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American Warrior

(1ère publication de cette chronique : 2004)
American Warrior

Titre original :American Ninja

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Sam Firstenberg

Producteur(s) :Menahem Golan

Année : 1985

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h35

Genre : In Cannon we trust...

Acteurs principaux :Michael Dudikoff, Richard Norton, Nick Nicholson, Jim Gaines, Steve James, Henry Strzalkowski, Eric Hahn, Judie Aronson, Guich Koock, Tadashi Yamashita

Kobal
NOTE
3.5/ 5


Les films de ninja ne se limitent évidemment pas aux Godfreyries Harrisoniennes, certes très drôles, mais peu flatteuses pour l'art du Ninjutsu. Non, certains ont préféré aborder ce sujet de manière plus sérieuse, plus éducative, mais sans renier le côté ludique que se doit de posséder tout bon film de divertissement. Sam Firstenberg est de ceux-là.

De son vrai prénom Shmulik, Samuel Firstenberg a quitté la Pologne très jeune pour venir commettre ses méfaits cinématographiques aux USA. Au tout début des années 80, la Cannon met en boîte L'Implacable ninja, LE film qui allait lancer la mode du ninja. Encouragée par les recettes du film, la Cannon
décide naturellement de surfer sur ce qui allait bientôt devenir une véritable vague, et confie à son poulain Sam Firstenberg la réalisation de deux nouveaux titres sortis en 1983 : "Ninja II" alias "La Revanche du Ninja", suivi dans la foulée de "Ninja III the Domination", deux très bons nanars avec l'ineffable Shô "je fais jouer mes enfants dans mes films" Kosugi en vedette.

Seulement voilà, difficile pour les jeunes Américains blancs friands d'action et d'hommes en noir de s'identifier à un héros ninja niakoué. Trop bridé ! Sam se pose deux secondes, réfléchit un moment et se dit : "et si le héros ninja était américain ?". Bingo ! En plus, le patriotisme, ça marche bien au niveau marketing. La Cannon, toujours prête à financer n'importe quoi, donne son feu vert et, histoire de bien enfoncer le clou, on décide logiquement de nommer le film "American Ninja" ("American Warrior" en français).

Il s'agit alors de trouver des acteurs acceptant de se compromettre dans cette production. Pour jouer le ninja américain, il fallait quelqu'un qui ait du charisme, qui sache faire passer ses émotions à travers un regard, capable d'interpréter toute la dualité du ninja occidental, ce choc entre deux cultures extrêmes, le tout avec des qualités physiques dignes d'un véritable athlète. Choix difficile car à l'époque, les Stallone et consorts font la fine bouche. Voyant le désarroi de Sammy, Menahem Golan lui souffle un ou deux conseils :
-"Tu sais, quand j'ai réalisé "L'Implacable Ninja", j'ai repéré un figurant qui portait très bien la cagoule, je vais te le présenter ; en plus, vous allez bien vous entendre parce qu'il est Russe comme toi"
- "Mais moi je suis Polonais"
- "Oui, oui, bien sûr, tout ça c'est pareil, c'est bonnet rouge et rouge bonnet".

Et c'est ainsi que Michael Joseph Stephen Dudikoff pu enfiler sa tenue noire une nouvelle fois, mais rêve américain oblige, pour tenir le premier rôle ce coup-ci.

Le Film

Le pitch est simple : Joe Armstrong (Joe Bras-Fort, incarné par le monolithique et dyslexique Michael Dudikoff) est un militaire au passé mystérieux, amnésique de son enfance. En poste aux Philippines, il va être confronté à une organisation internationale de vendeurs d'armes équipée d'une escouade de ninjas, et qui se fournit auprès de l'armée. Il devra accomplir sa quête de purge militaire accompagné de son fidèle Curtis Jackson (Steve James dans ses débuts de second couteau).


