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Zombie 4 : After Death


Zombie 4 : After Death

Titre original :Oltre La Morte

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Claudio Fragasso

Producteur(s) :Bruno Mattei

Année : 1988

Nationalité : Italie / Philippines

Durée : 1h21

Genre : Les derniers spasmes du cadavre

Acteurs principaux :Nick Nicholson, Jim Gaines, Jim Moss, Chuck Peyton (alias Jeff Stryker), Candice Daly

Rico
NOTE
3/ 5

Avouons-le, ils nous avaient manqué nos chers zombies italiens. C’est donc avec une joie sans mélange que nous retrouvons nos morts-vivants outranciers favoris dans un « Zombie 4 : After Death » gentiment roboratif. Et comme en plus ils ont eu la bonne idée d’aller passer des vacances aux Philippines, on retrouve à la fois tout le plaisir de la roublardise et du mauvais goût transalpin mêlé au sens de l’opportunisme et au savoir-faire cheapos propre à l’archipel.



Rappel des faits là où nous avions laissé nos déterrés : les Italiens ont bien compris que Romero n’avait pas épuisé tout le potentiel du genre dans son célèbre « Zombie ». Ils se sont donc dit que puisqu'ils étaient coproducteurs du film, ils avaient le droit d'en faire des suites à sa place. D'où une kyrielle de productions inégales où surnage un « L'Enfer des zombies » tout à fait fréquentable signé Lucio Fulci. Ce film est tellement bien, se disent les producteurs, qu'il ferait une séquelle honorable au film de Romero. Justement, celui-ci, après « Zombie », n'arrive pas à monter un nouveau volet de sa saga des morts-vivants en Amérique : Georges sera donc sûrement content de savoir que les Italiens le font à sa place. Hop, les producteurs s'empressent d'appeler le film de Fulci « Zombi 2 ». D'accord, ils ont oublié de demander la permission mais ça partait d'un bon sentiment. Vont s'ensuivre de mesquines querelles de copyright : vous savez combien les Américains peuvent parfois être procéduriers. Dans la foulée, le film de Fulci ayant été un grand succès à son échelle, on embarque pour une suite, tournée à la va-vite aux Philippines : « Zombi 3 ». Je vous renvoie à la chronique de ce délire, signée de l'estimé John Nada.




Des zombies, plein de zombies !



Après le désastre artistique de cet opus, qui avait vu un Lucio Fulci malade et écoeuré partir du tournage pour laisser le champ libre aux happenings grotesques de Bruno Mattei épaulé par Claudio Fragasso (oiseaux zombies, tête coupée et volante dans le frigo, Mike Monty teint en blond, nous on adore...), l'idée d'un quatrième volet ne s'avouait pas franchement indispensable, mais bon, il devait rester de la pelloche à finir et dans la foulée Fragasso, financé par l’ami Bruno, embraye sur ce « Zombie 4 » toujours tourné aux Philippines en même temps que « Mission Suicide : Strike commando 2 » (Fragasso raconte qu'il coordonnait la seconde équipe de « Mission Suicide » le jour et réalisait « Zombie 4 » la nuit !).





Il n'y a pas vraiment de continuité avec les précédents numéros (bon, y a des zombies, ça vous va ?), si ce n'est que le budget, qui ne devait pas être très épais sur les précédents opus, a encore fondu d'un cran. Chronologiquement, le film semble avoir été tourné immédiatement après le 3 car, même si aucun acteur n'est en commun sur les deux métrages, on retrouve pas mal de comédiens fétiches de Bruno Mattei mêlés à une poignée d'expatriés américains familiers des tournages de chez Kinavesa. L'aspect particulièrement confus du scénario semble donner l'impression d'un shooting fait à l'arrache, comme s'il fallait profiter au maximum et au plus vite des lieux de tournages. Je soupçonne d'ailleurs que tout le prologue se situant dans le repaire souterrain du sorcier vaudou a été tourné dans son coin en Italie car, outre le fait qu'il est parfaitement incohérent avec la suite, on ne retrouve aucun de ses comédiens dans la seconde partie du film.





Le scénar a ceci de fabuleux qu'il est inexistant. Les scènes s'enchaînent brutalement les unes après les autres sans offrir la moindre continuité. On passe ainsi au détour d'un plan à des personnages sortis de nulle part qui apparaissent juste le temps de se faire buter, ou bien on progresse de 20 ans dans le temps sans en être prévenu, ce qui laisse au spectateur tout le soin de reconstituer le fil narratif de ce qu'il voit. Si au moins on pouvait se dire que c'est une volonté formelle de forcer le public à repenser différemment l'oeuvre sans se laisser enfermer dans un schéma de construction préétabli... Une sorte de pré « Mullholand Drive » avec des zombies ; mais non, ne soyons pas dupes, c'est juste tourné n'importe comment et monté à la va-vite au mépris de tout esprit de cohérence.




