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Ma femme... s'appelle Maurice
(1ère publication de cette chronique : 2002)Titre original : Ma femme... s'appelle Maurice
Titre(s) alternatif(s) :Aucun
Réalisateur(s) :Jean-Marie Poiré
Année : 2002
Nationalité : France
Durée : 1h42
Genre : Sabordage artistique
Acteurs principaux :Alice Evans, Régis Laspalès, Philippe Chevallier, Anémone, Martin Lamotte, Guy Marchand, Virginie Lemoine, Jean-Pierre Castaldi, Sylvie Joly, Raphaël Mezrahi, Stéphane Audran, Götz Otto
Note de Nanarland : En raison du caractère absolument honteux de la plupart des photos illustrant cette chronique, l'équipe chargée de les légender préfère se mettre en grève et laisser le lecteur seul juge des scandaleux errements de Mr Jean Marie Poiré, d'autant qu'elle ne tient pas à charger excessivement des comédiens pour lesquels elle peut avoir sinon de la sympathie (Anémone, Martin Lamotte, si vraiment vous avez besoin de payer vos impôts, lisez au moins les scénars qu'on vous envoie avant de signer !) du moins de la pitié (Götz Otto, t'étais très bien dans « Demain ne Meurt Jamais », mais franchement vire ton agent parce qu'entre « Beowulf », « Gunblast Vodka » et ça, là c'est plus possible !).
Jean-Marie Poiré (ou Gaubert, son pseudo utilisé pour la sortie des Visiteurs en Amérique) est en train de devenir le mètre-étalon du nanar à la française. On le pressentait avec les deux suites des Visiteurs, et surtout Les anges gardiens, incroyable vaudeville lourdingue filmé à la John Woo. En adaptant le gros succès du théâtre de boulevard de ces dernières années, porté sur les frêles épaules de l'improbable duo Chevallier-Laspalès, Poiré se doute forcément qu'il va commettre l'irréparable, explorant les limites du jusqu'où peut-on aller trop loin de façon irréversible.
Résumons. Georges est un loser à la petite semaine, vivant aux crochets de sa richissime épouse, qui rentre d'un infructueux week-end avec sa sculpturale mais nerveuse maîtresse. A Paris, c'est la débandade : pour faire face à ses dettes, Georges doit revendre l'appartement conjugal. C'est le moment que choisissent pour débarquer 1) sa maîtresse, armée d'une tronçonneuse 2) Johnny, le mari bafoué d'origine allemande 3) monsieur et madame Trouabal, couple d'acheteurs potentiels 4) et enfin Maurice Lappin ("avec deux P"), représentant au porte à porte du Secours Fraternel, qui va tirer Georges de la panade en se faisant passer pour son acariâtre épouse, avant de l'enfoncer dans l'enfer du quiproquo en série.
Ma Femme..., on l'a compris, c'est le condensé sans concessions aucune de tout le théâtre de boulevard français, avec amant dans le placard et situations improbables soutenues par un mauvais goût certain pour le jeu de mots pas terrible.
Jean-Marie Poiré filme les tribulations de Laspalès (absolument incroyable, surtout quand il se met à beugler, travesti en Virginie Lemoine "Bewaaare, bewaaaaaaaaare la mouche" ou "Gizmo cacaaaa") et Chevalier (qui se borne à jouer à la Charlton Heston) dans son style caractéristique de ses dernières œuvres : usage forcené du très gros plan (vous saurez tout sur l'intérieur des narines de Laspalès), montage cut parfois à la limite du compréhensible, enchaînant les raccords hasardeux lors de la multiplication des personnages (en gros, dès qu'il y a plus de trois personnes dans le champ, c'est l'anarchie visuelle la plus totale).
Le plus hallucinant étant le nombre incroyable de featurings "prestigieux", apparaissant le temps d'une réplique : en vrac, Danièle Evenou en boulangère gênée, Julie Arnold en commerçante dégoûtée, Jean-Pierre Castaldi en patron de garage Audi, Benjamin Castaldi et Paul Belmondo en employés du même garage, Sylvie Joly en passante féministe, j'en passe et des pires.
Disons pour conclure que Jean-Marie Poiré, avec ce film, vient de placer la barre très haut. Il imprime durablement dans la rétine certaines images qui n'auraient jamais dû être tournées par un être vivant (dont cette séquence bucolique où Laspalès s'imagine tournant sur lui-même dans un champ, vêtu de différentes robes de bergères), repousse les limites de l'humainement montrable, joignant une scène de shopping (où Chevallier-Laspalès choisissent la robe de ce dernier dans un magasin) au dernier tube de Kylie Minogue, qui n'en demandait sûrement pas tant. Plus qu'un film, Jean-Marie Poiré livre un cri à la face du monde, clamant haut et fort qu'il n'en a plus rien à foutre. A s'enfiler après Chômeurs en folie pour mesurer l'extrême avancée du cinéma comique français en 20 ans...
La pièce a été jouée à de nombreuses reprises, ici avec le duo Georges Beller & Maurice Risch !
Cote de rareté - 1/ Courant
Barème de notationDepuis, le film a été consciencieusement oublié par tout le monde et aucun blu-ray n'est venu remettre à l'honneur ce fleuron du bon goût français.