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Jean-Claude Van Damme

(1ère publication de cette bio : 2003)

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Exclusif ! Lisez vite notre essai philosophique Plaidoyer pour une movie-star : la pensée diagonale face à ses propres limites





Le petit Jean-Claude Camille François Van Varenberg naît le 18 octobre 1960 à Berchem-Sainte-Agathe (commune de Bruxelles), de parents fleuristes. Le futur culturiste est alors un gamin chétif, sensible à la musique classique et à la peinture, touchant même un peu de piano à l’occasion.



Sous la pression de son père, qui souhaite vivement que son petit affirme plus vigoureusement son caractère, JC s’initie au ballet et au karaté, essayant de trouver une complémentarité entre les deux qui définira son futur style de combat avant que l’affèterie égocentrée ne l’emporte loin de tous. Alors qu’on lui propose de rejoindre l’Opéra de Paris en tant que danseur, Jean-Claude préfère quitter l’école dès l’âge de seize ans pour se concentrer sur le karaté et le body-building, et au bout de quelque temps ouvre son propre centre de fitness à Bruxelles, le California Gym.


Malgré le succès indéniable de ce dernier, et sa reconnaissance grandissante en Belgique où ses qualités athlétiques lui valent plusieurs récompenses, la vie de Jean-Claude va prendre un tournant décisif. Engagé pour un rôle de petite frappe dans le film « Rue Barbare » de Gilles Bréhat (rôle qu'il ne décrochera finalement pas), il se découvre un intérêt pour le cinéma qui changera sa destinée. Il décide de tout plaquer et de débarquer sur le sol américain en 1982, avec 2000 $ en poche et ne parlant même pas anglais, se rebaptisant Jean-Claude Van Damme en hommage à l’un de ses anciens mentors.


Débutent cinq années de galère, où il apprend peu ou prou l’anglais (dans une vieille interview il raconte que c’est grâce au dessin animé « Les Pierrafeu ») et vivote de petits boulots en petits boulots. Chauffeur de taxi ou de limousine, livreur de pizza, poseur de moquette, entraîneur personnel dans ses grandes heures, Jean-Claude décroche son premier rôle dans une panouille incommensurable dénommée « Monaco Forever » où, interprétant un rôle bouffon de karatéka homosexuel, il dévoile ses biceps dans un marcel évocateur, tentant de dévoyer le jeune héros dans une scène d’anthologie. Ses réels débuts, il les fait dans Karate Tiger : le Tigre Rouge, dans lequel il incarne Ivan, le méchant russe qui se fait rouster à la fin. Vingt minutes d’apparition à l’écran, c’est pas encore la consécration.


En 1986 il décroche le rôle de la créature dans « Predator » en exagérant un rien ses prouesses passées d’artiste martial, mais las, insatisfait de ne pas être crédité au générique, il se retire du tournage de ce film de John McTiernan, pour être remplacé par le géant Kevin Peter Hall. Subsistent de sa prestation quelques plans où il interprète les mouvements de la créature camouflée.

Photo de tournage gentiment surréaliste de Predator, avec Carl Weathers et Jean-Claude.

N’y tenant plus, il tente quelques mois plus tard le tout pour le tout. Il attend Menahem Golan (patron de la Cannon et producteur à ce titre, avec Yoram Globus, d’un nombre incalculable de chefs-d’œuvre) à la sortie d’un restaurant et lui fait une démonstration de ses fameux high kicks. Impressionné par la niaque du musclé belge qui en veut, Golan lui propose d’interpréter la légende martiale Frank Dux dans le premier volet de la saga « Bloodsport ». Conscient qu’il s’agit probablement de sa dernière chance de se vendre au monde entier, Jean-Claude y met toute sa rage et signe ce qui est sûrement sa meilleure performance.




