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Les Guerriers du soleil

(1ère publication de cette chronique : 2010)
Les Guerriers du soleil

Titre original :Solarbabies

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Alan Johnson

Année : 1986

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h30

Genre : Roller jeunesse !

Acteurs principaux :Richard Jordan, Jami Gertz, Jason Patric, Lukas Haas, James LeGros, Peter DeLuise, Peter Kowanko, Adrian Pasdar, Terrence Mann, Bruce Payne...

Kobal
NOTE
1.75/ 5


Dans le futur, les petits oiseaux ne chanteront pas l'harmonie terrestre en batifolant au-dessus des rivières argentées. Et pour cause, l'eau sera tellement rationnée que les océans auront disparu. Alors les petits ruisseaux champêtres, vous pensez bien. Heureusement, cet enfer déshydraté ne connaîtra pas pour autant la chienlit des hydrocéphales punkoïdes assoiffés d'essence, non. L'ordre et la civilisation seront généreusement assurés par une nouvelle structure gouvernementale : le Protectorat E. Grâce à un régime reposant essentiellement sur la culture CRS, il fera bon vivre dans les méga-centres de rééducation pour adolescents orphelins où seront enseignés l'histoire post-apocalyptique mais surtout, ce qui donne à l'humanité sa seule véritable raison de continuer à survivre : le Skate Ball.


Des combinaisons de Skate Ball très futuristes.



Donc là, faut bien s'imaginer que tout le monde est en rollers, en train de sauter sur place devant des vidéos de CRS tabassant des gens, puis de tourner en rond sur fond de voix off qui cause d'ordre et de "dévouement synergique".


Des esprits chagrins pourraient rétorquer que ce noble art n'est qu'un ersatz de street hockey dans une arène circulaire, en moins violent que l'antique bastonnade sur glace du XXème siècle. Mais ces gens-là ne seraient que de vils et méprisables agitateurs qui verraient leur opinion radicalement éclairée par une rencontre avec le ministère des pelotons de mutilation. Car le Skate Ball est la quintessence du développement culturel humain, en vérité, je vous le dis. Pourquoi le Skate Ball est-il si essentiel à la pérennité mondiale ? Et bien nul ne le sait, et c'est bien là ce qui lui procure sa force mystique. Entre nous, cela a probablement à voir avec le fait que le patin à roulettes, c'est coolos. Enfin, ça l'était dans le futur des années 80.


Parmi les équipes de Skate Ball, retrouvons les Solarbabies. Une bande de jeunes fort sympathiques, avec juste ce qu'il faut de rébellion adolescente ; pensez donc, ils effectuent des matches à la tombée de la nuit sur des terrains situés en dehors du centre éducatif. Et même qu'ils foutent une branlée à l'équipe des Scorpions, pourtant cooptée par Grock, le Constrictor en chef de la police du E, un homme charmant dont les goûts vestimentaires oscillent entre le nazillon et le crypto-gay.


Grock, le Constrictor qui kiffe de tuer des fleurs (authentique !).

Gavial, sbire teenager de Constrictor. A notre époque, il aurait martyrisé des nerds.


Les Solarbabies, c'est un peu le Club des 5 de l'orphelinat. De tous les jeunes gens du centre, ils ont récupéré la seule meuf, le seul black et le seul gamin horripilant. Oui, oui, vous savez bien de quel genre de morback je parle. Un sourire de benêt, des oreilles décollées dignes d'un sang royal britannique, un enthousiasme niais et exaspérant, et un doublage français qui recherche la naïveté des maternelles, mais qui provoque plutôt des pulsions infanticides dont l'intensité ne fait que croître au fur et à mesure qu'avance le film. C'est d'ailleurs le seul personnage à souffrir de son doublage (avec Wapiti, le Noir, traité sur un thème assez proche du "aya missé bwana, j'ai le wythme dans la peau"), le reste du casting bénéficiant de voix plus ou moins célèbres.


Vous voyez de quoi je parle ?

"Ils se sont nommés les écolo-guerriers. Écolo, c'est tiré de quoi, vous le savez ? Wapiti ?"

"Hébnh, bah s'il est tiré, il faut qu'on le boit ! Hé hé hé !" (sic)

Tug, le mec qui a moins de personnalité qu'un stéréotype comme Wapiti.


Mais quel que soit son caractère rapidement détestable, c'est bien le jeune Daniel qui lance véritablement le scénario des "Guerriers du soleil". En effet, c'est lors d'une escapade interdite qu'il découvre une boule lumineuse. Celle-ci devient instantanément sa meilleure amie et hérite du nom de Bodaï. Faut dire que c'est sympa d'avoir dans son entourage un globe magique capable de faire pleuvoir un torrent d'eau dans une chambre ou de guérir définitivement Daniel de sa surdité (ce qui lui permet de parler encore plus !), on se croirait en 2019 après la chute de Lourdes. Convaincue de l'intelligence apparemment télépathique de Bodaï, notre équipe d'intrépides orphelins décide donc... d'aller effectuer une partie de Skate Ball avec le globe comme balle de jeu ! Soyez prévenus, dans le futur, tout ce qui est petit et rond se prendra des coups de crosse dans la tronche.


