Recherche...

Super nichon contre mafia

(1ère publication de cette chronique : 2006)
Super nichon contre mafia

Titre original :Double Agent 73

Titre(s) alternatif(s) :Super nichons contre maffia

Réalisateur(s) :Doris Wishman

Année : 1973

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h13

Genre : Gare aux nibards

Acteurs principaux :Chesty Morgan, Frank Silvano, Saul Meth, Louis Burdi

Nikita
NOTE
3/ 5


Vous aimez les gros seins ? Hé bien évitez de voir des films avec Chesty Morgan, car vous risquez d’en être dégoûtés. Cette strip-teaseuse polonaise, de son vrai nom Liliana Wilczkowska, eut l’honneur d’être l’héroïne de deux films (elle fit également une apparition dans « Casanova » de Federico Fellini), dont celui-ci est le plus connu chez nous grâce à son délicat titre français. Le film a pour intérêt d’être un « sexploitation » réalisé par une femme : Doris Wishman, cinéaste new-yorkaise, était en effet une spécialiste du « nudie » réalisé avant l’explosion du porno hard. (NDLR : Souvent considérée comme "pionnière de la sexploitation au féminin" Doris Wishman était très peu connue du milieu du Cinéma avant d'être mise en lumière dans les années 90 par John Waters. Cette notoriété soudaine lui a permis de retourner des films... à 88 ans !) Ce simili-polar, simple prétexte pour exhiber la bête de foire qui sert d’actrice principale, est donc assez représentatif d’un cinéma d’exploitation aujourd’hui disparu où le facteur choc primait sur toute autre considération budgétaire ou qualitative.


La jaquette de la VHS française.


Chesty Morgan interprète le rôle de Jane, agent secret au service du gouvernement des Etats-Unis. Chargée d’infiltrer un dangereux gang de trafiquants de drogue afin de le démanteler, notre amie se voit dotée d’un gadget aussi surprenant que paradoxal : un appareil photo implanté dans le sein. Pour prendre une photo avec son téton, elle n’a qu’à soulever légèrement sa mamelle.


Chesty prenant une photo.


A quoi cela lui sert-il exactement ? On verra essentiellement notre héroïne prendre des photos de gangsters qu’elle vient d’assommer d’un coup de sein. Ca justifie l’exhibition de ses nibards et l’on comprend vaguement qu’il s’agit d’identifier après coup le chef de l’organisation, dont nul ne connaît l’identité réelle. C’est très mal expliqué, et ça ne fait pas du tout avancer l’histoire.


Le chef du FBI.



Un mafioso qui a la classe.



Un sbire.


Car « Super Nichon contre mafia » est sans doute l’un des polars les plus minables jamais tournés. Au niveau en-dessous, c’est bien simple, c’est du Eurociné. Le coup de l’appareil photo implanté dans le sein qui ne sert à rien n’est que l’aspect le plus voyant d’un film sans queue ni tête ni logique. On se croirait parfois dans un vidéo-clip qui parodierait les pires séries B de l’histoire. La réalisation de « Super nichon contre mafia » s’apparente à celle d’un film expérimental post-godardien. Plans aléatoires et très longs sur des objets inutiles à l’action, remplissage à gogo, cadrages hasardeux. C’est la totale à tous les niveaux : action molle, bastons mal chorégraphiées, scénario sans queue ni tête, acteurs n’essayant même pas de jouer : on a l’impression de se trouver devant un brouillon de film cadré par un débile mental et joué par des comédiens amateurs. Le côté « second degré » assumé du film n’excuse absolument rien : à ce niveau-là, c’est du jemenfoutisme.





De l'action molle. Et un hommage à Psychose au passage.


Surtout, le film se distingue par une esthétique si ignoblement marquée par les années 1970 qu’elle finit par en vriller les yeux : cols pelles à tarte, foulards mauves criards, papiers peints à fleurs, rideaux à motifs inextricables. On est en pleine agression visuelle, à croire que l’on se trouve devant un film de seventiesploitation destiné à des pervers incurables.







Même la décoration murale est d'un goût certain...


« Supernichon contre mafia » est l’occasion de voir en action « la plus grosse poitrine du monde » : en tout cas, sans aucun doute, la plus grosse poitrine à avoir jamais tenu un rôle principal dans un film. C'est en effet la paire de seins qui tient la vedette car on ne peut pas dire que la brave Chesty Morgan, elle, joue vraiment dans le film. Inexpressive au possible, l’air soumis d’un bovin sous neuroleptiques emmené à l’abattoir, la brave Chesty réussit là l’exploit d’être encore plus mauvaise que Florence Cayrol dans « Lorna la Lionne du Désert ». Dotée d’un accent polonais à couper au couteau, Chesty était doublée dans la VO : pour faciliter la post-synchro, la caméra cadre le moins possible son visage quand elle est censée parler.

