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Killing Point

(1ère publication de cette chronique : 2010)
Killing Point

Titre original :Kill Switch

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Jeff King

Année : 2008

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h32

Genre : Flic bourrin et monteur fou

Acteurs principaux :Steven Seagal, Michael Filipowich, Holly Elissa Dignard, Chris Thomas King, Mark Collie, Isaac Hayes

Philippe Faipalcon
NOTE
2/ 5


"La différence entre toi et moi, c'est que toi tu t'en prends aux pauvres innocents, alors que moi je préfère les gros pourris dans ton genre."

Cette phrase résume à elle seule l'esprit de "Killing Point", énième production Nu Image dans laquelle Steven Seagal incarne Jacob King, un policier aux méthodes pas très orthodoxes, comme on dit. En effet, briser des rotules, encastrer des crânes dans les murs et défenestrer des suspects fait partie de ses astuces pour obtenir des aveux. En fait, cette méthode résume tout bonnement la filmographie de Steven Seagal, qui a toujours de bonnes raisons de fracasser du méchant. Car on a le droit de tuer quelqu'un ou de le rendre paraplégique, du moment que c'est un méchant, retenez bien ça, amis patriotes.


Des méthodes pas très orthodoxes, mais c'est le résultat qui compte, non ?


Ainsi donc, notre ami Steven a fort à faire, en proie à deux psychopathes particulièrement violents : Billy Joe, qui tue pour le plaisir, et Lazerus, qui tue pour punir les brebis égarées. Cependant, les méthodes du panda joufflu ne sont pas tout à fait au goût du FBI qui finit par envoyer une agent enquêter sur ce flic efficace mais un peu brutal. Salauds de bureaucrates qui ne comprennent pas que si Jacob est violent avec les sadiques, c'est qu'il a été traumatisé par le meurtre de son jumeau quand il était petit ! Cet épisode tragique semble donc légitimer scénaristiquement les aveux par la torture : brisage de genoux à coups de marteau ou pétage de dents contre un bar à coups de poings. Les poings, c'est d'ailleurs tout ce qui reste au pauvre Steven Seagal qui, à bientôt 60 ans, ne lève plus beaucoup la patte. Et même pour balancer de grosses droites, il est souvent doublé (par des cascadeurs en perruque pesant 20 kilos de moins que lui).

La doublure de Steven envoie valser un sbire.

Et comme, pas de bol, il tombe toujours sur des témoins réfractaires, il est amené à en baffer beaucoup (faut dire qu'il les provoque un peu avant, normal), non sans fracasser un maximum de mobilier, comme dans tout film d'action qui se respecte. Il faut d'ailleurs reconnaître aux hommes de main qu'ils ont quand même la tête solide. Il leur faut parfois une trentaine de droites pour tomber enfin évanouis ; dans la vraie vie, ils seraient morts trois fois d'une hémorragie interne, mais on va pas chipoter, c'est Steven Seagal qui a écrit le scénario, hein.


Des combats un peu redondants.


Revenons maintenant aux vrais méchants de l'histoire qui, eux, n'ont visiblement aucune excuse. On pourrait pourtant se demander ce qui a pu se passer dans la jeunesse d'un mec qui décide de charcuter une pauvre fille et de lui implanter une bombe dans la poitrine (on s'amuse comme on peut).


Pour désamorcer une bombe, il faut toujours couper un fil...


...mais avant, il faut toujours attendre que le compte à rebours soit sur 1.


Attardons-nous sur Lazerus, adepte de la Bible et des messages codés à base de signes astrologiques, qui punit les prostituées en les assassinant à coups de bébé en plastique (scénario de Steven Seagal). Vu le mal qu'il donne au flic d'élite avant de se faire arrêter, on s'attend à un personnage particulièrement costaud... et on se retrouve devant un freluquet de 25 ans, sponsorisé par Vivelle Dop' et qui écrit des poèmes, façon les Poètes disparus au pays de Seven.


Lazerus, un adversaire de taille...


...ou pas.


Lazerus est malgré tout suffisamment malin pour tendre un piège à Jacob en essayant de lui faire porter le chapeau. Comme les agents du FBI sont des cons, ils y croient (scénario de...). Mais Jacob a plus d'un tour dans son manteau de cuir et il s'enfuit. Quelqu'un a dû oublier de lui dire qu'entre temps le vrai coupable avait avoué. Je ne vous raconte pas la fin, non pas pour ne pas vous gâcher le suspens, mais simplement parce que je ne l'ai pas comprise (qui a écrit ce scénario déjà ?).



