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Hardware

Titre original : Hardware
Titre(s) alternatif(s) :Aucun
Réalisateur(s) :Richard Stanley
Année : 1990
Nationalité : Grande-Bretagne
Durée : 1h33
Genre : Le Terminator du SDF
Acteurs principaux :Dylan McDermott, Stacey Travis, John Lynch, Iggy Pop
Le genre du film post-apocalyptique, tout comme celui du sous-Terminator se prête généralement à des métrages d'exploitation sans grandes ambitions, de purs films d'action plus ou moins efficaces mais généralement à peu près dénués de psychologie. Alors quand on mélange les deux, pensez, on s'attend à une succession ininterrompue de fusillades, de bagarres, de poursuites et de cascades. Tel n'est pas le cas ici, tant il apparaît vite que « Hardware » non seulement n'a même pas le budget pour ça mais surtout a des prétentions auteurisantes marquées.
Déjà le casting est assez singulier, avec crédités au générique comme acteurs, Iggy Pop et Lemmy Kilmeister, le chanteur de Mötorhead dans des rôles secondaires. De fait la bande-son du film est assez classieuse, mais cette volonté artistique au beau milieu d'un genre qui ne s'y prête carrément pas est surtout à l'origine de nombreux moments de décalage complet entre l'effet voulu et l'effet produit. Le réalisateur voudrait nous époustoufler par la profondeur métaphysique de son oeuvre, il n'arrive qu'à nous faire rire devant l'absurdité totale de certaines scènes.
Lemmy Kilmeister en chauffeur de taxi. Son autoradio diffuse justement "Ace of Spades".
Comme cela peut prêter à confusion, je le signale tout de suite : si vous trouvez la qualité de l’image dégueulasse après avoir enfourné le DVD ou la VHS de « Hardware » dans votre lecteur, cela n’est pas dû à un mauvais réglage des paramètres couleurs de votre téléviseur, mais bel et bien au filtre rouge immonde au travers duquel a été tournée la *totalité* des images du film pour donner à la chose un cachet post-apocalyptique. Et aussi pour tenter de masquer la misère, mais sur ce dernier point le succès est nettement plus discutable.
Inutile de trifouiller les réglages de couleurs de votre télé, ça n’y changera rien et c’est comme ça pendant une heure et demie.
Super Filtre Rouge Triple Combo : Finish Him !
L'histoire prend place dans un monde désolé où la pollution et la guerre nucléaire ont créé de vastes zones désertiques inhabitables (et rouges). Il y est question d'un chasseur d'artefacts qui s'aventure dans de telles zones pour y récupérer du matériel. Au retour d'un de ces voyages, il découvre une tête métallique (rouge) abandonnée dans le désert qu'il décide de rapporter à sa fiancée (l'héroïne du film) qui réalise des sculptures d'art moderne rouges. Mais lorsque celle-ci incorpore la tête à sa dernière création, elle revient soudain à la vie et entreprend de poursuivre sa programmation initiale de robot tueur invincible. Tout le reste du film consiste en une série de poursuites et de confrontations entre l'héroïne et ses voisins de palier d'une part, et le robot tueur de l'autre, se terminant bien entendu par la défaite de ce dernier. En effet, comme tous les craignos monsters invulnérables, le cyborg est doté d'un point faible unique et idiot que je ne dévoilerai pas pour laisser la surprise, mais qui dans ce cas précis enfonce tous les plafonds de la crétinerie.
Ce robot a vraiment l’air con comme c’est pas permis.
La nanardise de « Hardware », outre ce titre idiot, réside à la fois dans la réalisation exécrable, d'autant plus risible qu'il est clair qu'elle cherche à se la jouer "artistique", et dans la pauvreté des décors et des effets spéciaux, tout le budget semblant être passé dans le cachet d'Iggy Pop (qu'on voit d'ailleurs à peine). Le cyborg tueur ressemble peu ou prou à un portemanteau, les décors se résument pendant les trois quarts du film à un appartement et au palier attenant, et à certains moments il y a carrément des stock-shots de concierge, vous imaginez la misère ? (encore que là je suis de mauvaise foi, ils servent en fait à créer un décalage "comique").
"C’est pas un portemanteau, c’est un Koundélitch".
Ajoutez à ça des doublages à l'avenant et quelques plans nichons (rouges) savamment placés et vous commencerez à vous faire une idée de la chose. Oui, parce qu'outre sa sensibilité artistique à fleur de peau, Richard Stanley a casé dans son film quelques grands moments de vulgarité crasse, comme cette scène où le robot tente de tuer l'héroïne en lui poignardant le bas du ventre à l'aide d'une perceuse greffée sur son abdomen. Monsieur Stanley, vous devriez être rouge de honte.
Il ne s’agit pas d’un gant mais bien d’une main bionique.
