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Maciste contre les hommes de pierre

(1ère publication de cette chronique : 2005)
Maciste contre les hommes de pierre

Titre original :Maciste e la regina di Samar

Titre(s) alternatif(s) :Hercules against the moon men

Réalisateur(s) :Giacomo Gentilomo

Année : 1964

Nationalité : Italie / France

Durée : 1h30

Genre : Culturisme huilé et monstres en mousse

Acteurs principaux :Alan Steel, Jany Clair, Anna Maria Polani

Nikita
NOTE
2/ 5


Ho la belle pièce ! Le beau péplum en mousse ! On recherche des péplums nanars, et on tombe sur de sympathiques bisseries (« Ulysse contre Hercule »), des film de quartier appréciables (« La Terreur des gladiateurs ») ou des séries B un peu plates. Associé dans l'esprit du public au mauvais cinéma, le film italien d' « épée et sandale » renferme davantage de bonnes surprises que d'authentiques friandises pour nanardeurs. Le vrai péplum nanar se trouve plutôt du côté des gourmandises kitsch comme « L'Enlèvement des Sabines » ainsi que de quelques pures insanités que le passage des ans a impitoyablement ringardisées.



Ce « Maciste contre les hommes de pierre » peut faire office d'excellente introduction aux charmes du péplum nul, tant la moindre image de cette surperproduction en pâte à modeler transpire la nanardise la plus pure. Le scénario nous offre un réjouissant mélange de mythologie antique et de science-fiction à deux centimes, mixant le pire de deux genres cinématographiques pour obtenir un mélange qui ne semblera digeste qu'aux cinéphages hardcore. Nous sommes dans l'Antiquité ; la conjonction des planètes et la mauvaise influence d'Uranus ont provoqué l'arrivée sur Terre d'extraterrestres malfaisants qui s'emploient à terroriser un village grec et ses environs.


La méchante reine et sa choucroute de la mort.


La jeune première.



Avec la complicité de la tyrannique Reine Samara, les créatures de l'espace, qui ont l'aspect de gros casimirs en caillou mou, organisent leur domination sur la région en exigeant des sacrifices de jeunes filles.



Mais voici qu'arrive sur son grand cheval un robuste culturiste barbu en slip, tout dégoulinant d'huile de palme. Mais qui est-ce donc ? C'est MACISTE ! L'HOMME LE PLUS FORT DU MONDE !



Maciste est un vrai héros à l'ancienne : on ne sait pas ce qu'il fait pour gagner sa vie, mais cela ne l'empêche pas de parcourir le monde pour redresser les torts, séduire les veuves et défendre les orphelins, tout en exhibant à chaque mouvement ses énormes pecs ! Maciste est le plus fort : il voyage d'une époque à l'autre, allant jusqu'à l'Ecosse moyenâgeuse (« Maciste en enfer ») sans se départir de son pagne antique ou rencontrant Zorro, sans se départir de son flegme typique des vrais héros nanars. Mieux que Tintin et Mickey réunis !



Bref, Maciste arrive joyeusement à cheval sur son Jolly Jumper, tagada, tagada ! Que voit-il donc, de son regard de bœuf assoupi ? Une pure jeune fille, que les sbires de la reine se préparent à sacrifier ! Cataclop, cataclop, notre héros arrivâmes au galop ! Splouf, il bondit de son cheval et foule la terre de son pied viril. Pif, paf, il rosse les sbires de la Reine en trois mornifles bien appliquées.

Maciste devient donc le protecteur du petit peuple, qu'il va s'employer à libérer du joug de la Reine et de ses alliés les hommes de pierre. Notre héros parviendra-t-il à résister aux tentatives de séduction de cette salope de Reine, qui joue perfidement de son impeccable permanente pour le détourner du droit chemin ? Sauvera-t-il la Princesse ? Emballera-t-il l'actrice principale ? Vaincra-t-il les hommes de pierre ? Les effets spéciaux parviendront-ils à être convaincants ? Quelqu'un se pose-t-il sérieusement ces questions ?





L'auteur de ces lignes tient à préciser qu'il aime le bis et le cinéma de quartier : mais il y a des bornes à ne pas dépasser sous peine de ne plus connaître de limites. « Maciste contre les hommes de pierre » est ainsi à mi-chemin entre le cinéma bis attendrissant de naïveté et le gros nanar qui tâche : la faute à des effets spéciaux en carton bouilli, des décors branlants, des interprètes hagards. Les hommes de pierre valent ainsi le détour, et l'on regrette qu'ils ne soient pas davantage présents à l'image, tant chacune de leurs apparitions fait monter en flèche le quotient nanar. Gros tas de gravats balourds à la démarche pachydermique, les terribles créatures du cosmos sont encore plus empotées que les zombies de « Virus Cannibale », à se demander comment ils peuvent terroriser ne fût-ce qu'un village perdu au milieu des plaines, peuplé de douze bouseux grecs. Le maître des hommes de pierre, sorte de grand prêtre vaudou à paillettes, vaut également le détour, son visage d'extraterrestre étant figuré par un masque plus que ridicule, qui se plisse chaque fois que l'acteur prononce du dialogue.






Maciste est ici interprété par le musculeux Alan Steel, de son vrai nom Sergio Ciani : ce robuste barbu était en effet l'un des rares comédiens italiens qui eurent l'insigne honneur d'interpréter des héros de péplums, la plupart des autres stars du genre (Gordon Scott, Steve Reeves, Gordon Mitchell, Richard Harrison…) étant des produits d'importation anglo-saxons.


Pour vous mesdames : le repos du guerrier.