La découverte fondatrice au fond d'une mine abandonnée.

On n'a jamais vu autant de flotte de notre vie, et tout ce qu'on trouve à faire, c'est de jouer les mimi cracra dedans.

Allez les gars, on va s'ratonner de la sphère intelligente ?

Mortel, y'a même Wapiti qui fout des coups de cul à Bodaï !

Voici une séquence sirupo-lénifiante où tout le monde rigole comme des golmons alors qu'il ne se passe strictement rien.


Las, tout n'est pas que joie et félicité en ce proche bas-monde, car nombreux sont ceux qui lorgnent sur Bodaï. C'est ainsi que Étoile Noir, pseudo-chaman mais vraie tête de turc de l'orphelinat, dérobe la boule vivante avant de s'enfuir, espérant trouver là une amie plus chaleureuse que son hibou de combat. Mais c'est aussi le cas de Constrictor, qui sait que Bodaï est en fait la Sphère de Sérénité, un artéfact messianique qui pourrait bien changer la face du monde. Or Constrictor, il l'aime tel qu'il est, le monde, et la sérénité ne fait pas partie de ses valeurs prioritaires. C'est vrai, quoi, que deviendrait le Skate Ball avec du fairplay ?


Étoile Noire. C'est un surnom, bien entendu.

Métrone, la grosse tête à lunettes, vérifie la radioactivité potentielle de Bodaï.


Commence donc la grande aventure sur les routes caillouteuses du futur, tout le monde poursuivant sans relâche tout le monde, avec plus ou moins d'agressivité selon le monde en question. C'est l'occasion d'en découvrir un peu plus sur ce qui nous attend dans quelques années. Première surprise : quelque soit l'aspect rocailleux ou désertique de la géographie, il existera toujours des grandes voies d'accès plates et lisses, bien entretenues, permettant de circuler en rollers. Achetez-donc dès maintenant des protections anti-chute pour les léguer à vos enfants.


Merci la vitrification nucléaire des grands axes de circulation.


Deuxième surprise : on pensait qu'elle ne reviendrait jamais, et pourtant, la mode capillaire des couettes semble avoir gagné l'estime des peuplades barbares post-apocalyptiques.


Les Tchigani cultivent les traditions les plus sophistiquées (à droite, on reconnaitra Terrence Mann, alias Ug dans la saga "Critters").

Terra vient de s'engueuler avec son coiffeur.


Troisième surprise : le monde aura conservé un aspect très hétérogène, avec des villes et des repaires de tous styles et de tous niveaux technologiques. Entre les indigènes mystiques, les cités dont l'industrie est basée sur le pneu (!), les bases de science-fiction et les grottes de hippies écolo-guerriers, il y aura de la place pour tous les modes de vie.


Tiretown (alias "pneuville") bénéficie d'une allée d'entrée originale, toute en voitures rouillées.

De la prostipute de routier, comme il est logique d'en trouver dans une telle ville.

Shandray, techno-scientifique électro-pop 80's.

Greentree, fils caché de Jésus et de Ulysse 31, avec un cœur tellement énorme qu'il est prêt à adopter tous les orphelins.


C'est d'ailleurs dans cet assemblage sans queue ni tête que le film se rate essentiellement. Le scénario semble en effet avoir été écrit au fur et à mesure du tournage, afin de justifier l'apparition de nouveaux personnages et l'utilisation de nouveaux lieux, des décors certes généreux et souvent très réussis, aidés par de jolis matte-painting, mais mal exploités, voire bazardés en deux temps trois mouvements. Comme si le réalisateur n'avait pas trop su quoi faire une fois derrière la caméra, et avait finalement merdé une production pourtant confortable (c'est quand même la MGM aux commandes). "Solarbabies" a d'ailleurs signé l'arrêt de sa courte carrière à ce poste.


La grotte sacrée des écolo-guerriers, véritable paradis terrestre pour égoïstes.

Un décor, certes sous influence, mais tout de même réussi...

... malheureusement aussitôt bousillé par ça. L'accessoiriste mériterait de recevoir une décoration de la part de Nanarland.