En ce qui concerne l’esthétique de l’œuvre, outre ce fameux filtre rouge permanent, il faudrait aussi parler des éclairages dégueulasses, des bouts de clip et des images de fractales insérés dans le film sans prévenir, sans doute pour appuyer une forte symbolique que j'avoue n'avoir pas réussi à appréhender pleinement.
Jeu nanar : arriverez-vous à discerner ce qui se passe sur cette image immonde ?
D’accord, c’est une hallucination mais ça n’excuse pas tout !
Cerise sur le gâteau, on sent que Richard Stanley connaît ses classiques nanars puisqu'on a droit notamment à cette réplique hallucinante qu'on croirait tirée tout droit de chez Pallardy :
"- Je veux survivre...
- Non, tu dois vivre !"
Je n’ai pas trop parlé du jeu des acteurs, mais je pense que cette image se suffit à elle-même.
Le réalisateur semble chercher à instaurer une ambiance poisseuse et angoissante, jouant sur un huis clos inquiétant et plein de suspense pour parer à son budget limité (1,5 million de dollars). Ca aurait pu marcher, mais là, c'est une catastrophe. L'image laide et sous-exposée ne parvient qu'à faire mal aux yeux et le rythme asthmatique du film échoue complètement à faire monter le rythme cardiaque du spectateur. Chaque fois que l'action semble décoller un peu, le réalisateur trouve le moyen de nous glisser une scène de dialogue inutile et interminable. Et puis il faut bien dire que des poursuites trépidantes nous emmenant de la chambre à coucher à la cuisine, puis du séjour à la salle de bain, on a déjà vu plus excitant au cinéma. Alors oui, le monde désespéré dépeint dans le film réussit à éviter les clichés, mais la relative maîtrise du propos ne parvient pas à compenser les lacunes, voire les fautes techniques.
Baston dans la cuisine…
...poursuite dans le couloir…
…et re-baston dans la salle de bain. C’est vrai, j’exagère pour le filtre rouge : pour les scènes dans la salle de bain, le filtre est orange.
Le principal défaut de « Hardware » finalement (en tant que nanar, pas en tant que film pris au 1er degré), c'est que la nanardise ne décolle vraiment qu'après presque 3/4 d'heure, une fois que le robot tueur apparaît. A partir de là on s'amuse bien, mais avant cette apparition providentielle il faut reconnaître qu'on s'ennuie plus qu'autre chose. Le film a apparemment reçu pas moins de trois prix de meilleur film fantastique, preuve que l'année 1990 a dû être vraiment pauvre pour le genre (ou que j'ai un goût de chiottes, ce qui est possible aussi).
Ne riez pas, la batte de baseball se révèlera d’une efficacité insoupçonnable contre le robot que les coups de fusil à pompe ne chatouillent même pas.
"Aaaaahhh ! Un fantôme !
- Mais non, c'est E.T. !
- Vous n'y êtes pas du tout les gars, c'est un robot tueur que rien ne peut arrêter !"
Contre-chronique de Natasha Cristerfield :
Qu'on me permette de dire que je ne suis pas du tout, mais alors pas du tout d'accord avec cette chronique. Ce film est une série B très honnête, qui bénéficie d'une excellente musique et de bons acteurs. Le scénario a de plus l'avantage d'être original et la fin est tout bonnement extra ! Le travail de Richard Stanley sur la mise en scène et la lumière est très poussé, et on ne peut pas le traiter comme quantité négligeable. Le film a surmonté ses problèmes de budget pour devenir une oeuvre vraiment ambitieuse. Une série B, oui, mais aussi un bon film d'atmosphère et une vraie parabole futuriste !
Même si je peux comprendre qu'on n'apprécie pas ce film, ça relève de la mauvaise foi que de le traiter de nanar, ou même de navet. « Hardware » est selon moi un film très original, qui ne mérite absolument pas de figurer sur Nanarland. Qualifier ainsi un film comme « Hardware », c'est une vraie insulte au cinéma !
Cote de rareté - 3/ Rare
Barème de notationEn France, il ne semble pour l'instant n'exister que la version DVD honteuse des gredins multirécidivistes de chez "Prism", qui proposent le film dans une version toute pourrie rippée à partir d’une VHS, sous une jaquette volante sans aucun rapport avec le film (le visuel est celui de « Cy-Warrior » de Giannetto De Rossi, avec Frank Zagarino, dont le visuel est lui-même en partie pompé sur celui de l’affiche de « Atomic Cyborg »…).
Sinon pour la France c’est régime VHS, avec l’édition de "New Tone" reprenant l'esthétique de la jaquette originale. Attention de ne pas vous faire filouter par "Global Video" (Et oui, encore "Initial") qui retitrent Hardware le slasher médical de série Terminal Choice avec, entre autre, David McCallum et Ellen Barkin. Un film beaucoup recyclé en vidéo par ailleurs, mais c'est une autre histoire...