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Suède, enfer et paradis
(1ère publication de cette chronique : 2014)Titre original :Svezia, inferno e paradiso
Titre(s) alternatif(s) :Aucun
Réalisateur(s) :Luigi Scattini
Année : 1968
Nationalité : Italie
Durée : 1h30
Genre : Enquête d'action en zone interdite
Acteurs principaux :Plein de Suédois lascifs, jouisseurs et pervers, aux âmes forcément damnées…
Aujourd'hui, si on vous demandait de situer l'enfer sur Terre, à quel endroit penseriez-vous ? A un quartier délabré et violent d'une mégalopole d'Amérique du Nord ? A une zone tribale du Pakistan en proie à l'obscurantisme ? A un coin de jungle humide infesté de plantes et d'animaux hostiles ? Une région du globe ravagée par la guerre civile peut-être ? Ou encore à un bidonville d'Afrique ou d'Inde rongé par la lèpre et la misère la plus noire ? Naïfs que vous êtes… Tenez-vous bien car les Italiens ont un scoop : le Diable se la coule douce à Stockholm, parce que LA SUEDE C'EST L'ENFER.
Bienvenue dans les eaux troubles du Mondo !
"Les folles suédoises", qui semble être un titre alternatif de "Suède, enfer et paradis" (à l'époque il n'était pas rare qu'un film soit exploité sous deux titres différents à Paris et en province).
Si j'ai déjà eu l'occasion de pioupiouter mon béguin pour les mondo-movies (notamment à travers une présentation dans notre glossaire), rares pourtant sont les occasions d'aborder ce genre un peu âcre sur Nanarland. La raison principale c'est que les films mondo, bien qu'extraordinairement riches en scènes cocasses, bizarres ou grotesques, sont souvent copieusement garnis aussi en séquences chocs bien crapoteuses. Violence graphique et esthétique snuff, voyeurisme complaisant, étalage de nudité infiniment racoleur, enchaînements des situations les plus glauques assorties des commentaires les plus déplacés : les mondo-movies ont quand même une fâcheuse tendance à se vautrer dans un mauvais goût certes fascinant mais qui éloigne presque toujours ce genre d'oeuvre du gentil nanar sympathique. "Presque toujours" avons-nous dit, car il existe tout de même de rares exceptions où l'idiotie du fond l'emporte sur la crudité de la forme, à l'instar du débilissime "St Tropez Interdit" ou de l'inoubliable "Suède, enfer et paradis".
"Suède, enfer et paradis" : une immersion en apnée dans la brutale réalité de la Scandinavie !
On enseigne jusqu'au Japon les terribles dangers que fait peser sur le monde la décadente société suédoise.
Nous sommes donc ici en présence d'un mondo-movie italien qui se propose de nous faire découvrir la société suédoise sous toutes ses facettes – y compris et surtout les moins reluisantes – sur ce ton pseudo-documentaire propre au genre. On assiste ainsi à un enchaînement de séquences – parfois réelles, parfois bidonnées (c'est-à-dire mises en scène mais présentées comme authentiques) – accompagnées par un commentaire en voix off ahurissant qui justifie à lui seul la présence de "Suède, enfer et paradis" sur Nanarland.
Bienvenue en enfer !
"Suède, enfer et paradis", c'est du grand journalisme d'investigation mené par un certain Luigi Scattini, qui n'a pas hésité à se rendre en Scandinavie au péril de sa vie pour faire éclater au grand jour la terrible vérité : la Suède, de l'extérieur on dirait le Paradis mais en fait, en vrai c'est l'Enfer. Jugez plutôt : la Suède, c'est un pays dépravé où on trouve des sex shops qui proposent des magazines avec des gens tous nus dedans, et des "disques pornophones qui reproduisent avec la plus haute fidélité tous les bruits de l'amour". Un pays impie avec des Hell's Angels coiffés de toques en poils de castor (affreux !) qui roulent très vite sur des motos qui font du bruit.
Obscène Suède, aux rues toutes vérolées de Sex Shops, sortes de "bibliothèques de la pornographie" qui proposent des oeuvres interdites partout ailleurs dans le monde, tel ce scandaleux disque pornophone vendu 16,75 couronnes.
Les bikers venus du Nord : une menace pour le monde libre.
N'oublions pas que dans leurs veines coule le même sang que celui des redoutables vikings, qui ravagèrent autrefois l'Europe au cours de raids sauvages !