Il enchaîne ensuite les séries B d’exploitation pour la Cannon, et se dit qu’il peut réussir au moins autant que Bruce Lee en son temps. A raison de deux films par an environ, le phénomène Van Damme grossit et fait le bonheur des vidéo-clubs et bientôt des salles obscures. « Cyborg » et ses combattants aux noms d’instruments de musique, « Kickboxer » et son entraînement bigger than life, « Full Contact » où il commence à faire un blocage sur sa superbe corporelle, le très chiant « Coups pour Coups », le non-sensique « Double Impact », autant de produits où Jean-Claude exploite ad nauseam des personnages avec un lourd passé à expier, qui s’en prennent plein la gueule entre deux grands écarts avant d’exploser la face du bad guy alors que la nuit enveloppe les décors foutraques d’un drap de velours.


On estime les prémices de son pétage de câble aux alentours de cette période, alors que son salaire et les budgets de ses films deviennent de plus en plus élevés. Jean-Claude est allé au bout de son rêve après sept ans d’expédients, sans jamais abandonner, en mentant sur son cursus athlétique passé et en obtenant de ses réalisateurs qu’ils mettent en valeur son physique altier, certes, mais les faits sont là. Grisé par l’engouement autour de sa personne, Van Damme se construit dès lors un personnage pour les médias en une variation parodique malgré elle de la Bruce Lee attitude : culte de son propre corps pour s’accomplir en tant que personne, arrogance inébranlable sur ses performances physiques et ses qualités d’acteur ("Ok, Jean-Claude Van Damme n’est pas Anthony Hopkins, mais Anthony Hopkins n’est pas Jean-Claude Van Damme"), aphorismes abscons délivrés comme autant de vérités à décrypter pour saisir le mythe. Et tout comme Bruce Lee, JCVD développe un attrait privilégié pour les substances illicites, la coke en particulier, ne le faisant pas encore planer en permanence mais pas loin. On se souvient de son rot anthologique en pleine question d’Annie Lemoine dans Nulle Part Ailleurs, de son interview avec Giordano où il demande à son assistant de fermer cette fucking… How do you say ? Ah oui la porte. A cette heure, il prête à sourire et n’est pas encore pris dans son propre piège.


Pour Hollywood, il devient « The Muscles from Brussels », asseyant sa fierté en dogme de vie. Après « Universal Soldier » et le bousissime « Cavale sans Issue » où il se frotti-frotte contre Rosanna Arquette dans de belles couleurs bleues, il se gagne une petite réputation d’artiste capricieux sur le tournage de « Chasse à l’homme » d’un certain John Woo qui, ah ah ah, ne parle pas très bien anglais et se voit voler la coordination de certaines scènes par un Jean-Claude super sûr de lui. Laissant les fans misérables du metteur en scène en attente d’un hypothétique director’s cut toujours espéré, il enquille sur « Timecop », « Street Fighter » et l’assez pourri « Mort Subite ». Des nanars et navets en pagaille dont les dividendes perçus lui permettent de s’investir dans ce qu’il nomme très sérieusement son Lawrence d’Arabie, « Le Grand Tournoi » (The Quest) qu’il écrit / produit / réalise / interprète, alors traumatisé par un petit film d’un réalisateur inconnu, « The Blade » de Tsui Hark. Bien que son opus soit à mille lieux de son référent ou de la fresque épique annoncée, le film n’est pas si honteux que ça et le tournoi en question recèle même de sympathiques instants de bravoure. Mais se prend une légère déconfiture au box-office, après la gamelle de « Mort Subite ». C’est pas grave, Jean-Claude continue quoi qu’il arrive, malgré la place de plus en plus prédominante de la poudre blanche dans sa vie dissolue.


