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Créature

(1ère publication de cette chronique : 2007)
Créature

Titre original :Creature

Titre(s) alternatif(s) :Titan Find

Réalisateur(s) :William Malone

Année : 1985

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h37

Genre : Alien du pauvre

Acteurs principaux :Klaus Kinski, Stan Ivar, Wendy Shaal, Mary Laurin, Robert Jaffee

Rico
NOTE
2/ 5


« D’abord il vous tue.
Ensuite la terreur commence.
»
Si ça c’est pas de l’accroche !
Il existe un véritable sous-genre fantastique qui a donné lieu à un nombre considérable de nanars assez réjouissants : le sous-Alien. Un monstre, un espace clos, une poignée de victimes éliminées les unes après les autres et roule ma poule. L’ « Alien » de Ridley Scott sert souvent de référence à ce genre de film même s’il n’a pas vraiment inventé le genre (on peut remonter à « La Chose d’un autre monde » ou cet autre bon gros nanar de « Bataille au-delà des étoiles »). En variant les lieux et les monstres, on a obtenu quelques chefs-d’oeuvre comme « La Chose » de Carpenter ou « Un cri dans l’Océan » de Sommers (quoi, j’ai beaucoup aimé ce film... et alors, j’ai bien le droit d’avoir mauvais goût de temps en temps). Tournés par des tâcherons avec des budgets minimalistes, ça nous a aussi donné des trucs navrants qui ont alimenté des tas de soirées potes-pizzas-nanars. Vous souvenez de « Léviathan » ? De « M.A.L. : Mutant Aquatique en Liberté » ? de « Alien la Créature des Abysses » ?


Ce film fait partie de la veine spatiale du genre avec une grosse louche d’« Outland » pour ce qui est des multinationales qui exploitent les lunes de Saturne. Dès les premières images, un doute nous étreint : ça a l’air tellement fauché et tellement mal fait qu’on se dit non... c’est pas possible, c’est italien ce truc. Et bien non, c’est bien un produit américain, à croire qu’ils essaient de concurrencer Bruno Mattei ou Alfonso Brescia.

L’auteur en est un certain William Malone (même son nom ressemble à un pseudo pour bisseux italien), un authentique passionné de S.F. (il aurait racheté le Robbie le Robot de « Planète interdite ») qui a livré quelques films médiocres mais aux titres réjouissants (« Scared to Death : Syngenor ») dans les années 80 avant de travailler pour la télé (Contes de la Crypte et série Freddy entre autres). Puis en 99 il revient au cinéma comme yes-man de trois désastres : il co-signe les scénars de « Supernova » (superproduction avec Angela Bassett et James Spader tellement nulle qu’elle sort direct en vidéo), d’« Universal Soldier II » (Jean-Claude !) et réalise le très mauvais « La Maison de l’Horreur » avec Famke Janssen. Il a sorti en catimini il y a peu un « Terreurpointcom » qui mêle maladroitement épouvante et Internet... j’ai pas vu mais ça doit être encore du bon.

 


Mais revenons à « Créature »... Un panneau au début du film nous apprend qu’au milieu du XXIème siècle, l’exploitation du système solaire est le monopole de 2 multinationales, une américaine, N.T.I., l’autre ouest-allemande, Richter, qui se livrent une lutte commerciale sans merci. Nous voici donc sur Titan. Deux astronautes sont en train de se balader à côté de morceaux de ruines dans un décor qui n’est pas sans rappeler ceux du Star Trek des années 60 avec faux rocher en carton pâte véritable et mur du fond peint en noir pour faire immensité spatiale. Au passage, on remarque que tous les rochers de Titan semblent recouverts d’un truc filandreux, genre lichen ou toile d’araignée, au mépris de toute réalité scientifique (de toute façon, comme on le verra, le réalisme scientifique est bien le dernier souci du réalisateur : Titan a une atmosphère parcourue d’éclairs comme dans Alien et on nous annonce au détour d’une phrase qu’il fait seulement -70 ° dehors). Les deux types, bougeant lentement (pour simuler l’absence de pesanteur) examinent donc des espèces de gravats qu’ils viennent de découvrir. Il semblerait que ce soit d'origine extraterrestre ! D’ailleurs, dans une espèce de sarcophage de verre, ils aperçoivent quelque chose qui semble bouger.


