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Les Mercenaires de l'Apocalypse

(1ère publication de cette chronique : 2002)
Les Mercenaires de l'Apocalypse

Titre original :Mercenari dell'apocalisse

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Leandro Lucchetti (crédité John J. Dowson)

Année : 1987

Nationalité : Italie

Durée : 1h37

Genre : Commando Vs Stock-shots de guerre

Acteurs principaux :Vassily Karis, Karl Landgren (Bruno Bilotta), Maurice Poli, Marlee Foster

John Nada
NOTE
3.5/ 5



En apparence banal voire insignifiant, ce nanar n’en demeure pas moins un gros morceau. Le connaisseur avisé, ou même le simple amateur un tant soi peu éclairé, considérera la mention « Italie 1986 » comme un œnologue considère l’étiquette d’un Bordeaux millésimé : avec un minimum de respect et beaucoup d’envie ! Sous le pseudo de John J. Dowson (ou John R. Dawson) se cache Edoardo Margheriti* (ah, cette vile et vaine manie qu’avaient les tâcherons italiens de prendre des pseudos à consonance anglophone pour mieux vendre leurs daubes !), acteur / directeur d'effets spéciaux / réalisateur de seconde équipe sur tous les films de son illustre père, Antonio Margheriti (alias Anthony M. Dawson) à partir des années 80. Après s’être lancé dans la réalisation avec ce nanar patenté qu’est Les Mercenaires de l’Apocalypse, Edoarrrdo tentera à nouveau de marquer le cinéma mondial de son empreinte de géant en donnant deux suites au Black Cobra de Stelvio Massi, deux œuvres majeures plus que jamais sanctifiées par son noble génie et qu’il abandonne cette fois-ci à la postérité sous le pseudo de Dan Edwards, probablement par modestie. Les deux opus en question (Black Cobra 2, 1988 et Black Cobra 3 : The Manilla Connection, 1990) sont portés à bout de bras par le très apprécié Fred Williamson, fidèle au poste depuis l’original datant de 1987 et réunissant une véritable dream team puisque outre ce moustachu patibulaire de Fredo ont y trouvait également la chaudasse Sabrina Siani et le trio magique à l’affiche des Mercenaires de l’Apocalypse, Vassili Karis, Karl Landgren et Maurice Poli.

[* une mise à jour de la fiche du film par l'IMDB attribue désormais l'oeuvre à un certain Leandro Lucchetti]



Bon, après cette entrée en matière un peu pointue passons au film et tenons-nous y : celui-ci prend pour cadre la Yougoslavie durant la Seconde Guerre Mondiale, entièrement occupée par l’armée allemande. Pour soutenir les partisans de l’armée de libération locale, qui, seuls, n’ont « aucune chance », les services secrets américains mettent sur pieds un commando de choc, constitué mesdames et messieurs de quatre beaux mercenaires et de leur chef. A eux cinq (allez, puisqu’on vous dit que c’est la qualité et pas la quantité qui compte), ces baroudeurs en goguette devront renverser la situation, avec pour objectif ultime la destruction d’un Quartier Général allemand situé dans une grotte (leur supérieur, un peu confus, leur ordonne en fait de « détruire puis localiser » l’endroit). Fermement décidés à mener à bien leur mission (« on y rentrera dans cette putain d’caverne ! »), nos héros se lancent dans l’aventure.



Un méchant officier S.S. typé sicilien violente une sale aryenne (quel étourdi !)



Ce quintette belliciste se compose de persos bien stéréotypés, tel Fierro (Bel Air en VF, d’abord absurdement appelé Bélier au début du film), vétéran de la guerre d’Espagne (les vétérans de la guerre du Viêt-nam faisaient défaut à l’époque), « un vrai tueur » selon les services secrets américains, qui joue tout naturellement le rôle de bourrin du groupe, éternellement armé d’une grosse sulfateuse et d’une quantité inépuisable de munitions. A ses côtés, on trouve également le Révérend Bridge, un prêtre expert en explosifs, Doc, un chirurgien qui parle couramment l’allemand, Léo Vulcan alias Ferraille, un expert en transmission qui répare des vieux coucous (« Ce gars là aurait dû naître avec des ailes... ») et, pour diriger cette petite troupe, le Capitaine Toni Muller, « que ses hommes appellent toujours Mister ».



MEURS SALAUD, YAAAAAAAAAA !!!!!!!!!


YYYAAAAAAAAAAAAAA !!!!!!!!! (oui, ça marche aussi avec un lance-flammes)



Au gré de ses déambulations en terre yougoslave, notre poignée de salopards commence par anéantir un convoi ferroviaire puis, pas complexée, attaque une base aérienne, tuant tous les Allemands et détruisant tous les appareils (ils les mettent littéralement Fanny), s’amuse à semer la confusion chez l’ennemi grâce aux connaissances linguistiques de Doc avant de parvenir, enfin, à localiser le QG des nazis (ce qui, quoi qu’en pense leur supérieur, s’avérera bien pratique pour sa destruction finale).



Regardez Mister, il y a écrit « Schwarzer Adler » [Aigle Noir]... c'est sûrement leur code secret !



