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Nom de code : Ninja

(1ère publication de cette chronique : 2005)
Nom de code : Ninja

Titre original :Death Code: Ninja

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Tommy Cheung

Producteur(s) :Tomas Tang

Année : 1987

Nationalité : Hong Kong

Durée : 1h30

Genre : Confus...cius

Acteurs principaux :Mike Abbott, Stuart Smith, Joff Houston, John Wilford, Judy Barnes

Wolfwood
NOTE
3/ 5

Aurions-nous tout dit sur les ninjas ?

A force de croiser ces guerriers de la nuit traîner leurs guêtres dans tous les Cash Converters qui se respectent, il est clair que nous pourrions à juste titre nous poser la question, tout semblant avoir été écrit sur ses assassins de l'ombre qui ne se déplacent bien souvent que par saltos arrière et enfument leurs assaillants à coups de bombinettes multicolores. De visionnage en visionnage, le doute s'installe insidieusement : serions-nous arrivés au bout du filon ?

L'affiche cinéma française d'époque.

A première vue, ce n'est pas « Nom de code : Ninja » qui va nous empêcher de répondre par l'affirmative à cette question tant l'objet n'a pas pour vocation de renouveler le genre et nous offre une fois encore un scénario raccommodé à la truelle par les adeptes du "2 en 1", en l'occurrence Godfrey Ho ou l'un de ses imitateurs, ici caché sous le vain pseudonyme de Tommy Cheung. Pourtant, même si le film reste plutôt classique dans sa forme, il se voit agrémenté de quelques atouts, lui permettant sans peine de décontenancer le plus blasé des spectateurs.

L'histoire en elle même n'a rien d'original mais se veut relativement complexe. Elle débute lorsqu'un Américain, Louis Smith, récupère des plans secrets de la CIA et tue ceux qui les lui ont fourni grâce à l'aide de son gang de ninjas ainsi qu'à Patrick et Joan, un couple de tueur. Toutefois, ce contrat est le dernier pour nos deux tourtereaux qui décident de fonder une famille et de quitter le milieu. Cette attitude n'est bien entendu pas au goût de Louis qui veut supprimer Patrick car il en sait trop. Bill Ma, parrain de la mafia et associé de John, propose alors ses services pour supprimer Joan et son compagnon.


Bill, l'associé de Louis, commanditaire du meurtre de Patrick, l'époux de Joan.


Patrick, le tueur de Louis, qui n'est pas dans le même long-métrage.

Entre temps, la police, grâce à un travail de déduction qui ferait blêmir Columbo et Hercule Poirot réunis, a fait le rapprochement entre le décès des agents de la CIA et les tueurs de Louis. Ils décident alors d'arrêter Patrick qui, tant qu'il est en prison, ne risque plus rien de son ancien patron.


Insécurité ?


Rodéos urbains ?


Voiture brûlée ?


Faites confiance à la police hongkongaise : des affaires résolues en 2 mn 25, montre en main.

Les années passent et Louis décide d'éliminer Patrick, tout juste libéré. Mais ce dernier a en sa possession un document compromettant pour l'organisation et qu'il pourrait donner à la police pour garantir la sécurité de sa famille. La tâche de Louis s'avère donc plus ardue que prévu, d'autant que le KGB cherche aussi à récupérer la carte. Il décide alors de kidnapper le fils de Patrick et Joan pour faire pression sur ses parents… Voilà, si vous n'avez pas tout compris, c'est normal. Et encore, estimez-vous heureux que je me sois contenté de ne raconter que le tout début de l'histoire.


Mike Abbott, le grand responsable de tout ça.

Evidemment, certains me diront qu'on est très loin des complots délirants d'un « Flic ou Ninja ». Mais plus que le scénario, c'est surtout la manière de narrer les événements qui risquent de faire des dégâts dans les cerveaux de l'auditoire. Car si comme à l'accoutumée les histoires finissent par se rejoindre via un montage audacieux, offrant des retournements de situation dont même Jack Bauer aurait du mal à se remettre, « Nom de Code : Ninja » change quelque peu la donne et ajoute à cette technique l'intervention d'une voix off, qui tente de nous expliquer régulièrement ce qui a bien pu se passer entre deux scènes, chose d'autant plus ardue que les ellipses peuvent varier de quelques minutes à plusieurs mois. Le problème prend d'ailleurs une dimension supplémentaire lorsqu'on prête vraiment attention à la cohérence temporelle, une partie du film asiatique se passant plusieurs années après les faits cités plus haut, tandis que la partie orientale suit tranquillement son bonhomme de chemin sans faire de bonds dans le temps, tout en continuant quand même à faire allusion à des évènements se déroulant donc, dans le futur. On savait Joseph Lai, Tomas Tang, Godfrey Ho et consorts doués pour raconter des histoires tordues, mais à ce point ça impose le respect.


"Et je pourrai recommencer autant de fois que je le veux !"

La mise en scène n'est d'ailleurs pas en reste. Comme d'habitude, notre réalisateur préféré essaye tant bien que mal de nous faire croire, afin de faire évoluer... euh... "l'intrigue", que des personnages ne se trouvant à l'origine pas dans le même métrage, discutent bel et bien ensemble. Il a donc recourt à ses deux ruses de sioux préférées : la discussion entre persos provenant de 2 films différents par l'intermédiaire d'un coup de téléphone, et celle par l'intermédiaire d'audacieux champs/contre-champs. Si la première méthode se révèle toujours simple et efficace, la deuxième nécessite un minimum de doigté (similarité des lieux, du fond, de l'éclairage, etc.). Sauf qu'ici, afin de bien montrer sa volonté de surprendre encore et toujours, Godfrey Ho décide que la transition entre les plans, il s'en bat la nouille avec des portes fenêtre et se lance dans des enchaînements de champ/contre-champ défiant réellement toutes les lois de la logique et du bon sens, comme en témoigne les moments où Louis converse avec trois de ses gros lards.