Vous feriez quoi, vous à leur place... Perdu ! Les deux gonzes décident de se prendre en photo à côté de leur trouvaille, l’un s’assoit même sur le sarcophage pour faire coucou à son copain qui le prend sur son Minolta (parce que les appareils photo du futur qui fonctionnent dans l’espace ressemblent à s’y méprendre à de bons vieux Kodak des familles, on le porte même à son œil malgré son scaphandre spatial !) Evidemment le type assit sur le sarcophage (où je vous le rappelle ils ont vu un truc bouger) est soudain pris de convulsions et se met à hurler en crachant du sang. Mon Dieu, s’il est assis, ça veut dire que le monstre est en train de l’attaquer par le... enfin par en dessous quoi. Mais quelle horreur !


Souris Roger, le petit alien va sortir.

Peu de temps après, le survivant devenu tout fou s’en va avec sa navette percuter une station spatiale circulaire en plastique à la 2001, nommée Concorde. Cela nous vaut un crash de maquette excessivement laid qu’à côté Galactica c’est de l’art.



Des effets spéciaux haut de gamme... disponibles chez Toys'r'us.

La société américaine dépêche donc une équipe d’astronautes enquêter sur ce qui s’est passé. Manque de bol, c’est le groupe d’acteurs le plus inexpressif qu’il m’ait jamais été donné de voir. Déjà les trois hommes, blancs, bruns, quelconques, ont tous la même tête et dans la lumière sombre du vaisseau on a du mal à les différencier (à première vue y a le capitaine et deux comparses - un mécano et un « responsable de la compagnie », qui ont des têtes à se faire bouffer par le monstre). S’y ajoutent trois blondes interchangeables (l’une idiote et volage, dont le rôle est mal défini qui va vite coucher avec le mécano, l’autre médecin de bord plus prude et sévère et la copilote futée dont on se dit qu’elle va être l’héroïne) et une brune costaude chef de la sécurité (la seule à avoir un embryon de jeu d’actrice) dont l’allure froide et sévère nous laisse subodorer des origines robotiques.



"- Un peu de motivation, quoi, les gars...
- T'as vu dans quoi on est obligé de tourner pour gagner notre croûte..."

C’est donc parti pour quelques semaines de vol dans un vaisseau très quelconque (une grosse tige avec des ailerons). Ce qui nous vaut la présentation des personnages et des dialogues biens débiles :
« J’aime regarder les étoiles, ça me fait penser au Michigan »
« J’ai un pressentiment, nous ne reviendrons pas de cette mission, fais moi l’amour ! »

Arrivés sur place, ils repèrent un vaisseau de la Richter près des ruines. Fort logiquement, nos héros se crashent sur Titan (ils se posent et le sol s’effondre sous le vaisseau, très pro les gars !). Mon Dieu il y en a pour plusieurs jours de réparations ! L’appareil est donc bloqué, on va manquer d’oxygène, il ne faudrait pas qu’un gros monstre en profite !



Un joli vaisseau de chez Heller et une infographie au MO5 : toute une époque...

S’en suit une petite visite du vaisseau de la Richter. Là, surprise ! Tout l’équipage est mort, horriblement déchiqueté (au passage poncif très « piègedecristalesque », puisque ce sont des Allemands, tous les cadavres sont blonds - en fait je soupçonne le réemploi du même mannequin pour tous les corps). Que font donc nos héros dans une telle situation ? Gagné, ils se séparent ! Et ce qui doit arriver arrive, une des blondes se fait chopper par le monstre.
Que font alors nos héros armés jusqu’aux dents (qui sont six contre un seul monstre dont on a vu qu’une main en latex agripper leur copine) ? Et oui, ils ferment à clé la porte de la salle où la fille appelle à l’aide et se barrent !