La Suède, c'est un pays damné avec des hôtesses de l'air insouciantes qui placent leurs parents dans des hospices dans lesquels on fait faire de la gym aux vieux (Scandaleux ! Nous en Italie on laisse nos vieux végéter tranquilles, on vient pas les embêter en leur proposant des animations ! Et puis quelle idée de leur faire faire de l'exercice, vous tenez vraiment à augmenter leur espérance de vie ? Cons de Suédois !). Un pays sordide, où l'on fait plonger des enfants aveugles dans le port de Stockholm pour qu'ils repêchent les vélos et parcmètres que les jeunes voyous ont dérobé et vidé de leur monnaie pour se payer des coups à boire. Un pays sans foi ni loi avec des hippies qui prennent de la drogue. Un pays affreux où l'on ne peut pas conduire en état d'ivresse car la maréchaussée vous y soumet à des alcootests et vous collent une amende "même si l'on n'a fait que manger un chocolat à la liqueur" et "même si l'on est 1er Ministre" ! (Non mais vous vous rendez compte ?!? Un pays où la justice s'applique pour tous, sans passe-droit pour les élites ? Mon Dieu, quelle horreur ! SVEZIA INFERNO !!!).
Le cimetière des éléphants scandinaves, et ses dégradantes séances d'aérobic.
Dans l'enfer des drogués suédois, qui fument la marijuana du diable.
La Suède : une contrée barbare où les femmes ont beaucoup trop de droits…
…et les automobilistes ivres pas assez !
En fait, paradoxalement, ce n'est pas tant la société suédoise des années 60 que nous dévoile ce mondo mais plutôt la société italienne de la même époque. En effet, "Suède, enfer et paradis" nous propose une plongée dans la Suède telle que la voyaient alors les Italiens, avec ses inévitables poncifs (un pays froid, peuplé de gens austères, introvertis et rigoureux, qui ne parlent pas avec les mains… pas l'Italie quoi), mais aussi ses antagonismes culturels profonds. Si la Suède est en partie un enfer aux yeux des Italiens, c'est parce qu'elle apparaît comme un pays beaucoup trop libéral, où les moeurs sont trop relâchées par rapport aux standards traditionnels de la vieille Italie catholique. Vu de Rome, le modèle social-démocrate suédois choque et fascine en même temps. Et c'est cette grille de lecture qu'il faut avoir en tête pour pleinement apprécier l'énormité des commentaires qui s'emploient à dépeindre, de façon hyper subjective, une Suède protestante prospère mais sans valeurs morales, où le sexe est partout mais le bonheur nulle part.
La Suède et ses moyens de transport non-polluants.
Prenons un exemple concret : "Suède, enfer et paradis" nous révèle, sur le ton du scandale, que les préservatifs sont en vente libre dans les rues de Suède. Or aujourd'hui plus personne ne s'étonne de trouver en ville des distributeurs de préservatifs. En France, on en trouve même dans les établissement scolaires depuis 2006. Pourtant ça n'a pas toujours été le cas (en France toujours, la publicité sur le préservatif n'a été autorisée qu’en 1987 !). En Italie c'est encore pire : en 1968, l'année où sort "Suède, enfer et paradis", l'usage du préservatif comme moyen artificiel de contraception est strictement interdit par la hiérarchie de l'Église catholique romaine (l'encyclique Humanae Vitae, rédigée par Paul VI et datant de cette même année, précise ainsi dans son article 14 : « Moyens illicites de régulation des naissances : En conformité avec ces points fondamentaux de la conception humaine et chrétienne du mariage, nous devons encore une fois déclarer qu'est absolument à exclure, […] toute action qui, soit en prévision de l'acte conjugal, soit dans son déroulement, soit dans le développement de ses conséquences naturelles, se proposerait comme but ou comme moyen de rendre impossible la procréation. »). Pour le public pudibond de l'époque, la Suède et ses capotes en vente à chaque coin de rue représentent donc bel et bien un enfer au sens religieux. Pour le spectateur contemporain en revanche, la Suède de 1968 apparaît plutôt comme une société moderne, en avance sur son temps, et les commentaires alarmistes et incroyablement réacs suscitent immanquablement le rire.
Un distributeur de préservatifs, illustration du péril suédois. Le contrôle des naissances, c'est le maaaaaaal ! LA MAMMA ELLE DOIT FAIRE DES PETITS BAMBINI !!!