Le vaudou pour les nuls.



Bon alors, je me lance pour l’histoire, car il faut avouer que le concept de départ a de quoi surprendre une fois qu’on a fini par comprendre de quoi il en retourne : une équipe de savants s’est installée sur une île des Caraïbes pour trouver un moyen de lutter contre le cancer. Les scientifiques ayant tenté sans succès de soigner la fille d’un sorcier vaudou local, celui-ci, fou de douleur, ouvre une porte sur les enfers, y jette sa femme qui se transforme en un monstre griffu et baveux massacrant tout sur son passage avant de permettre le passage à des hordes de morts-vivants qui vont transformer l’île en antichambre du pandémonium. Pas à dire, on a le chagrin expansif dans les Caraïbes.





Les scientifiques armés comme des commandos de guerre traquent et abattent le sorcier dans son antre souterrain avant d’être pourchassés par les zombies qui les massacrent jusqu’au dernier. Seule en réchappe une petite fille à qui sa mère remet un précieux talisman qui s’avère être « la clef de la porte des enfers ». Comment l’a-t-elle eu ? Je n'en sais rien… et la scénariste non plus d’ailleurs… oh mais je vous en pose moi des questions ? Ah au fait, la scénariste s’appelle Rosella Drudi et est déjà responsable des scripts de plusieurs chefs-d’œuvre de Mattei comme « Robowar » ou « Les Rats de Manhattan ». On ne change pas une équipe qui euh… non, oubliez.




La première fournée de victimes et la seule qui en réchappe.



Bon, si ça paraît à peu près clair, c’est parce que j’ai rematé le début trois fois pour colmater les brèches car le film commence d’entrée de jeu par l’ouverture de la porte des enfers et le démastiquage des scientifiques, puis saute d’époque sans prévenir. Toujours est-il que la fillette se pointe 20 ans plus tard sur l’île avec une copine et un petit groupe de mercenaires. Pourquoi ? Ben on ne sait pas trop, vu qu’elle fait sérieusement la gueule à l’idée de remettre les pieds sur l’île, mais comme elle porte toujours le talisman et que le bateau semble attiré tout droit vers les lieux ça doit sûrement être un genre d’appel maudit irrépressible, ou quelque chose dans le genre. Faut dire que les gars qui l’accompagnent sont des cadors : Jim Gaines (qui tourne en même temps Mission Suicide : Strike commando 2 de Mattei à côté), Nick Nicholson, Jim Moss et le moins connu Don Wilson. Des mercenaires qui, selon leurs dires, ne bossent que pour « the good guys » s’ils peuvent subvenir à leur train de vie. Et de s’ouvrir une Budweiser pour bien montrer la hauteur de leurs tarifs.




Ils sont beaux, ils ont la classe, ce sont des mercenaires en solde !



Pendant ce temps, un petit trio d’explorateurs débarque aussi sur l’île pour, semble-t-il, mettre la main sur les recherches des spécialistes en cancérologie précités. Tout ce qu’ils trouvent, c’est un mystérieux livre des morts qui évidemment déchaîne la fureur des zombies présents sur place.




Zut, j'ai taché ma chemise.



Les deux groupes rapidement décimés par les attaques de morts-vivants vont se rejoindre et s’entraider, surtout qu’il se réfugient dans une sorte de dispensaire où, ô surprise, trône un miraculeux arsenal. Les zombies commencent à encercler la baraque. Vous avez vu « La Nuit des Morts-Vivants » ? Ca tombe bien la scénariste aussi.

Un des grands plaisirs du film, c’est son casting où se mêlent tout un tas de gueules du bis italien et philippin pour notre plus grand bonheur.

Zoom sur le casting (en sachant que les 3/4 ne sont pas crédités au générique)




Nick Nicholson, pilier des productions philippines (retrouvez son interview sur notre site).


Jim Gaines, le Noir de service pour américaniser 95% des productions philippines destinées à l'export.


Candice Daly, une Américaine qui tourna aussi « Cop Game » pour Mattei et fit un western de la série « Winnetou » en Allemagne, avant d'épouser un cascadeur français ayant travaillé sur « Banlieue 13 ». Fut retrouvé morte dans des conditions mystérieuses en 2004. On a évoqué une overdose. Triste.


