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Force de frappe (American Ninja 4)

(1ère publication de cette chronique : 2006)
Force de frappe (American Ninja 4)

Titre original :American Ninja 4: The Annihilation

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Cedric Sundstrom

Producteur(s) :Menahem Golan

Année : 1990

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h35

Genre : Frappé de force

Acteurs principaux :Michael Dudikoff, Ken Gampu, David Bradley, James Booth, Dwayne Alexandre

Kobal
NOTE
3/ 5


"Un an après "American Warrior 3"...
Document Top Secret - Archives Nanars - #3538.3773
Interception d'une communication entre l'Omni-Cannon des Produits, et Cedric Sundstrom :
"Hello Cedric, ici Menahem Golan, j'espère que t'as bien profité de tes 15 jours de congé, parce qu'on a du boulot pour toi là."
"Ah ? Heu, pas encore un de ces horribles films de Ninja, hein ? Vous savez comment ç'a été dur pour moi..."
"Mais non, te fais de soucis ! Tu vas voir, c'est une super-production avec de grandes vedettes, et ça se passe en Afrique. Impossible qu'il y ait des Ninjas. "
"Vous me le jurez ?"
"Comme si j'étais du genre à mentir…"




Après l'échec du 3ème opus, il va sans dire qu'on attendait au tournant le quatrième épisode de la série "American Warrior/American Ninja". Et le défi de s'avérer corsé : en effet, un des derniers piliers de la série, véritable mère nourricière du nanardeur en manque d'amour et de standing à moustache, le magnificient Steve James, a décidé de quitter son éternel rôle de sidekick pour d'autres horizons cinématographiques. Coup dur pour la Cannon : allait-elle laisser sombrer définitivement sa franchise dans la plus sombre des mélasses naveteuses (et perdre du pognon) ou allait-elle remonter la pente et permettre à celle-ci de retrouver sa gloire d'antan (et faire du pognon) ? Réponse dans cette chronique (mais connaissant les pères Golan-Globus, la réponse est aussi dans la question).


Bon, vous êtes prêts, les gars ? Va falloir faire honneur à vos couleurs !


La première chose qui marque tout consommateur de mauvais films sympathiques, c'est la jaquette. Et dès le début, celle-ci promet monts et merveille en affichant non pas un, mais deux héros bien connus des fans : Michael Dudikoff et David Bradley. Quelle générosité ! Que nous a donc réservé de beau la Cannon pour ce nouvel opus ? Et bien pour changer une histoire de Ninjas. Classique ? Attendez donc de voir que ces messieurs ont réussi à y mettre du fanatique islamiste, du post-apo madmaxien, deux grandes stars du Ninjutsu yankee, des pseudos nazis, et tout ça pour le même prix.



Le pitch : un commando d'élite de la Delta Force est capturé et torturé par une bande de Black Ninjas en République du Lesotho. Sean Davidson (David Bradley) et Carl Brackston sont immédiatement envoyés sur place pour les libérer. Mais ils ont aussi une autre mission : détruire un menaçant dispositif nucléaire appartenant à l'odieux Sheik Maksood. Et là, c'est le drame ; leur plan échoue, et ils sont fait à leur tour prisonnier. Le gouvernement américain n'a plus qu'une solution : Joe Armstrong (Michael Dudikoff), un ancien de la CIA, lui-même Ninja...


On parle de la Star ?



Mais tu vas arrêter de monopoliser l'attention, oui ? C'est moi le renouveau de l'American ninja, merde, quoi !


On s'en doutait en lisant le résumé, le visionnage de ce film ne fait que corroborer une vieille tradition : comme d'hab', Golan & Globus ont réussi à nous flouer. Car nos héros ne vont pas travailler ensemble, non, non : ils vont bel et bien bosser l'un après l'autre.
Et oui, dès le début, une huile gradée de l'armée américaine nous l'apprend : "Joe Armstrong a rejoint les pacifistes". C'est donc David Bradley qu'on envoie au turbin, accompagné d'un acolyte noir, ersatz sans saveur de Steve James. Mais quelle est donc cette mission, vous demandez-vous, car vous avez remarqué que je n'ai pas détaillé le scénario : informée des activités d'un islamiste fou possédant une bombe nucléaire, l'armée américaine a envoyé en République du Lésotho la Delta Force pour faire le ménage et préserver la paix mondiale. Malheureusement, l'enturbanné a jugé bon de s'équiper d'une armée de Ninjas, et c'est avec stupeur que nos héros découvrent la défaite des commandos de la liberté : une cassette vidéo des meilleurs moments de torture et de gazage des valeureux soldats. La réaction est unanime : "Nom de Dieu !"
"C'est aussi ce que je me suis dit."


