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Gor

(1ère publication de cette chronique : 2006)
Gor

Titre original : Gor

Titre(s) alternatif(s) :John Norman's Gor

Réalisateur(s) :Fritz Kiersch

Producteur(s) :Menahem Golan

Année : 1988

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h34

Genre : Barbare au rhum

Acteurs principaux :Jack Palance, Rebecca Ferratti, Paul L. Smith, Urbano Barberini, Oliver Reed, Larry Taylor, Donna Denton, Arnold Vosloo, Nigel Chipps

Nikita
NOTE
2/ 5


Et maintenant, pour nous détendre, un peu d’heroic-fantasy à deux balles. Connaissez-vous la série de romans « Gor », par John Norman (Les Prêtres-rois de Gor, Les Nomades de Gor, Les Pirates de Gor… des dizaines de romans au total) ? Entamée en 1966 par un respectable universitaire américain, cette vingt-sixologie narre les aventures de Tarl Cabot, universitaire américain (tiens) des plus ordinaires, qui se trouve projeté par la grâce d’une bague magique sur la planète Gor, dont il deviendra le héros en vivant des aventures épiques pleines d’affrontements avec diverses créatures, de duels à l’épée et de copulations à testicouilles rabattues.


Hé oui, car la série des Gor, ce n’est pas qu’un vil plagiat du cycle du « Guerrier de Mars » d’Edgar Rice Burroughs : c’est un plagiat avec du cul et de l’idéologie. John Norman souhaitait en effet s’opposer à l’idéologie féministe en vogue aux Etats-Unis et prôner le machisme le plus décomplexé, en nous expliquant que, suivant la loi naturelle, les femmes ont pour principal objet d’être soumises à des barbares débordants de testostérone.

Rebecca Ferratti, (presque) future esclave. On la reverra dans SWAT et Power Elite par Ciné Excel dans les années 2000.


Cet aspect politiquement couillu de la saga Gor est malheureusement absent de l’adaptation cinématographique produite dans les années 1980 par la Cannon. C’est fort dommage, car nos deux compères Menahem Golan et Yoram Globus n’avaient pas fait les choses à moitié. L’ajout d’une dimension aussi fortement sexuée à un univers déjà plombé par la plus remarquable ringardise n’aurait pu que nous propulser au nirvana humide du nanar de nos rêves. Malheureusement, les deux Israéliens ventripotents ont voulu la jouer « film familial » et le premier « Gor » n’est que kitsch là où il aurait pu être grandiose. On se consolera en constatant qu’il y en a déjà pas mal sous la sandale.


Au début du film, Tarl Cabot n’est qu’un jeune universitaire lunettu et légèrement empoté, persuadé de l’existence de mondes parallèles. Non content d’être la risée des étudiants, voilà que sa copine le laisse ignominieusement tomber la veille de leur départ en vacances, pour s’en aller au bras d’un gros macho bourré à la bière (et incarné par Arnold Vosloo, future « Momie » de Stephen Sommers, mais cela n’a rien à voir). Ajoutons au passage que, pour une raison mystérieuse, tenant sans doute à l’implantation de Cannon au pays de Dante et de la Cicciolina, Tarl Cabot est interprété par l’acteur italien Urbano Barberini, vu dans « Démons » de Lamberto Bava. Fort déprimé par son échec amoureux, notre héros s’en va tout seul vers des vacances empreintes de solitude et de pignole quand une mystérieuse bague, héritée de son père, se met soudain à palpiter. Ni une ni deux, voilà Tarl Cabot propulsé à l’autre bout de l’univers, sur la planète Gor, où règnent encore les âges barbares et la loi de l’épée.


Arnold Vosloo.


Tarl va évidemment jouer de malchance et tomber au beau milieu d’un conflit, les peuples pacifiques étant en butte à la persécution de l’infâme tyran Sarm, dont la principale activité consiste à rigoler comme un gros lourd, assis sur son cheval, tandis que ses hommes tuent, pillent et violent. Sarm est interprété par un Oliver Reed au fond du trou qui cabotine gentiment en buvant jusqu’à la lie son calice de « has-been de service ».

