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Le glossaire du Pr. Ryback

Y comme …

Exploitation (film d')



Film d'exploitation, ou cinéma d'exploitation

Non, un film d'exploitation n'est pas un film où acteurs et techniciens seraient sous-payés (bien que ce soit généralement le cas par ailleurs) ! Ce terme d'origine anglo-saxonne connaît selon l'usage deux définitions complémentaires ne s'excluant nullement l'une l'autre.



"Cannibal Holocaust", le film d'exploitation ultime, qui nous explique dans le même temps que faire de l'argent avec la souffrance humaine, c'est vraiment pas bien.



Affiche présentant le double-programme d'un cinéma américain de seconde zone, ou "grindhouse".



Certains qualifient de films d'exploitation l'ensemble des oeuvres à budget généralement réduit, inspirées de grosses productions, tirant parti de modes, et souvent racoleuses, mais on peut également parler du cinéma bis, expression moins péjorative et au sens plus large. Ce type de cinéma est en effet conçu comme une "exploitation" de la mode née de précédents succès. Le terme "film d'exploitation" peut être attribué au bis en ce que la plupart de ces films étaient destinés à une exploitation commerciale propre aux produits de consommation rapide et de qualité secondaire (circuits de distribution de seconde zone avec les "cinémas de quartier" en Europe ou les drive-ins et "grindhouses" aux Etats-Unis, campagnes publicitaires parfois putassières, etc.). Cette définition péjorative implique que ces films étaient produits avant tout pour satisfaire les impératifs d'une rapide exploitation commerciale, et non une quelconque ambition artistique. Ce qui était souvent le cas, comme l'indiquent des phénomènes comme le plagiat et le "2 en 1". La considération que portaient producteurs et distributeurs à leurs films peut se déduire du fait que certains long-métrages datant des années 1950 ou 60 (comme, par exemple, certains des premiers films d'Andy Milligan) sont aujourd'hui perdus, les ayant-droits ayant détruit les copies pour recycler la pellicule ou simplement pour faire de la place dans leurs entrepots. Une pratique qui se vérifie aux Etats-Unis, la Turquie n'ayant pas le monopole de la maltraitance du patrimoine. Voir également série B et série Z. L'avatar le plus grossier de cette définition du cinéma d'exploitation est sans nul doute la fausse suite.

L'une des caractéristiques du cinéma d'exploitation est de survendre de manière parfois grossière ses produits. Cela va des nudies annoncés comme des summums d'érotisme et ne présentant qu'une ou deux scènes de fesse mal filmées à des affaires plus glauques comme celle de "Snuff" : mauvais film d'horreur réalisé par Michael et Roberta Findlay, le film fut remonté pour inclure une scène de meurtre censée être authentique (d'où la légende des "snuff movies"). Le distributeur alla jusqu'à payer des figurants pour manifester devant les cinémas montrant son film, afin de faire de la publicité à la soupe indigeste réellement proposée au public.

Le film X représente le dernier stade du cinéma d'exploitation, tout en correspondant historiquement à la disparition des "sexploitations" traditionnels.





Une caractéristique récurrente du cinéma d'exploitation : des affiches souvent meilleures que les films.



Selon une autre définition, le film d'exploitation se caractérise par l'usage outrancier, dans son récit et dans sa promotion, d'éléments racoleurs censés attirer le public. Une telle définition pourrait s'étendre à la quasi-totalité du cinéma, mais le terme "film d'exploitation", plutôt péjoratif, désigne souvent des films à petits budget ou de série B, de qualité parfois médiocre et basés quasi-exclusivement sur le traitement sensationnaliste et outrancier d'une ou de plusieurs données sociologique controversée(s) : la drogue, la délinquance juvénile, les déviances sexuelles, la prostitution... Un procédé classique des films d'exploitation américains, dans les années 1930-50, était de se présenter comme des films éducatifs (mises en garde contre le sexe avant le mariage, pseudo-documentaires sur le naturisme, etc.).



Le risible "Reefer Madness" (1933, de Louis Gasnier), célèbre film pseudo-éducatif sur les dangers des stupéfiants, avec des gens transformés en fous meurtriers par deux taffes de drogues douces.



"Mom and Dad" (1947, de William Beaudine), une histoire de grossesse non désirée qui invite le public à s'encanailler sous prétexte de discours moralisateur sur l'"hygiène sexuelle" et la vertu des jeunes filles.





Un film d'exploitation a par définition pour but de tirer du profit d'un élément ou d'un genre à la mode, sans souci d'art cinématographique ni de déontologie. Le sexe est évidemment prédominant, mais n'en constitue pas l'unique caractéristique, d'où la création de la sous-définition "sexploitation" (voir également "Erotisme nanar", "Plan nichon").



Un film d'exploitation peut également tenter de tirer parti d'un fait d'actualité plus ou moins récente : quelques semaines après l'assassinat du couturier Gianni Versace en 1997, Menahem Golan démarrait le tournage de "The Versace murder", avec Franco Nero en vedette. Dans ce genre de cas, on parle aussi d'"instant-movie".

Le terme "film d'exploitation" recouvrant une définition assez floue, les sous-genre ont fait florès : nazisploitation, blaxploitation, nunsploitation (histoires sexuellement corsées mettant en scène des nonnes !), bruceploitation, bikesploitation, drugsploitation, etc.











Voir également : Eurociné, Cannibale, Mondo, Nudie, Prison de femmes, Rape and revenge, Instant-Movie, Quickie