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Ilsa, Tigresse du Goulag


Ilsa, Tigresse du Goulag

Titre original :Ilsa, the Tigress of Siberia

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Jean Lafleur

Année : 1977

Nationalité : Canada

Durée : 1h28

Genre : Erotique, mais pas trop

Acteurs principaux :Dyanne Thorne, Michel Morin, Michel-René Labelle

Barracuda
NOTE
2.5/ 5


Pour ceux qui ne la connaîtraient pas, Ilsa est un personnage de gardienne de camp ou de prison vicieuse et sadique qui apparaît dans quatre films aux titres évocateurs : "Ilsa la louve des SS", "Ilsa gardienne du harem" (déjà chroniqué en ces lieux), "Ilsa la matonne perverse" (qui n'appartient pas à proprement parler à la série officielle) et "Ilsa, tigresse du goulag" qui sera le sujet de cette chronique.

Notons qu'un très improbable "Ilsa contre Bruce Lee" a été en projet à un moment mais n'a jamais abouti, à mon grand désespoir, car s’il avait existé je crois qu'il ne m'aurait plus jamais fallu un autre film. Personnage emblématique de la série B d'exploitation dans ce qu'elle a produit de plus racoleur, Ilsa a été souvent copiée mais jamais égalée dans des productions aux budgets encore plus minables que ceux des films originaux, ce qui n'est pas peu dire (Pour vous donner une idée, "Ilsa la louve des SS" a été tourné sur le plateau de la série "Papa Schultz" pour économiser les frais de décors).
Parmi les fausses Ilsa, citons par exemple "Elsa, fraulein SS", "Helga, la louve de Steilberg" ou encore "Train spécial pour Hitler" joyeusement estampillés Eurociné…


Moins crade, moins putassier que "La louve des SS" et beaucoup plus crétin, Ilsa Tigresse du goulag est un véritable enchantement pour le nanardeur qui cherche à s'encanailler à peu de frais et sans franchement s'engager dans les méandres de la nazisploitation, genre un peu nauséabond également appelé "Gestaporn".
Ce film constitue en effet une véritable surenchère dans le mauvais goût, mais dans le mauvais goût rigolo. Alternant des tortures débiles, des scènes de fesses hyper-kitsch et hélas trop rares (je dis ça pour le côté kitsch, par pour le côté fesse. Pour qui me prenez-vous ?) avant de s'engager sans faiblir dans le sous-sous James Bond, la tigresse du goulag est un nanar multiforme dont les aspects qui pourraient et même qui sont censés être choquants sont systématiquement désamorcés par une mise en scène ridicule et des acteurs cabotinant à qui mieux mieux.

Tout commence comme il se doit au fin fond de la Sibérie en 1953, alors que Ilsa fait régner la terreur dans le Goulag 14, certainement une très obscure référence au Stalag 13.


Ilsa et toute son équipe sont heureux de vous accueillir dans un cadre chaleureux...


Arrive au camp un certain Andrei Jakouren, un intellectuel qui a écrit plusieurs textes jugés insultants pour le camarade Staline.
Jakouren, c'est un rebelle, un vrai et il jette sa révolte à la face de Ilsa, lui expliquant qu'elle peut le torturer, le maltraiter, lui prendre sa femme, son canapé, le frigidaire, le micro-onde et même jusqu'a sa vie privée, elle n'aura pas sa liberté de penser. Guère impressionnée, Ilsa se jure de le briser et le confie aux bons soins du tortionnaire en chef du camp.


Alors c'est bien toi Jakouren, le réalisateur de Blueberry...


C'est à peu près ici que se situe la première scène "érotique" du film avec Ilsa la dominatrice se laissant aller aux puissantes étreintes de deux fiers cavaliers des steppes. Nan attendez, on va la refaire. Nous avons donc Dyanne Thorne prise en sandwich entre deux gros barbus et poilus dont l'un trouve le moyen de s'exclamer "votre corps est doux et chaud, comme la mère Russie elle-même".