En plein marasme affectif avec son épouse, Jean-Claude devient la caution morale incontournable pour les réalisateurs hongkongais souhaitant s’installer aux States à l’approche de la rétrocession de l’archipel à la République Populaire de Chine. Après John Woo, c’est au tour de Ringo Lam de le faire tourner dans « Risque Maximum », série B pas trop mal mais sans grand intérêt si ce n’est le featuring assez rigolo de Jean-Hugues Anglade dans le rôle de son frère. Un an plus tard, de plus en plus atteint et égocentrique, JCVD concrétise l’un de ses projets, travailler avec Tsui Hark pour « Double Team ». Mais il réduit ses chances en se montrant positivement imbuvable avec le metteur en scène culte, lui montrant carrément comment filmer certaines scènes, parvenant à dégoûter ce dernier de rester aux Etats-Unis. Mais en bon punk vis-à-vis du système, Tsui n’en reste pas là et accepte une seconde collaboration avec Van Damme pour « Piège à Hong Kong », où il se venge presque honteusement du karatéka belge tout en expérimentant pour son futur « Time & Tide ». La vision attentive de cet opus permet de cibler précisément la chute exponentielle de JCVD : les yeux souvent bouffis, complètement éteint lors de certains dialogues, parachutés au beau milieu de scènes qui n’ont objectivement rien à foutre dans un scénar déjà bien barré.


En pleine perte de la précieuse maîtrise de soi qui rendait les égarements de Bruce Lee autrement plus crédibles, JCVD devient un phénomène malgré lui, pour sa tendance à dire objectivement n’importe quoi en interviews, multipliant les phrases fumeuses à prétention philosophique. La mode "Van Damme est un con" débute approximativement en 1999 avec une interview délirante accordée à "Première" et atteint son apogée en 2001 après sa prestation sur le plateau de l’émission de télévision française « Loft Story », où il se lance dans un ahurissant monologue sur la nécessité d’être « aware », sous les yeux perplexes des candidats. Dépassé par la dégringolade de son statut de star au rang de guignol qu’on invite pour s’en moquer, Van Damme essaie de décrocher de son démon cocaïné et entre selon la rumeur dans plusieurs séries de désintoxication, alignant péniblement quelques direct-to-video tels que « Légionnaire » (tiens, voilà du boudin-in), « Universal Soldier 2 » ou encore « Inferno » (avec une phrase particulièrement ésotérique dans la bande-annonce : "Ils ne l’attendaient pas… lui non plus"). Même Steven Seagal le débine en public (pour se faire un peu de pub), affirmant à qui veut l’entendre que JCVD a menti tout du long de sa carrière sur ses prouesses martiales passées, et qu’il n’est plus qu’un sinistre bouffon.


En 2001, Van Damme refait parler de lui au Festival de Cannes, où il annonce qu’il est back mentally and physically avec plein de projets (« The Order », « The Monk », « Hellfire ») dont un seul parviendra jusqu’à nos salles obscures : « Replicant » de Ringo Lam, où il tient plus qu’honnêtement un double-rôle. Ce qui devait être le film du rachat, de la ré-affirmation de son potentiel n’obtient que peu de suffrages, tant JC est resté engoncé dans son personnage borderline aux phrases citées en chœur par ses nouveaux fans pervers. De plus, alors que Jackie Chan et Jet Li commencent à percer violemment à l’international, ses high-kicks n’impressionnent plus personne… Reste l’image d’un acharné qui s’est battu pour accéder à son but avant de se faire brûler les ailes par ses propres excès grandiloquents. N’est pas Bruce Lee qui veut…


« In Hell », troisième collaboration de Jean-Claude avec Ringo Lam après « Risque Maximum » et « Replicant » (le projet « The Monk » semble être tombé à l'eau)


A partir de 2005, Jean-Claude semble retrouver un peu de sa gniaque passée. Soigné de ses addictions, Van Damme enchaîne les tournages, ses collaborations avec Ringo Lam (« Replicant », « In Hell ») lui ayant permis de regagner un peu de sa crédibilité auprès des amateurs de cinéma d'action. Le temps du vedettariat de premier plan semble néanmoins derrière lui, et ses films sortent désormais directement en vidéo-club. Jouant du côté un peu kitsch de son image, il s’offre quelques apparitions surprises dans des productions françaises (« Narco ») ou turques (« Sinav »). Si le rôle de l’athlète romain Cornedurus dans « Astérix aux jeux Olympiques », pour lequel il était initialement prévu, échoit finalement au kickboxer Jérôme Le Banner, Jean-Claude Van Damme revient sur grand écran par un biais décalé : il interprète en effet son propre rôle de vedette un peu has-been et déglinguée dans la comédie dramatique « JCVD », montrant au passage des vraies qualités de comédien et apportant la preuve que les come-backs les plus improbables sont parfois de l’ordre du possible.