David, insouciant, peu de temps avant le drame.


Mais David a étudié l'histoire, et à la vue d'un Ninja en tenue rouge, il comprend tout :
"Des Ninjas. C'est la fraction armée rouge japonaise !" (ce qui prouve bien que l'armée nippone n'est pas indivisible)
Ni une, ni deux, les dirigeants militaires décident non pas d'envoyer une troupe plus importante, mais de réquisitionner nos deux bougres, pourtant en pleine cérémonie de mariage, et dont l'un n'est jamais allé sur le terrain, pour régler le problème. Brillante stratégie, non ? Mais pas de panique, car les attend sur place un contact de la CIA : Pongo, 13 ans, l'ado de la cité qui parle en verlan et qui s'habille djeun's (on est en Afrique tropicale je le rappelle). Tellement brillante la stratégie que ces deux nouilles vont se faire vite fait toper par les Ninjas, qui se marrent bien sous leur cagoule.


- T'as vu, c'est marrant : moi je suis blanc, mais je m'habille en costume noir, et toi, c'est le contraire !
- Ca me fait pas rire... Y'a pas écrit Steve James sur mon front.



Pongo, l'héritier spirituel de Toto, et futur légataire de Hiro.


Bon, David a-t-il fait des progrès depuis ses errances d' « American Warrior 3 » ? Et bien reconnaissons-le, oui, David Bradley a su progresser sur la voie de l'acting, en franchissant une étape : d'acteur navet, il passe enfin au rang tant envié d'acteur nanar. Et ce n'est pas rien. Quel est son secret ? C'est tout simple : il commence déjà par oublier son déguisement de Ninja à la maison, et prend celui de cow-boy à la place. Ca donne un genre, c'est vrai. Mais on peut le pardonner, il a pris le bon attirail, et dézingue pas mal de Ninjas dans la partie du film qu'on a bien voulu lui laisser. Il a de même abandonné son aspect bogoss pour se concentrer sur celui de barak. Par contre, dès qu'il est capturé et attaché dans les sordides sous-sols du Cheik fou, il fait une rechute et passe alors son temps à prendre des poses de fillette sous les coups de fouet. En tout cas, on ne s'ennuie pas en le contemplant faire ce qu'il peut pour attirer l'attention sur lui, même s'il est bien vite dégagé de l'histoire principale...


Yaaaaaah, tremblez, vils desperados !!!



Nan, j'déconnais les Ninjas, j'le ferai plus, lâchez-moi, mais arrêtez, quoi, enlevez ce filet...



- Toi et ta manie de faire des blagues.
- C'est pas ma faute si personne n'a le sens de l'humour ici....


Bah là, on est bien dans le caca, car comment continuer le film sans héros ? C'est simple, il suffit d'envoyer chercher Joe, reclus dans sa chapelle à apprendre aux 'tits n'enfants noirs ce qu'est l'environnement ("c'est ce qui nous entoure"). Pacifisme ou pas, celui-ci n'hésite pas un instant en apprenant que son vieux pote David a besoin de lui. Et là, les fans me feront remarquer qu'on n'avait jusqu'à maintenant aucune notion d'un tel lien entre les deux hommes ; ce à quoi je répondrai que c'est cela la magie de l'univers d'American Ninja, un enrichissement à chaque épisode. Et c'est parti pour voir le vrai héros à l'œuvre.


Maintenant que l'autre guignol est dans les sous-sols, je peux faire mon boulot avec classe...



Contre les conditions carcérales vestimentaires humiliantes du Lésotho, envoyez des sous.


