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Spiceworld

(1ère publication de cette chronique : 2007)
Spiceworld

Titre original :Spiceworld the Movie

Titre(s) alternatif(s) :Spiceworld le film

Réalisateur(s) :Bob Spiers

Année : 1997

Nationalité : Grande-Bretagne

Durée : 1h33

Genre : Attack of the Spice Pouffes

Acteurs principaux :Roger Moore, Les Spice Girls, Richard E. Grant, Alan Cumming, Meat Loaf, Elton John

Nikita
NOTE
2.5/ 5

 

Petit voyage dans le temps : nous sommes entre 1996 et 1997 (Oui, je sais, ça ne nous rajeunit pas) et le phénomène des Spice Girls écrase la planète de toute la puissance de son battage médiatique. Des producteurs malins décident de profiter du soufflé avant qu’il ne retombe et se dépêchent de sortir un film pour accompagner la sortie du deuxième album des damoiselles. Il est établi que profiter de la notoriété plus ou moins passagère d’une personne n’est pas la meilleure recette pour produire des films de qualité : des chefs-d’œuvre comme « Kiss Contre les Fantômes » « Cool as Ice » avec Vanilla Ice, « Salut les Musclés » ou la série télévisée « Pour être libre » avec les 2be3 sont là pour témoigner de la fragilité d’une gloire médiatique exposée au poids d’une oeuvre de fiction reposant sur ses seules épaules. Avec un chanteur, la dimension artistique et musicale garantit un minimum de divertissement cinégénique. Mais avec les Spice Girls, cependant, c’est à un phénomène particulièrement volatil que l’on s’attaquait : symbole délibérément outrancier de la pop music des années 1990, le groupe des cinq jeunes anglaises dans le vent suscitait autant de quolibets que de fans et s’exposait tout particulièrement à la critique.

 

 



Le passage des Spice Girls au grand écran fut évidemment décrié par la critique et conserve, malgré son relatif succès au box-office (75 millions de dollars récoltés dans le monde), une réputation tout simplement pestilentielle. L’ouragan du Girl Power n’étant plus qu’un lointain souvenir [NDLR : avec de gros restes tout de même, notamment sur toute la génération de l'époque devenue adulte aujourd'hui] malgré la laborieuse reformation du groupe sous l'égide du marché de la nostalgie, il convenait de se pencher sereinement sur ce film : ce que nous avons fait, déterminant ainsi que les critiques avaient malheureusement raison. Malgré quelques gags plutôt réussis, « Spiceworld » est globalement une bouse innommable.


Les Spice Girls jouent ici leurs propres rôles, suivant scrupuleusement la légende et les personnalités que leur avaient construit leur plan marketing. Le quintette est une bande d’amies d’enfance unies pour la vie dans leur route vers le succès, qui conservent dans la vie de tous les jours leurs personnalités publiques. Que ceci soit absolument n’importe quoi ne devrait pas compter dans un jugement artistique porté sur ce film. Pourtant, il s’agit d’un élément essentiel dans la compréhension de « Spiceworld ». Conçu comme un outil promotionnel à la gloire des Spice Girls, le film assume son rôle publicitaire sur le fond et la forme, à savoir que l’univers entier semble ressembler ici à un vidéo clip géant. Si ce choix est cohérent, il n’en reste pas moins totalement insupportable sur la durée d’un long-métrage : couleurs criardes, éclairages flashy, décors débordants de mauvais goût, c’est une agression permanente pour les yeux, à se faire exploser les rétines !



La Spicemobile (dont le volume intérieur dépasse un appartement de sept pièces).


Richard E. Grant.


Meat Loaf, qui conduit l'engin.


Les cinq chanteuses sont suivies en pleine préparation d’un concert, chapeautées par un manager joué avec hystérie par un Richard E. Grant qui repousse assez loin l’échelle du cabotinage. Le producteur des Spice Girls n’est autre que Roger Moore, habillé comme le chef du SPECTRE, qui communique avec Richard E. Grant en lui débitant par téléphone des aphorismes incompréhensibles (la présence de Roger Moore, qui a dû tourner toutes ses scènes en deux jours, est d’ailleurs l’un des running gags les plus réussis du film, peut-être le seul).


Roger Moore.


Alan Cumming, en réalisateur de documentaires gaffeur.


L’ignoble éditeur.


L’infâme paparazzi.


