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Space Mutiny

(1ère publication de cette chronique : 2002)
Space Mutiny

Titre original : Space Mutiny

Titre(s) alternatif(s) :Mutiny in space

Réalisateur(s) :David Winters

Année : 1988

Nationalité : Etats-Unis / Afrique du Sud

Durée : 1h33 (1h48 au Canada)

Genre : Galactica du pauvre

Acteurs principaux :Reb Brown, Cameron Mitchell, John Phillip Law, James Ryan, Cisse Cameron

Rico
NOTE
4/ 5


Quelle accroche... même la syntaxe et la grammaire se sont mutinées !



C'est ce qu'il y a de bien avec les valeurs sûres : lorsque David WintersLa Mission ») rencontre Reb BrownYor le Chasseur du Futur », « Robowar », « Hurlement II »), on sait qu’on a déjà de bonnes chances de tenir un nanar de compétition. Si on y ajoute deux autres vétérans de la série B italienne – en l'occurrence John Phillip Law et Cameron Mitchell, sans compter James Ryan – on peut subodorer du surchoix.


Bonjour, je suis le gentil.



Dans un avenir que l'on espère lointain, l'humanité est partie dans l'espace dans de grands vaisseaux où vivent des milliers de personnes qui attendent de trouver une nouvelle planète. Nous sommes sur l'un d'entre eux, le « Fils du Sud » (« Southern Sun » in English, bravo les traducteurs !), ce qui permet aux gardes de la sécurité du vaisseau d'arborer fièrement un grand S.S. stylisé sur leurs badges (!).


Bonjour, je suis le méchant.


Dans le futur, quand il faudra exporter dans l’espace les meilleures créations de l’humanité, on décidera de commencer par le nazisme.



Le chef de la sécurité, joué par un John Phillip Law tout en sadisme et en petits ricanements sardoniques, décide de prendre le contrôle du vaisseau avec ses troupes pour l'emmener dans une zone pirate et devenir dictateur suprême. Manque de bol, seul contre tous, un valeureux pilote joué par notre blondinet culturiste préféré va se mettre en travers de son chemin et sauver le vaisseau, l'avenir de l'humanité et la fille du commandant...



Voilà pour l'histoire : c'est carré, déjà vu mille fois et le film terminerait dans le vide-ordures s'il ne se la jouait pas « Star Wars » du pauvre. En fait, le problème posé à David Winters c'est de devoir faire un space-opera avec le budget d'une émission de bricolage de France 3 Limousin. Bien d'autres que lui auraient renoncé, mais Winters est un malin et les ruses de sioux auxquelles il a recours pour nous faire croire à une superproduction laissera pantois les plus aguerris.







D'abord, toutes les scènes de combats spatiaux sont des stock-shots de Galactica !!! Le Fils du Sud, c'est le vaisseau Galactica lui même, les méchants pirates, ce sont les vaisseaux Cylons. Et même si on a oublié le design de la série, ça vous revient immédiatement en voyant les images ! Quand les stock-shots de la série sont insuffisants, les combats sont visualisés par l'ordinateur du Galact... pardon, du Fils du Sud, en images informatiques fil de fer minables qui ont du être faites sur Thomson MO5. Ajoutez à cela que l'ordinateur a une voix saturée à la « Nono le petit robot »... Effet nanar assuré !




Galactica + images informatiques programmées en basic : 1980's powa !



Pour l'intérieur, c'est pire : il y a bien une salle de commandement (une pièce blanche avec des ordinateurs pleins de jolis voyants allumés) et un bout de couloir pour faire Star Trek, une salle de repos cadrée serrée, avec beaucoup de plantes vertes en pot pour cacher la misère et un bar-discothèque (parce que dans le futur, le disco va faire un sacré revival avec des danses bien nazes, probablement volées à Buck Rogers).






Dans le futur, la race humaine dansera avec des hoola-hoop de l’espace.


Quel tombeur, ce Reb Brown.



Et puis surtout il y a la salle des machines où se déroulent les trois-quarts de l'action. Là c'est tourné dans une usine désaffectée, avec sol en ciment, murs de brique et des tuyaux partout.


Si on m'avait dit que pour faire du cinéma j'irai pointer à l'usine...



On s'y déplace en voiturette de golf carénée pour faire engin du futur. On aura d'ailleurs droit à une poursuite à 25 km/h des plus savoureuses en guise de duel final entre le bien et le mal.






L'ultime affrontement entre le Bien (Reb Brown) et le Mal (John Philip Law). Deux has been qui jouent aux auto-tamponneuses dans une usine désaffectée.



Toujours pour faire spatial, tout le monde porte des... hum, "uniformes". Imaginez des vestes blanches de marin mal ajustées pour les hommes et des combinaisons lamées avec des épaulettes surdimensionnées et des mini-jupes ou des shorts ras-la-foune pour les filles. Reb, lui, quand il n'est pas dans sa combinaison fluo de pilote, porte élégamment le maillot de corps pour bien montrer ses biscotos...


Reb en version routier de l'espace.


Reb en version éboueur du futur.



Les gardes de la sécurité félons sont eux aussi gratinés : outre le badge "SS" déjà mentionné, ils portent des uniformes noirs très classiques et surtout ont le visage masqué, soit par un masque à gaz (dans un vaisseau spatial ?) soit par un passe-montagne ! Oui vous avez bien lu, un passe montagne style grosse cagoule en laine tricotée par mémé ! Tout ça pour camoufler le fait que les figurants sont en nombre dramatiquement restreint. L'armée du méchant est censée être immense et lors des combats entre loyalistes et rebelles, ce sont en fait toujours les mêmes figurants qui meurent par grappes au milieu des tirs de laser qui font piou piou...