Jim Moss, ancien US Marine généralement relégué dans la figuration aux Philippines, tient là un de ses rôles les plus importants.


James Sampson, Américain vivant en Italie, spécialiste des rôles de musicien de jazz et vu dans « Robot Jox ».


Geretta Geretta, alias Geretta Giancarlo alias Jenna Ryan. Une fidèle du bis italien (de « 2020 Texas Gladiators » à « Les Rats de Manhattan »). Elle reprend quasiment à l'identique son rôle et son maquillage de possédée dans « Démons » de Lamberto Bava.


Massimo Vanni alias Alex Mc Bride, acteur et cascadeur, un fidèle de MatteiLes Rats de Manhattan », « Robowar », « Double Target », « Zombie 3 », « Strike Commando »... ) mais aussi de Castellari, dont il est le cousin (« Keoma », « Les Guerriers du Bronx », « Les Nouveaux Barbares »...).


Ottaviano Dell'Acqua alias Richard Raymond, acteur et cascadeur lui aussi.


Adrianne Joseph, on sait peu de chose d'elle si ce n'est qu'elle n'a tourné que 3 films et tous des nanars philippins (dont « Double Target » de Mattei). Visiblement la comédie n'est pas son métier.


Un certain Don Wilson, furtivement apparu sur quelques productions italo-philippines dont « Cop game » et chez Cirio H. Santiago.



Mais le clou du film, c’est la participation de Chuck (Charles) Peyton, plus connu dans le milieu du porno gay sous le pseudonyme de Jeff Stryker. Une légende, monté comme un âne et bodybuildé à souhait. OK, il est sans nul doute une référence pour ce genre de production, où la gamme de jeu d’acteur demandée est somme toute assez limitée ; parce que là, le pauvre, en dehors de son physique avantageux largement mis en valeur par des chemises à peine boutonnées, est à peu près aussi expressif qu’une tranche de foie de veau.








Avec Chuck Peyton / Jeff Stryker, c'est l'effet minet !



Au milieu de Gaines ou Nicholson qui grimacent et en font des caisses, Chuck semble complètement perdu, aussi raide que euh… un piquet (non ça va, arrêtez tout de suite avec vos envies de blagues scabreuses, on ne mange pas de ce pain là sur Nanarland, c’est un site sérieux ici !). Amené sur le tournage, d’après Nick Nicholson, par un directeur de casting allemand dont il était l’amant, Chuck a l’air tantôt amorphe, tantôt franchement mal à l’aise, avec des airs de gamin pris en faute. Il faut avouer aussi que notre ami ne semble pas être particulièrement une lumière. En effet, celui-ci révéla dans une interview qu’il ne comprenait pas trop les indications de jeu données par Fragasso car il ne parlait pas… l’espagnol ! Dans le commentaire audio du DVD français, le réalisateur italien évoque d’ailleurs Chuck en des termes guère flatteurs : « Il me fallait une sorte de Big Jim aux gros muscles et rien dans la tête (…) quand je voulais qu’il change d’expression, il en était incapable ! ».


J'ai dit : pas de commentaires scabreux merci !


PLAN NICHON !!!!



Ajoutez à cela une bande de zombies maquillés à la truelle qui s’avèrent parfois bouger avec toute la lenteur qu’on est en droit d’attendre de ce genre de morts-vivants, et parfois sautent dans tous les sens comme des Yamakasis sous acide. Outre le scénario absolument inepte et le jeu très outré des comédiens, il faut souligner une lumière particulièrement atroce où certaines scènes sont franchement sous exposées alors que d’autres donnent l’impression d’avoir été éclairées avec des néons, ainsi qu’une musique au synthé particulièrement ronge-tête et vous avez l’un des derniers spasmes de la zombisploitation italienne. Le genre sera quasi abandonné par la suite. Même le prétendu « Zombi 5 » (en fait le « Killing Birds » de Claudio Lattanzi et Joe D'Amato, tourné un an avant celui-ci et hâtivement maquillé pour l’exportation) qui suivra n’aura plus rien à voir avec le matériau initial.




Où est le directeur lumière qu'on l'étripe !



Si vous voulez le voir pour attraper une bonne trouille, passez votre chemin. En revanche, si vous voulez vous marrer à peu de frais malgré quelques longueurs, bienvenue à bord !