Ce film a le charme désuet de ces visionneuses à diapositives qu'on vendait autrefois dans les boutiques de souvenirs. Les images qu'il contient sont souvent très quelconques, et c'est justement ce côté pas du tout sensationnel qui amuse, tant ce qu'on voit à l'écran semble anodin par rapport à la description hyper dramatique qu'en fait la voix off. Nouvel exemple : à l'image, on voit une mère de famille marcher dans une rue, tenant par la main son enfant. Le narrateur nous révèle alors, horrifié, cette statistique : en Suède, plus de 75% des femmes travaillent (SCANDALE ! LA MAMMA ELLE DOIT RESTER A LA CASA !!). Et comme les femmes sont nombreuses à travailler, elles abandonnent leur pauvre progéniture dans des lieux que le narrateur nous décrit, avec des trémolos dans la voix, comme des "parkings pour enfants" (!!!), où l'on peut venir déposer son bambin innocent le matin, le laisser entre les mains insensible d'étrangers, et revenir le chercher le soir. En gros, on découvre donc que les Suédois ont très tôt développé un important réseaux de crèches et de garderies, un concept qui semble alors complètement inconnu (et surtout complètement SCANDALEUX) en Italie. SVEZIA INFERNO !
La Suède et ses ignobles parkings pour enfants !
Pour appuyer son propos, "Suède, enfer et paradis" n'hésite jamais à avoir recours aux raccourcis les plus simplistes, aux détournements d'images quasi systématiques, à un sens de l'exagération très méridional et surtout à une mauvaise foi de tous les instants. Encore un exemple : il arrive que dans la Suède de 1968 de jeunes couples passent la nuit ensemble chez leurs parents, et se voient ainsi offrir la possibilité de consommer la bagatelle alors qu'ils ne sont même pas mariés. C'est courant dans l'Europe d'aujourd'hui. C'était impensable dans l'Italie de l'époque. Pour illustrer son propos, le réalisateur met alors en boîte une séquence où l'on voit la jeune Olga, 17 ans, fumer (SCANDALE !) et embrasser son nouveau boyfriend (DOUBLE-SCANDALE !!) dans le salon familial (TRIPLE-SCANDALE !!!), en présence de ses parents (QUADRUPLE-SCANDALE !!!!) qui n'ont pas l'air de trouver ça anormal (QUINTUPLE SCANDALE !!!!) avant d'entraîner le garçon dans sa chambre (MAMMA MIA, SVEZIA INFERNO !!!!!!). Le lendemain matin, comble de l'abomination, la mère vient apporter le petit déjeuner aux amants qui s'éveillent, à moitié nus sous les couvertures, suscitant de nouveaux commentaires indignés en voix off.
Combien de sucres dans votre café, jeune homme ?
Bien entendu, comme nous sommes dans un mondo-movie, le cahier des charges exige un maximum de nudité. Au comble de l'hypocrisie, le réalisateur s'emploie donc à nous montrer – sous couvert bien sûr de dénoncer la débauche de la société suédoise – une déferlante de plans anatomiques. A charge pour la voix off de faire passer la pilule. Regardez les visages innocents de ces écoliers que l'on expose à des images dégoûtantes, sous prétexte de leur inculquer une "éducation sexuelle" ! (et hop, j'te glisse un plan foufoune et un plan zboub) Quelle honte ! Et plus tard ces enfants, devenus adolescents, pratiqueront "dans une glaciale indifférence" toute scandinave le monstrueux péché de chair, comme cette jeune Suédoise qui va se faire poser un diaphragme chez son gynéco ! (et hop, j'te glisse un plan de jeune fille dénudée chez son médecin) Comme c'est immoral !
Comme c'est immoral ! Comme c'est… pardon, qu'est-ce que vous dites ? Ce qui est immoral c'est d'exhiber ainsi des jeunes filles dénudées pour que le public masculin puisse se rincer l'oeil ? Ah mais non, nous si on filme tout ça c'est pour l'édification des masses, le monde doit savoir !
En définitive, le titre "Suède, enfer et paradis" se révèle parfaitement pertinent tant il incarne l'ambivalence, l'envie et le dégoût, le dilemme moral qui semble se poser au narrateur. Car sous couvert de critiquer les moeurs de la société suédoise, on devine tout de même une certaine jalousie, voire de la frustration (bouh, regardez-moi ce pays plein de jeunes créatures plantureuses, parfaitement libres de faire l'amour où elles veulent, quand elles veulent et avec qui elles veulent !).
Si ça c'est l'enfer, je veux bien être damné...
