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Les Hommes d'une autre planète


Les Hommes d'une autre planète

Titre original : Les Hommes d'une autre planète

Titre(s) alternatif(s) :Mars Men, Mars Adam, Gli Uomini di Marte

Réalisateur(s) :Cheng Hun Ming (ou Seika Den)

Année : 1976

Nationalité : Taïwan

Durée : 84 mn (Italie : 92 à 100 mn ?)

Genre : D'une autre planète, on vous dit

Acteurs principaux :Yen Chiang Lung, Wang Pao Yu, Yeh Hsiao, Fang Yen, Ro Gei

MrKlaus
NOTE
4.5/ 5


Vous commencez par être un poil blasé par les nanars, vous cherchez le gros morceau qui saura raviver votre intérêt et vous faire revivre toutes vos sensations de cinéphile déviant comme au premier jour ? Ne cherchez plus, « Les Hommes d’une autre planète » est là ! Ce joyau méconnu débarqué en France le temps d’une sortie éclair au Grand Rex dans les années 70 a profondément marqué les rares spectateurs à l’avoir vu. Si pour le voir j’ai dû attendre le 21ème siècle et sa diffusion providentielle lors d’une Soirée Bis Extraterrestre organisée par la Cinémathèque Française, le souvenir des « Hommes d’une autre planète » restera durablement imprimé dans ma cervelle, ou du moins ce qu’il en reste. Certains ont dit de ce film qu’il était japonais, d’autres ont affirmé qu’il était coréen… finalement, il s’avère que ce chef-d’œuvre est taïwanais (à moins qu'il ne soit thaï ?) et dérive d’une série télé japonaise à la « Spectreman ». Mais le résultat final dépasse de très loin tout ce que Spectreman a pu nous offrir en matière de ridicule.




Les méchants.


Le scénar ? Bah heu… De vilains extraterrestres venus de la planète Mars (dirigés par un roi et son crétin de Premier Ministre) veulent… veulent ? Allez, je vous laisse deux secondes, vous allez bien trouver… Conquérir la Terre ! Bravo ! Ils vont donc construire un rayon mortel appelé judicieusement « Rayon de la mort ». Mais pour le construire ils ont besoin d’une pierre magique située sur Terre (dans une grotte pour être plus précis). Donc, ils vont pirater les antennes télé et faire passer un message « Ah Ah Ah ! Si vous me donnez pas la pierre je détruis votre planète ». Les Terriens, très malins, comprennent que de toutes façons le méchants aliens attaqueront quand même, alors quitte à s’en prendre plein la poire mieux vaut ne pas passer en plus pour des cons. Très fâchés de ne pas avoir le caillou qui leur fait défaut, les Martiens vont riposter « Ah Ah Ah ! Ils n’ont pas voulu m’écouter, allons les attaquer ! ».




Des casques bizarrement ornés d’écouteurs de téléphone (en tout cas, ça y ressemble).

Sur cette image très suggestive, il semble selon certains que les savants qui observent sur leur écran l’invasion alien se soient fait dessus. A chacun de juger, mais leurs fonds de culotte laissent en effet à désirer...


Et là, surprise : nos deux méchants se révèlent être des géants et vont dès lors s’en donner à cœur joie dans la destruction de (maquettes de) villes. Cependant, dans une grotte, un gamin découvre une petite statuette, très jolie (heu…) mais dont les radiations vont le contaminer. Tandis que le gamin et son grand-père partent à l’hôpital (on n’entendra plus parler d’eux), la statue est examinée par un groupe de savants : voilà qu’elle se met progressivement à grandir, puis à s’animer, pour atteindre… la taille exacte des méchants géants aliens, au centimètre près ! En voilà un heureux hasard : évidemment, la bénéfique statue va nous sauver en allant foutre sur la gueule des envahisseurs.





L’imbattable Statue du temple.

Une "vraie" Statue du temple, à Bangkok. Elle représente un Yaksha, qui dans la mythologie hindoue, jaïne et bouddhiste sont des esprits (généralement) bienveillants, gardiens des trésors naturels cachés sous la terre et les racines des arbres.


Après une première moitié prenant un peu son temps, le film va maintenant donner dans le pur régressif, oubliant totalement les personnages humains pour ne plus se concentrer que sur les bastons de monstres géants en plastoc pailleté.


Car en effet, de leur côté, les Américains ont envoyé un robot géant, également chargé d’affronter les aliens : le costume du « robot », tout droit sorti de la série japonaise « Jumborg Ace », nous a par ailleurs permis d’identifier l’origine du film avec plus ou moins de précision. Nous avons tout d’abord cru qu’une partie du métrage provenait de la série télévisée, mais il semble que toute la partie mettant en scène des combats de monstres et robots géants (soit la partie la plus intéressante du film, qui couvre toute sa seconde moitié) provienne d’un film thaïlandais, « Jumborg Ace meets the Thai Giant », qui serait apparemment une adaptation (légale ???) de la série japonaise. Le métrage thaïlandais aurait ensuite été récupéré par des Taïwanais, qui auraient tourné les scènes d’introduction de la première partie, avec le gamin et les savants. Si cette hypothèse s’avère juste, ce serait un très bel imbroglio asiatique : il va sans dire que nous sommes preneurs de toute information supplémentaire sur ce film.



L’ « Astronaute américain », alias Jumborg Ace.


