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Birdemic 2 : The Resurrection


Birdemic 2 : The Resurrection

Titre original : Birdemic 2 : The Resurrection

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :James Nguyen

Année : 2013

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h30

Genre : Méta Angry Birds

Acteurs principaux :Alan Bagh, Whitney Moore, Rick Camp, Thomas Favaloro, Carrie Stevens, Chelsea Trumbo, Stephen Gustavson

Drexl
NOTE
2.5/ 5


Cinq longues années ont passé depuis les premiers viols de rétines perpétrés par Birdemic : Shock and Terror. Son auteur, James Nguyen, n’a pas manqué de mater en loucedé le petit culte de sa troisième réalisation. Avec la même abnégation opportuniste qu’un Tommy Wiseau lorsqu’il accompagne les projections de The Room sans se formaliser de l’hilarité du public, James se dit qu’il peut capitaliser sur ce succès, prolonger la magie d’une expérience que les plus grands experts internationaux s’accordent à qualifier d’unique.


Au moins, ce n'est pas en Comic Sans MS...


Sur le plan du concept, Birdemic 2 : The Resurrection va très loin. Trop loin, sans doute. Nous sommes face à un épiphénomène atypique de nanar volontaire, qui se voudrait à la fois conscient et parodique mais qui plonge, du fait de la crasse incompétence de son maître d’œuvre, dans des abîmes encore plus obscurs. Tel un alchimiste parkinsonien, James Nguyen tente tout du long de doser premier et second degré pour créer une troisième grille de lecture. Son échec permanent, à tous les niveaux, crée involontairement un quatrième degré. Soyons clairs : dans un monde où le méta est le nouvel opium du geek, Birdemic 2 est une grosse dose de méthadone capable de désenfumer le genre à elle seule.


Cette blague est-elle vraiment drôle ?


Pour accumuler les influences, les additionner sans les annuler et leur donner un nouveau sens à la lumière d’un gros chamboulement de perspective, il faut au moins s’appeler Mamoru Oshii, Satoshi Kon, Andy, Larry ou Lana Wachowski. Sinon, une autre option consiste à verser dans le méta « light », dans la distance goguenarde des produits qui se voudraient plus intelligents que le genre qu’ils insultent sans vergogne, de Scream à La Cabane dans les Bois. James Nguyen, lui, mange à tous les râteliers.


Ne touche pas à Wilder, pauvre fou !


Il reproduit à l’identique les scènes clés de son film précédent avec un cynisme carrément gênant quand il se fait trop insistant – autant dire assez souvent. Il glisse des messages confondants de naïveté sur l’intégrité artistique des indépendants face aux méchants, méchants studios qui n’aiment pas la créativité – il est vrai que notre homme en regorge, comme en témoignent les quelques images de Sunset Dreams, le film dans le film (puisqu’on vous dit que c’est META, FOUTREDIEU).


Sunset Dreams, bro.


Birdemic 2 est une double négation, un non-sens total, l’expression « non sequitur » faite film. Une tentative de parodie par quelqu’un qui ne comprend rien à l’ironie. Une œuvre nulle, certes, mais surtout non avenue : chaque scène porte en elle le germe de sa propre destruction, et ne manque jamais de le faire éclore. Birdemic 2 s’auto-détruit en permanence.


Un producteur compréhensif.


Dès le générique, le doute affleure. Notre héros, Bill, fait-il exprès de marcher avec un tel manque de naturel ? La caméra en rajoute-t-elle dans le style « heurté » ou se dépatouille-t-elle d’un tournage guérilla dont les nombreux visages et enseignes floutés sont autant de stigmates ? Au terme de cinq interminables minutes rythmées par une musique qu’un ascenseur se respectant un minimum refuserait fermement, le cortex est anesthésié et réclame la suite, autre chose, n’importe quoi, VITE. La scène suivante ne récompense nullement les attentes d’un spectateur perdu dans les arcanes d’un sound design chaotique. Bill rencontre Gloria dans un resto. L’accorte serveuse est aspirante comédienne, ce qui est fou, car tenez-vous bien, Bill veut justement tourner un film sur une serveuse souhaitant devenir comédienne. Le projet s’appellera Sunset Dreams, hommage subtil au Sunset Boulevard de Billy Wilder.


We're making a movie !



A moviiiiiiiie.


Le producteur de Sunset Dreams n’est autre que Rod, le héros du premier Birdemic, qui a justement cent mille dollars à claquer (les stock-options de la COGIP, remember ?). Les deux larrons embarquent deux autres investisseurs, se paient une goulue séance d’auto-plébiscite, puis s’enquillent un gros quart d’heure de remplissage (avec notamment une scène aussi ignoble que totalement inutile « d’attaque » de « méduse »). Ils vont au musée archéologique du coin, y croisent le scientifique alarmiste de Birdemic, qui les met en garde contre plein de trucs de façon incroyablement hésitante (« Les oiseaux, euh… sont… euh… » - une torture en bonne et due forme). L’occasion de caser une scène où un couple préhistorique est surpris en pleine fornication par les célèbres gifs animés d’oiseaux belliqueux ayant fait la gloire de James Nguyen.