Tiens et si je prenais une douche, juste comme ça, sans raison scénaristique...


Parmi les trouvailles sadiques de cet épisode, on retiendra notamment une version moderne du mythe de Salomon. Pour départager deux hommes s'accusant mutuellement de vol, Ilsa les force à s'affronter au bras de fer et pour les motiver, place une tronçonneuse à côté de chacun des participants : celui qui perd a ainsi le poignet coupé net.


Pas de bras, pas d'Ilsa (proverbe sibérien).


Mais revenons aux choses sérieuses, le contrat du réalisateur stipule "une scène de fesse toutes les treize minutes" et nous voila justement arrivés à la 26e. Cette fois-ci le metteur en scène décide de transcender toute notion de kitsch et de ridicule et nous offre une scène complètement hallucinée où Ilsa nue sauf pour ses bottes et ses éperons commence par chevaucher un des gros cosaques à quatre pattes en faisant tourner sa cravache au dessus de sa tête sur un rythme de kazachok endiablé. Un deuxième cosaque hirsute arrive ensuite pour monter en croupe si je puis dire sur le premier, qui en profite pour basculer en arrière et les deux compères prennent à nouveau notre chère Ilsa en sandwich.

Après cette nuit de folie, Ilsa doit revenir à des considérations plus terre à terre : malgré le rude traitement auquel il est soumis, Jakouren ne cède toujours pas et la tigresse du goulag décide de changer de tactique : elle s'offre à Jakouren en échange de sa coopération, mais, chose impensable, cet homme torturé, maltraité, épuisé, à peine nourri, n'éprouve aucune attirance pour le corps sculptural d'Ilsa. Celle-ci, très vexée, décide de donner le dissident en pâture à ses tigres domestiques.


Quelques jeux en plein air : ici, le prisonnier récalcitrant est attaché au treuil et halé sous la glace jusqu'à l'autre extrémité.


Alors que tout semble perdu, un messager arrive annonçant que le camarade Staline est mort et que la police politique du nouveau régime est en route pour arrêter Ilsa. Celle-ci prend donc la fuite avec ses cosaques et tente d'effacer toute trace en mettant le feu aux baraquements dans lesquels sont enfermés les prisonniers. Las ! C'était compter sans Jakouren qui, avec l'aide d'un autre prisonnier, parvient à tuer à coups de pelle (!) les deux tigres d'Ilsa.


Grand nettoyage de printemps : tout doit disparaître !


Et voila, c'en est fini de la tigresse du goulag. "Comment ?" S'écrie le spectateur amateur de sexe en camp de concentration et néanmoins anxieux "Mais on n'en est qu'à 45 minutes de film !"

En effet, au bout de trois-quart d'heure le scénariste n'a plus d'idées et décide donc de commencer un nouveau film, dans un endroit différent et à une époque différente mais avec les mêmes personnages et d'essayer de nous faire croire qu'il s'agit de la suite de ce qui précède. Nous retrouvons donc Ilsa à Montreal 25 ans plus tard pendant un meeting d'athlétisme. Pourquoi Montréal ? Pourquoi en hiver ? Mais, parce que la première partie du film a été tournée dans le coin bien sûr ! Et tant qu'à faire, autant rester dans la région pour la suite, ça coûtera moins cher !


Et ho non ! Vous m'avez oublié en Sibérie... Revenez me chercher, on se les gèle un max, j'ai le nez qui coule et y a des loups qui me regardent bizarre... Reveneeeeez !!!


Les années ont coulé sur Ilsa sans altérer sa beauté diraient certains, le réalisateur ne s'est pas posé une seconde la question de la temporalité dirais-je pour ma part, il faut dire que elle était respecté, notre héroïne aurait 70 ans. Ilsa a décidément déchu puisqu'elle est désormais une simple tenancière de bordel au coeur de la ville. La Tigresse du Lupanar est toujours accompagnée de ses cosaques ainsi que de son ami le tortionnaire du camp.

