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Zombie Holocaust


Zombie Holocaust

Titre original :Zombi Holocaust

Titre(s) alternatif(s) :La Terreur des Zombies, Carnages, La Regina dei cannibali, Doctor Butcher M.D., Island of the last zombies, Anthropophage Holocaust

Réalisateur(s) :Marino Girolami (alias Frank Martin)

Année : 1980

Nationalité : Italie

Durée : 1h25

Genre : Tripes à la mode de con

Acteurs principaux :Donal O'Brien, Ian McCulloch, Alessandra Delli Colli, Sherry Buchanan

Nikita
NOTE
2/ 5

Le film est sorti aux Etats-Unis dans une version charcutée avec des séquences tirées d'autres films de série Z qui devint culte dans les cinémas de la 42ème rue à New York!

Amis de la charcuterie, bonsoir. Nous allons étudier ce soir un film gore italien du début des années 1980. Veuillez patienter, s’il vous plaît… (Le conférencier ouvre sa mallette. Deux tronçonneuses ensanglantées en jaillissent avec un bruit de ressort, suivies par des morceaux d’intestins et des yeux en brochettes, le tout allant s’écraser dans un coin dans une grande éclaboussure d’hémoglobine)

Hem, excusez-moi, j’avais mal rangé mes outils de démonstration… (le conférencier fouille dans le magma sanguinolent avant d’en retirer triomphalement un DVD recouvert de tripaille). Ha, voilà ! Nous allons pouvoir commencer l'étude de l’œuvre proprement dite.


Bon, qui a oublié de refermer le figurant après usage ?



Replongeons-nous, si vous le voulez bien, dans le contexte du cinéma italien de l’époque : le relâchement de la censure aidant, la péninsule s’est mise aux joies du gore. Le grand succès du genre se nomme « L’Enfer des zombies » (titre italien « Zombi 2 »), de Lucio Fulci, fausse suite du « Zombie » de George Romero. Le « Cannibal holocaust » de Ruggero Deodato a fait forte impression du fait de sa condamnation par la censure. Que vont donc faire nos sympathiques producteurs italiens ? Un... ? Un... ? Quelqu’un dans la salle a-t-il une idée ?

- Heu… Des plagiats, m’sieur ?

Pas exactement. Disons plutôt une resucée, car le producteur est ici le même que pour « L’Enfer des Zombies ». J’ai bien dit UNE resucée, et non pas plusieurs, car la production a suivi une logique implacable : en effet, un film coûte moins cher à tourner que deux films ! Si deux films ont du succès, autant essayer de les copier tous les deux en même temps en mettant des éléments de chacun dans un nouveau métrage. Nous sommes donc en présence d’un film qui met en commun des zombies ET des cannibales, la production essayant de satisfaire le maximum de monde. Le film va donc se dérouler comme suit : premièrement, une reprise quasiment telle quelle du scénario de « L’Enfer des zombies », mais avec des cannibales à la place des mort-vivants ; deuxièmement, l’irruption des zombies achève de faire basculer le récit dans la dernière partie du film. Pour couronner le tout, le film sortira en Italie sous deux titres, l’appellation alternative (« La Regina dei cannibali » = La Reine des cannibales) essayant d’attirer les fans d’anthropophages.


"- Dis donc Ian, y paraît qu'il y a des zombies et des cannibales qui rôdent dans cette forêt...

- Ouais ben zombies ou cannibales je m'en fous, moi tout ce que je veux c'est mon chèque... Et puis non, je ne suis pas le chanteur d'Echo and the Bunnymen !"



Pour réaliser le tout, la production a procédé comme pour « L’Enfer des zombies » : un vieux réalisateur à tout faire un peu en fin de carrière se chargera de mettre tout ça en boîte pour pas cher. C’est ici Marino Girolami, accessoirement le père d’Enzo G. Castellari, qui s'y colle. Or, nous touchons déjà l’une des limites du projet : Lucio Fulci, cinéaste mercenaire, avait révélé en tournant « L’Enfer des zombies » un talent insoupçonné pour l’horreur, qui devait faire le succès du film et assurer sa fin de carrière. Marino Girolami, autre vétéran de Cinecittà, tournait lui avec « Zombie Holocaust » son premier film d’horreur et n’avait décidément pas la même inspiration que Fulci. Là où ce dernier réussissait à transcender son scénario pour offrir au public un excellent thriller morbide, Girolami filme distraitement un étalage de boucherie, comme s’il était encore sur le plateau du « Cancre du bahut » avec Alvaro Vitali ou de « La Colère d’Achille » avec Gordon Mitchell. C’est net et sans bavure, mais filmé avec la même application qu’un clip promotionnel pour la région du Piémont. En l’absence d’une mise en scène vraiment inspirée, le film finit par crouler sous le poids de la tripaille déversée sur l’écran, qui aboutit à rendre le tout plus risible qu’horrifiant.


Ouéééé ! Un zombie ! En plus, ils sont hyper moches !



Les failles du scénario sont ainsi mises à nu, laissant apparaître le récit dans toute sa grande pauvreté. Des actes de cannibalisme nécrophile sont observés dans un hôpital new-yorkais : le coupable étant un indigène originaire d’une île des Moluques, deux scientifiques et une journaliste décident d’aller enquêter sur place. Ils se rendent, à trois, dans l’archipel incriminé pour découvrir si des cannibales ne seraient pas encore en train de sévir sur place. Qu’une expédition avec des moyens aussi pauvres soit mise en place pour mener une enquête aussi risquée (il y a quand même une probabilité de se faire bouffer tous crus, non ?) laisse rêveur sur la légèreté du scénario.






