Il récidivâmes ! Après « Cinéma Bis : 50 ans de cinéma de quartier » dont nous parlons plus haut sur cette page, voici que déboule le deuxième volume de l'exégèse que consacre aux films tout fous l'excellent Laurent Aknin, cette fois assisté dans ses aventures compilatoires d'un précieux homme de main en la personne de Lucas Balbo, anciennement rédacteur en fiches chez Monsieur Cinéma et lui aussi très calé en bisseries puisqu'il est déjà l'auteur de plusieurs ouvrages anglophones sur le sujet, dont un avec des femmes à poil.
Le premier pavé de Laurent Aknin s'intéressait aux figures du cinéma de genre au travers de quelques dizaines de portraits et, s'il dressait un panorama à peu près complet du cinoche de quartier, à peine souffrait-il peut-être d'une approche par trop généraliste, l'ouvrage s'adressant autant aux badauds un peu curieux qu'aux cinéphages impénitents. Ce défaut est désormais gommé par la parution du second volume, qui, couplé au premier, finit par constituer une vraie somme, sinon une vraie masse, propre à servir au héros à assommer un sbire.
Ici l'on rentre dans le vif du sujet avec les chroniques de pas moins de 500 films étalés chronologiquement sur une période de 52 ans. Les plus illustres y sont évidemment représentés (de « Frankenstein s'est échappé » à « Cannibal Holocaust » en passant par « La Nuit des morts-vivants ») de même que les différents objets de culte révérés dans les milieux autorisés (« Ilsa, la louve des SS », « Le Moulin des supplices », « Schizophrénia », etc.). Mais le livre, et c'est sa qualité, ne s'arrête toutefois pas à une anthologie compassée des films que l'on serait sommé d'apprécier sans réserve avant d'entrer dans le cénacle un peu snob des bisseux intégristes.
Tapant tout azimut, même dans les genres les moins valorisants pour le fan (les Maciste, les films de ninja, les comédies ringues, les sexy-boulards à la con…), Laurent Aknin ouvre également une large place à ces films de série, souvent sans qualité, froidement usinés par des tâcherons bien que, néanmoins, représentatifs d'un genre ou d'une époque. Mais davantage encore, et là c'est carrément bath', il fait la part belle aux plus gouleyants fleurons du nanar, lesquels seraient, selon l'auteur, « l'une des bases constituantes du cinéma bis, qui parviennent à pulvériser les règles du bon goût, de la rationalité, de la logique voire même parfois du langage cinématographique ». Bien envoyé !
De là à chroniquer
La Pension des surdoués dans un livre s'intitulant les CLASSIQUES du cinéma bis, faut pas pousser pépère dans les cactus, il y a tout de même une marge !... que l'auteur s'est gaillardement empressée de franchir à la page 419, redéfinissant par là même la notion de « classicisme » !
Au final, voilà un bouquin à recommander chaudement, blindé d'informations sur des bizarreries obscures que l'on se languit déjà de découvrir, richement illustré de photos d'exploitation et d'affiches et qui vous mènera de l'île au filles perdues à Beyrouth (là où meurent les espions), en passant par Pigalle, carrefour des illusions où, derrière la porte verte vous vous livrerez au plaisir charnel du nouveau décameron 300 avant que de finir dans les griffes du maniaque, des dollars plein la gueule et victime d'hallucinations sadiques.
Mais au moins, vous ne prendrez plus les poulets pour des pigeons…