A l'instar de ce patchwork, le genre du film est bien difficile à cerner. Débutant comme une sorte de post-nuke totalitaire mais coolos (entre "1984", "Mad Max" et "Skate Gang"), enchaînant sur une aventure familiale ("Les Goonies") mâtinée de course-poursuite en buggies tunés (insérez votre référence de post-apo philippin) et intégrant de larges inspirations de "Dune" (les écolo-guerriers sont les cousins germains des Fremen) et de "Star Wars" (l'Aquabounqueure du Protectorat E pourrait se situer dans un vaisseau de l'Empire), "Les Guerriers du soleil" a bien du mal à se trouver une identité propre. Dans une moindre mesure, le public visé est également assez obscur ; si la majorité du métrage possède un côté enfantin, comment expliquer la présence de séquences de torture ou de mises à mort dont la survenue inopinée a de quoi défriser le spectateur.


Du matos de pro comme on n'en trouve qu'en Italie.

On veut votre épice !


Et le nanar là-dedans ? Et bien c'est un peu la même chose que précédemment car, malgré les scories dont je vous ai déjà parlées, le film se laisse suivre sans trop de soucis. Mais c'est justement ce niveau de fond sans trop d'éclat qui rend toute scène nanar d'autant plus surprenante et rigolote. "Solarbabies" n'est en effet pas avare en situations too much de stupidité. Sans toutes les évoquer, citons tout de même cette grande séquence où nos bébés solaires en rollers (pléonasme), poursuivis par les motos à double side-car de Constrictor, sont confrontés à un précipice. Ni une, ni deux, ils se prennent tous la main pour former une chaîne qu'ils font tourner à toute vitesse afin de se propulser un par un au dessus du vide, grâce à la force centrifuge. Une technique dont on devine vite les limites, mais dont on constate également de visu la faillibilité, chaque saut étant clairement insuffisant malgré les effets spéciaux qui tentent de nous convaincre du contraire. La réalité se rapprocherait plutôt du saut en skate-board de Homer par dessus les gorges de Springfield.


Face à l'adversité...

... faut toujours avoir du bon sens.

Autre truc con : alors qu'ils sont capables de foutre une dérouillée au protectorat E et à leurs légions de CRS surarmés, les Solarbabies sont réduits en esclavage par deux gus équipés... d'un bâton.


Décidément adeptes des fuites débiles, les Solarbabies utilisent également la technique du pneu pour dévaler des pentes accidentées. C'est pas compliqué : vous prenez un gros pneu, vous y collez un môme de 8 ans, et vous poussez le tout dans le vide. Ne reste qu'à le regarder dévaler et à tenter de deviner quelle quantité de bouillie humaine il devrait logiquement demeurer à la fin du trajet. Dans un autre registre, il y a Yor, un chef indigène Tchigani qui tente sans succès de voler Bodaï pour le vendre, se fait finalement chopper par les flics E, puis torturer (par des fourmis virtuelles !) afin d'avouer qu'il ne sait rien d'intéressant. Mais il ne perd pas le Nord pour autant, car lors de son évacuation (pour être exécuté ?), il réclame en hurlant une récompense ! Et toujours dans le domaine de la torture, savourons la présence de Terminac, une unité robotique "chef d'œuvre de la multi-fonction capable d'extraire la couleur d'un rubis, de cueillir délicatement l'œil d'un oiseau en plein vol, et programmée pour prendre du plaisir à le faire". Outch.


Des fourmis artisanalement virtuelles.

Terminac, un robot sadique pervers qui a de la gueule.

Tous en tenue de combat, on a un empire du mal à dessouder !


Ajoutez à cela quelques dialogues croustillants ("Il y a des milliers d'années, un glacier a été emprisonné par une coulée de lave"), des passages guimauves gnan-gnan et autres petites gourmandises (telle une fin aussi nase que le reste du scénario), pour obtenir un nanar somme toute assez singulier, dont on se demande bien comment, partis sur des bases financières et artistiques a priori solides, il a pu parvenir à un tel résultat. Quoiqu'il en soit, un film post-apocalyptique en patins à roulettes mérite que l'on se souvienne de lui.


Ces histoires de boule, ça vous fait pas penser à quelque chose ?

Tourner notre propre version des "Nanas à gros nénés vont à la plage et enlèvent le haut" ?



- Kobal -
Moyenne : 1.75 / 5
Kobal
NOTE
1.75/ 5
Jack Tillman
NOTE
1.75/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation
Le film est disponible outre-Atlantique dans un DVD zone 1, avec piste audio française. Attention, les specs annoncent un recadrage 4/3.
Par contre les blu-ray américains ou espagnols n'ont jamais les versions françaises, dommage...
En France, il faudra se tourner vers la VHS de l'éditeur MGM/UA Home Video. Le film passe également à l'occasion sur le câble.


Le DVD américain.

La VHS française.

L'affiche espagnole.

L'affiche allemande, qui comme en France retitre le film de façon plus agressive.