Une frustration qui atteint son apogée lors d'une séquence où l'on voit de jeunes Suédoises se faire draguer dans un bar par des Italiens pur jus. Non seulement le charme viril et le bagout typiquement latin des Ritals semblent laisser les Suédoises de marbre (SCANDALE !) mais en plus elles finiront la soirée avec des Africains (DOUBLE-SCANDALE !!), sans doute parce que, comme l'explique une voix off désabusée, "le noir va avec tout". Pfff, quelles salopes ces Suédoises…
Chevelure flavescente, yeux d'azur et teint éburnéen : cette beauté suédoise attend langoureusement qu'on vienne la séduire.
De façon incompréhensible, elle se montre insensible aux puissantes effluves musquées du charme latin…
…mais pas au noir, qui lui va avec tout !
Comme dans la crème des Mondo, "Suède, enfer et paradis" propose également son lot de séquences complètement "out of space", comme celle qui nous fait visiter un abri sous-terrain anti-atomique. Les images montrent quelques pièces de béton nues, éclairées au néon et filmées platement, et tout ceci serait sans intérêt sans l'insurpassable voix off qui vient broder quelques commentaires avec un merveilleux talent de bonimenteur, faisant mine de s'interroger sur l'avenir des Suédois qui pourraient être amenés à se réfugier ici au cas où la Guerre froide viendrait à devenir bouillante, et philosophant sur "la race élue qui repeuplera la Terre après que le souffle du sixième cavalier de l'apocalypse l'aura réduite en cendres" (tiens, moi qui croyait que les cavaliers de l'apocalypse n'étaient que 4…). Avec le lyrisme chevrotant d'un camelot pété à la grappa, la voix off enchaîne les phrases interminables, en totale roue libre. A l'image, on a juste un plan de jeunes écolières suédoises en plein cours de gym, présentées comme "les filles de l'an 2000, maîtresses du monde de demain". Chapeau l'artiste !
De ce bunker enterré à 400 m de profondeur (et qui ressemble quand même furieusement à un banal parking souterrain !)…
...surgiront peut-être un jour les mutants scandinaves de la deuxième Humanité, qui fouleront les ruines de notre civilisation sous l'épaisse semelle de leurs Moon-Boots. Pour un peu on se croirait dans "Les Nouveaux Barbares" ou "2020 Texas Gladiators" !
On sent le commentaire très influencé par celui de "Mondo Cane", le maître-étalon du genre, bijou de cynisme, d'humour noir et de lyrisme décadent. On retrouve le même goût du tragi-comique, avec cette alternance constante entre légèreté grivoise et drame larmoyant, cet humour grinçant, et cette élégante écriture en prose, en complet décalage avec les images crues qu'elle illustre, et qui parvient presque à conférer une dimension poétique aux scènes les plus scabreuses. Cerise sur le gâteau, ce commentaire est lu en version française par Jean Topart (et Edmund Purdom pour la version anglaise), qui récite son texte avec un charme et une saveur qui font trop souvent défaut aux productions contemporaines (aujourd'hui plus personne ne prononce le mot "yacht" en disant "ia-shte" et c'est quand même bien dommage).
Les Suédois sont réputés pour leur rigueur et leur ponctualité ? Aussitôt la voix de Jean Topart vilipende une société "organisée jusqu'à la maniaquerie", où les horaires de travail "ont la terrifiante ponctualité des phénomènes célestes"… SVEZIA INFERNO !
Que retenir d'autre de la Suède ? Et bien que c'est un laboratoire collectiviste à ciel ouvert où les individus vivent dans des "coopératives familiales" ! (aujourd'hui on appelle ça "vivre en co-location") Un pays cruel où les pervenches flanquent des contraventions de 60 francs pour une minute de dépassement (ça sent le vécu), des pervenches qui arrondissent d'ailleurs leurs fins de mois en posant nues pour des magazines que la morale réprouve ! Un pays où les alcooliques "s'enivrent dans les vespasiennes, au-dessus de la ligne de partage des eaux" et où les clochards (SCANDALE ! NOUS EN ITALIE ON N'A PAS DE CLOCHARDS !) en sont réduits à manger des tartines de cirage ! Un pays non-civilisé où l'on célèbre encore le sabbat des sorcières ! (sur des images de la fête de la nuit de Walpurgis, le commentaire ne ratant jamais une occasion de rappeler que la Suède, contrairement à la Sainte Italie, est un "pays de culte païen") Un pays tellement laxiste que si un enfant y "tue sa mère à coups de pieds parce qu'elle le grondait", on se contentera de l'envoyer dans une école spéciale où, en guise de méthode de ré-insertion, on le laissera faire ce qu'il veut (lire des BD, jouer aux cartes, dessiner etc.). Un pays tellement permissif que les jeunes zazous peuvent librement vous y voler votre voiture, mais où on vous mettra en prison si vous tentez de les en empêcher. Bref, un pays de bourgeois gauchistes païens oufs malades où les frères veulent se marier avec leurs soeurs, un "désert sentimental" où "pédérastie, saphisme, sodomie et autres déviations sexuelles ne sont pas interdites" puisque"ici, le sexe n'évoque jamais l'idée de péché" et où, pour tromper l'ennui, les hommes et les femmes fréquentent sans enthousiasme des soirées échangistes décrites comme de "mornes tombolas sexuelles". Et le film de conclure sur le ton de la tragédie en se lamentant sur cette "libre, riche et malheureuse Suède". (SVEZIA INFERNO !)