A l'occasion d'une interview menée par Lorenzo Ricciardi et publiée dans Horror Show, Claudio Fragasso évoquait d'importantes coupes sur « Zombie 4 : After Death », qui à l'origine aurait été prévu pour être très extrême. « C'est arrivé pour différents motifs. Le film est, en effet, né à une époque où le genre du gore était un peu montré du doigt. On disait que c'était trop fort, qu'il y avait trop de sang. Tu sais, le cinéma fonctionne toujours par périodes. Peu de temps auparavant, on ne faisait que des films comme ça. Dans ces années-là, au contraire, le producteur nous obligeait à couper certaines scènes plutôt que d'autres. A l'arrivée, il n'est pas resté grand-chose du film, surtout en ce qui concerne les passages gore. D'après moi, dans ce genre de films - surtout quand ils sont tournés avec peu de sous, avec des moyens très limités - le gore était un élément en plus, quelque chose qui les rendait plus intéressants, plus amusants que d'autres. Hélas, quand tu n'as pas accès au métrage coupé, qui n'a pas été monté à l'époque, tu ne peux pas faire de version director's cut, donc tu ne peux rien prouver. Au final, néanmoins, je suis plutôt satisfait de "After Death", c'est un film très intéressant car c'est l'un des premiers où on voit les zombis qui courent, qui font des choses spéciales. Les réalisateurs américains contemporains accaparent ces inventions, mais ce sont des choses que j'ai déjà fait dans le passé, bien avant eux. » (traduction de l'italien par Nikita)

 

- Rico -
Moyenne : 3.00 / 5
Rico
NOTE
3/ 5
John Nada
NOTE
2.75/ 5
Nikita
NOTE
3/ 5
Labroche
NOTE
2.5/ 5
MrKlaus
NOTE
3/ 5
Kobal
NOTE
4/ 5
Wallflowers
NOTE
2/ 5
Jack Tillman
NOTE
3.75/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation

Réalisé alors que le bis italien commençait à ne plus se vendre chez nous, le film est resté inédit en France jusqu’à ce que l’éditeur Néo Publishing se fende en juillet 2007 d’une édition pour marchands de journaux de belle facture, avec une version française (a priori pas d’époque, donc) et une version anglaise sous-titrée français ! L’image, au format 1.66 (à mi-chemin entre le plein écran 4/3 et le scope 16/9), est plutôt correcte. Les bonus comprennent un « making of d’époque » très dispensable (59 mn de vidéo baveuse filmée au caméscope qui ne montre la réalisation que de la seule scène d’intro !), mais aussi un commentaire audio du réalisateur Claudio Fragasso, accompagné du journaliste Federico Caddeo à la relance qui, sans apporter d’informations bouleversantes, s’avérera intéressant pour le néophyte.


Nous ignorions que le nom de Nanarland faisait vendre, mais nous avons été ravis de l’apprendre !



Pour l’étranger, ce film a bénéficié d'une splendide réédition en DVD zone 1, par "Shriek Show" avec en bonus des interviews de Claudio Fragasso et Jeff Stryker. Vous le trouverez aussi en Grande-Bretagne sous le nom de « Zombie Flesh Eaters 3 » (toujours ces histoires mesquines de copyright). Il paraît que la participation de Stryker joue beaucoup dans ce regain d'intérêt auprès d'un certain public...


Une VHS japonaise.



A noter l'existence en Allemagne d'un luxueux "Zombie Survivor Set" où l'on retrouve les 4 volets de la saga et un DVD de bonus. Hélas, c'est une édition limitée avec uniquement des pistes allemandes pour le 3 et le 4 et des versions semble t-il censurées.



L'édition la plus complète vient d'Italie, où Cine Kult a ressorti un DVD proposant le film dans un montage uncut restauré au format 1.78:1 d'origine, des interveiws de Claudio Fragasso (réal), Rossella Drudi (scénariste), Massimo Vanni et Ottaviano Dell' Acqua (acteurs et cascadeurs), le même pseudo making of que sur le DVD français, des scènes alternatives, des bandes-annonces, et une piste son en dolby difital 2.0 malheureusement en italien et rien qu'en italien.

 

En 2016, l'éditeur américain "Severin" s'est fendu d'un beau blu-ray remastérisé et uncut avec en bonus le CD de la bande originale du film des interviews d'époque de Claudio Fragasso et Russela Drudi, de Jeff Stryker et Candice Daly. Comme souvent avec eux c'est du soigné mais c'est en anglais et pas de sous-titres français.