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Cet Emmerdeur de Charly
Titre original :What Changed Charley Farthing?
Titre(s) alternatif(s) :The Bananas Boat, Cet Emmerdeur de Charley
Réalisateur(s) :Sidney Hayers
Année : 1974
Nationalité : Etats-Unis
Durée : 1h49
Genre : Max Pécas anglo-saxon
Acteurs principaux :Doug McClure, Hayley Mills, Lionel Jeffries, Warren Mitchell, Dilys Hamlet
Il y a quelques années, quelqu'un qui a sans doute voulu faire une farce à l'un de mes amis lui a offert cette étrange chose pour son anniversaire. Que dire de ce film de 1974 si ce n'est que je ne l'ai jamais vu en vente ailleurs, comme si un complot occulte des Illuminati avait tout mis en œuvre pour effacer jusqu’au souvenir de cette énigmatique VHS. Le titre est déjà un mystère. Nul n'a jamais compris, en visionnant le film, pourquoi le héros, Charly, était un "emmerdeur" ! A moins que ce ne soient ses aventures qui emmerdent le téléspectateur ? Auquel cas nous serions en présence d’un cas intéressant de distanciation brechtienne comprenant une audacieuse tentative de l’œuvre par son auteur.
Bien qu’anglo-saxon, le film accuse d’emblée, de par sa jaquette, un style très « Max Pécas », que vient encore renforcer la vision de l’œuvre. « Cet emmerdeur de Charly » est un objet étrange naviguant en permanence entre le navet et le nanar, testant la patience du spectateur, mais parvenant au final à emporter son adhésion, pour peu qu’il soit bien disposé. Mis en scène pour pas un rond par Sidney Hayers, vieux routier de la télévision (des kilos d’épisodes de séries comme « Amicalement vôtre », « Galactica », « K-2000 » ou « Alerte à Malibu » viennent garnir son CV), le film se distingue par un côté quasiment expérimental dans sa narration, donnant l’impression, surtout au début, que scénariste et réalisateur avaient profité du tournage en Espagne pour écluser avec un peu trop d’enthousiasme tous les alcools locaux. L’histoire suit les mésaventures de Charly Farthing (Doug McClure), marin américain à la manque, qui bourlingue maladroitement dans une région hispanophone mal identifiée. A noter que le dialogue prononce le nom du héros « Farting », ce qui veut dire « péter » en anglais, mou ha ha ha ! L’équipe chargée de la VF n’a pas essayé de traduire cette fine plaisanterie.
Doug McClure et sa trogne impayable.
Le film démarre d'emblée par une scène hautement guignolesque : un mari se couche avec sa femme et découvre qu'ils sont trois dans le lit, l’amant étant notre héros, le fameux Charly). S'ensuit une séquence à la sous-« Sous-doués » dans laquelle Doug McClure, nu comme un ver, parvient à échapper au cocu animé d'intentions plutôt meurtrières. Dans sa fuite, il trouve refuge sur un navire et se retrouve sur une île en proie à des troubles politiques.
Rencontrant une sorte d'hurluberlu appelé McGregor (le second couteau britannique Warren Mitchell), Charly se trouve obligé de l’assister dans des trafics aussi louches qu’incompréhensibles, avec comme première préoccupation de s’extirper du port d’une île où un coup d’état communiste vient de renverser le régime en place. Notre héros doit également gérer les assiduités plus ou moins ouvertes de Jenny (Hayley Mills), la fille adoptive de McGregor. Entre péripéties courtelinesques avec le nouveau gouvernement de l’île et quiproquos guignolesques destinés à former un nouvel équipage pour que le bateau puisse légalement appareiller, nos héros ont du pain sur la planche, et le spectateur reste souvent pantois devant tant d’idioties.
Warren Mitchell.
Hayley Mills, ancienne enfant-star qui débuta en jouant le rôle-titre de « Polyanna », se demande ce qu'elle est allée faire dans cette galère.
Deux trognes espagnoles du cinéma bis : Fernando Sancho en officier communiste et Victor Israel en petit escroc, malade plus ou moins imaginaire.
Sur ce scénario-prétexte, « Cet emmerdeur de Charly » brode au hasard une série de séquences rivalisant de grotesque, avec des personnages qui passent leur temps à échanger des beignes comme dans un numéro de clowns, et un héros dont le principal running gag est de se retrouver les fesses à l’air tous les quart d’heure, sous les prétextes les plus divers. Semblant être un assaut délibéré à la pudeur de Doug McClure, dont la dignité est bafouée avec une constance méritoire, le film laisse d’autant plus perplexe que des gags assez sympathiques viennent se mêler à des séquences intégralement navrantes, donnant le sentiment d’un film à moitié improvisé, où des morceaux de bonne comédie viendraient se mêler à des tranches du nanar comique le plus épais.
Pour vous mesdames, quelques-unes des scènes récurrentes où Doug McClure montre ses fesses.
Des personnages qui passent leur temps à se bastonner comme des élèves de cours élémentaire.
L’une des forces du film, c’est l’ineffable Doug McClure, et sa trogne d’ahuri congénital, qui cabotine sans aucune retenue dans son rôle d’anti-héros ahuri, et provoque des rires dont on est souvent bien en peine de dire s’ils sont au premier, au second, ou au troisième degré. Sorte de primate du cinéma, le brave Doug pique la vedette à tout le monde à force de se comporter comme un élève de primaire, de montrer son cul et de se prendre des portes dans la figure. Un numéro entre la prestation d’acteur nanar ultime et le génie comique, à vous de décider.
I’m McClure the Sailor-Man.
Le vieil Ecossais fou, l’un des nombreux personnages folkloriques du film.
« L’Ecosse vaincra, salauds de bâtards ! »
Un peu de vaudeville, un peu de satire politique, un peu de « slapstick » avec des gags du niveau tarte à la crème, « Cet emmerdeur de Charly » laisse un sentiment véritablement étrange, le spectateur flottant entre un étonnement un peu rêveur (la première demi-heure donne carrément le mal de mer tant la narration est mal maîtrisée) et la curiosité qu’entraîne la découverte d’un OVNI. Réalisé avec les pieds, accusant très fortement son âge, joué tout de même avec un certain enthousiasme par des acteurs qui ont l’air de bien s’amuser malgré tout, le film n’est peut-être pas le nanar le plus corsé de tous les temps, mais il correspond bien à l’optique du site, au rayon « curiosités » : c’est indubitablement un mauvais film, mais il est tout de même très sympathique ! Que demander de plus ? Un vrai scénario et des gags un peu plus relevés ? Hé ho, z’êtes pas drôles, vous ! Léger et même inconséquent, mais suffisamment surprenant et décalé pour entraîner l’adhésion, « Cet emmerdeur de Charly » nous rappelle fort heureusement que les français n’ont pas le monopole de l’humour crétin.