eric Naggar, expressif à souhait.


Pour compléter ce casting, on peut aussi noter la présence de Lionel Abelanski, donnant tout ce qu'il a dans le répertoire du pote près à tout pour son ami, et Valeria Golino, qui même s'il elle est livrée à elle-même, livre le minimum syndical et reste sans doute le personnage le moins ridicule du film.


Valeria Golino. Hier, elle embrassait Tom Cruise et Dustin Hoffman dans "Rain Man", Charlie Sheen dans les deux "Hot Shots!"... aujourd'hui elle roule des pelles à Richard Anconina dans "Alive". Une certaine illustration de la déchéance...


Niveau seconds rôles, c'est pas non plus l'allégresse, que ce soit des caméos de participants de télé réalité et de comédies musicales, histoire de bien enfoncer le clou, ou de parfaits inconnus surenchérissant dans leur côté "djeun's". On n'oubliera pas non plus le rôle ô combien dispensable de Julien Courbey, toujours aussi insupportable dans son traditionnel personnage de bon petit gars des "té-ci" débrouillard.


Méfiez-vous : là où il y a un Julien Courbey, il y a toujours arnaque.

Oh, tiens ! Santi de Popstars…(et par ailleurs ancien batteur de la Mano Negra)

…et là, Christophe Willem de la Nouvelle Star 4 (bon ok, il a fait l'émission après le film, mais quand même !)


Le djeun's prend toujours des pauses super stylées, très naturelles.

« Belphegor », « La Beuze » et maintenant ça… putain de tiers prévisionnel !"


En même temps, c'est bien gentil de tirer à boulets rouges sur les acteurs mais faut aussi entendre ce qu'on leur fait dire car niveaux dialogues, on tient là quelques perles de culture. Globalement d'une banalité affligeante, certaines répliques atteignent une dimension supplémentaire de part leur idiotie proprement abyssale.


"- Hé, vieille crapule !
- Ca fait combien, trois ans ?
- Tu bouges pas, toi !
- Tu parles.
- C'est quoi, ton secret ?
- Mon secret ? Ben, une séparation, le chômage, une petite dépression...
- Heu... bon, ça va, assieds-toi."
[Problème de poids ? Essayez le régime Anconina !]


"- Ben ma puce, qu'est-ce qui t'arrive ?
- Rien, ça va.
- Arrête, j'vois bien que ça va pas. Dis-moi.
- J'en ai marre, j'suis pas faite pour ce métier-là. J'y arriverai jamais. Regarde-moi, j'fais un mètre douze !
- Arrête, c'est n'importe quoi."
[Taille et talent : une histoire de proportions ?]


Sans musique, les jeunes sont désoeuvrés...

...ils baillent, dépérissent...

...certains s'affaissent en pleine rue, contre des poteaux, dans le pipi de chien. Terrible.


La réalisation du film, quant à elle, n'est pas en reste. Non pas qu'elle soit fondamentalement mauvaise, mais plutôt de part ses constantes tentatives de donner dans l'effet de style à tout prix : ralentis lors des séquences émotion, noir et blanc pour illustrer un flash-back, divisions de l'écran en plusieurs parties pour révéler les pensées du héros… même si certaines de ces idées peuvent ponctuellement s’avérer bonnes, on a quand même la sensation cruelle que le metteur en scène, tout content de réaliser un film, a voulu tenter un maximum de choses même lorsque cela n'est pas vraiment opportun, pour au final desservir les scènes où elles sont employées. [NdlR : oui, un peu comme un apprenti monteur qui découvre avec un enthousiasme mal inspiré tous les effets de filtres et de transitions pourris intégrés à son logiciel de montage]


Allô, Jack ? Votre mission est d'empêcher Frédéric Berthe de faire un nouveau film, vous avez 24 heures.



Pour conclure, on peut qualifier « Alive » de petit nanar sympathique, qui prend toute sa dimension lorsqu'on est coutumier de la télé réalité et qu'on le compare à celle-ci, tant les codes de ce genre y sont respectés à la lettre. Bien que comportant quelques longueurs, son canevas prévisible fleurant bon les thèmes archi-rabâchés des comédies musicales, ses dialogues franchement crétins, son interprétation calamiteuse et son opportunisme complètement à côté de la plaque le font définitivement basculer du côté obscur du cinéma. Il est aussi la preuve que, à force de prendre son public potentiel pour plus bête qu'il ne l'est, on s'expose aux reproches pour finir comme l'arroseur arrosé… trempé jusqu'au cou sous un raz-de-marée de critiques.


Merde, encore un de mes films chroniqués sur Nanarland ! Tu vas voir qu'ils vont faire ma bio, ces cons.

Quoiqu’en même temps j'avais pas vu, il est quand même pas terrible ce film.

Allô ? Richard ? Ouais, c'est ton agent, non c'est pour te dire qu'on prépare « Six-Pack II », alors je me demandais…


Pour finir en beauté, quelques commentaires rigoureusement authentiques directement copiés-collés depuis le forum du site www.notrecinema.com :
ce film il é troOoOoOoOoOoOo génial!!!sérieu pour ceu ki aime la musike c super!mm si lé critike sn pa super!!!moa jle trouve génial é en + sa ma permi de découvrir maxim nucci ke jador!voila!jtdr max!é jador ossi sonia lacen,ginie line é fabienne darnaud!!!!!!!!elles sont trop belle!!!!!
je vous félicite pour votre film;je l'ai vu 57fois sur les multivisions je l'ai adoré je l'ai meme aprit par coeur franchement bravo.nawel d'alger
trop bien j'ai adorée et en plus j'adore la danse et la musique et chanter et se film etais super et même que je me suis retenu d'allé au wc pour ne pas rater une partie du film mais a mon avais je vais y retournée dans pas longtemps pour le revoir gros bisous anais
ce film déchire ca rase eske il aura la suite mémé les music déchire ca rase

Merci à Nikita pour son aide.

- Wolfwood -
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Wolfwood
NOTE
2/ 5
Labroche
NOTE
3.5/ 5
John Nada
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Kobal
NOTE
1.75/ 5
Barracuda
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2/ 5
Hermanniwy
NOTE
1/ 5

Cote de rareté - 1/ Courant

Barème de notation
Un DVD édité par TF1 Vidéo (tu parles d'un hasard !) est facilement trouvable en grandes surfaces, aux alentours de 9 € ma p’tite dame. A ce prix-là, ne comptez pas trop sur des bonus : le film, une bande-annonce et l'affaire est pesée, hop dans le cabas.
N'hésitez pas non plus à découvrir la bande originale, tout aussi riche en textes d'une rare profondeur comme « Dis à l'amour que tu m'aimes » ou encore « La femme est l'avenir du futur »… tout un programme !