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Lion Man

(1ère publication de cette chronique : 2005)
Lion Man

Titre original :Kiliç Aslan

Titre(s) alternatif(s) :Comme un Lion

Réalisateur(s) :Natuk Baytan

Année : 1975

Nationalité : Turquie

Durée : 1h49

Genre : Cüneyt strikes back

Acteurs principaux :Cüneyt Arkın, Cemil Sahbaz, Bahar Erdeniz, Yildirim Gencer

MrKlaus
NOTE
3.5/ 5


Oyez ! Oyez ! Toi, nanardeur qui a osé t’aventurer au fin fond du nanar turc avec « Turkish Star Wars », il est grand temps de te cultiver un peu, alors écoute maintenant l’histoire de l’homme lion. Il y a très, très longtemps, à une époque où Pierre Bellemare n’animait pas encore le télé-achat (Ouh là ! Que c’est vieux !), il y avait un roi byzantin bon, juste et aimé de son peuple (normal puisqu’il est joué par Cüneyt Arkın). Malheureusement, un méchant moustachu chrétien (nous sommes en Turquie) a ourdi un odieux complot visant à l’assassiner et ravir le pouvoir.


Cüneyt barbu.



Même avec une barbe elles craquent toutes pour lui.



Pendant ce temps-là, le méchant complote.


Et évidement notre brave Cüneyt tombe dans le piège tendu par le félon et ses sbires. Il a tout de même le temps de sauver sa femme enceinte en retenant la porte pendant que les soldats le charcutent de toutes parts. Le grand méchant moustachu l’achève en lui coupant les deux mains (quelle méchanceté il a ce méchant !). Sa femme décède des suites de l’accouchement, après avoir abandonné son bébé aux lions.


Quelle fin atroce ! Les Chrétiens, c'est vraiment des enfoirés.


Là on se dit : "Quoi ? Il est mort ? Eh oh, remboursez ! Je veux Cüneyt Arkın, moi !" Ne craignez rien, car si vous avez bien tout suivi il y a toujours son fils. Quelques années plus tard, l’enfant est devenu LION MAN, une sorte de Tarzan des forêts, doté d’une force extraordinaire, mi-homme mi-lion ! Evidemment, qui d’autre que Cüneyt pouvait interpréter ce personnage exceptionnel ? Les scènes où on le voit se trémousser en peau de bête ou terrasser une vache d’un coup de poing pour la manger sont tordantes tant elles frôlent le surréalisme involontaire.


Mais… Mais…



Mais c’est Lion Man !!!


Cüneyt a donc vécu dans la forêt, élevé par les lions, sans jamais savoir qu’un fourbe lui avait volé son trône et tué son père. D’autant que le méchant a récidivé : il est à la tête d’une bande de chevaliers cruels (en fait quelques figurants encapuchonnés sous-payés qui se sentent obliger de surjouer comme des malades à chaque fois qu’ils meurent) qui volent, violent et tuent. A vrai dire, ils commettent tellement d’atrocités que les énumérer toutes relèverait du travail d’un surhomme. Justement, en parlant de surhomme, Cüneyt n’apprécie pas trop qu’on torture des gens à côté de chez lui. Il va donc massacrer quelques soldats afin de leur apprendre les bonnes manières.


Un chevalier ricane comme un gros lourd en assistant au viol d'une Musulmane. Les Chrétiens, c'est vraiment des enfoirés (bis).





Les méchants ne font pas dans la dentelle.



Ça tombe bien, Cüneyt non plus.


Là c’est le début des festivités pour le nanardeur. Cüneyt terrasse ses adversaires à grand renfort de trampolines et de cris qui tuent, se promène de liane en liane et déracine un arbre en carton qu’il lance sur ses ennemis…

 


"Diantre, des fois que vous n'ayez pas remarqué, je ne suis vraiment pas content !"



"Prenez donc cet arbre en carton dans vos gueules, voyous !"



"Il va vous en cuire, ruffians !"



"Ça vous apprendra, marlous !"


Survient ensuite l’habituel cliché, que l'on retrouve notamment dans tous les films de cape et d’épées des années 60, qui veut que Lion Man s’aperçoive qu’il avait un frère (ils se reconnaissent grâce à un tatouage sur l'épaule). Capturés dans la tour du méchant, ils vont tenter de s’échapper avec quelques amis.


Le frère de Cüneyt, aussi charismatique qu’une serpillière.



Le méchant ne semble pas savoir à qui il a affaire !


On nous sert également une scène assez réussie (très certainement inspirée de « Django » de Sergio Corbucci) où Cüneyt bloque une trappe par la seule force de ses bras afin que les soldats ne puissent pas rentrer. Le vilain moustachu, qui n’est pas méchant pour rien, lui balance de l’acide sur les mains. Cüneyt réussit à fuir mais il ne peut plus se servir de ses mains. C’est alors qu’il a une idée proprement géniale : il va se fabriquer des gants en fer en forme de pattes de lion. Ainsi il sera encore plus redoutable et pourra libérer ses amis, toujours entre les mains des méchants.


Tremblez infidèles ! Cüneyt sort les griffes !





Les méchants en restent cloués au mur.


Pour cette scène finale, notre bonheur ne connaît plus aucune limite, Cüneyt trucidant des chevaliers encagoulés par dizaines. Il les jette en l’air tel des mannequins et saute à une hauteur prodigieuse en faisant des grimaces pas possibles. Du grand art.