Le film raconte les mésaventures du groupe, persécuté par la vindicte d’un méchant éditeur de tabloïd, et travaillant avec un producteur de cinéma qui souhaite leur faire tourner un film débile inspiré de « Drôles de Dames ». Si certains gags sont relativement efficaces, le film bute sur un écueil technique majeur : les Spice Girls elles-mêmes. Au-delà de tout jugement musical, il faut bien constater que les cinq chanteuses jouent épouvantablement mal – et la comparaison avec les seconds rôles, qui jouent globalement bien, ne les aide en rien. Si le personnage de Victoria Adams (future Beckham) est assez amusant et que Geri Halliwell est un peu moins mauvaise que les autres, Mel B et Mel C sont tout simplement effroyables dès qu’elles ouvrent la bouche, en VO comme en VF. Connaître la véritable histoire productive des Spice Girls et savoir que certaines d’entre elles ne pouvaient littéralement pas se supporter rend en outre cette véritable opération de propagande à leur gloire d’un parfait comique involontaire.




Idée réussie du film : le photo shoot où les Spice Girls se déguisent en Spice Girls.


A l’apparence en partie improvisé, le film se déroule au rythme d’une série de gags tous plus lamentables les uns que les autres, et d’apparitions de guest-stars à la pelle venues faire coucou à la caméra pour profiter de la visibilité médiatique des Spice Girls : citons dans leurs propres rôles Elton John et Bob Geldof, Meat Loaf en factotum du groupe, ainsi que Jennifer Saunders, Bob Hoskins et Stephen Fry dans de petits rôles. Si toutes les vedettes invitées ne s’en tirent pas forcément mal, l’horreur esthétique du film rejaillit sur elles en donnant rétrospectivement à « Spiceworld » l’aspect d’une émission de variété abominable où des célébrités seraient venues faire leur promo. Curiosité anecdotique : Gary Glitter faisait initialement une apparition dans le film, mais son arrestation pour détention de photos pédophiles conduisit sa scène à être coupée.


30 secondes d’Elton John, montre en main.


Mel B relooke Bob Geldof.


« Spiceworld » se distingue en accumulant une impressionnante série de gags tous plus nuls les uns que les autres, dont la quantité finit par éclipser largement la minorité atteignant sa cible. Les Spice Girls rencontrent des extraterrestres, les Spice Girls suivent un stage de remise en forme commando, les Spice Girls vivent à l’arrière de leur bus dans un intérieur mauve fluo des plus seyants, les Spice Girls s’exhibent avec des go-go dancers italiens aux fessiers dénudés.



Même les Martiens sont fans des Spice Girls.


A force de voir leur présence se répandre sur l’écran avec l’impudeur d’un étal de charcuterie faisandée, et d’apprécier à leur juste valeur l’interprétation détestable de la plupart de membres du groupe, on finit par en attraper une rage de dents, ou bien à exorciser l’horreur générale du film par un éclat de rire salvateur.

Y'a pas à dire : les talons compensés c'était LA mode de l'époque.


Parfait pendant cinématographique d’une émission de variété de la pire espèce, étalant sans pudeur un humour du niveau des pires émissions humoristiques de télé, « Spiceworld » croule tout à la fois sous le poids de son propre mauvais goût et d’un vieillissement accéléré qui, comme dans le cas de nombreuses œuvres issues de la mode, l’a nanardisé avec une intensité effrayante. L’hystérie de gags et de séquences musicales étalées avec une rare constance dans la nullité rend la vision de ce film-pub tout simplement hypnotisante, au point de constituer un véritable électrochoc pour le cerveau. Radioactif de connerie, et pourtant tout à fait regardable à force de rythme, cet hymne à la gloire de l’un des pires phénomènes médiatiques des années 1990 mérite plus que tout autre son entrée en ces lieux, pour graver dans le marbre la plus grande gloire du Girl Power. LES SPICE GIRLS, JE VOUS AIME !

- Nikita -
Moyenne : 1.60 / 5
Nikita
NOTE
2.5/ 5
Rico
NOTE
B.F./ 5
Labroche
NOTE
B.F./ 5
Drexl
NOTE
1.5/ 5
Hermanniwy
NOTE
0.4/ 5
Wallflowers
NOTE
2/ 5

Cote de rareté - 1/ Courant

Barème de notation

Sic transit gloria mundi. Si on peut assez facilement trouver le DVD de chez Universal Pictures, avec des interviews de l'époque en bonus (mais avec malheureusement une image en Pan & Scan), le film a ensuite été oublié et n'a jamais eu d'édition blu ray.