Voilà ce qu’on gagne à faire du tourisme humanitaire chez les cannibales !



Pour ne pas changer complètement une équipe qui gagne, la production a embauché comme acteur principal l’écossais Ian McCulloch, héros de « L’Enfer des zombies ». Visiblement très peu concerné par ce qu’il tourne, McCulloch est un acteur principal nettement moins charismatique que Michael Sopkiw. Mais sa présence a une autre raison que ses talents intrinsèques : plusieurs petites scènes de raccord sont en effet directement piquées au film de Fulci : la présence du même comédien permettait ainsi de faire passer la pilule tout en économisant la pellicule...


J’ai une excuse, en plus de mon cachet, ils me payaient les heures sup’ en bouteilles de Guinness !



Si Ian McCulloch est assez insipide, que dire d’Alessandra Delli Colli, blonde sculpturale à la moue boudeuse qui s’ennuie manifestement à mourir tandis que tout le monde se fait massacrer autour d’elle ? On a envie de la pincer pour la ramener à la vie, tant elle ressemble à une statue de cire même pas très animée.


Avec ça, je suis sûre de remporter la couronne de "Miss Potiche" du bis italien, gniark gniark !



La vedette est volée sans trop de problèmes par Donal O’Brien, qui cabotine comme un beau diable dans le rôle du savant fou, grand responsable de tout ça, créateur de zombies et manipulateur de cannibales. Dans une des scènes les plus raffinées du film, notre homme ouvre le crâne d’une malheureuse sans l’avoir anesthésiée au préalable (« La science te sera reconnaissante ») et, agacé par ses cris pourtant prévisibles, finit par ramener le silence en lui coupant les cordes vocales. Un véritable orfèvre du bistouri !

 




Oui, je suis un savant fou nanar, mais moi au moins j’ai joué avec Richard Harrison ! Ha mais !



S’il se vautre sans aucune retenue dans le gore le plus outrancier, suivant la logique du « Si c’est ça qu’ils veulent, on va leur remplir l’assiette », « Zombie holocaust » se distingue aussi par son extrême délicatesse dans le traitement des personnages, le comble étant atteint avec des indigènes poltrons tous droits sortis de « Tintin chez les Bamboulas ». A noter également une scène de dialogue magistrale, où le héros s’écrie « Nous sommes les deux seuls qui aient survécu », alors qu’ils sont trois. Oui, mais le troisième... est noir ! (enfin bon, c’est un Indonésien très basané...) On atteint un autre summum du raffinement quand le héros ordonne à ses porteurs d’enterrer les restes d’un de leurs camarades qui vient de se faire boulotter, mais s’abstient évidemment de les aider à creuser.


B’wana, nous avoi' peu', vouloi' wentwer maison ! »






Scoop ! Les cannibales sont des artistes nanars !



Scénario idiot, personnages inconsistants, interprètes peu inspirés, léger racisme à la sauce coloniale, gore complaisant : vous avez là d’excellents ingrédients pour réussir un bon nanar d’horreur à l’italienne. A servir avec beaucoup de sauce tomate, et à consommer rapidement : la mode est en effet passagère, et j’entends déjà le post-apocalyptique qui gratte à la porte. Dans cette optique, nous étudierons donc la semaine prochaine « 2019, Après la Chute de New York ». La conférence est terminée, sortez en ordre je vous prie.



(Le conférencier range ses tronçonneuses dans sa mallette et sort de l’amphithéâtre en marchant distraitement dans les rivières de sang qui dégoulinent de son bagage à main.)

- Nikita -
Moyenne : 3.40 / 5
Nikita
NOTE
2/ 5
MrKlaus
NOTE
3.5/ 5
Kobal
NOTE
3/ 5
Rico
NOTE
3.5/ 5
Peter Wonkley
NOTE
5/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation

La défunte société "Neo Publishing" avait  sorti une collection patronnée par la chaîne "CineFX", elle même grande consommatrice de bisseries italiennes, remettant en lumière plein de vieux films gore made in Italia avec un soin certain. On a donc des versions remasterisées en italien et en français (avec hélas des sous-titres imposés sur la V.O.), trois bandes-annonces, des filmos et des notes de production.



Sans qu'on comprenne vraiment pourquoi, le même éditeur a ensuite ressorti le film sous un nouveau titre aussi ringard qu'accrocheur, « Anthropophage Holocaust ». Si même Neo Publishing se met à ressortir les films sous deux ou trois titres différents, comme Initial Vidéo en son temps... Hélàs la disparition de l'éditeur en 2010 a rendu ces éditions plus difficiles à trouver.

 

Des blu-ray espagnols et italiens existent, généralement assez basiques et sans VF ainsi que plusieurs éditions américaines, pays où le film jouit d'une certaine célébrité underground, notamment du fait de son remontage sous le titre Dr Butcher M.D.  La plus belle édition (hélas encore une fois sans V.F.) est sortie chez "Severin Film" en 2016 avec un master 1080p. Une édition limitée à 5000 exemplaires en double DVD comprenant le montage original et la version américaine ainsi des interviews d'Enzo G. Castellari (le fils de Marino Girolami) qui nous parle de son père, de Sherry Buchanan, de Ian McCullogh, de plusieurs responsables des effets spéciaux de l'époque mais aussi de critiques, de témoins et de distributeurs américain qui reviennent sur l'atmosphère des cinémas de quartier de la 42ème rue à New York. le tout offert avec un sac à vomi personnalisé !



Pour terminer on vous met quelques jaquettes VHS qui déchirent comme il faut.

 

 

Jaquettes en plus