Après s’être débarrassé de tous les soldats, il combat le grand méchant et lui coupe les deux bras. Fou de douleur, le vil Chrétien tente de se cacher derrière un mur en carton mais Cüneyt le détruit, puis attrape le fourbe et le jette en l’air. L'infâme vient s’écraser au sol tel un vulgaire mannequin en papier mâché.



Tu n’en mènes pas large, hein gredin !?



Argh ! Les bras m’en tombent !


« Lion Man » est l'un d’un des rares films de Cüneyt Arkın à être parvenu dans notre pays en leur temps, avec « Le Cœur d’un père » (co-production avec l’Italie) et « Ninja Killer » (co-production avec Hong Kong). Le titre de la sortie en salles était « Comme un Lion », mais la VHS française devait reprendre le titre anglais international. Pour les besoins de l'exportation, le générique annonçait la présence de "Steve Arkin" (sic), "Barbara Lake" et "Charles Garrett". Ben alors, faut pas avoir honte d'être Turcs, les gars !


Le film, s'il est certes moins dense que « Turkish Star Wars / L'Homme qui va sauver le monde », reste quand même un bon gros morceau. Cüneyt est un numéro à lui tout seul, le film reposant presque tout entier sur ses seules épaules : tout ce qu’il fait provoque des éclats de rire, et ce même quand il ne fait rien. L'intégralité de ses dialogues doit d'ailleurs tenir sur une demi feuille de papier toilette.



Lion Man contre euh... des singes ?? (il s'agit peut-être d'une illustration piquée à un comic book de Tarzan)

Enfin cette chronique serait incomplète si je n’évoquais pas la musique piquée à « Opération Dragon » (d'ailleurs ils ont gardé les cris de Bruce Lee sur la bande-son, sinon ça ne serait pas drôle). On ne peut en fait trouver cette bande-son que sur les copies en VO, les éditions en français, en anglais ou en allemand ayant odieusement censuré ce plagiat musical. A la place, on se retrouve avec un autre plagiat : celui des ballets "Gayaneh" et "Spartacus" du compositeur soviétique Aram Khatchaturian (*). Un choix assez surprenant, l'ambiance très primesautière des passages empruntés offrant un contraste saisissant avec la brutalité des images : imaginez un extrait de 30 secondes de musique guillerette, tournant en boucle et accompagnant un Cüneyt Arkın, hystérique qui pulvérise ses adversaires en hurlant tout ce qu'il peut. Décidément, en VF ou en VO, le grenier du cinéma turc nous réserve encore de belles surprises...


A bientôt pour de nouvelles aventures les enfants !


(*) Merci à l'érudit François-Xavier Ajavon pour cette précision, ainsi qu'à Vincent Haegele, qui complète ainsi : "A ma connaissance, ce n'est pas la première fois que Khatchaturian est pillé sans vergogne pour combler les trous de BO déficientes; la reprise la plus connue de son Adagio de Spartacus est celle que l'on trouve dans le Caligula de Tinto Brass, en parallèle avec d'autres musiques soviétiques (Prokofiev, notamment). Une explication bête à ces repompes, c'est qu'à l'époque les droits des compositeurs d'URSS n'étaient pas protégés de la même manière et qu'ils ne percevaient rien. Détail savoureux et ironie de l'Histoire, c'est donc un compositeur arménien soviétique qui accompagne, malgré lui et sans l'avoir demandé, les aventures d'un héros turc du XIVe siècle."


Une photo de tournage d'époque... visiblement il y aurait eu de quoi faire un beau making of !


Quatre ans après Lionman (1975) est sorti un "Lionman 2 : the witchqueen" (1979), une obscure production américano-turque réalisée par le bien nommé Mehmet Aslan (sous le pseudo "Michael Aslan" - "Aslan" qui signifie "lion" en turc), et avec cette fois un certain Frank Morgan dans le rôle titre. "Lionman 2" reprend le récit là où il se terminait dans "Lionman", et il semble même qu'un troisième opus était prévu ("Lionman 3 : Ring of the Magus") mais ne vit finalement jamais le jour.



- MrKlaus -
Moyenne : 3.25 / 5
MrKlaus
NOTE
3.5/ 5
Kobal
NOTE
3/ 5
Wallflowers
NOTE
3/ 5
Rico
NOTE
3/ 5
John Nada
NOTE
3.5/ 5
Jack Tillman
NOTE
3.5/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation

Seule l'antédiluvienne VHS de chez "Socaï films" nous permet de voir en français les aventures de Cüneyt en héros léonin. Il existe également une version canadienne éditée par "Boomerang Films" que nous espérions être québécoise (et partant française) mais un forumer de la Belle Province ayant mis la main dessus nous a appris qu'elle était en anglais.


La VHS française.

La VHS canadienne.


Cependant en 2018, "American Genre Film Archive" nous a offert rien moins qu'un Blu Ray 4k à partir d'un master miraculeusement retrouvé. Comme il y a peu de bonus disponibles, ils l'ont géneusement accompagné d'un second film, "Brawl Busters", un bruceploitation coréen avec un certain Bruce Cheung. Seul bémol, il n'y a bien sûr qu'une version anglaise sur la galette...


La VHS anglaise.



La VHS allemande.


Le film est également trouvable en VO HD (oui, oui) sur la chaîne Youtube de l'éditeur Fanatik ! Pour le coup, c'est grâce à eux si les images de la chroniques sont (devenues) si belles.


Attention de ne pas confondre ce film et "The Lion Man" de John P. Mc Carthy de 1936, qui s'inspire lui d'un roman d'Edgar Rice Burroughs. De nombreux sites de vente en ligne proposent ce DVD en lui attribuant étourdiment le casting de notre "Lion Man"...

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