Des costumes qui ne dépareilleraient pas dans un défilé sur Fashion TV.


Piou ! Piou !



Pour faire science-fiction, Winters rajoute une pincée d'extraterrestres : les Ballariennes. En fait des jolies filles prétendument voyantes et télépathes qui passent leur temps à danser dans des voiles vaporeux en caressant des boules de verre parcourues d'électricité statique (15 € chez Soho pour ceux que ça intéresse) tout en lançant des messages sibyllins que de toute façon personne n'écoute. Leur intérêt dans l'action ? Euh... danser à moitié à poil ?


Toi aussi, initie-toi aux joies de l'expression corporelle avec "Space Mutiny" !




Outre le nazisme, il sera décidé dans le futur d’exporter la danse contemporaine, pour en faire profiter le reste de l’univers.



Le reste du casting se met au diapason du désastre : Cameron Mitchell s'est fait la tête du Père Noël et joue le vieux capitaine du Galacti... non non, je veux dire du Fils du Sud. Il débite de grandes réflexions pleines de sagesse (l'amour c'est beau, la violence c'est pas bien, enfin vous voyez le genre) et tente surtout d'empêcher sa fille de folâtrer avec Reb Brown ou de partir à la bagarre. Fille jouée par Cisse Cameron, qui est dans la réalité la propre épouse de Reb Brown. Ce qui permet au passage de comprendre comment elle a eu le rôle parce que dans son cas, ni son physique (pas évident de jouer les bombes sexuelles écervelées de 20 ans quand on en a déjà bien 35), ni son talent de comédienne ne peuvent être considérés comme des atouts pour faire carrière !


Ouais bon, ça ou « Supersonic Man », vous savez...


Cisse Cameron, la plus vieille jeune fille du monde.



Enfin il y a James Ryan, naguère héros karatéka hystérique dans « Combat Final » et « Tue et Tue Encore », qui joue ici un officier félon infiltré parmi les gentils. Infirme, il achève un traître à coups de béquille et se lance avec John Phillip Law dans une compétition à celui qui surjouera le plus dans le genre méchant sadique. Dès que les deux sont ensemble, c'est un festival de regards psychotiques et de mimiques outrancières. Un régal.




Niiiieeeennnn hin hin... Nous sommes les méchants et personne ne peut s'apercevoir qu'on prépare un plan diabolique...






Acteur souvent assez monolithique, voire figé, John Phillip Law tombe ici dans l’excès inverse en cabotinant frénétiquement, comme un vrai méchant de dessin animé.



Bref, un nanar d'une terrifiante ringardise qui, malgré quelques longueurs, vaut bien son 4 sur 5 au nanardomètre...

Ah, au fait, en plus de jouer les figurants comme des savates, la totalité des humains du futur seront blancs... Mais on me glisse à l'oreille que le film a été tourné en Afrique du sud dans les années 1980. Ceci explique peut-être cela...


Bon les figurants, c'est bon vous pouvez faire n'importe quoi, de toute façon personne ne regarde...

 

- Rico -
Moyenne : 4.14 / 5
Rico
NOTE
4/ 5
Nikita
NOTE
4/ 5
MrKlaus
NOTE
3.5/ 5
Kobal
NOTE
3.75/ 5
John Nada
NOTE
3.75/ 5
Barracuda
NOTE
5/ 5
Jack Tillman
NOTE
5/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation

Pas de vraie réédition DVD connue. Bon, comme le film a connu une seconde vie aux Etats-Unis dans des émissions parodiques il existe bien des éditions DVD du film dans un coffret de "Mystery Science Theater 3000", émission de télé typiquement américaine où des personnages en incrustation inondent le film de blagues foireuses, ou chez "RiffTrax" où des comiques se livrent sur scène au même genre d'exercice. Ces derniers l"ont même ressorti dernièrement en blu-ray avec un superbe packaging mais seulement en zone A et sans beaucoup d'indication sur la qualité du master. Pas le meilleur moyen de découvrir "Space Mutiny" avec tous les égards dus à son rang, mais au moins ils proposent en bonus le film seul en VO.

 

Un DVD allemand assez basique existe avec en plus la version originale chez "Pretty Gold Productions (Soulfood)" mais on appréciera surtout sa jaquette jaillie de nulle part !

 



Donc cap sur les VHS. Là il n'existe qu'une seule édition connue, chez "Triangle Video" (une sous-marque d'"Initial Vidéo"), heureusement encore relativement courante, dans les limites du marché de la VHS d’occasion.

Attention cependant, un piège diabolique s'offre au nanardeur trop confiant : on trouve en supermarché pour une somme dérisoire (1 €) un DVD qui se pare du titre et de la jaquette de « Space Mutiny » édité par "Prism Video".



Et là mauvaise surprise ! Une fois dans le lecteur, le spectateur découvre atterré qu'il a été volé sur la marchandise puisqu'à la place il se retrouve avec « Time Guardian », naveton de S.F. particulièrement fauché avec une Carrie Fisher dont la carrière post-Star Wars était complètement aux fraises...



Ce n'est pas la première fois que Prism Video nous fait le coup (on se souviendra d'un « Shark Attack » camouflé sous la jaquette de « La Mort au Large ») mais bon, revoir la pratique de la jaquette volante rejaillir en plein XXIème siècle... ça fait quand même bizarre. De là à penser que derrière "Prism Vidéo" se cachent les mêmes escrocs qui sévissaient au temps de la VHS, il n'y a qu'un pas...


Born to be Wiiild...

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