Chesty Morgan sexualisée de haut en bas.


Quant à ses seins, parlons-en. 220 centimètres de tour de poitrine, ma bonne dame ! Et que du naturel, garanti sans silicone. Cette poitrine hors-norme, c'est le vrai personnage principal du film. Sa propriétaire passe littéralement à l'arrière-plan. Oui, mais… une poitrine pareille, c’est tout simplement trop gros pour tenir sur un torse aussi fin que le sien. Les seins de Chesty Morgan, quand ils ne sont pas contenus à grand-peine par son soutien-gorge, pendent lamentablement comme de vieilles éponges géantes ou, quand elle est couchée, s’étalent tristement des deux côtés de son buste. C’est tout sauf sexy ou érotique, et confine par moments au freak show.







Tout comme James Bond, Chesty Morgan se fait plaisir en variant sa garde robe selon les scènes. C'est déjà ça...


Pour couronner le tout, ajoutons que le film est à voir si possible en VF : doublé par une escouade de comédiens payés en packs de bière, « Super nichon contre mafia » se retrouve avec une VF tenant davantage de la cacophonie auditive que de la post-synchronisation honnête. Aux voix criardes aux intonations excessives s’ajoutent des dialogues débiles contenant toutes les références humainement envisageables aux nibards de l’héroïne : « Salut, alors comment vont les nichons ? » (réplique du chef du FBI, recevant Chesty dans son bureau) ; « J’ai plus d’un tour dans mes roberts ! ». Le dialogue français compte aussi des répliques ultra-vulgaires comme « Attends, j'vais me laver le cul ! Tiens-là bien droite, j's'rai pas longue, mon lapin ! » (dit par une fille à son ami juste avant de faire l'amour) apparemment rajoutées, voire improvisées par les doubleurs. A se taper la tête contre les murs.


Chesty Morgan, âgée d'environ 36 ans à l’époque.





Le visuel d'un t-shirt à l'effigie du film : indispensable pour briller sur les plages en été !

 

Les films sans budget, c'est aussi se fader 30 secondes de lecture de messages écrits à la main pour meubler.


D’une débilité fièrement assumée, « Super nichon contre mafia » est un magnifique témoignage de l’époque où les films de sexploitation ne s’encombraient que d’un prétexte minimal pour attirer le chaland. L’audace du temps étant passée, il ne reste que la pure fascination devant la "monstruosité" (car filmé comme telle) de l’actrice principale et la médiocrité hallucinante du reste du métrage. Spectaculaire de non-érotisme, le film est assuré de laisser le spectateur dans un état proche de la stupéfaction.

Une certaine résistance à la série Z seventies est tout de même recommandée. Quant à Chesty Morgan, elle prit sa retraite du showbiz après avoir épousé un arbitre de base-ball américain. Ils divorceront plus tard mais resteront proches. Vivant en Floride, propriétaire de plusieurs appartements en location, elle disait dans les années 2000 (elle est née en 1937) toujours penser à la réduction mammaire mais elle se méfie trop des médecins.

Jusqu'à la dernière image ils auront capitalisé sur ses attributs...


A noter que Super nichon contre mafia (Double Agent 73 en VO) est la suite de Mamell’s Story alias Les seins les plus gros du monde alias Poitrines Diaboliques (Deadly Weapons en VO), réalisé la même année par la même Doris Wishman, et déjà avec Chesty Morgan.

Doris Wishman. Photo de R. Orcutt.

- Nikita -
Moyenne : 2.57 / 5
Nikita
NOTE
3/ 5
MrKlaus
NOTE
3/ 5
Kobal
NOTE
2.75/ 5
Drexl
NOTE
3/ 5
Rico
NOTE
1.5/ 5
Jack Tillman
NOTE
3.75/ 5
Wallflowers
NOTE
1/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation

Le DVD français s'est fait attendre. Pour profiter de la sublime VF d’époque, on devait se rabattre sur l'antique VHS de chez Antarès (sous le label "Bosom Production" - visuel en tête de chronique). Jusqu'à ce qu'en 2015 l'éditeur "Sidonis Calysta" nous gratifie d'une édition joliment restaurée (vu l'état dégueulasse de la pelloche originale) et bien garnie en bonus, avec des intervenants de premier choix : un tour d'horizon sur la carrière de Doris Wishman par Marc Toullec, conversation autour du film entre les critiques Christophe Carrière et Patrick Brion...

Jaquettes en plus