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Les Challengers

(1ère publication de cette chronique : 2003)
Les Challengers

Titre original :Roller Boogie

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Mark L. Lester

Année : 1979

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h43

Genre : Nanar à roulettes

Acteurs principaux :Linda Blair, Jim Bray, Beverly Garland, Roger Perry, James Van Patten

John Nada
NOTE
3.5/ 5






Aaah, « Roller Boogie » ! Le nanar musical et sportif ne pouvait rêver d’un meilleur représentant tant la formule semble parfaite : 50% roller, 50% disco, 100% nanar. Un grand cru ! Opportunistes comme il se doit, ces genres filmiques profitent presque toujours d’un engouement soudain pour un sport OU un courant musical nouveau (« House Rap » et le rap, « Snowboarder » et le snowboard… tout est dans le titre !). N’y allant pas avec le dos de la cuillère, « Roller Boogie » joue carrément sur les deux tableaux, les producteurs s’efforçant de surfer à la fois sur la vague du roller-skate (il ne s’agissait évidemment pas encore du roller blade mais de ce que l’on a appelé chez nous les patins à roulettes) et sur celle, certes un peu moins fraîche, du disco (avec une BO absolument impossible truffée de tubes du moment, comme le hit Hell On Wheels de Cher, en écoute sur notre radio-blog.).


Aux commandes de ce film à roulettes et à paillettes, on trouve le réalisateur de Mark L. Lester (futur auteur de ces autres perles que seront « Class 1984 », « Class 1999 » et « Commando ») et, côté casting, Linda Blair dans le premier rôle. Consacrée pour son rôle de petite fille possédée par le Malin dans « L’Exorciste », celle-ci ne sait pas encore qu’elle en sera bientôt réduite à cachetonner misérablement dans des productions douteuses, au gré d’une carrière en roues libres vers le néant le plus abyssal (une poignée de navetons aux Philippines, un caméo dans « Scream » et puis basta).


Pour l’histoire, il suffit d’appliquer la bonne vieille formule dite « à la Dirty Dancing » : une jeune bourgeoise genre un peu prude mais rebelle rencontre un beau garçon genre un peu pauvre mais ambitieux qui est le meilleur de la ville dans sa spécialité (ici, le patin à roulettes), ils décident de participer ensemble au grand concours et, à force de s’entraîner ensemble, tombent béatement amoureux l’un de l’autre malgré le clivage social (c’est beau, c’est MORAL, l’AMOUR TRIOMPHE TOUJOURS !!!). Bien entendu, ces doux sentiments ne s’épanouiront pleinement qu’à l’issue du concours final, qui célèbrera sans surprise la victoire de notre couple en goguette et permettra au public de laisser exploser sa joie, la jubilation extrême des acteurs pouvant s’apparenter à une sorte d’incitation au mimétisme festif qui saurait conduire le spectateur le plus blasé à applaudir avec un enthousiasme de fou furieux. Une phrase bien longue et futilement chaloupée pour vous signifier que le happy-end de « Roller Boogie », c’est pas de la menthe à l’eau.


Chose rare, il semble que l’ambiance complètement folle et délurée du film parvienne à instiller un état d’esprit assez semblable chez le spectateur, même si je me doute que les trois boutanches de rosé sifflées avec ma douce ce soir-là ont bien dû jouer un rôle dans tout ça [attention les kids, l’alcool sans modération c’est MAL]. Pourtant, les séquences que j’ai revues à jeun quelques jours plus tard semblent le confirmer : « Roller Boogie » procure d’agréables sensations euphorisantes [attention les kids, la drogue c’est de la merde qui pue], agriffé qu’il est à son époque – la fin des 70’s – et californien au-delà du raisonnable. Pour rendre au mieux cette atmosphère faite de ciel céruléen, de sable chaud et fin et de corps bronzés et sains (paye ta rime foireuse, John), le film a été tourné à Venice Beach, parce que c’est là que la fièvre du roller-boogie serait née. D’un point de vue bassement pragmatique, cela permettait également de profiter des compétences et des conseils avisés des talents locaux.


