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Granny

(1ère publication de cette chronique : 2010)
Granny

Titre original : Granny

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Boris Pavlovsky

Année : 1999

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 0h58

Genre : Le diable s'habille en Damart

Acteurs principaux :Sasha Popovic, TOMI, Katie Dugan, T.J. Bigbee, John Stoops, Annemieke Van Der Meer

Sbel
NOTE
2/ 5


"C'est quoi "Granny" ?"
Longtemps encore, cette question innocente de l'ami Wallflowers, en visite à la maison, résonnera dans mes oreilles... "Granny". Apparemment, ç'avait tout l'air d'un slasher bas de gamme. Un DVD de ma chère et tendre, que je n'avais jamais remarqué [ndlr - Goujat !], prenant la poussière tout au bas de la pile. Rien de très risqué pour nos rétines robustes. Nous avions pourtant bien repéré la jaquette indicible et le prix de 1,50 € apposé à l'intérieur du boîtier, mais il a quand même fallu qu'on insère ce disque du diable dans le lecteur. Et là, sous nos yeux ébahis et humides d'émotion, se sont étalées dans un bruit flasque 58 minutes (!) de nanar d'horreur du plus beau rouge ! Le lendemain, après avoir passé une nuit fiévreuse à ressasser ce film choc, Camarade Maussade nous a gratifiés d'un "Ah ! Vous avez regardé "Granny" ? C' est du lourd, hein ?". Du lourd, c'est le moins qu'on puisse dire.


Un titre tout en sobriété...


"Des filles, de l'alcool, de la musique, une grande maison vide... Tout semble avoir été prévu par Tom et ses amis pour organiser la fête de l'année. Tout sauf une invitée surprise, une grand-mère armée d'une hache et d'un appétit féroce de meurtre... Dans l'esprit de "Urban Legend", "Scream", "Souviens-toi... l'été dernier", "Granny" vous invite à une fête sanglante."
Oui...
...une grand-mère...
...avec une hache...
...arrrh, mon esprit s'égare encore, revenons à nos moutons !


Tom, look-alike troublant d'Eminem, qui a aussi commis la musique du film : SOIS MAUDIT, TOM !



Jason le petit comique...



Michelle la sainte-nitouche...



Natalie la grosse chaudasse...



...et Peter l'homme trop bien sapé.


Tout commence par un air d'orgue Bontempi qui vous vrille les tympans, et ne vous lâchera plus jusqu'au bout du générique final. La musique omniprésente de TOMI (qui joue également le rôle de Tom) contribue grandement au côté éprouvant du film. Ce synthé imitant l'orgue finirait presque par vous faire regretter la musique de "L'Homme Puma", c'est vous dire !
Bref, revenons à nos moutons d'abattoir : Tom et ses amis sont un chouette tas de chics copains, de vrais ouf malades, qui n'hésitent pas une seconde à organiser des teufs de guedins dans une maison vide, pour accueillir leur nouvelle meilleure amie du monde : Michelle. Fraîchement arrivée à Chicago, elle est bien aise d'avoir trouvé une telle bande de potes !
Autant vous l'annoncer directement, ils sont tous mauvais comme des cochons, doublés n'importe comment, et affublés de comportements et de personnalités totalement idiots. Pour preuve, ils jouent à se faire peur comme des enfants de dix ans, en se racontant des histoires terrifiantes sur le meurtre de la grand-mère de l'un d'entre eux, tout en se faisant passer des bouts de viande de main en main, les yeux fermés... Édifiant !


Des éclairages audacieux.



"- Et après on sort les tablettes ouija !
- Ouéééééééé ! "


Ils se complaisent également dans des discussions interminables sur le sexe, leurs fantasmes, les différences homme/femme, le sexe, leurs peurs paniques (judicieusement traduites par "paranoïa", pour notre plus grand bonheur ; ça en dit long sur le travail effectué pour la VF !), la taille des seins, le sexe, ainsi que leurs dernières expériences sexuelles. Ces scène d'exposition des personnages nous donnent une bonne demi-heure de pas grand chose, si ce n'est un tombereau de platitudes, de surjeu, de regards mornes, de doublages à côté de la plaque et de garde-robes à la provenance douteuse (certainement d'une pièce d'un Jérôme Deschamp local). D'ailleurs, sur ce dernier point, le film a été pondu en 1999, mais le look des protagonistes semble parfois tout droit sorti d'un épisode de "Parker Lewis" (vu la misère du produit, on ne serait pas étonné qu'il se soit écoulé plusieurs années entre le début du tournage et la sortie du film en vidéo). Mais une fois ces "tarantinades" du pauvre terminées, il est enfin grand temps de passer aux choses sérieuses ! Tom, en grand maître de cérémonie, accouche d'une idée de génie : il envoie tout le groupe faire un tour dehors pendant une heure, histoire de préparer une mise en scène terrifiante pour leur retour. Il les regarde donc s'éloigner, et de la fenêtre les bénit d'un signe de croix qui en dit long. On s'en lèche les babines...






La super méga-teuf de la mort à huit dans le salon.


