Recherche...

Apocalypse Warriors (Equalizer 2000)

(1ère publication de cette chronique : 2002)
Apocalypse Warriors (Equalizer 2000)

Titre original :Equalizer 2000

Titre(s) alternatif(s) :Les Exterminateurs de l'An 2000

Réalisateur(s) :Cirio H. Santiago

Année : 1986

Nationalité : Philippines

Durée : 1h17

Genre : Moi aussi, je peux le faire !

Acteurs principaux :Richard Norton, Nick Nicholson, Don Gordon Bell, Robert Patrick, William Steis, Fred Bailey, Henry Strzalkowski, Eric Hahn

LeRôdeur
NOTE
0.5/ 5


Moi aussi, je peux le faire !
C'est ce qu'a dû s'écrier le réalisateur/producteur philippin Cirio H. Santiago, alors que son magnétoscope deux têtes rembobinait péniblement la K7 des Nouveaux Barbares. A peine le temps de remettre la K7 à sa place sur l'étagère (entre Virus Cannibale et l'intégrale de Paul Préboist), et voilà notre homme qui s'en va vendre sa mobylette au dépôt-vente de Bayombong, afin de constituer ce que nous appellerons pudiquement "le budget du film".
En rentrant chez lui, il réfléchit :
- J'ai pu d'mobylette donc j'ai pu besoin d'mon casque !
Notre avisé producteur décide donc de repeindre son casque en kaki et de le décorer avec un clou :
- Et hop ! Ni vu ni connu, j't'embrouille. Un beau casque à pointe de Maître-du-Monde-Post-Apocalyptique !
Un coup de bigo à deux-trois copains (''Allô, c'est Cirio H., rendez-vous demain, 14h, et surtout n'oubliez pas votre cagoule''), et voilà l'équipe du film réunie.
Le lendemain, nos lascars, gonflés à blocs, investissent une carrière, fin prêts à tourner le blockbuster du siècle. C'est alors que Frederick Bailey (dit Frédo, dit Le Cerveau) intervient :
- Eh ! les mecs, quelqu'un a pensé à écrire un scénario ?
- Bah... euh...
- Ok, je m'en charge...


Une affiche allemande de toute beauté...


Frédo s'assoit à l'ombre d'un cabanon de chantier. Un silence pesant s'abat sur la carrière. Frédo sort son stylo. Frédo se concentre. Regardons-le se concentrer. Voyons comme il est beau. Ses mains sont moites. L'heure est grave. On entendrait un félin voler. Puis, soudain, c'est le flash. Frédo est touché par la muse de la création. Agité de spasmes, il noircit sa feuille comme un damné sous les encouragements du public ('' Va-zy Frédo ! Va-zy Frédo ! Vaaa-zyyyyyy ! ''). Frédo s'arrête, il relève la tête. Il tend sa feuille à Cirio H. et murmure dans un souffle :
- Ayé !
Cirio H. lit le script, les yeux au bord des orbites :

Nous sommes dans le nord de l'Alaska, 100 ans après la fin de l'holocauste nucléaire. Les déchets radioactifs ont été desséchés par un soleil brûlant et implacable. Ce qui avait été autrefois une terre couverte de neige et de glace n'était plus aujourd'hui qu'un désert aride. Les collines du nord étaient sous le contrôle des Maîtres Suprêmes. Le pétrole de la région était la base de leur puissance. Mais un vent de révolte commençait à souffler. FIN.

- Frédo, t'es un génie ! (puis, s'adressant à l'assemblée). Tout le monde a sa cagoule et sa mitraillette en plastoc ? Bon, à partir de maintenant, le plan, il est simple : tout se monde se fout sur la gueule, et moi, je filme. Ça doit durer une heure 17. Toi, le barbu, tu feras le héros, et toi, la fille, tu feras la fille. Tout le monde a compris ?. Moteur ! (clap !) Action !...


L'Alaska, 100 ans après la Bombe.

Bon, alors, donc. Dans le désert brûlant et implacable de l'Alaska, les rebelles décident de mettre une raclée aux méchants et inversement. Les rebelles et les méchants sont reconnaissables à ce qu'ils sont habillés n'importe comment et à peu près tous pareils : en treillis, en cow-boys, en officiers sudistes ou en footballeurs américains, avec un chapeau ou un casque à pointe ou un béret ou une casquette SS et avec de seyantes cagoules pour ne pas qu'on s'aperçoive que c'est la même demi-douzaine de figurants qui tient tous les rôles. Autant dire que c'est peu clair, d'autant que c'est filmé de loin et étalonné en vidéo grâce à un procédé spécial de Crado-duplication.


Des lunettes de ski, des épaulettes de football américain, des casques de mobylette à pointes, des masques de hockey, des cagoules, des clous, des tuyaux de tout-à-l'égout et encore des cagoules...



Pot d'échappement soudé sur la portière, cache de ventilateur arrimé sur le pare-brise... The post-apocalyptic touch !


Les héros sont un mercenaire barbu et sa copine, qui, soit dit en passant, est le sosie exact de la chanteuse Fiona (dont plus personne ne se souvient aujourd'hui, mais qui à l'époque était complètement inconnue aussi). Notre héros est un as de la soudure qui a fabriqué une Arme Absolue avec de vieux pots d'échappements : une espèce de fusil-mitrailleur-bazooka très moche qu'on nous montre pourtant sous tous les angles, histoire de gagner du métrage et de laisser se reposer les figurants.


Le héros (le karatéka Richard Norton) et son fusil moche. La nuit, il devient le sosie de Luc Besson.



L'héroïne (Corrine Wahl), une ancienne cover girl qui était, à l'époque, l'épouse de l'acteur à mulette Ken Wahl.