Après "Piranha 3D", voici... Méduse 3D.


Une séquence qui est un peu à Birdemic 2 ce que celle du « newborn porn » était à A Serbian Film : le point de non retour. Si, si, le parallèle est évident : le spectateur sait pertinemment qu’il est dans une zone cinématographique dangereuse. Chaque seconde écoulée le désarme un peu plus de ses valeurs esthétiques. Le réalisateur attend juste le bon moment et, probablement hilare, lui plonge brutalement la tête dans la fange. Ici, le choc entre l’intention comique et la réalité de ce qu’il se passe à l’écran crée un vortex dont PERSONNE ne pourra se dépêtrer.


La caution euh... scientifique.



GAG !



La première attaque.



Sept minutes de discussions vaseuses plus tard, la fine équipe s’en va fêter le tournage imminent de Sunset Dreams dans une « boîte » où officie nul autre que Damien Carter, l’immortel auteur de Just Hanging Out, le non moins immortel thème principal du premier Birdemic. Bonne nouvelle : en cinq ans, Damien a carrément viré dancefloor avec son nouveau tube Gonna be a star – gâtés que nous sommes, James Nguyen nous gratifie de l’intégralité de ce morceau prophétique, au gré d’une scène totem : tout, de la peinture des murs au non-sens du rythme du moindre figurant, y constitue une aberration. La preuve en images avec cet extrait (attention, de 2’36 à 2’45, awesome awesomeness alert !).


Le seul, l'unique Damien Carter.



You people are so... white.



Chaque époque a le Marlon Brando qu'elle mérite.


ENFIN, la joyeuse bande entame le tournage de Sunset Dreams dans un studio tout pourri. Vraisemblablement alertés par les rushs (ou par le fantôme de Billy Wilder, allez savoir), les oiseaux tueurs en gifs animés attaquent en masse, pour être refoulés par notre Scooby Gang à coups de flingues à munitions illimitées et de cintres. Le road movie bancal qui s’ensuit sera marqué par d’inévitables résurgences du premier opus (l’écolo psycho est de retour, pour la plus grande joie de tous), de multiples assauts grandiloquents venus des airs, d’infinies itérations de la ligne de dialogue « He’s dead », et même d’une attaque de zombies. Pourquoi pas, après tout.


L'attaque.



Sunset Dreams interrupted.



Un autre film dans le film, moins profond que Sunset Dreams.



He's dead.


Les interviews de James Nguyen sont révélatrices : le bonhomme est d’une indécrottable gentillesse, au moins égale à son envie de plaire. Il voulait s’imposer dans le domaine de la comédie sentimentale puis du « thriller romantique » (selon sa propre expression), il est devenu l’égérie du mauvais goût cinématographique célébrée à son injuste valeur. Pas bégueule pour deux sous, le réalisateur part du principe que toute reconnaissance est bonne à prendre, et agit en conséquence. Birdemic 2 peut donc être vu comme un hommage aux fans du premier épisode, une relecture quasi point par point de sa structure par trop incohérente et grotesque. De guerre lasse, le rire (nerveux, forcément nerveux) peut affleurer au quatorzième « He’s dead ». Dans le pire des cas, Gonna be a star de Damien Carter vous rentre dans la tête pour ne plus en sortir (AIDEZ-MOI, JE VOUS EN SUPPLIE).



Du méta, encore et toujours.


Mais même avec une magnanimité que l’on ne rencontre guère que chez les nanarophiles les plus aguerris - ces justes qui peuvent s’enquiller trois heures en tamoul non sous-titré pour la beauté du geste - impossible de ne pas flancher devant ce virage critique dans la filmographie de James Nguyen. Birdemic 2 relève de l’exploitation au sens littéral ; son opportunisme foireux n’est malheureusement jamais rattrapé par la générosité sous-jacente d’un réalisateur tentant vaille que vaille de transformer son incompétence en atout, dans l’espoir ô combien louable de satisfaire son public, tout moqueur soit-il.


Des zombies (oui, des zombies).

Le reflet du caméraman est-il délibéré ? Mystère...


Malgré lui, James Nguyen a livré un manifeste contre la vague méta qui submerge les productions hollywoodiennes. Birdemic 2 est un cas d’école, la démonstration par l’absurde de l’inanité artistique de toute distanciation rieuse et / ou trop consciente d’elle-même. Pour citer Max Ophüls, à force de courir après le public, on ne finit par voir que son cul. James Nguyen relèvera-t-il la tête avec le troisième volet ?


L'iconique plan final.



- Drexl -
Moyenne : 1.75 / 5
Drexl
NOTE
2.5/ 5
John Nada
NOTE
1/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation
Le film, comme son prédécesseur, n’est pas sorti en France, mais les anglophones pas forcément super chevronnés pourront trouver leur bonheur en DVD chez "MVD Visual" sur les principaux sites de vente en ligne.