Ah, quelle belle surprise que ce retour de Joe Armstrong. On le sent très rapidement, Michael a roulé sa bosse, il a pris de l'assurance, et il sait ce qu'on attend de lui : il est là pour jouer le mystérieux, ne rien dire et surtout péter du Ninja. Ce qu'il accomplit à tour de bras, et ce avec un grand professionnalisme. Un Ninja sur son pare-brise ? Pas le genre à mettre les essuie-glaces, non, plutôt à tout défoncer d'un coup de poing. On lui tire dessus des fléchettes ? Pas d'esquive, nooon, c'est trop facile, il préfère se saisir du projectile avec les dents pour le planter aussitôt dans la gorge d'un Ninja qu'il se gardait sous la main. Il traverse le film sans mot dire tel un bulldozer, comprend aussitôt avec qui il faut être pote pour réussir le scénar, se trimballe le mioche, sait se déguiser en prêtre quand il le faut, fait même quelques blagues, bref, pendant que David se dore la pilule dans ses cachots, Michael fait tout le boulot.


Michael nous la joue "Mon curé chez les Ninjas".



Michael jette son sac à Ninja dans un trou...



...pour en ressortir quelques secondes plus tard. L'éclairage naturel ne l'a malheureusement pas attendu.


Mais intéressons-nous un peu à la team rocket, ces méchants qui bavent de haine à la seule évocation du pays des Freedom Fries. La série nous a toujours offert de bons représentants du genre, et ce nouvel opus ne déçoit pas. L'équipe est organisée comme suit :
- Le méchant de fin de niveau, le Sheik Maksood, islamiste fanatique de service, anti-américain à torchon sur la tête (pléonasme ?). Remercions-le car sans lui, on n'aurait pu espérer une telle concentration de Ninjas (à croire que la serviette attire la cagoule). Il se donne des airs d'intellectuel, admire ses Ninjas mourant pitoyablement à l'entraînement, et est du genre à activer lui-même sa bombe nucléaire uniquement pour le plaisir de rejoindre Allah. Il se laisse tout de même aller à ses petits moments de colère en hurlant de savoureux "Bande de chrétiens !" à ses ennemis.


Version blanche, mais salissante.



Version à carreaux, ça cache les taches sur la moitié de la surface.


- L'associé gestionnaire des tortures et tributaire de l'action sur le terrain, Mulgrew (prononcez Meulgro), croisement réussi entre Indiana Jones et un bon vieux nazi d'époque. C'est bien évidemment un adepte du fouet et de la veste poussiéreuse, et fait rare dans ce genre de productions, c'est un vrai méchant qui torture, humilie, arrache les chemises des blondes à gros seins et tue pour le plaisir. Il n'empêche qu'il offre aux spectateurs de bons moments de rire.


Sa cravache à la main, Mulgrew annonce sa passion professionnelle pour le sadisme.



Mulgrew en plein interrogatoire.



Quelques minutes plus tard... Mulgrew s'est fait plaisir mais il n'a récolté aucune info. Une sorte d'éjaculateur précoce de la torture, quoi...


- O'Reilly, le stupide bras droit de Mulgrew, petit Kapo lourdaud au jeu d'acteur assez proche de celui d'Elie Semoun.


Ohééé, c'est, heuu... Toufiiik, et mon pote-là, c'est Big Black Tarba, le rappeur de not' quaaartier...



O'Reilly, flouzé par cette femme qui lui fait croire qu'elle est en train d'autopsier des cadavres de lépreux... en tailleur blanc !


- Rajoutez un chef des Ninjas à tête de mouche, et vous avez sous les yeux le fer de lance de l'anti-impérialisme.


Si vous croyez que c'est facile de se faire respecter par ses hommes dans cette tenue...


Bien évidemment, ce film ne mériterait pas son titre s'il ne contenait une horde de Ninjas prêts à en découdre et à mourir pour notre plus grand joie. Mais bon, on engage des Ninjas comme on peut, et en République du Lesotho, la plupart des candidats au poste sont noirs. Qu'à cela ne tienne, pour masquer ce fait, on n'a qu'à les habiller de tenues jaunes, ça leur donnera un petit côté Alphonse Beni dans « Black Ninja », et on pourra toujours les recycler dans une pub pour Persil Couleur. Diversité et règles de sécurité obligent, on peut même voir des Ninjas nucléaires, en blanc stérile, chargés de surveiller la bombe atomique du Cheik enragé.


On voit même la montre au bracelet rouge qu'a dû lui offrir sa femme avant de mourir.



Avant, on bossait chez Intel, mais on a été victime d'un plan de restructuration.