Sammy, un fantôme...

De retour sur leur appareil, la chef de la sécurité se met en petite culotte (normal, je vous rappelle que c’est un sous-alien). Et là arrive un Klaus Kinski rigolard qui fait peur à la fille en en profitant pour la tripoter au passage.



Il me faut du silicone pour mon vaisseau.

Celui-ci joue le rôle du capitaine du vaisseau allemand qui s’était caché du monstre et cachetonne le temps de trois scènes. Et c’est là que c’est terrible pour les autres comédiens, parce que même quand il s’en fout, ce fou génial de Kinski est une boule de charisme qui engloutit toute l’attention du spectateur dès qu’il apparaît. Il roule des yeux, déclame des conneries avec une voix mélodramatique (« Savez-vous comment nous appelons cette planète : le planète du monstre ! »), bref assure un max.




Festival Kinski.

Pendant ce temps, le monstre décide de tuer du monde. Pour cela il se sert de ses précédentes victimes avec lesquelles il attire les autres membres de l’équipage. Ainsi la première blonde va venir se promener à poil sous le nez du mécano qui la voit à travers un hublot. Celui-ci, sous le charme, se laisse enlever son scaphandre en oubliant qu’on est sur Titan... Et de deux... La blonde va en profiter pour lui coller le moyen de contrôle du monstre, une larve (un bébé Alien ?) qui va aller se loger dans son crâne (vous me direz, au vu du jeu des acteurs c’est pas la place qui manque).

Quelques minutes plus tard, le mécano contacte ses copains sur le thème "venez les gars, je suis sur le vaisseau allemand, le monstre il est parti et y a pleins de bonbonnes d’air !" Nous on le voit bien qu’il a un air bizarre et un gros pansement taché de sang sur la tête, mais les autres non, alors ils y vont. Security-girl et Kinski sont partis voir les ruines du début, la copilote reste au vaisseau U.S. donc les trois derniers retournent dans l’astronef de la Richter... Oui, la médecin, le mec de la compagnie et le commandant... c’est bien vous suivez. Là ils se séparent (on a un plan, on s’y tient) et le mécano tel pizza 30, livre directement la doctoresse au monstre... et de trois...


- Ouais, juste une petite migraine, rien de plus.

Les deux autres entendent un cri, se rejoignent, disent « Tu as entendu ! On dirait un cri » et... se séparent à nouveau (le temps ne fait rien à l’affaire, quand on est con on est con...). Le capitaine va donc tout seul découvrir le carnage avec la médecin et tuer le mécano possédé qui se décompose de façon vraiment craspougne.

Pendant ce temps, dans les ruines, la brune de la sécurité et l’Allemand explorent... et se font attaquer par la blonde possédée, qui jaillit d’un sarcophage dans une pathétique tentative pour faire peur au spectateur. Elle est promptement zigouillée, lorsque, surprise ! l’ami Klaus se révèle être lui aussi possédé par le monstre et, affublé d’un maquillage de zombie pas frais (déjà Kinski au naturel y fait peur, mais là c’est carrément l’angoisse), attaque la brunette. La scène s’arrête brusquement. Et de quatre ?


Kinski zombie.

Il semblerait car Kinski (ou désormais un cascadeur affublé d’une perruque blonde et d’un masque de zombie parce qu’à l’image j’ai de sérieux doutes que ce soit Klaus, qui ne devait sûrement n’avoir qu’une journée de tournage - on le voit en tout 3 scènes mais son nom était écrit en gros sur l’affiche - qui fasse le cabri sous un maquillage ridicule dans les bagarres) attaque la copilote restée sur le vaisseau de la N.T.I.. Comme il est quand même très balourd, il la laisse s’échapper, enfiler une combinaison spatiale et s’enfuir vers l’astronef de la Richter avant de se faire buter par les deux derniers mâles de l’équipe...
Ils ne sont plus que trois dans le vaisseau... ça sent le final...
« Il faut faire quelque chose d’intelligent » proclame le capitaine.
« On pourrait l’électrocuter, j’ai vu ça dans un film » propose cinéphiliquement la copilote.