Nos crétins s'en reviennent donc une heure plus tard, et là stupeur, un mot sur la porte leur annonce que Tom a dû partir précipitamment et qu'il leur expliquera plus tard... Ha haaaa ! Cela ferait-il partie de sa mise en scène ? Quoi qu'il en soit, le groupe s'installe à l'intérieur et attend tranquillement le signal du début du jeu, quand des pleurs se font entendre à la cave. Jason, n'écoutant que son courage (ainsi que son envie de bières), commet l'erreur que font tous les personnages de slashers : il se sépare du groupe pour aller voir de quoi il en retourne.
Bon, vous êtes certainement comme nous au moment du visionnage du film : vous la voulez votre grand-mère tueuse ? Et bien vous allez l'avoir, et croyez-moi, vous ne serez pas déçus ! Dans la cave, il tombe sur une armoire normande déguisée en mémé de carnaval, chemise de nuit d'un bleu "layette", masque en plastoque et cheveux de poupée d'un blanc immaculé. C'est bien simple, même le monstre-nazi de "Devil Story" à côté, il fait autant peur que Leather-Face ! Cela dit, elle a beau ne ressembler à rien, tous les personnages persistent pourtant à la considérer comme une vraie grand-mère ! Tout à son rôle de composition, notre nouvelle star des boogeymen saisit une hache, et trucide l'infortuné Jason d'un coup en pleine tête filmé en ombre chinoise sur le mur qui se retrouve aspergé de ketchup ! AFFREUX !






"- Granny ? Mais qu'-ce que tu fais là ?
- PAF !"


A partir de là, tous les clichés du film de "méchant-masqué-qui-massacre-des-teenagers" s'enchaînent, dans une symphonie d'effets spéciaux ratés, de cache-misère grossiers, de séparation en groupes de un, de morts idiotes et de courses-poursuites à deux à l'heure dans les escaliers de la maison. Aaaaah, la maison ! Il est temps d'aborder ce chapitre. Chef-d'œuvre d'architecture digne d'Eischer, ses escaliers montent en bas et descendent à l'étage. Une vraie maison démoniaque à la géométrie non-euclidienne, dont les portes se ferment toute seules, et où la mémé tueuse apparaît là où on l'attend toujours le moins pour faire de nouvelles victimes (le summum de l’imbécillité crasse est atteint avec la cachette sous un lit de feuilles mortes en pleine forêt, tellement improbable que même deviner la scène à l'avance ne la rend pas plus acceptable).


Où qu'elle est Mamy ?



Trouvé !


D'éminents exégètes du film, tels que C. Beyond, ou encore le fameux cinéphile lyonnais O. Zymandias, ont de nombreuses fois cité cette demeure en exemple du symbole de la perte de repère de la jeunesse actuelle, ou bien encore de la voracité d'une société inhumaine qui égare les nobles âmes dans un dédale consumériste de désirs inassouvis. Bon, il se peut aussi que le réalisateur se moque totalement de la cohérence de l'unité de lieu dans son œuvre. Néanmoins, la question reste posée.
Au milieu de tout ce sanglant bazar, Tom revient enfin de son escapade urgente - il était tout simplement allé chercher des bières à la supérette du coin - et, découvrant la situation, décide de prendre les choses en main. La vieille n'a qu'à bien se tenir, il monte lui régler son compte avec Peter, l'homme à l'atroce pantalon. Bien mal leur en prend : le premier en sera quitte pour une bonne bastonnade à coup de batte de base-ball qui fait un bruit de fouet, tandis que le second quitte le film, balancé par la fenêtre tel un vulgaire mannequin en mousse.








Vraiment TOUS les clichés...


Les meurtres sauvages se succèdent donc, et ne se ressemblent pas, si ce n'est par leur aspect ridicule. Même la police, prévenue par téléphone, semble impuissante à éviter un destin funeste à nos gentils jeunes cabotins. Ils se séparent donc les uns après les autres pour inévitablement tomber dans les griffes de l'omnipotente Granny. Qui d'être énucléé à coup d'aiguilles à tricoter, qui de finir étouffé dans un sac plastique. Je préfère ne pas tout vous dévoiler ici, excepté le fait que la dernière debout, la douce Michelle aux yeux de vache (oui d'accord, au regard bovin, je corrige) est gratifiée sans conteste de la mort la plus nanarde du métrage : elle semble en effet terrassée par une fluxion de poitrine, le réalisateur devant soudain se rendre compte que les 58 minutes (si, si !) de pellicule étaient bientôt écoulées. Décidant que cette mascarade a sans doute déjà trop duré, il ne nous gratifie alors d'un splendide twist final qui ravira les amateurs du genre... Non, j'déconne c'est tout pourri et cousu de fil blanc ! Alors pour se faire pardonner, il nous assène un DEUXIÈME twist, histoire de bien marquer notre cerveau pantelant du fer chauffé au rouge de son génie visionnaire. J'ai l'air d'en faire trop ? Bon d'accord, je l'avoue, le final n'est pas aussi grandiose que ça, OK ! C'est tout pourri aussi, vous êtes contents là ? 








Mamie Nova dans ses œuvres.


Fauché comme les blés, doté d'un casting lamentable, d'un réalisateur démissionnaire, d'un budget indigne du jus de fond de poubelle du cinéma Z, "Granny" n'est certes pas un diamant brut de l'horreur absurde, tel l'incontournable légende "Devil Story", mais il fait partie de ces sympathiques nanars qu'on ne soupçonnait même pas posséder, et qui vous sauvent une fin de soirée somnolente, la transformant en une expérience qu'on s'empresse de faire partager au plus grand nombre.


Granny ?

- Sbel -
Moyenne : 1.75 / 5
Sbel
NOTE
2/ 5
Rico
NOTE
1/ 5
Jack Tillman
NOTE
2.5/ 5
Wallflowers
NOTE
1.5/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation

Le DVD de chez "ESI/Antartic" est trouvable pour une somme misérable dans toutes les bonnes solderies.


Les Américains ont même droit à une édition unrated (toujours de 58 minutes !) qui se raccroche comme elle peut à la vague nanar avec ses commentaires pompés sur imdb !