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Combat Final

(1ère publication de cette chronique : 2006)
Combat Final

Titre original :Karate Olympia

Titre(s) alternatif(s) :Kill or Be Killed, Karate Kill, Karate Killer, Tué ou être tué

Réalisateur(s) :Ivan Hall

Année : 1980

Nationalité : Afrique du Sud

Durée : 1h30

Genre : Ouss !

Acteurs principaux :James Ryan, Norman Coombes, Charlotte Michelle

Wolfwood
NOTE
2.5/ 5


Parmi les nanars de tatane, « Tue et Tue Encore » a su s'imposer comme l'une des références du genre, notamment grâce au cri de guerre de son héros (« Yaya-yiiiiiiiiiiii ! ») et à un scénario joyeusement débile et riche en amidon. De ce fait, découvrir en "Combat Final", alias « Karaté Olympia » l'autre aventure du grand Steve Chase, incarné par notre pub L'Oréal ambulante, j'ai nommé James Ryan, ne peut que mettre en joie le nanarophile averti. Attention, contrairement à ce qu’indiquent certaines jaquettes, « Karaté Olympia / Combat Final » n’est pas la suite de « Tue et tue encore » : si le film qui nous occupe est sorti après l’autre dans de nombreux pays, il a bel et bien été réalisé avant, et représente donc la première aventure du personnage incarné par James Ryan. Malgré les efforts fournis pour le faire passer pour une production essentiellement américaine, il s’agit également sans doute de l’un des tous premiers films d’action sud-africains à avoir connu une distribution internationale.


Son nom est Ryan… James Ryan.


Cette fois ci, l'histoire nous raconte les aventures de Steve et de sa fiancée, tous deux engagés pour participer à un tournoi clandestin de karaté, organisé par le général Von Rudloff au sein de son repère fortifié au milieu du désert. Il espère ainsi laver son honneur bafoué – nul ne sait trop comment – lors des olympiades de Berlin par son rival Miyagi, en défiant ce dernier dans un duel où chacun devra recruter les meilleurs champions de la planète, qui livreront alors bataille dans des combats sans merci. Se rendant compte du caractère démoniaque du militaire – il faut dire que voir son hôte se balader habillé en SS ça attire les soupçons – nos héros décident de s'enfuir. Malheureusement, Von Rudloff, sachant que les capacités de Steve lui assureraient la victoire, décide de séquestrer sa petite amie afin de forcer notre héros à rejoindre les rangs de son équipe. Steve décide toutefois de ne pas céder au chantage et rejoint la formation adverse pour entrer à nouveau dans le château et secourir sa bien-aimée. Le tout à grand renfort de "Ouss !", énigmatique interjection de karatéka dont les spectateurs de ce film pourront sans peine vous décrire les vertus hypnotiques.


Miyagi.



Pour l'instant c'est aussi palpitant qu'un Istres - Gueugnon mais, rassurez-vous, ça va s'animer.


Le scénario a beau être peu original (disons-le, c’est en partie pompé sur « Opération Dragon »), c'est ailleurs que nous trouverons les éléments des réjouissances. Concentrons-nous par exemple sur les personnages et en particulier les méchants, à commencer par Von Rudloff.
Ce dernier est un atout majeur du film. Nazi, tyrannique, fourbe, n'hésitant pas à tuer ses propres sbires, il n'échappe à aucun cliché, d'autant plus que son interprète, Norman Coombes, prend un malin plaisir à surenchérir dans le côté fourbe et hystérique dès qu'il en a l'occasion. Ajoutons à cela une ressemblance frappante avec un célèbre acteur britannique (voire, selon certaines mauvaises langues, avec le Captain Iglo des boîtes de poisson pané) et nous tenons-là un bon gros méchant bien caricatural qui, à lui seul, vaut qu'on jette un coup d'œil sur ce long métrage.



Von Rudloff, c'est un peu de Sean et beaucoup de conneries...



… mais aussi un look qui fait führer.


Pour mener à bien ses sombres desseins, Von Rudloff s'est entouré d'une joyeuse bande d'hommes de main dont le principal est Chico, un nain faisant office de garde du corps, bras droit, confident… voire même d'avantage si l'on prête attention à certains dialogues. Celui-ci va toutefois rapidement prendre le parti de nos héros et tenter de les sauver des griffes du tyran. L'occasion d'admirer notre Hitler d'opérette atteindre des niveaux stratosphériques de débilité profonde, tant la trahison de son adjoint apparaît évidente à tous, sauf à lui-même, qui ne s'en rendra compte que bien tardivement dans le métrage.



"- C'est toi qui apporte la nourriture aux prisonniers ?
- Oui, je suis un nain posteur."