Le héros avec son fusil a droit à sa scène de bravoure où il fait exploser un pont en pierre dont les gravats rebondissent au sol de façon suspecte, un peu comme s'ils étaient en carton. Quant à l'héroïne, elle ne sert pas à grand chose non plus, le réalisateur ayant tout simplement oublié de tourner le traditionnel plan-nichon (si c'est pas un pur scandale, ça !).


Deux plans truqués avec un pont en mousse pas raccord selon la prise de vue.


Force est de reconnaître que le cinéaste manque également à son devoir en ne nous proposant ni décapitation de mannequin ni chutes de bonshommes en mousse du haut d'une falaise (il semble que ce soit surtout une spécialité italienne). En revanche, tous les autres codes du nanar apocalyptique de carrière sont bien présents : raccords hasardeux, végétation verdoyante ayant survécu à l'apocalypse, batailles au lance-flammes avec ses torches humaines bien craignos, carrosseries de voitures traficotées, voiture sans conducteur qui prend les virages toute seule etc., le réalisateur allant même jusqu'à innover en intégrant au décor les engins de chantier et les tapis roulants qui, en dehors des tournages de nanar, servent habituellement d'outils de travail aux ouvriers des carrières pseudo-désaffectées.


Un combat miteux se déroule derrière une touffe, sous le regard impavide des grues de chantier.


L'action a lieu en Alaska et, c'est bien connu, en Alaska vivent des Indiens qu'on appelle... euh, les Alaskiens (?). Une bien étrange tribu, vêtue de blue-jeans et de vestes en daim, affublée de colliers de nouilles ou de bois de cerfs, parfois même de cordes d'alpinisme, avec un totem et tout le bazar, armée d'arcs et de flèches, ça va de soi, mais aussi d'arbalètes, de gourdins ou de n'importe quoi d'autre du moment que ça peut se lancer à la gueule de l'ennemi (ce qui nous vaut des plans de harpons de bon aloi) tout en criant "you-you !" comme les Apaches dans les films à Gregory Peck. C'est grâce aux Indiens qui massacrent tous les méchants que l'Alaska redeviendra un pays calme, notre héros finissant par éclater son Arme Absolue contre un caillou en plâtre en signe de paix.


Exclusif : en l'an 2000, les gardiens du monde libre seront des Alaskiens moustachus défoncés au chanvre.


Voilà. Apocalypse Warriors est un infra-nanar tellement intense que je ne le conseille à personne sauf éventuellement aux érudits du post-nuke italien qui voudraient découvrir que oui, décidément, on peut toujours faire pire mais que ce n'est pas forcément meilleur pour autant. (enfin, j'me comprends !)

Les guest-stars du film :

Don Gordon (à gauche), un transfuge des productions Kinavesa.



Face à Don Gordon, le troisième couteau Eric Hahn, dans une panouille de trois secondes.



Le jeune Robert Patrick, qui tourna beaucoup pour Cirio Santiago avant de connaître la gloire avec Terminator 2 puis X-files.



Nick Nicholson, un familier des tournages de Cirio H. Santiago et des productions Kinavesa, ici encagoulé le temps d'une scène fugitive, mais reconnaissable à son tatouage et à sa démarche bizarre.





Henry Strzalkowski, un fidèle de Cirio H. Santiago.



L'invité-surprise : une mouche qui vient batifoler sur l'objectif pendant une scène cruciale. On notera au passage que certains coins de verdure ont bien résisté à l'apocalypse nucléaire.


Le soir venu, Cirio H. et Frédéric développent le film à la cave et visionnent les rushes dans le salon. Soudain Frédo se dresse sur son pouf :
- Eh, oh ! Il faudrait une affiche pour notre film !
Cirio H. réfléchit. C'est qu'une affiche ça coûte des sous. Machinalement, il regarde sa chère collection de VHS, comme il le fait chaque fois qu'il cherche une idée pour un film : Robowar, Decapitron, L'Homme Puma, White Fire, Yor le Chasseur du Futur, Le Gladiateur du Futur...Tiens, tiens, Le Gladiateur du Futur...


Fort de cette réussite considérable, 6 ans plus tard, Cirio H. Santiago décidera de donner une sorte de suite / remake à Apocalypse Warriors, avec le même acteur principal, Richard Norton. Le film s'appellera Apocalypse Warriors (ben oui, c'est un si bon titre !) a.k.a. Raiders of the Sun, chroniqué ici même par John Nada.

Note : 0.5 sur 5 (pasque faut pas pousser quand même !)


- LeRôdeur -

Entretiens

Moyenne : 2.08 / 5
LeRôdeur
NOTE
0.5/ 5
Nikita
NOTE
2/ 5
MrKlaus
NOTE
1.5/ 5
Rico
NOTE
3/ 5
Hermanniwy
NOTE
4/ 5
Jack Tillman
NOTE
1.5/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation
On ne saura jamais assez vous conseiller d’être vigilant sur le risque des jaquettes volantes. Comme Le Rôdeur l'a souligné, les deux éditions VHS connues (sorties successivement chez deux filiales d’"Initial" : "Propulsion Home Vidéo" et "Métropole Vidéo") pillent sans vergogne le visuel du film Le Gladiateur du Futur. Heureusement le vrai titre est écrit en gros à chaque fois. Même les plus étourdis n’ont plus d’excuses. Seule la version estampillée "Initial" préfère miser sur le visuel d'origine. Un reste de pudeur ?
En anglais, un DVD zone 1 assez basique existe dans la "Roger Corman's Post Nuke Collection" de chez "Scorpion Releasing".