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Super Ninja 2

(1ère publication de cette chronique : 2003)
Super Ninja 2

Titre original :Ninja: The Battalion

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Victor Sears (pseudo d'un yes-man de Filmark)

Producteur(s) :Tomas Tang

Année : 1987

Nationalité : Hong Kong

Durée : 1h26

Genre : Ninja en goguette

Acteurs principaux :Alexander Lou, Sam Huxley, Roger Crawford, Dickson Warn

John Nada
NOTE
2/ 5


Un visuel anglo-saxon.


Rien de viscéralement transcendant dans ce film de ninjas produit par Filmark International, la firme du mystérieux Tomas Tang. Rivale d'IFD et des maquignons Godfrey Ho et Joseph Lai, LES grands charcuteurs rafistoleurs du 7ème Art, Filmark et Tomas Tang employèrent exactement les mêmes méthodes de canailles, pour un résultat frisant le même niveau de nullité grotesque. Ce Super Ninja 2 n'a pas grand chose à voir avec le premier Super Ninja (d'ailleurs son titre original est Ninja, the Battalion), si ce n'est la présence d'Alexander Lou en micro-vedette.

 


Pour celles et ceux qui ne sont pas très familiers avec le principe des films "2 an 1", rappelons-en brièvement le principe : on prend un vieux film asiatique des 70s (philippin, thaïlandais, indonésien, hongkongais...), on le charcute en lui prélevant ce qu’il présente de moins excitant, puis on lui greffe de nouvelles scènes tournées avec des acteurs occidentaux, parfois de simples routards américains, anglais ou australiens de passage à Hong Kong, et ce histoire de pouvoir vendre le tout sous un nouveau titre en le présentant comme une œuvre entièrement originale, avec les noms des acteurs occidentaux bien en valeur. Evidemment, toute la délicatesse de l’opération consiste à préserver un semblant de cohérence niveau scénario, en intégrant le plus judicieusement possible les scènes additionnelles et en redoublant l’ensemble à la volée. 

 


N’empêche, l’illusion est rarement satisfaisante, ce qui fait qu’en dépit d’un effort de concentration désespéré de la part du spectateur, l’intrigue apparaît toujours fuligineuse. Du coup, en ce qui concerne celle du film qui nous intéresse ici, je me contente de reproduire texto – et sans le moindre scrupule – le résumé de la jaquette, dépouillé de ses fautes d’orthographe néanmoins : Quatre spécialistes de la guerre bactériologique sont enlevés par des Japonais à Shanghai. Chinois et Américains, inquiets de cette situation, chargent des agents secrets de délivrer les prisonniers et de les ramener sains et saufs. Ce sont les agents Ken, Alex et Steven qui héritent de cette mission…


Un signe de reconnaissance moyennement discret


Comme d’habitude, le potentiel nanar de la chose se concentre du côté des scènes additionnelles, riches en ninjas colorés qui s’avèrent parfaitement incapables de se déplacer sans faire des roulades et des sauts périlleux dans tous les sens, et du côté des doublages, déplorables de bout en bout et inévitablement alourdis par la fusion grossière qu’implique un projet qui s’efforce désespérément de dissimuler sa nature bicéphale comme un monstre honteux de sa difformité. Outre les apparitions des encagoulés bondissants et les doublages en roue libre, il reste encore l’amusement fragile qui consiste à déceler tous les raccords entre les deux sources du métrage et à énumérer toutes les incohérences inhérentes à ce genre de salmigondis filmique qui fleure bon le scotch et la colle à pellicule. Un bon exercice pour tout nanardeur néophyte, en somme.

 






Dans la catégorie « y sont pas crédibles », on appréciera la scène de l’échange, lorsque les quatre savants sont rançonnés contre une forte somme d’argent, deux tonnes d’or en lingots qui sont apportés sur le lieu de la transaction dans un coffre transbahuté par… trois chinois maigrichons (par un habile calcul qui reste à la portée de tous, cela représente quand même 666 kgs par porteur !). On imagine sans mal le dialogue (Dites donc, vous êtes sûr que tout y est ? Euh… Oui oui !). Le pire, c’est qu’il n’y a aucune embrouille, les deux tonnes sont bien là !

 


Regardez un peu ce qu’on vous amène : 2 belles tonnes d’or
en lingots !