Von Rudloff peut aussi compter sur un autre homme de confiance en la personne de Raoul, un lutteur sous amphet’, mais qui ferait bien de penser sérieusement à se mettre au déca, tant ses colères sont, ma foi, fort impressionnantes. Certains pourront même y voir un sosie gonflé aux hormones de Jim Morrison mais là n'est pas le sujet.



Un sbire pour le moins démonstratif.



Le conseil du jour : la prochaine fois que votre meilleur ami se fait tabasser sous vos yeux, faites les seules choses nécessaires : n'intervenez pas et recoiffez-vous.


Malheureusement pour cette fine équipe et leurs nombreux sbires, en face d'eux se pose le chaînon manquant entre Chuck Norris et Bruce Lee, à savoir le ténébreux James Ryan. Un homme, un vrai, beau, fort, intelligent, se faisant un devoir de lutter contre l'injustice et grand gentleman devant l'éternel.


Mais dis donc t'en n’as pas marre d'être nazi ? Tu te rends pas compte que c'est du fascisme ?

Argh ! Toi tu t'es pas vu, avec ton brushing on dirait Hervé Vilard !


Notre justicier sait aussi faire preuve d'inventivité pour se tirer des situations les plus inextricables. S'échapper d'une forteresse est déjà difficile, et ce n'est pas Christophe Lambert qui dira le contraire, mais quand celle-ci est au milieu du désert, c'est carrément la merde. Qu'à cela ne tienne, James et sa copine décident de s'enfuir en coccinelle, véhicule qui ne tiendra pas le choc dans ce climat extrême. Horreur et damnation. Est ce la fin de l'aventure ? Nos amis vont-ils périr dans ce milieu hostile, livrés à eux-mêmes face aux prédateurs de toutes sortes comme ces féroces loups du désert tellement bien éclairés qu'on pourrait supposer qu'il s'agit en fait de gentils chiens à leurs mémères ?



« Wouaf, wouaf »… euh, non… « grrr, grrr ».


Mais non, allons, James Ryan est là et, tel MacGyver qui, rappelons-le, était capable d'élaborer une bombe avec un stylo, un briquet et une ficelle de string, il va trouver un moyen de s'en tirer avec ce qu'il a sous la main, c'est à dire… rien.


Avant.

Après.


Pourtant, parfois, l'ingéniosité ne suffit pas. Il faut alors se montrer beaucoup moins subtil et user de la force. Là encore « Yayayi-Man » nous montre l'étendu de ses talents lorsque, fait prisonnier à son tour, il explose à mains nues un mur de briques et tord les barreaux en acier de la cellule dans laquelle il était enfermé, grâce à l'aide de ses compagnons d'infortune.



On s'étonne de l'insécurité, mais la prison, c'est plus ce que c'était.


Devant toutes ces qualités exceptionnelles, on se demande bien toutefois ce qu'un héros de sa trempe peut faire avec une gourdasse du niveau de sa petite amie. Cette dernière se trouve être en effet le prototype même de la jouvencelle nunuche et faire-valoir, ayant le don de se faire kidnapper et gloussant à chaque apparition de notre fringuant héros, même quand la situation peut nécessiter de faire preuve d'un peu de précipitation, lorsqu'il s'agit de fuir une prison par exemple.


- Oh James, je suis si heureuse, tu es revenu me sauver, ouahahaaa, James, je t'aime, que tu es beau, ouaahhh…

- Mais tu vas te magner la rondelle, oui !


Les acteurs ont beau être en très bonne forme et donner à leurs personnages le coup de grâce dont ils n'avaient pourtant pas besoin, on aurait tort de ne pas s'attarder aussi sur la réalisation qui a vraiment bien du mal à cacher la maigreur du budget alloué au projet, sans parler du planning visiblement très serré. En effet, un peu d'observation nous permet d’observer que les deux films du diptyque James Ryan présentent en commun un certain nombre de décors, comme la casse automobile ou l'arène.


Un, deux, trois... OUSS !!


Ce manque de moyens est surtout visible lors des scènes de flash-back ou des ellipses. Habituellement, une fournée de stock-shots permet de faire évoluer le récit. Or ici, la production n'a visiblement même pas cherché à fournir ces bouts de pelloche, nous offrant à la place des clichés fixes, digne d'un bon vieux diaporama d'entreprise de la COGIP.


« Allez,Chico, va me trouver des combattants ! »


Hop, on envoie deux, trois clichés bien évocateurs…

…et c'est bon : notre ami est chez les rosbifs !