Grand jeu : ami lecteur, sauras-tu retrouver Michael Dudikoff sur cette photo ? (Réponse à la fin)

Film d'action typique des productions Cannon, "American Warrior" nous permet d'apprécier une autre forme de 2 en 1. On y mélange allègrement un style classique d'action, opposant militaires yankees et rebelles basanés dans les jungles des Philippines, avec un style plus moderne de films de ninjutsu. Soutenu par une réalisation à l'avenant, le film développe une approche informative du ninjutsu en employant à travers tout le film une quantité incroyable d'armes ninjas différentes, au point que ça en devient ridicule, chaque sous-fifre ninja ayant sa spécialité (évidemment insuffisante face aux simples poings de notre vénérable héros).

On est jeté dans le bain dès le début du film par l'attaque d'un convoi militaire par de vils rebelles, le tout rapidement saupoudré de crème de ninja passant à l'action dans un déluge de shurikens, katana, et autres chaînes assassines. Les ninjas sont en noir (ça tape), le chef ninja a le nez qui dépasse de sa cagoule (ça tape pas) ainsi qu'une petite étoile noire dessinée sur la joue. C'est normal, c'est Black Star Ninja !!

 

Cette intervention permet à notre héros de s'illustrer en bottant un ou deux derrières et de poser ainsi les deux camps : les méchants ninjas, et le gentil Michael. Et que l'on ne s'inquiète pas, on voulait un film d'action, et bien le client va être servi. Du début à la fin, les séquences baston s'enchaînent régulièrement, entrecoupées de quelques grumeaux de scénar, et ce jusqu'au final apocalyptico-orgasmique.


Michael prouve au Méchant Ninja qu'il est plus fort qu'une flèche.

Michael Dudikoff nous offre autant d'expressions qu'un bloc de béton, avec à son actif deux visages différents : le visage de base (95% du temps) et le visage souriant (5%). Pour renforcer cette large palette d'acting, il bénéficie d'autant de dialogues qu'un autiste sous hypnotiques (il ne parle pas avant 15 minutes de film, puis il faut attendre à nouveau 10 minutes avant qu'il n'ouvre une seconde fois la bouche). De toutes façons, pas besoin de parler pour se faire des copains de régiment, il lui suffit d'en bastonner un ou deux pour montrer qu'en fait, il est sympa et qu'au fond de lui, il a un coeur gros comme ça.


Avec un seau sur la tête, c'est encore plus humiliant.

Michael sait nous ravir en esquivant des balles à bout portant ou en arrêtant des flèches à la main ou à la pelle. Il détourne des camions à coup de crochet, fait des cascades en moto rouge, s'accroche à des hélicos, joue les Yamakasis mais conserve toujours un brushing aussi fixe que son visage, bref, c'est lui le Héros.


Le Héros a enfilé sa tenue de travail.

Heureusement, pour ne pas que l'on s'ennuie trop en pensant regarder un documentaire sur la vie d'un paralytique facial muet, Sam Firstenberg accole à Michael des partenaires de jeu à l'opposé de son style. Tout d'abord l'héroïne, fille de général, hystérique et inconsciente qui passe son temps à brailler et à se plaindre de tout (comme par exemple de l'état de ses chaussures et de ses cheveux alors qu'elle est poursuivie par une horde sauvage de ninjas). Son rôle est digne des pires filles à papa pourries gâtées, mais elle est là pour montrer que Michael est un être humain et qu'aussi mystérieux qu'il soit, il a des sentiments (ou tout du moins des pulsions). De plus, il est toujours bon pour le scénariste de faire enlever la copine du héros pour le motiver un peu dans sa tâche.

Ouvrez l'oeil et le bon !

"American ninja" ayant été tourné aux Philippines au milieu des années 80, on y retrouve quelques-unes des figures qui nous sont chères :


L'inqualifiable trogne de Nick Nicholson, ici dans un petit rôle d'officier grincheux.

  
Jim Gaines, dans un petit rôle également.