Le robot américain et la statue géante se rendent tous deux sur la planète des envahisseurs qui, entre temps, ont fabriqué le fameux « Rayon de la mort ». Tout d’abord, nos deux super-héros se battent entre eux, croyant qu’ils sont ennemis (mais non, arrêtez donc, gros balourds !). Mais finalement, ils se réconcilient pour pouvoir lutter contre les vrais méchants de l’histoire (ouais, l’union fait la force !). Nos deux défenseurs de la planète bleue n’ayant pas eu le temps d’être baptisés, ils se font appeler prosaïquement « Statue du temple » et « Astronaute américain ».


A partir de là, le film bascule dans un délire définitif et irrémédiable : toute la seconde moitié d’un film n’est plus qu’un interminable combat de catch entre figurants affublés de costumes ridicules... C’est du véritable guignol, les personnages n’en finissant pas de s’estourbir, tandis que les méchants rivalisent de ruses toutes plus déloyales les unes que les autres : on pourrait s’ennuyer devant le côté un peu répétitif de la chose, mais pas du tout ; c’est une véritable folie furieuse qui se saisit du film, et a plongé dans l’hystérie la plus totale les salles ayant eu l’occasion de le voir lors de certaines séances et festivals restés dans les mémoires des nanardeurs.




Le plus beau, avec un film comme « Les Hommes d’une autre planète », c’est que les limites du grotesque sont repoussées de scène en scène, chaque séquence battant la précédente sur le terrain du n’importe quoi. La vedette dans la première partie du film est indubitablement tenue par le Roi des aliens (qui arbore une imposante perruque rousse, si bien que lorsqu’il détruit un building avec son sceptre magique, on croirait voir un chanteur de Hard Rock brisant tout ce qui lui tombe sous la main à la fin d’un concert) et son Premier Ministre, qui s’agitent en tous sens à la moindre réplique, comme s’ils participaient à un concours de pantomime destiné aux épileptiques. Les séquences mettant en scène les humains sont un peu plus calmes et relèvent de la mauvaise science-fiction un peu plus routinière malgré le ridicule extrêmement profond de dialogues visiblement torchés par un scénariste de dessin animé alcoolique et au chômage.


A noter la présence de Fang Mien alias Fang Yen, un habitué de la Shaw Brothers.



Mais Statue du temple et Astronaute américain ont tôt fait de rééquilibrer la balance : du rouleau de parchemin caoutchouteux de la Statue, qui lui sert à assommer ses adversaires comme au guignol, aux rayons de la mort ringards du méchant roi, c’est un feu d’artifice propre à laisser pantois le nanardeur le plus endurci. Le comble étant atteint quand le roi martien fait surgir de nulle part deux craignos monsters en s’écriant « Dinosaures, venez à moi ! »





Faut voir la gueule des dinosaures !


Visiblement gagnés par la frénésie de la chose, les doubleurs français se sont totalement lâchés la bride, et ont rajouté à l’œuvre des répliques fantabuleuses comme « Pitié, je ne suis qu’un pauvre Martien, avec une femme et douze enfants ! » (Exclamation du Premier Ministre martien quand il a le dessous)




Que dire d’une telle œuvre sinon qu’elle est féériquement nulle ? On pourrait consacrer à ce film un livre en trois volumes (dont un chapitre entier pour décrire la coiffure du méchant roi), un autre pour prendre le temps de décrire « Statue du temple » se mettant à frapper ses ennemis avec son parchemin géant, et encore un paragraphe pour traduire tout le tragique de cet insert fugitif qui montre une figurante casser son talon en gros plan pendant que les Martiens détruisent la ville. Ce film ferait passer « X-Or » pour du Rohmer et je ne plaisante pas.


L'affiche Thaï des "Hommes d'une Autre Planète", ou plus vraisemblablement de "Yuk Wud Jaeng Vs. Jumbo A", le métrage originel qui compose ce 2 en 1.



- MrKlaus -
Moyenne : 4.43 / 5
MrKlaus
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Peter Wonkley
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5/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation
Pendant longtemps on a eu que cette VHS italienne de chez "Torino Video" :


Ca y est, vous l'avez bien matée, avec son habillage noir classieux et ce visuel de vaisseau spatial qui n'est pas du tout dans le film ? Bon ben allez, ça suffit, vous l'avez assez regardée. Et fermez donc la bouche, vous êtes en train de baver sur votre clavier...
(Au passage, le forumeur "Né quelque part" nous signale que ce fier vaisseau spatial est tout simplement volé à un épisode de la série "Cosmos 1999".)
Et puis en 2014 l'éditeur "Bach Film" (peut-être suite à un visionnage épique lors d'une Nuit Excentrique ?) nous a offert un DVD somptueux avec pistes en français et en italien (pas de VO ni de sous-titres), des lobbycards, une présentation complète et pas moins de 4 mini docs sur toutes les facettes de la mode du sentaï ! Un must à posséder absolument.
Seule petite ombre au tableau : l’image est légèrement rognée en haut et en bas (pour masquer des problèmes sur la copie source ?), et nous semble t-il très légèrement déformée. De plus, l’image n’a visiblement bénéficié d’aucun traitement : elle est assez sombre, et surtout les couleurs sont très délavées. Néanmoins, c’est déjà beau de voir ce film ressortir dans une telle édition, alors on ne va pas trop se plaindre !


Un VCD thaï du film original.