"Killing Point" confirme s'il en était encore besoin que Steven Seagal arrive au bout de ses capacités physiques : dans certaines scènes, il n'apparaît plus qu'en gros plan alors que les doublures se tapent tout le boulot. Heureusement qu'il est épaulé par des seconds rôles transparents, qui lui permettent en comparaison d'avoir l'air charismatique en arborant cette expression neutre qui lui va tant (mais qui donne surtout l'impression qu'il en fout pas une). Chris Thomas King et Isaac Hayes ont visiblement des impôts à payer. Quant aux actrices, outre la chieuse anorexique du FBI, elles n'ont droit qu'à des rôles de femmes soumises dont le seul but est d'apporter du réconfort à notre héros, en lui servant un whisky en nuisette ou au détour d'un plan nichons.


Une femme, ça sert à ça.


Ce qui fait de ce direct-to-DVD un sympathique nanar n'est donc pas le jeu d'acteurs, qui pousse parfois à passer certains dialogues en vitesse rapide, ni les flingues qui ne se rechargent jamais (même si c'est toujours rigolo). Non, le point culminant de "Killing Point", c'est le montage. Visiblement monté sous acide ou en pleine crise d'épilepsie, ce film est un véritable cas d'école de ce qu'il ne faut pas faire quand on a un minimum d'amour-propre pour son métier :

Exemple n° 1 : faire un jumpcut sur une action déjà très courte. Sinon on comprend rien à l'action (déjà que c'est pas toujours très clair). C'est bien simple, les personnages ne peuvent pas faire deux pas sans qu'il y ait des coupures. On sait que Steven Seagal a pris du poids, mais il ne marche pas si lentement, quand même...

Le jumpcut : arme de l'ultime recours pour les monteurs ayant la lourde tâche de dynamiser les scènes de Steven seagal.

Exemple n° 2 : répéter quinze fois le même geste ou la même action. Ça fait mal aux yeux et ça sert à rien.


Au cas où on ne l'aurait pas compris, cet homme traverse une fenêtre (treize fois).


Exemple n°3 : se foutre de la gueule du spectateur en ressortant la même scène pour meubler. Au bout de trois flashbacks, on a bien compris le traumatisme de jeunesse de Jacob, merci. Si le but était d'atteindre 1h30 de film, il aurait mieux valu utiliser le jumpcut de manière un peu moins forcenée.


Steven Seagal rentre chez lui.


Une heure plus tard, Steven Seagal rentre de nouveau chez lui.


Exemple n°4 : multiplier les changements de grains et de filtres pour faire un effet de style ou ajouter du suspens. Encore une fois, le flashback qui raconte le meurtre du frère de Jacob devient si pénible à regarder qu'on a presque envie que toute la famille y passe pour justifier une telle souffrance oculaire.


Oh mon Dieu ! Un gâteau d'anniversaire !


Pour faire bonne mesure, ajoutons aussi quelques faux raccords qui sont le minimum syndical de tout nanar.

En conclusion, les exégètes de l'oeuvre de Steven Seagal (dont je ne fais pas partie) n'y verront peut-être qu'un petit nanar, mais le montage de ce Killing Point constitue une vraie plus-value qui se bonifiera sans doute avec le temps. Et puis faut pas se leurrer, le Steven Seagal des grandes heures s'est noyé dans la graisse. Les prochains exploits de l'ex-Saumon Agile se feront désormais à la guitare (et encore, faut aimer la country...).

- Philippe Faipalcon -
Moyenne : 2.06 / 5
Philippe Faipalcon
NOTE
2/ 5
Rico
NOTE
2/ 5
Jack Tillman
NOTE
2.25/ 5
Drexl
NOTE
2/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation


Comment ça, cette photo de Steven ne date pas de 2008 ?


Le Steven se vend bien, ce qui explique la bonne disponibilité de ses derniers outrages en DVD. On n'en demandait pas tant. Petit plus, le DVD propose en bonus un making-of dans lequel l'équipe du film se félicite d'avoir participé à un si beau projet et nous explique la psychologie complexe des personnages que l'on ne voit absolument pas à l'écran. Ce making-of est un nanar à lui seul. Idéal pour égayer les après-midis pluvieux.


Sur celle-ci, Steven a facilement 30 ans de moins que dans le film.