C'est zoli !

Aussitôt dit, aussitôt fait nos héros mettent en place un plan à la Scoobidoo : en gros, on fait coucou au monstre et on se laisse poursuivre jusqu'à une zone reliée à un câble à haute tension. Heureusement, le monstre jusqu’alors furtif et rapide devient d’un seul coup lent et apathique dès qu’il s’agit de poursuivre les astronautes (il a trop bouffé ou quoi ?). Il se fait donc piéger et électrocuter dans une gerbe d’étincelles. Ce qui nous permet enfin de le voir. Mon Dieu qu’il est laid et ridicule : le fils caché d’Alien et de Casimir, un gros corps balourd avec une tête toute en longueur. Pour tout dire le truc auquel il ressemble le plus c’est un type dans un costume de monstre.



Ca vous rappelle rien ? Et j'ai crié, criéééé, alien pour qu'il revienne !


Ca y est, la créature est morte, la musique devient guillerette, les héros se congratulent... Fini ? Hum... le compteur du magnétoscope affiche 1h10 seulement... c’est louche. Pendant ce temps, la copilote s’approche du monstre et commence à lui filer des petits coups de pied pour vérifier s'il est mort. Bien évidemment non, la bête se réveille choppe la blonde et se barre avec pour aller la suspendre tête en bas dans une autre salle...
Que font donc les deux mecs survivants ? Allez je vous aide, c’est le dernier truc à faire dans ces conditions... oui ils se séparent (non, vous n’avez rien gagné ils l’ont fait tout le temps dans le film). Cependant avant cela ils prévoient un nouveau plan à la Scoobidoo contre la créature : l’attraper dans un filet équipé d’une bombe puis jeter la bestiole hors du vaisseau. Le mec de la compagnie va se faire bouffer à son tour dans une scène directement pompée sur Alien : cadrage du gars en gros plan qui s’arrête soudain, inquiet. Dans son dos, floue, le monstre apparaît lentement en grognant et le tue. Il a quand même le temps de lancer le filet. Le capitaine arrive alors et se balance dehors avec le monstre parce que c’est quand même le combat final et que ça doit se régler mano à mano.


Allez, viens y si t'es un alien !

Certes il n’y a pas d’atmosphère respirable sur Titan mais ça ne gène pas le capitaine en bras de chemise qui file une rouste à la bestiole et amorce le compteur de la bombe. Hélas arrivé à zero, rien ne se passe. Le capitaine, qui se souvient soudain qu’il n’est pas censé savoir assimiler le méthane et l’ammoniac, se met à suffoquer (et la pression ? et la température ? Ca giclait plus dans « Outland » !). Quand soudain...


Empoignade virile.

Ils se séparent ... euh non... jaillit de nulle part la brune de la sécurité (vous l’aviez oubliée celle-là ! Et ben pas le scénariste) qui tire sur la bombe et fait exploser la créature.


La créature dans toute sa splendeur...

Youpi, c’est fini, les trois derniers survivants quittent Titan dans le vaisseau allemand. Le capitaine demande quand même à la brune où elle était passée tout ce temps. Celle-ci fournit alors cette réponse d’anthologie :
« Je me suis perdue. »
Authentique ! Et comme de toute façon plus rien n’a d’importance la copilote demande :
« On s’la fait cette partie de rigolade ?
- Attends que j’ai mis le pilote automatique. Prêtes les filles ? »

Ainsi ce termine ce chef-d’œuvre. C’est dommage que le genre sous-alien ait disparu... encore que : on enferme une dizaine d’abrutis stéréotypés dans un espace clos, on attend que la pression monte, on guette un peu de nudité et de sexe puis on en élimine un régulièrement jusqu’au deux derniers survivants qui s’échappent en vainqueurs... Ah non excusez-moi, je confondais avec Loft Story...