Sans être l'interprète le plus ridicule du péplum (il poursuivit d'ailleurs ensuite une carrière de comédien professionnel), Sergio Ciani voit tous ses efforts rendus vains par le caractère profondément grotesque de son personnage. Maciste n'est rien d'autre qu'une épure de héros, dont la qualité de justicier n'est soutenue par aucun trait de personnalité notable. Le pire étant encore l'huile dont est oint en permanence notre homme, qui fait élégamment luire son énorme musculature, mais ne contribue pas à sa crédibilité : à croire qu'il secrète de l'huile, comme Lou Ferrigno…



« Maciste contre les hommes de pierre », réjouissante kitscherie, bénéficie en outre d'un rythme plutôt soutenu, les scènes d'action se succédant sans trop de temps mort, ce qui nous donne l'occasion plus d'une fois de voir Alan Steel casser la gueule des figurants dans des bastons mal chorégraphiées. Il est cependant regrettable que le film connaisse une petite baisse de rythme vers la fin, avec notamment une scène de tempête de sable qui n'en finit pas et casse quelque peu la narration. Mais, pourvu que l'on surmonte l'ennui né de cette scène, on pourra prendre un plaisir sans mélange aux grotesquissimes aventures de Maciste contre les mannequins en carton. Alan Steel est décidément le meilleur ! A noter que l'acteur tourna jusqu'à la fin des années 1970, avant de se consacrer au théâtre. Il fit reparler de lui en 2001 quand il fut mis en examen pour « usurpation de fonctions » : habitant dans un petit village italien où les habitants ignoraient sa profession de comédien, il en aurait profité pour se faire passer pour un haut magistrat, et profiter de menus avantages (manger gratuitement au restaurant du coin, passer des coups de téléphone aux frais du bar local…). L'affaire n'aurait pas fait beaucoup de bruit si l'accusé n'avait pas été un héros de l'Antiquité nanarde ! Si même Maciste devient malhonnête, à qui se fier ?



A noter que le film est connu dans les pays anglo-saxons sous le titre de « Hercules against the moon men » : Maciste portant une barbe (il est glabre dans la plupart des autres films où il apparaît), les distributeurs vendirent le tout comme une aventure d'Hercule, ce qui était plus attractif pour le chaland. Cela ne changeait pas grand-chose à la qualité intrinsèque du film, soit dit en passant…

Contre-chronique de John Nada :

Sans être un grand érudit du péplum, je n'ai pas trouvé « Maciste contre les hommes de pierre » beaucoup plus honteux que la moyenne de ce qu'a pu produire le genre. J'ai plutôt considéré le côté abracadabrant du scénario (qui avait pourtant motivé mon achat, à la lecture du résumé de jaquette) comme une touche d'originalité salvatrice que comme une tare accablante qui aurait élevé ce film au rang des oeuvres débiles. Certes, tout est question de subjectivité, mais, loin de sacraliser ce film aveuglément comme le ferait un bisseux intégriste pour n'importe quel péplum, je considère que la « ringardise » évoquée dans la chronique de Nikita et qu'illustre bien certaines images tient plus du charme kitsch, vieillot et suranné que du nanar à proprement parler.

Une différence ténue, certes, mais importante selon moi : est « nanar » ce qui est ringard et tellement mauvais qu'il en devient drôle, tandis qu'ici, ce film se range à mes yeux dans la catégorie de ceux qu'on regarde au second degré, avec un petit sourire en coin, mais globalement plus attendri que rigolard, c'est-à-dire avec un peu le même genre d'état d'esprit qu'en regardant des animations image par image de Ray Harryhausen ou les premiers kaiju-eiga d'Inoshiro Honda : on n'est pas dupes comme pouvaient peut-être l'être les spectateurs de l'époque, tout est daté, mais on ne se moque pas pour autant, car derrière les moyens rudimentaires, on ne décèle pas d'incompétence flagrante.

J'avais fait l'acquisition de la VHS de ce film avec l'espoir de passer un moment agréable et de pouvoir en tirer une chronique. J'ai effectivement passé un bon moment, mais pour la chronique, je me suis reporté sur la douzaine de films bien plus honteux achetée le même jour.

- Nikita -
Moyenne : 1.33 / 5
Nikita
NOTE
2/ 5
LeRôdeur
NOTE
B.F./ 5
Wallflowers
NOTE
1/ 5
John Nada
NOTE
BF/ 5
Jack Tillman
NOTE
1/ 5

Cote de rareté - 1/ Courant

Barème de notation



Le film, longtemps dénichable en VHS d'occasion, a fait l'objet chez nous d'une réédition en DVD destinée aux kiosques à journaux. Ce film fait ainsi partie de la collection des éditions "Fabbri" : "Les plus grands peplums". Le film nanti d'un petit fascicule prétexte, ne bénéficie d'ailleurs que de la V.F.


Un nouveau DVD a été édité par "Studio Canal" dans sa collection "classics". A première vue, il s'agit de la même copie que celle de chez "Fabbri" puisqu'il n'y a encore que la V.F. à se mettre dans l'oreille.


Aux Etats-Unis, le fait d'avoir fait l'objet d'un épisode de la série "Mistery Science Theater 3000" (émission où une équipe de comiques visionnaient de vieux nanars en les commentant) lui a valu une sorte de statut de culte et une réédition en DVD. On déconseille fortement la version de l'émission (où le film est interrompu par les commentaires des gugusses), à laquelle on préfèrera l'édition de "Something Weird Video".


Les droits du film étant semble t-il tombés dans le domaine public, on peut aussi télécharger « Maciste contre les hommes de pierre » gratuitement et légalement sur ce site. C'est évidemment en version anglaise sans sous-titres.


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