Un côté parodique qu'il reprendra dans la série "Jean-Claude Van Johnson" où il s'autoparodie en super espion dont la couverture est d'être une star de film d'action sur le déclin. En France ou en Belgique, cette image lui vaut de figurer à partir des années 2020 dans des productions qualitatives comme "Lucas" ou humoristiques dont le pénible "Le Dernier Mercenaire " ou "Haters" avec Kev Adams. A côté de ça bon an mal an, il enquille toujours un à deux films d'action par an. Que le chemin de la rédemption passe par la comédie ou le Direct-to-Video, gageons que les muscles de Bruxelles sont encore loin d'être finis.


Le site officiel de notre ami Jean-Claude.

- Drexl -

Films chroniqués

Filmographie

 

2022 - Les Minions 2 (Minions: The Rise of Gru - voix)

2021 - Haters

2021 -Le Dernier mercenaire

2020 - AaRON: Ultrarêve (court métrage)

2019 -Le sang du cartel

2018 - Lukas

2018 - Black Water

2018 - Kickboxer - Rétribution

2017 - Jean-Claude Van Johnson (série TV)

2017 - Kill'em All

2016 - Kickboxer: Vengeance

2016 - Kung Fu Panda 3

2015 - Jian Bing Man

2015 - Pound of Flesh

2015 - Dimitri Vegas & Like Mike vs. Ummet Ozcan: The Hum (Court métrage)

2014 - Full Love

2014 - JCVD's Make My Movie Challenge (Court métrage)

2014 - Duels (Swelter)

2013 - Enemies Closer

2013 - Welcome to the Jungle

2012 - U.F.O. (Alien Uprising)

2012 - Six Bullets

2012 - Universal Soldier 4 : le jour du jugement

2012 - Expendables 2: Unité spéciale

2012 - Dragon Eyes

2012 - Rzhevskiy vs. Napoleon (Rzhevskiy protiv Napoleona)

2011 - Beur sur la ville

2011 - Assassination Games



2010 - The Eagle Path

2009 - Universal Soldier 3 : Regeneration

2008 - JCVD

2008 - L'empreinte de la vengeance / Trafic mortel (The Shepherd: Border Patrol)

2007 - Jusqu'à la mort (Until Death)

2006 - Sinav

2006 - The Hard Corps

2006 - Ultime Menace (Second in Command)

2004 - L'Empreinte de la Mort (Wake of death)

2004 - Narco

2003 - In Hell

2002 - Point d'impact (Derailed / Terror Train)

2001 - The Order

2001 - Replicant

1999 - Inferno (Coyote Moon / Desert Heat)

1999 - Universal Soldier 2 : le combat absolu (Universal Soldier: The Return)

1998 - Légionnaire



1998 - Piège à Honk Kong (Knock Off)

1997 - Double Team

1996 - Risque maximum (Maximum Risk)

1996 - Le Grand Tournoi (The Quest)

1995 - Mort subite (Sudden Death)

1994 - Street Fighter

1994 - Timecop

1993 - Hard Target

1993 - Cavale sans issue (Nowhere to Run)

1992 - Universal Soldier

1991 - Double Impact

1990 - Coups pour coups (Death Warrant)

1990 - Full Contact (Lionheart)

1989 - Kickboxer



1989 - Cyborg

1988 - Black Eagle

1988 - Bloodsport

1985 - Karate Tiger (No Retreat, No Surrender)

1984 - Breakstreet (Breakin')

1984 - Monaco Forever