Dans l'excellent bouquin Gods In Spandex (dont Nanarland a interviewé les auteurs ICI), le réalisateur William Malone apporte un éclairage intéressant sur la genèse et le tournage de ce film.
« Après "Scared To Death" il s'est écoulé trois longues années avant que l'opportunité de tourner un autre film se présente. Dans l'intervalle, j'ai travaillé comme caméraman pour la chaîne Disney Cable, à filmer des émissions culinaires et des magazines.


A la fin de l'année 1983, j'ai été approché par Moshe Diamant, un jeune producteur qui venait juste de se lancer dans le business. Il voulait faire un film de monstre, et m'a dit qu'il pourrait trouver un financement si j'étais capable de faire un film à la "Alien". J'avais un synopsis de deux pages, que j'avais rédigé quelques années auparavant. Ca s'appelait "The Titan Find".


Il fallait être réactif, je sentais presque déjà l'odeur des bobines de pellicule tournant dans la caméra. Je me suis souvenu de ce que Roger Corman avait dit une fois : « Toujours commencer par l'affiche ». Je suis donc rentré chez moi et j'ai passé la nuit à peindre une illustration pour "Titan Find". Le résultat représentait un cadavre en décomposition et ramené à la vie, dans une combinaison spatiale à moitié brûlée, et qui s'élançait vers vous. Je suis ensuite allé voir Moshe chez lui, je lui ai montré l'affiche, et je lui ai raconté l'histoire de deux vaisseaux spatiaux se dépêchant de rejoindre Titan, un satellite de Saturne, pour s'approprier le droit d'exploiter les vestiges extraterrestres qui y ont été découverts. Ca lui a plu et il a dit « On le fait ».
En tout et pour tout, nous avons fait ce film (plus tard retitré "Creature" pour le marché américain) pour la somme de 350 000 $. Maintenant il faut prendre en compte le fait qu'il s'agissait d'un film tourné en Scope Panavision 35 mm, avec un tournage de 8 semaines et un scénario qui impliquait 24 décors différents, des effets visuels et mécaniques complexes, et Klaus Kinski. C'était de la folie. Mais c'est dans ce genre de situation qu'être jeune, stupide et désespéré a ses avantages.
Quoiqu'il en soit, mon collègue Robert Short (crédité sous le pseudo de Alan Reed) et moi-même avons développé un scénario à partir du synopsis d'origine. En gros, l'histoire faisait office de préquelle officieuse à "Planète Interdite". Une équipe de géologues découvre les vestiges d'un laboratoire Krell sur l'une des lunes de Saturne. Ce laboratoire contient des échantillons de vies extraterrestres collectés aux quatre coins de la galaxie. Un incident provoque la fuite d'un des spécimens, qui se met à boulotter les membres de l'équipe. J'ai repris bon nombre d'accessoires originaux utilisés sur "Planète Interdite", et qui venaient de ma collection personnelle.