 
Eric Hahn, une petite réplique et puis s'en va.

 
Steve Rogers (à gauche) et Willy Williams (à droite), autres figures familières des films tournés aux Philippines.


Henry Strzalkowski dans son rôle favori : celui du moustachu de second plan. Il était surtout assistant de casting pour Ken Metcalfe, et n'a participé qu'à deux scènes comme figurant d'appoint.

 
Richard Norton, qui n'apparaît que le temps de se faire zigouiller. Son vrai boulot sur le film consistait en fait à être la doublure et le coach de Michael Dudikoff pour tous les combats.


Puis, ce sera au tour de l'excellent Steve James de prendre le relais et de parader en blaguant et en prenant sa tronche de black sympa. D'abord hostile (c'est lui le héros du régiment), il devient bien vite l'inséparable ami de Michael, prêt à tout pour cet inconnu (ah, une bonne raclée humiliante devant tout la compagnie, ça remet les idées en place). Il joue ainsi une sorte de porte-parole de Michael Dudikoff en s'exprimant pour lui au cours des phases d'enquête du film. Et s'il n'est pas lui-même ninja, il en connaît quand même un rayon sur le sujet et ne sort jamais sans sa sulfateuse. Y'a pas à dire, je trouve que la présence de Steve James au casting est un gage de qualité tant il égaie les films avec ses grimaces et ses petites phrases qui font mouche.


Steve James mitraille à tour de bras.



Copains comme cochons...

Shinyuki est interprété par John Fujioka, un habitué du genre (et qui pour la petite histoire avait déjà rencontré Black Star Ninja aka Tadashi Yamashita dans The Octagon, plus connu chez nous sous le titre "La Fureur du Juste", avec Chuck Norris). Il incarne ici le maître mutique de Michael (on comprend maintenant pourquoi celui-ci parle aussi peu), reconverti dans l'art floral ikebana chez le méchant depuis la disparition dans la jungle de son élève (faut bien vivre). Il n'est là que pour rappeler à Michael en 1 minute chrono qu'il a été élevé à la ninja (technique flashback, très rapide pour booster un perso), puis meurt histoire d'énerver le héros. A noter une référence au Maître Godfrey avec une séquence massacre de pastèques.


Shinyuki le jardinier en profite pour écouter l'air de rien les plans du méchant.


Quel meilleur entraînement que de mettre à mort quelques pastèques ?


Le méchant vendeur d'armes est quant à lui bien méchant, même s'il est Français et qu'il boit du champagne (allons enfants de la patrie, le jour de gloire...). A noter que dans la VF, le doubleur a cru bon de prendre un semblant d'accent russe, suffisament instable pour se permettre quelques envolées sino-british à l'occasion.


Le méchant Ortéga prend son petit-déj' au soleil.


Les nombreuses scènes d'action sont l'occasion pour des dizaines de figurants perdus dans la masse (rebelles, ninjas, militaires) de gesticuler ridiculement dans le fond dans l'espoir de nous faire croire soit qu'ils meurent dans une explosion (style je danse et tombe en amortissant tranquillement ma chute), soit qu'ils tirent à la mitraillette (style j'agite frénétiquement mon arme dans tous les sens) pensant sans doute qu'on ne s'en rendrait pas compte (c'est mal considérer l'oeil du nanardeur averti). Et je peux vous garantir que c'est fourni, chaque bataille comportant son lot d'andouilles d'arrière-plan apportant incontestablement un souffle nanar tout au long du film. Spéciale dédicace au cascadeur qui, touché par une rafale de balles de l'ami Steve James, enjambe la barrière du balcon dans la direction de la caméra pour tomber sans se faire mal 60 cm plus bas dans les fourrés.


Max Thayer a gentiment prêté son "Laser Force" pour le final.