Allez les gars, montrez-lui qu’on n’est pas des rigolos !



Et hop ! Vous voyez, tout y est !



"Absolument parfait, je vous remercie, c’est un honneur de traiter avec vous, j’espère qu’il y aura d’autres fois." [ça, c’est la vraie réplique du film par contre !]


Ne faillant pas à la réputation des productions du genre, Super Ninja 2 respecte le quota d’explosions de fumées-apparitions subites-double flip-triple kick, la plupart du temps parfaitement gratuites et inutiles si ce n’est pour amuser le nanardeur.

 




Balancées avec une régularité de métronome entre deux scènes du film de Hong Kong original, ces séquences s’élèvent allègrement au-dessus du niveau du programme moyen de cabrioles ninjas en multipliant notamment les petites trouvailles plus sympathiques que ridicules lors de scènes d’action bricolées avec les moyens du bord, brouillonnes juste ce qu’il faut et fruit d’une inventivité certaine, par exemple lorsque des étoiles de ninjas viennent se planter de façon un peu saccadée dans une branche d’arbre, trahissant un montage image par image, ou lorsqu’il s’agit de faire de nos ninjas – qui comme chacun sait sont des maîtres dans l’art du camouflage et du déplacement silencieux – des êtres capables de courir sous terre, ce qui se traduit à l’écran par une paillasse qu’on traîne dans l’herbe pour donner l’illusion qu’il y a effectivement un beau combattant ninja qui se déplace là-dessous. Même si le producteur Tomas Tang et le tâcheron local se dissimulant sous le pseudo occidental de "Victor Sears" à la réalisation ne voyaient sans doute dans ces productions qu’un moyen de se faire du fric, des scènes qui frisent à ce point l’amateurisme, je trouve ça touchant.

 



Un ninja blanc noir contre un ninja noir blanc : toute la symbolique du Yin et du Yang...


De même, les chorégraphies se révèlent un peu plus audacieuses qu’à l’accoutumée, avec des enchaînements plutôt bien sentis que parachève un combat final réussi à l’issue duquel le valeureux Steven s’offre en holocauste pour la bonne cause d’une façon assez spectaculaire. Magnifiée par quelques notes de piano larmoyantes, la séquence qui suit reste à mes yeux le clou du film ; avant de rendre l’âme dans un dernier râle pathétique, Steven souffle à l’oreille de son partenaire une dernière réplique qui vaut son pesant de bandeau brodé : « J’ai vécu comme un ninja, je meurs comme un vrai ninja ! ». Une certaine idée de l’honneur guerrier qui fait plaisir à entendre. NINJAS ARE NOT DEAD !


Note : d'après notre collègue espagnol Jesús Manuel Pérez (alias Nico Giraldi) et ses amis du site ibérique Zinema HK, le métrage original qui a servi de base aux escrocs de Filmark serait « The Alliance Of Hung Sect », un film taïwanais de 1982 du réalisateur Fong Cheung, une information confirmée par Drélium, qui a pu reconnaître dans ce « Super Ninja 2 » des acteurs comme Ling Wan (alias Ling Yun) ou Yee Yuen.

- John Nada -
Moyenne : 2.00 / 5
John Nada
NOTE
2/ 5
MrKlaus
NOTE
2/ 5
Kobal
NOTE
1.5/ 5
Jack Tillman
NOTE
2.5/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation

Pur produit de la Série Karaté de chez "Fil à Film" (collection riche en nanars de la même trempe avec des titres aussi évocateurs que Ninja Force Brutale, Ninja Power, Fantastique Ninja ou Vengeance Puissance IV), ce Super Ninja 2 ne semble pas être sorti dans une autre collection VHS chez nous.

 


La VHS anglophone de chez Trans World Entertainment.


Le film a malgré tout bénéficié d'une ressortie DVD chez l'éditeur germanophone "Madison Home Video" courant 2005, une galette zone 2 en allemand seulement (Dolby Digital 2.0 Stereo, ouahou), format 4/3 avec pour tout bonus une petite gallerie de photos.


Attention à ne pas confondre ce film avec Chinese Super Ninjas 2 alias Challenge Of The Lady Ninja, film de kung-fu hongkongais de Lee Tso-Nam datant de 1983.