Oliver Reed.

Le sbire rapporte une framboise géante.


Voilà en outre que les hommes de Sarm ont dérobé à la tribu des gentils une pierre sacrée ressemblant étrangement à une sculpture en malabar mâché. Sans même le faire exprès, Tarl sauve la princesse Talena, fille du bon roi Marlenus, et tue d’une pichenette le fils de Sarm. Nous apprenons au passage qu’un homme n’ayant jamais combattu de sa vie est capable de tuer un guerrier aguerri en le faisant tomber de son cheval d’un gentil coup d’épaule même pas agressif. Tarl Cabot est décidément super fort.




Un magnifique défilé de casques tous moins fonctionnels les uns que les autres.


Se retrouvant obligé de fuir la vengeance de Sarm tout en protégeant Talena, Tarl Cabot va bien entendu devenir un warrior aguerri et, aidé d’un sidekick nain ramassé au passage, mettre une pâtée monstrueuse à cette raclure de Sarm, et à tous les méchants qu’il rencontrera sur cette planète malfamée.


« Bonjour, c’est moi le quota sidekick comique du film ! »


Paul L. Smith (alias le maton dans « Midnight Express » et Brutus dans « Popeye ») en méchant des cavernes.


Sans révolutionner l’héroic-fantasy ni la science-fiction, et tout en restant pour des raisons de budget très inférieur au délire potentiel de la série, « Gor » constitue un spectacle des plus agréables, enchaînant des combats ridiculement mal chorégraphiés, une tonne de clichés tous plus goûtus les uns que les autres et des péripéties même pas dignes de « Ator », le tout dans un univers du plus beau carton-pâte. Pour ne rien gâcher, et sans doute pour consoler les fans tristes du manque de sexe, on nous offre un indigent combat de catch lesbien dans une grotte. 

Quand on vous disait que les livres de base étaient machistes.


On pourra cependant reprocher au film d’être un peu radin et de lésiner sur le spectaculaire de certaines situations. On reste quand même en-deçà du n’importe quoi potentiel, et le film demeure un petit peu sage. Ce n’est que partie remise, car l’apparition finale de Jack Palance en grand prêtre puant la fourberie à cent mètres, nous annonce déjà le prochain film : ce sera "Les Bannis de Gor", déjà beaucoup plus costaud sur l’échelle du nanar, et dont la vision est proprement indispensable à qui aurait apprécié le premier !

Jack Palance vous salue bien et vous donne rendez-vous ici.

- Nikita -
Moyenne : 2.08 / 5
Nikita
NOTE
2/ 5
Kobal
NOTE
2.5/ 5
Rico
NOTE
1.5/ 5
John Nada
NOTE
2.25/ 5
Jack Tillman
NOTE
2.25/ 5
Wallflowers
NOTE
2/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation

Un film qui avait longtemps été oublié par les éditeurs DVD, au désespoir de tous les fans d’heroic-fantasy nulle. Un double DVD hongrois chez "Szaturn Films" existait bien avec sa suite "Les bannis de Gor" mais ne contenait que la version hongroise justement, puis un double DVD allemand chez "Super Films".

Heureusement un combo blu-ray/DVD allemand est apparu en 2020 chez "White Pearl Classic/Daredo", avec les versions allemande et anglaise pour notre film, et un chouette packaging réversible. Bizarrement, si le premier Gor a droit à un blu ray avec la version anglaise, Les bannis de Gor n'a lui droit qu'à un DVD avec juste la version allemande. En plus l'image du blu-ray n'est pas bien terrible, du niveau d'un DVD upscalé.

Coup d'épée dans l'eau donc, on se consolera chez nous pour l’instant avec les vieilles VHS de chez "Warner", "Cannon" ou "Stella Vidéo".