De plus, ils ont enfin su varier leur façon d'attaquer. Ils se déplacent à la queue-leu-leu, à la vitesse d'une limace sclérotique, le katana en l'air, mourant sans réaction, pour l'instant d'après se jeter en masse sur les héros, l'air menaçant. Ils ont enfin compris !!! Ils compensent leur inefficacité individuelle par des actions de masse !!! Les voir tabasser David Bradley comme de véritables loubards, en cercle autour de leur victime, pour la harceler de coups de pieds vicelards, je sais pas vous, mais moi ça me fait un p'tit quelque chose. Aaah, c'est que ça grandit vite à cet âge, j'en écraserais presque une larme.
Par contre, ça reste de véritables brèles lors de l'entraînement ; ils arrivent à se vautrer en marchant sur une poutre, et à mourir en tombant sur de minuscules bouts de verre. Mais c'est aussi ce qui fait leur charme.


Voilà ce qui arrive quand on veut amuser les copains...



...on finit au piquet.



Mais qui peut bien inventer des entraînements aussi débiles ?


Avec tout ça, on avait déjà de quoi faire un film, mais les scénaristes ont voulu aller encore plus loin. Peut-être ont-ils décidé, devant l'aspect trop routinier de cet épisode, de surprendre tout le monde en plaçant judicieusement un ghetto post-apocalyptique hébergé dans une ancienne prison, ouvert à tous ceux qui en ont marre de Maksood, qui aiment s'habiller en cuir et qui ne crachent pas sur une hache de guerre. Cet ajout n'est bien sûr pas dénué d'intérêt car en plus de nous offrir de merveilleuses scènes où Michael fait copain-copain avec des brutes punkoïdes tout droit sorties de « Ken le Survivant », on obtient la chair à Cannon nécessaire au traditionnel affrontement final de masse que l'on retrouve dans tous les "American Warrior". Machiavélique.











Festival post-apo !

En résumé, voici un épisode qui fait plaisir à voir après le vilain petit canard qu'était le numéro 3. Tout ce qui a fait le succès de la série est bien présent, avec quelques nouveautés pas déplaisantes. Bien sûr, on regrettera le départ de Steve James, mais ne boudons pas notre plaisir, « Force de Frappe » est un agréable nanar, à regarder seul ou entre amis.


Très coloré ce champ de bataille...

- Kobal -
Moyenne : 3.00 / 5
Kobal
NOTE
3/ 5
MrKlaus
NOTE
3/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation

Ce film est le plus souvent connu par chez nous sous le titre "Force de frappe". Comme chacun sait, la série des « American Ninja » a été bizarrement distribuée en France, se retrouvant avec le titre d' « American Warrior » (le titre « American Ninja » étant donné en France au film « Nine Deaths of the Ninja » avec Shô Kosugi). Ici, les distributeurs français semblent avoir voulu couper court à la confusion en faisant mine de lancer une nouvelle franchise. Les éditeurs DVD ont apparemment voulu revenir au nom American Ninja, jugé plus connu : le film peut donc se trouver également sous le titre d' « American Ninja 4 ».

Le DVD cracra de chez Prism / Global Pictures.

En plus de ses nombreuses éditions en VHS, le film a été réédité en version pirate par l’éditeur "Prism" (via sa sous-marque "Global Pictures") et est donc trouvable dans les bacs DVD à 1 € des supermarchés. Malheureusement, la qualité sur-abominable, aussi bien vidéo qu'audio, me pousse à vous en déconseiller l'achat. Comme pour les autres épisodes, rabattez-vous sur les VHS, disponibles dans vos Cash.


De plus, vexés de se faire voler le monopole de la flying jaquette, les gars de "Colombus" (encore eux) ont sorti en DVD le fameux « American Warrior 2 » (en VO, « Avenging Force », rien à voir avec la vraie série des American ninja, sinon la présence des mêmes acteurs) mais une fois le DVD dans le lecteur, on s'aperçoit qu'on l'on à faire au film chroniqué ci-dessus, dans une qualité (aussi bien visuelle que sonore) encore plus ignoble que celle de "Prism", le seul avantage étant la présence de la V.O. Si le blu-ray existe en Allemagne ou aux Etats-Unis, seul ou avec les 3 autres opus de la série, elle ne comprend pas la version française. Dommage, on attend toujours une version de qualité chez nous.

La VHS française de chez Delta Vidéo.


A ne pas confondre avec ce « Force de frappe »-là (connu aussi sous le titre « Attaque Force Z ») :