Ce film se caractérise d’emblée par un emploi à peu près judicieux mais ô combien abusif de stock-shots (provenant d’un film que je n’ai pas reconnu), parfois traficotés (rajout d’un cache pour donner l’illusion d’une vue subjective à travers des jumelles, ce qui, pour des gros et moyens plans, donne le sentiment que les lentilles sont vraiment super puissantes). Le montage est bon, l’illusion un peu moins. Exemple : un stock-shot nous montre une escadrille complète de bombardiers déversant un tapis de bombes qui, au sol, se traduisent par de ridicules explosions de pétards entre lesquelles mercenaires et partisans zigzaguent tranquillement, trottinant sans grande conviction. En terme de bataille aérienne, quand ils n’ont pas de scènes en stock convenables sous la main, les membres de l’équipe du film ont gaillardement recours à des modèles réduits (de facture honorable quand même, de la belle ouvrage d’artisan).



Que voit-on d'ici à travers les jumelles ? Un stock-shot !


Et d'ici ? Oh, un autre stock-shot !






C'est la magie du cinéma !!!



La bande-son, d’une pauvreté affligeante, se limite à une obsédante musique d’esprit militaire et, pour chaque scène en extérieur – c’est à dire pendant la quasi-totalité du film – à d’incessants chants d’oiseaux. Film de guerre avant tout, Les Mercenaires de l’Apocalypse exalte les valeurs du courage, de la loyauté et de l’honneur, du dévouement et du sacrifice, de la liberté et du racisme anti-allemand. Les Allemands (traduction en langage mercenaire : « sales boches », « ordures de Chleuhs », « Fritz » et même « païens ») sont tous sans exception des porcs égorgeurs de bébés qui n’auraient jamais dû venir au monde, l’armée d’occupation étant exclusivement composée de S.S. (généralement de type bien latin).



Stock-shot / Pas stock-shot


Stock-shot / Pas stock-shot



Il me faut encore évoquer un vieux paysan yougoslave qui meurt SANS AUCUNE RAISON (donc DE VIEILLESSE) une poignée de secondes après avoir vengé sa famille en faisant sauter à distance sa ferme pleine de S.S. (dans le genre à présent je peux mourir) et, plus qu’aucune autre, une scène d’un mauvais goût ultime : une jeune Yougoslave, arrachée aux mains des Allemands (pardon, des « porcs S.S. ») qui la violaient à tour de rôle depuis plusieurs jours (commentaire d’un officier S.S. sadique et inquiétant : « C’était... fascinant »), rejoint le petit groupe. Le soir, au coin du feu, alors que son visage est encore couvert d’ecchymoses, un de nos fringants mercenaires (Ferraille) vient la voir, lui tend la main et, avec un sourire grave, lui sort la phrase qui tue : « Zoé, n’ai pas peur... je veux que tu te rappelles que certains hommes aiment la douceur ». L’instant suivant, le spectateur sidéré suit le couple se diriger bras dessus bras dessous vers la forêt, un sourire plein de turpides sous-entendus sur les lèvres. Et le prêtre, hilare, d’en rajouter (« si vous voulez, j’peux vous marier ! »).


Stock-shot / Pas stock-shot


Stock-shot / Pas stock-shot



Mention spéciale pour le personnage de Fierro (interprété par Karl Landgren, de son vrai nom Bruno Bilotta), qui pousse de longs « yaaaaaaa » avant chaque attaque, hurle à pleins poumons quand il abat 1000 Allemands d’une seule et interminable rafale, mais sait aussi se montrer bon pédagogue quand il s’agit d’apprendre aux partisans comment abattre un avion ennemi à l’arme automatique (« Tu vois qu’c’est pas difficile ! »). Relayé par un doubleur français hors pair, il frise même le rôle de composition lorsque, d’une voix sépulcrale et amère, aux intonations si subtilement hargneuses, il déclame : « Ce sont des S.S., ils ont massacré des bébés et leurs mères... une vraie boucherie ».

Bref, un gros morceau, comme je l’annonçais, dont la vision nécessitera un peu de soutien pour le néophyte (à voir au moins à trois je dirais).


La jaquette de la VHS suédoise éditée par Tower Vision / Scanbox.

 

- John Nada -
Moyenne : 3.17 / 5
John Nada
NOTE
3.5/ 5
Labroche
NOTE
3/ 5
Jack Tillman
NOTE
3/ 5

Cote de rareté - 5/ Pièce de Collection

Barème de notation
Dans le genre film consciencieusement oublié, celui-ci se pose là puisqu'en France il n'en existe qu'une unique version VHS de chez "Delta Vidéo" guère évidente à trouver.



Pour les désespérés, un DVD-R en anglais sous-titré grec existe chez Trash-Online moyennant 8€. Ca reste un peu cher pour ce qui semble être un rip de VHS, et ce serait se prive de la succulente VF...


Le DVD-R dispo sur www.trash-online.com.




Attention à ne pas confondre avec cette VHS homonyme de chez Odissey Vidéo, qui cache elle un gros navet poisseux.

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