Grisés par les possibilités d’une époque qui leur a déjà apporté les effets stroboscopiques et les néons multicolores, les plus fringants représentants de cette jeunesse fougueuse se lancent des défis tous plus audacieux les uns que les autres (« J’te parie que ce soir, je patine ave elle ! »). Unis par les liens sacrés du roller, la pimpante Terry (que campe donc Linda Blair, qui n’aurait quasiment pas été doublée, la malheureuse ayant même développé de l’hygroma à la hanche, voyez un peu comme je prend la peine de me documenter avant de rédiger mes chroniques) et le très chevelu Bobby (Jim Bray, un authentique champion de roller skate lui, déjà vainqueur de quelques 275 trophées au moment du tournage) remuent la croupe avec énergie devant l’objectif de la caméra, à l’instar de tous leurs amis. A ce titre, ne pas hésiter à se repasser à l’envi la scène d’intro, époustouflante, munificente (oui, MUNIFICENTE) de nanardise avec la chanson Let’s Roll ! (allez-y, montez le son, faites chier vos voisins !!).


Let’s roool (woosh, ta-ta-ta) let’s roooool (de quoi donner le ton d’entrée !)


Tous ne vivent que de roller, par le roller – Bobby gagne sa vie en louant des patins – et pour le roller. Du coup, lorsqu’une bande de méchants mafieux fait annuler le concours et menace de fermeture l’établissement phare du roller-boogie (une sorte de « disco palace »), c’est le drame. Sans le roller, les jeunes n’ont plus de but : on les voit errer tels des navires sans gouvernail le long des plages ensoleillées, épaves hâlées qui ne semblent même plus avoir goût à la musique disco (« The guy’s never gonna skate or listen to boogie music again ! »). Cerise sur le gâteau, le film offre une course-poursuite pour le moins cocasse entre des mafieux d’opérette en limousine et notre duo d’amoureux… en patins à roulettes ! Plutôt sympa, assez audacieux et surtout monstrueusement nanar (c’est tout juste si on n’entend pas les roulettes crisser dans les virages) !


Wowowo, qu’est-ce qui se passe ici !?!


O surprise, l’amateur éclairé de l’écrivain Brett Easton Ellis et de ses portraits dévastateurs d’une jeunesse californienne dorée et foutue pourra déceler d’infimes aspects critiques assez semblables dans le fond (toutes proportions gardées) sous quelques-uns des gags patauds et convenus de « Roller Boogie » (parents embourgeoisés n’accordant aucun intérêt à leur progéniture, mère sous tranquillisants etc.). Se conformant néanmoins à son rôle de caricature, le père de Terry, en bon rabat-joie de service, s’oppose catégoriquement à ce que sa fille aille folâtrer dans ces hauts lieux de débauche que sont les pistes de roller-boogie, repaire de « tous les marginaux désoeuvrés de la ville » s’ébaudissant au rythme de « cette insanité de musique disco ». Oh le vilain réac’ (qui a dit « vilain cliché » ?). Les accents impies de cette musique corruptrice incitant le jeune au vice et à la luxure, on nous les assène tout du long sans aucun temps mort. Reste qu’en dépit de ce que « Roller Boogie » tente désespérément de nous faire croire, la disco vivait déjà ses dernières heures, exhalant ses derniers souffles pathétiques dans la touffeur nocturne des night-clubs du monde entier (paye ta prose ampoulée, John).


S’occupant justement de la formation musicale (paye ta transition, John), le nanardeur érudit relèvera peut-être le nom de David Winters au générique, un gars fiché chez nous pour s’être commis dans beaucoup trop de nanars pour passer inaperçu (jetez donc un œil à son casier). Quelques années après « Roller Boogie », le bonhomme sera notamment l’auteur d’un certain « Skate Gang » (Thrashin’), un film qui présente une ressemblance frappante avec « Roller Boogie »… et pour cause ! David Winters se contentera d’appliquer rigoureusement la même formule : en 1986, chez les jeunes, la tendance n’est plus au roller skate (patins à roulettes) mais au skateboard (planche à roulettes) et les Red Hot (mais oui, en 1986) ont remplacé la disco, qui n’aura donc pas survécu au changement de décennie. C’est reparti pour un tour ?

- John Nada -
Moyenne : 3.00 / 5
John Nada
NOTE
3.5/ 5
Kobal
NOTE
3.75/ 5
Wallflowers
NOTE
2.5/ 5
Jack Tillman
NOTE
2.25/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation
Le film vient de ressortir en DVD zone 1 chez "MGM/UA". Il n’y a hélas que la version anglaise mais le film ressort équipé de sous-titres français. C’est déjà ça… Evidemment avec ces pingres de "MGM" n'attendez pas d'autres bonus que la bande annonce, ce qui chez eux est déjà beaucoup.



A défaut, si vous voulez aussi profiter des doublages bien d'chez nous, il ne vous reste plus qu'à trouver au détour d'une brocante la vieille VHS de "Delta Vidéo".