Un truc très singulier s'est produit juste avant le début du tournage. Moshe m'appelle et me dit qu'il a engagé Klaus Kinski pour jouer dans le film. Je me suis dit « Aïe… ». Premièrement, il n'y avait aucun rôle prévu pour lui, et deuxièmement, j'avais entendu dire que c'était un psychopathe. Sachant qu'on était en train d'essayer de réaliser un film très ambitieux avec zéro argent, ça m'a juste semblé complètement dingue.
Au vu de ce qui s'est passé ensuite, le mot "dingue" était faible. On a eu Klaus sur le plateau pendant une semaine. Ce fut une semaine infernale. Dès son premier jour de tournage, il m'a pris par l'épaule alors qu'on marchait vers le décor du vaisseau et m'a dit « Bill, je veux que tu saches que j'ai violé ma fille Nastassja quand elle avait douze ans. »
Quel choc ! Comment était-je censé digérer une telle information ? A partir de là, les choses se sont rapidement dégradées. Il récitait ses lignes de dialogue en s'adressant aux murs, et voulait se battre avec moi entre chaque prise. Il volait des costumes. Il disait des choses à la costumière et à la maquilleuse qui feraient rougir un marin. C'était comme ça toute la semaine jusqu'à ce que finalement, quand est venu jeudi, je me suis dit que la seule chose à faire c'était de lui gueuler dessus. Ce n'est vraiment pas mon genre, alors j'adressais un clin d'oeil au reste de l'équipe, je me tournais vers Klaus et me mettait à lui hurler après. Il est devenu doux comme un agneau pendant ses deux derniers jours de tournage. A l'époque, il a fait de ma vie un véritable enfer… mais maintenant quand j'y pense je ne peux pas m'empêcher de rire. Quand il était à l'écran il rayonnait vraiment.


On tournait dans un hangar de San Fernando Valley. C'était l'un des étés les plus chauds qu'on ait jamais eu. La climatisation était en rade. J'avais sept comédiens dans des combinaisons spatiales, avec des micros sans fil qui ne fonctionnaient que par intermittence. Ce fut un tournage vraiment éprouvant.
Ma plus grosse déception, ce fut le monstre lui-même. Dans "Scared to Death", j'avais pu imaginer et fabriquer le Syngenor moi-même. Pour "Créature" je n'avais tout simplement pas le temps de m'en occuper. Le type qui s'en est chargé manquait cruellement d'expérience. On a fait appel à un autre spécialiste pour essayer de corriger le tir, mais il ne pouvait pas faire grand chose, à moins de tout recommencer à zéro. Un critique a dit au sujet du monstre qu'il ressemblait à "un dauphin ivre et en colère". Je ne lui donne pas tort.
J'ai revu "Créature" récemment. C'était super de revisiter Titan. J'ai trouvé le film plus fun que dans mes souvenirs.
»

- Rico -
Moyenne : 2.06 / 5
Rico
NOTE
2/ 5
Peter Wonkley
NOTE
2/ 5
MrKlaus
NOTE
2/ 5
Jack Tillman
NOTE
2.25/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation

Un grand merci à Mad Movies de nous avoir réédité en DVD cette grosse naserie. On peut le trouver d'occasion ou le commander sur leur site. Curieusement ils ont retraduit l'accroche. N'empêche, elle reste aussi nanarde.


Le film a également été ressorti par l'éditeur Bach Films. A noter que ces éditions DVD françaises ne proposent le film qu'au format 4/3 (plein écran) là où l'édition VHS de chez "Festival édition" le présentait au format 16/9 d'origine.


En ce qui concerne la présence sur l’édition DVD du familier jingle "Lloyd Kaufman & Michael Herz present... A Troma Team Release", Robin Ruquet, GPS Interactive pour Troma France, nous éclaire :
"« Créature » fait partie de ces (nombreux) films qui n’ont pas été produits par la Troma, mais dont la licence a été rachetée par Troma pour sauver le film de l’oubli (l’exemple le plus marquant de cette pratique restant à mes yeux le fabuleux « Sizzle Beach, U.S.A. » avec Kevin Costner !). Vu qu’il semble ne plus être sur le catalogue Troma, il est possible qu’ils aient revendu la licence, cependant, la plupart des gens considèrent ce film comme un Troma à cause du jingle « tadadaaaa daa daaam tadadaaam dadam » Troma du début, mais aussi à cause de l’esprit général du film !"

Un blu-ray est sorti il y a peu chez "Vinegar Syndrome" avec un montage alternatif plus long de 15 mn, mais malheureusement uniquement en anglais, et surtout en zone A donc illisible sur la plupart de nos lecteurs.