Le meilleur reste tout de même la bataille finale, qui nous offre un rassemblement pêle-mêle de toutes les forces présentes dans le film, à savoir des affrontements de ninjas gentils VS des ninjas méchants, de militaires VS des rebelles, d'un duel hilarant Michael Dudikoff VS Black Star ninja (obligés pour l'occasion de refaire tout le parcours du combattant ninja), le tout mixé en un foutoir pas possible digne d'un Turkish Star Wars light.




Un véritable Predator ce Black Star Ninja !


Le film accumule les clichés du genre, Sam Firstenberg ne pouvant s'empêcher d'appliquer les recettes qui marchent. Le Japon est à la mode ? Alors va z’y que je te refourgue un max de trucs nippons en mélangeant allégrement un peu de tout (Black Star Ninja aurait suivi la voie des ténèbres en trahissant le code du Bushido ; rappelons qu'historiquement, les ninjas sont des assassins qui travaillent pour qui peut les employer, et que le Bushido est la voie du Samourai, guerrier noble).


Une prise ninja qui déforme horriblement le visage de l'héroïne.


Sammy se fait aussi plaisir en filmant des camps d'entraînement ninjas multicolores où le méchant maître ninja ne peut s'empêcher de tuer ses propres hommes lors des démos, histoire de prouver son utilité à son employeur (pourquoi tant de haine ?). Les ninjas peuvent s'y entraîner à sauter au trampoline tout en étudiant le poster géant d'un squelette humain.


Toi aussi, rejoins le centre aéré pour ninjas ! (dès 4 ans)

On s’y entraîne au rythme des tambours…

C’est comme les cours d’EPS mais en mieux !


Et 1 et 2 ! Et 1 et 2 ! Allez du nerf les filles, on va les perdre ces kilos en trop !


Jeux au grand air pour ninjas.


Qui qu’a piqué les balançoires, les gars ?

On ne s'ennuie pas un instant, les acteurs sont tous bien sympathiques (avec une mention spéciale à Steve James), pour notre plus grand plaisir les ninjas surgissent très régulièrement avec leur cortège de camps d'entraînement et d'armes en tout genre, les incohérences sont nombreuses, la musique est dans la veine des productions Cannon habituelles (vive les synthés 80's !), et on conserve ainsi la banane aux lèvres pendant 1h30. Au final, le premier "American Warrior" est un bon nanar, initiateur d'une saga incontournable pour qui aime les ninjas.


Et pour Noël, n'oubliez pas d'offrir la figurine Joe Armstrong à votre neveu détesté :

 

Réponse au jeu :

Il était là, enfin ! On sent l'éducation ninja...

- Kobal -
Moyenne : 2.72 / 5
Kobal
NOTE
3.5/ 5
Peter Wonkley
NOTE
3/ 5
MrKlaus
NOTE
2.5/ 5
John Nada
NOTE
3/ 5
Nikita
NOTE
3/ 5
Wallflowers
NOTE
2.5/ 5
Rico
NOTE
2.5/ 5
Jack Tillman
NOTE
1.75/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation

Bon là c’est complexe : le film est sorti en DVD en zone 1 anglais avec des sous-titres français et espagnols, et en zone 2 britannique avec VO anglaise et allemande et plein de sous-titres scandinaves mais rien en français. C'est encore plus désespérant pour le Bluray, vendu seul ou avec ses 3 autres petits frères, et qui n'a même pas de sous-titres.

Doit-on désespérer ? Non car avec le renouveau du DVD à bas prix, "American Warrior" en VF est sorti chez "Intégral" chez tous vos soldeurs ! On trouve également un DVD édité par ces escrocs patentés de chez Prism, vraisemblablement un transfert de VHS fait à la va-vite dans une cave : l'image (recadrée au 4/3) et le son sont exécrables, enlaidissant le film au point de le faire passer pour plus pauvre qu'il n'est. Même à 1€ (le prix d'un DVD de Prism en hypermarché), ça ne vaut pas le coup.