Parlons à présent des acteurs. Une belle brochette d'habitués se bouscule au portillon tel Mike Abbott dans le rôle du grand méchant, John Wilford et Joff Houston, déjà présents dans « Ninja Phantom Heros » et « Ninja : American Warrior », sans oublier l'inénarrable Stuart Smith, jouant un petit rôle mais toujours à l'aise dans son numéro de cabotinage facial. Aucun souci avec ceux là, ils nous prouvent une fois de plus qu'acteur c'est un métier et que visiblement, ce n'est pas le leur.






Une partie de la fine équipe ayant pour mission de sauver "l'URSSE".






Stuart Smith : l'art de surjouer uniquement avec les yeux.

Cependant, ce casting, tout aussi beau soit-il, se fait littéralement voler la vedette par la présence d'un homme qui bien que nous ignorions son nom, va mettre à genoux la ribambelle de vedettes créditées au générique :












Grand show…euh… "machin".

Tel la cerise confite sur un gâteau déjà bien chargé, il se pose sur la pellicule comme l'apogée zénithale de ce merveilleux carnage. Véritable chaînon manquant entre Pierre Tremblay et Stuart Smith, notre loustic porte ici la double casquette de fourbe de service (le gaillard changeant de camp une bonne dizaine de fois durant le film sans qu'on sache réellement à la fin ce qu'il fichait dans tout ce bourbier), et de cabotineur outrancier, son surjeu rendant chacune de ses apparitions tout bonnement magiques. C'est d'ailleurs lors de l'une des interventions de ce monsieur que le génie créatif du réalisateur atteint son paroxysme, pour détourner une fois encore les codes qu'il a lui-même établis. Ainsi, lors d'une poursuite, notre camarade se retrouve acculé au bord d'une falaise, par des sbires prêts à l'exécuter.





Mal en point, il doit alors son salut à une vraie ruse de ninja. En effet, un ustensile bien connu, employé habituellement pour duper le spectateur, trouve ici son utilisation justifiée au sein même du récit, j'ai nommé…






…le petit mannequin en mousse, qui s'élance et saute de la falaise...

Un autre détail fort déroutant réside dans la blessure de notre ami. Outre le fait que d'un plan à un autre, il se voit contraint de porter un bras en écharpe ou pas, ce handicap restera persistant dans le récit, même dans la deuxième partie, qui est pourtant censée se dérouler une dizaine d'années plus tard. Pardonnez-moi l'expression, mais c'est pas une blessure de tapette. En même temps, fallait au moins ça pour tenter d'arrêter le seul homme au monde capable de kidnapper une personne ne se trouvant pas dans le même film que lui.


Mouahaha ! J'suis trop fort.

Outre ce personnage haut en couleurs, le film ne nous épargne pas les classiques propres à ce genre si particulier qu'est le "2 en 1", au détail près qu'ils sont ici agrémentés de touches tout à fait personnelles. Ainsi, lors du traditionnel combat final, nous aurons droit, en plus d'une chorégraphie exceptionnelle, à l'utilisation d'une arbalète semi-automatique sur laquelle n'aurait pas craché Cüneyt Arkin, capable de lancer dix projectiles en une seconde sans temps de rechargement, et à une scène de bravoure fantabuleuse où le ninja blanc, une flèche plantée dans le cœur, s'accroche à son sabre encastré dans une paroi rocheuse pour éviter une chute mortelle. Il est aussi intéressant de remarquer que dans cette bataille opposant Mike Abbott à Stuart Smith, on tente visiblement de faire passer ce dernier pour notre beau brun au bras endommagé.




C'est clair qu'on y croit à donf !


Une autre situation super crédible. Et encore, vous n'avez pas vu comment il remonte…

Montage sans queue ni tête, acteurs incompétents, dialogues affligeants, intrigue enfantée par l'esprit dérangé d'un psychotique intoxiqué… il est clair que « Nom de Code : Ninja » a de quoi vous faire passer un savoureux moment. Certes, la partie asiatique accuse un sérieux coup de mou dans sa seconde moitié mais le nombre de situations rocambolesques présentes dans ce tronçon garantit néanmoins son lot de fou rires, ce qui est quand même relativement bien venu dans ce genre où le ridicule est trop souvent l'apanage des héros de la partie occidentale.

Certainement pas le plus grand film de ninja donc, mais il est au moins la preuve que même si l'on a presque tout dit sur les ninjas, ils n'ont pas fini de nous surprendre.
Un très grand merci à Dao et Nikita pour leur aide.

- Wolfwood -
Moyenne : 2.83 / 5
Wolfwood
NOTE
3/ 5
MrKlaus
NOTE
2.5/ 5
Jack Tillman
NOTE
3/ 5

Cote de rareté - 5/ Pièce de Collection

Barème de notation

Face à un manque cruel de Richard Harrison, il n'y a rien d'étonnant à ce que les éditeurs se soient contentés de sortir ce film très discrètement et uniquement en VHS.

A ce jour, seulement deux éditions semblent exister: la première chez "MPM Productions" et la seconde chez "F.L.A.M." dans la collection "Ciné Hong Kong", dont on peut voir le visuel en début de chronique. L'édition MPM n'a peur de rien et nous propose carrément Shô Kosugi en vedette sur la jaquette.


Très difficile à trouver donc, mais le jeu en vaut la chandelle.

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