Pendant ce temps là, Jakouren lui non plus n'a pas changé d'un iota, du moins physiquement. Pour le reste, l'écrivain et intellectuel rebelle que même Ilsa n'a pas su faire céder, est devenu garde de corps, et d'une fidélité inébranlable à l'Union Soviétique. Il se trouve justement à Montréal où il assure la protection de deux athlètes russes.

Une édition VHS suédoise.

C'est ici que commence la partie James Bond cheapo-discount, lorsque Ilsa kidnappe Jakouren et que le KGB envoie deux agents pour le retrouver. Il lui est forcément arrivé quelque chose puisque "quelqu'un comme lui n'aurait pas pu déserter".

Pour la suite, le réalisateur copie honteusement "Street Fighters" et "Orange Mécanique" (mais surtout Street Fighters en fait) pour l'une des scènes les plus nanardes du film, lorsque Jakouren est soumis à la machine infernale d'Ilsa destinée à le briser en dévoilant ses terreurs les plus profondes et refoulées. Les effets spéciaux sont à se tordre de rire.


Son pire cauchemar : une déco dans les tons mauves !!!


Mais pendant ce temps, les agents du KGB n'ont pas chômé et localisé la résidence d'Ilsa. Les forces spéciales russes passent donc à l'attaque dans une superbe scène d'action nanarde. Dans la confusion de l'assaut, Jakouren parvient à s'échapper et se lance à la poursuite de Ilsa en motoneige. Je ne dévoilerai pas le final mais il est largement aussi crétin que le reste.


"- T'es sûr que ça va ?
- Ouais, ça picote un peu, c'est tout..."


En résumé, Ilsa Tigresse du goulag est un film assez exceptionnel puisqu'il nous offre deux nanars pour le prix d'un, même si la partie goulag est sensiblement plus amusante que la partie maison close. Pour conclure, je me permettrais de suggérer aux producteurs qui nous écoutent quelques petites idées pour le sujet des prochains Ilsa, car je crois fermement que ce personnage n'a pas exploité tout son potentiel et ne demande qu'à être relancé. On pourrait donc encore avoir "Ilsa, la panthère d'Abou Ghraïb", "Ilsa entraine le PSG" et, pour les plus jeunes, "Ilsa, la louve des louveteaux".


iconographie : http://www.devildead.com

- Barracuda -
Moyenne : 2.30 / 5
Barracuda
NOTE
2.5/ 5
Kobal
NOTE
3/ 5
Rico
NOTE
2/ 5
Drexl
NOTE
2/ 5
Jack Tillman
NOTE
2/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation


Pour d'étranges questions de droits, ce film est le seul de la série a ne pas avoir eu droit à son DVD chez "Anchor Bay". Heureusement, les néerlandais de chez "Shock" ont eu le bon goût de ressortir ce film dans un coffret sur la trilogie, hélas uniquement en anglais avec sous-titres hollandais. On trouve aussi une version espagnole (avec la VA et la VE ) et une version scandinave (danoise semble t-il) qui s'offre la VA en dolby et des sous-titres danois, suédois, norvégiens, finlandais chez "BDE/Manga Films"Pour les plus vicieux existe aussi un DVD-R japonais (avec tous les poils pixelisés) chez euh... on ne sait pas trop qui, c'est en idéogrammes.



Par chez nous le film est abondamment sorti en VHS, moins charcuté toutefois que ses prédécesseurs. La plus récente est celle de "Sylphe" faite avec soin. Le film a été par le passé édité trois fois de suite chez "René Chateau/ Punch Vidéo" reprenant graphiquement l'affiche française pour la jaquette. de même pour chez "Lucal" et chez les belges de "Gold Vidéo" qui eux rebaptise le film "Ilsa, la tigresse de Sibérie".

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