On peut aussi douter de la pertinence de certaines scènes, comme lors du combat final où James Ryan se prend pour Cüneyt Arkin et se met à bondir au ralenti de rocher en rocher, le tout filmé avec des cadrages assez nébuleux. Et si, à un autre moment du film, vous voyez également une pastèque apparaître sans raison aucune et exploser en plein milieu d'une salle de classe, ne soyez pas surpris, c'est normal.



Notre héros, volant tel un félin.



Mais que peuvent bien avoir les réalisateurs de films d'arts martiaux contre ce sympathique cucurbitacée, je vous le demande ?


Un autre problème réside dans le fait que tout ici est prétexte à la baston. Il est vrai que pour un film d'arts martiaux, c'est plutôt normal mais à l'accoutumée, on essaye quand même de justifier ces moments musclés par quelques rebondissements du scénario. Or ici, on a la furieuse impression qu'elles surviennent le plus gratuitement du monde. Un petit mot de travers ou une envie passagère de tabasser du nain, peu importe la cause, l'essentiel est que cela se finisse en pugilat le plus total. Inutile de préciser que le responsable des bruitages s'en donne à cœur joie et que les combattants semblent participer à un concours de celui qui poussera le cri le plus intimidant. Les combattants se distinguent également en poussant à tout propos des « ouss ! » (cri du du karatéka avant le combat) qui finissent par devenir , du moins dans la VO, le véritable leitmotiv du film. Seul petit regret, James Ryan ne crie pas « Yaya-yiiii ! » comme dans « Tue et tue encore ».


Ouss !!!

James Ryan en pleine négociation.


Pour conclure, on peut dire que si « Combat Final » n'est tout de même pas aussi bon que son glorieux cadet - moins crétin, car épuré de pommes de terre [NDLR : mmmh… le fameux complot au centre de « Tue et Tue Encore », mais aussi le jeu de mots le plus subtilement foireux de cette chronique] -, il n'en reste pas moins un divertissement très sympathique qui pourra servir d'apéritif lors de vos réceptions nanardes. Visionner « Tue et Tue Encore » à la suite vous permettra aussi d'observer certaines similitudes entre les deux œuvres et, surtout, de passer un bon moment. A noter également que deux versions différentes du montage de la séquence finale existent, quelques minutes ayant été retirée des copies VHS et DVD afin sans doute de simplifier la séquence. On ne peut que le regretter, car la version intégrale de la scène de conclusion, apparemment présente uniquement dans les copies cinéma (ou dans les versions originales sud-africaines ?) nous permettait d’apprécier un montage à la complexité mirifique, construit autour d’un flash-back ahurissant, mettant en vedette l’un des Hitler les plus ridicules de toute l’histoire du cinéma. La découverte du final complet a été en 2008 l’un des très grands moments de la quatrième « Nuit excentrique » de la Cinémathèque française et on ne peut qu’espérer voir un jour ce chef-d’œuvre en péril restitué à un large public dans sa version intégrale.
Allez, Ouss tout le monde !
Un très grand merci à Dao et Nikita pour leur contribution.
- Wolfwood -
Moyenne : 3.16 / 5
Wolfwood
NOTE
2.5/ 5
Nikita
NOTE
3.5/ 5
Kobal
NOTE
3.5/ 5
John Nada
NOTE
3/ 5
Wallflowers
NOTE
3.25/ 5
Mayonne
NOTE
3/ 5
Rico
NOTE
3.5/ 5
Jack Tillman
NOTE
3/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation
Le film est sorti aux Etats-Unis dans une édition simple mais multizone chez "DVD ltd", et en DVD zone 0 chez "Moonstone Pictures / Quantum Leap" sous le nom de "Karate Kill" au Royaume-Uni, et reste assez facilement trouvable sur les sites de vente en ligne. Evidemment dans tous les cas c'est V.O. only.


Attention malheureux ! Si en France tu te laisses aguicher par le DVD de chez "Prism Vision" arborant ce visuel et intitulé « American Boxer », tu te retrouveras avec "Busted Up", un genre de téléfilm tout pourri.


A défaut, on peut toujours se rabattre sur la VHS de "Delta Vidéo". Il est toutefois curieux de remarquer que la version française a pris un malin plaisir à brouiller les cartes en changeant le nom de famille du héros et en semant quelques petites embûches, visant vraisemblablement à nous faire croire que « Combat Final » n'est pas la préquelle de « Tue et Tue Encore ».


Ne vous fiez pas à l'accroche : « Combat Final » est bien antérieur à « Tue et Tue Encore ».


Malheureusement (mais c’est à vérifier), il semble qu’aucune de ces versions ne propose le magnifique flash-back final avec Hitler. Ça semble être le cas sur l'édition sud-africaine de chez "GVI"...

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