Immorale Suède, avec ses expériences collectivistes et ses coopératives familiales !
La tartine de cirage : le plat national des Suédois.
On doit ce "Suède, enfer et paradis" à un certain Luigi Scattini, artisan discret du bis transalpin, auteur de films aussi mineurs que "2 Bidasses et le Général" (une pantalonnade avec le duo de comiques Franco & Ciccio et un Buster Keaton plus mort que vif) ou "Duel dans le monde" (un sous James Bond assez mou, avec un Richard Harrison qui fait du tourisme), mais aussi de quelques mondos aux titres très programmatiques : "Furia du désir" alias "Sexy magico" (1963), "Primitive Love" (1964), "White Angel... Black Angel" alias "Witchcraft" alias "The Occult Experience" alias "The Satanists" (1970) ou encore "Ce monde si merveilleux et si dégueulasse" (1971).
"Suède, enfer et paradis", l'étude sociologique la plus malhonnête qu'on puisse imaginer, allant jusqu'à prétendre qu'en Suède "le viol se subit sans honte mais pas sans douleur", et qu'au fond les Suédoises se fichent de se faire violer vu que l'avortement est légal… Monsieur Scattini vous n'y allez pas avec le dos de la main morte !
Telle une rock star sur le retour, "Suède, enfer et paradis" a un peu tourné dans l'Hexagone ces dernières années, via quelques soirées nanar-friendly à Paris (Nuit Excentrique VII du 20 mars 2011), à Caen (soirée Nanarland du 7 juin 2013), à Lyon (Nuit Hallucinée II du 14 décembre 2013), à Limoges (soirée Bienvenue à Nanarland du 21 février 2014) ou encore à Toulouse (soirée Extrême CinémaThèque du 14 mars 2014), et chaque projection a suscité chez le public de fortes réactions d'enthousiasme comme seuls les films les plus givrés savent en produire. Et c'est tant mieux, car la redécouverte de ce brûlot est une entreprise de salubrité publique ! Avec les années le grand public a trop vite tendance à oublier qui sont réellement les Suédois, ces pervers polymorphes insensibles qui attendent dans la pâle lumière de leur soleil crépusculaire de dominer le monde après l'apocalypse nucléaire en mangeant du cirage ! Remercions donc Luigi Scattini pour nous avoir ouvert les yeux sur cette Babylone du Nord, cette Sodome septentrionale qu'est la Suède, en nous dévoilant la vraie nature de ses habitantes au regard céruléen, véritables succubes qui se roulent lascivement dans la neige au cours d'étranges bacchanales boréales, comme le faisaient avant elles leurs ancêtres les sorcières, et comme le feront après elles les maîtresses de l'an 2000.
Scandaleuses Scandinaves !
Cote de rareté - 4/ Exotique
Barème de notationLe film est sorti en DVD… en Suède ! Une galette multizones éditée par "Klubb Super 8" avec pistes audio en anglais, en italien et en espagnol, avec des sous-titres suédois optionnels. Côté bonus, c'est un peu limité (une galerie de photos et d'affiches d'époque, ainsi que la bande-annonce) mais l'essentiel est là puisque la copie est complète, dans son format d'origine et de bonne qualité (la source provenant d'un master Beta Digital fourni par l'ayant droit).
Il existe également une édition bootleg éditée à partir d'une VHS japonaise, en anglais avec sous-titres japonais incrustés et dans un format tronqué, qu'on ne conseillera donc pas puisque le DVD suédois de "Klubb Super 8" lui est infiniment supérieur. Malheureusement il n'existe pas d'édition VHS connue en France qui permettrait de profiter chez soi de la voix profonde et suave de Jean Topart…
Les belles programmations d'époque des cinémas de la place Clichy...