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Teen Wolf

(1ère publication de cette chronique : 2003)
Teen Wolf

Titre original : Teen Wolf

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Rod Daniel

Année : 1985

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h30

Genre : « Garou ! Garou ! Un poil de loup ! »

Acteurs principaux :Michael J. Fox, James Hampton, Susan Ursitti, Jerry Levine

John Nada
NOTE
2.5/ 5


"Après Retour vers le Futur, le nouveau film de Michael J. Fox", "Une comédie-fantastique à l’américaine", "N°2 au box office américain" : la jaquette française de Teen Wolf y va franco pour appâter le chaland, pubère et boutonneux de préférence car, une fois n’est pas coutume, il n’y a pas tromperie sur la marchandise : c’est bien d’un pur teenage movie qu’il s’agit ici. Le petit Michael J. Fox, toujours plein d’allant, y interprète Scott Howard, un adolescent qui comme tant d’autres souhaite s’extraire de la vile multitude de ses semblables, se démarquer de ses camarades, être spécial quoi, histoire de voir sa cote de popularité décoller un peu et, qui sait, espérer pouvoir se taper la bonasse du bahut. Quand il ne travaille pas dans la boutique de papa, Scott se traîne avec la lamentable équipe de basket de son lycée, menant cahin-caha sa petite vie d’ado américain moyen jusqu’au jour où, complètement atterré, il constate avec impuissance sa transformation en loup-garou. Un phénomène qui tient de famille, comme le lui explique calmement son père, loup-garou lui aussi, ce qui n’empêche pas une petite scène de dispute avec le fiston façon sitcom décalée ("Tu savais que ça allait m’arriver ! Tu le savais depuis toujours et tu me l'as caché à moi !?!"). 


Scott...



...et son père. Chez les loups-garous comme chez les humains, la vieillesse est un naufrage !


Peu à peu, Scott va prendre conscience des folles possibilités que lui permet une telle ascendance, sur un terrain de basket en premier lieu. Et c’est là que le film commence véritablement à partir en vrille : imaginez un jeune loup-garou en short et maillot jaune, un bandeau de la même couleur au-dessus des oreilles, enchaîner dunk sur dunk devant une foule en délire et des adversaires médusés. Plus qu’un héros, Scott devient très vite une sorte de mascotte, une icône grotesque grâce à laquelle ses potes vont se faire un max de blé, la vente de tee-shirts Wolf Buddy, casquettes I Love Teen Wolf et autres badges à l’effigie du loup s’avérant fort lucrative. Le film accumule alors les séquences édifiantes, celles qui vous minent le moral ou vous font nerveusement exploser de rire, les scénaristes repoussant toujours plus loin, avec l’enthousiasme fébrile d’un masochiste se tapant la tête contre un mur, les limites de la bouffonnerie la plus basse de plafond : Scott en loup-garou se lançant dans une chorégraphie très personnelle du tube I Get Around des Beach Boys debout sur le toit d’un van estampillé Wolf Mobile conduit par son meilleur pote à travers les rues de la ville ; Scott en loup-garou devant le miroir de sa salle de bain, sèche-cheveux en main, peaufinant un étonnant brushing en vue du bal de fin d’année avec en fond la musique thème de La Fièvre du Samedi Soir. Et puis évidemment, depuis qu’il est une célébrité, Scott peut enfin se taper la bonasse du bahut (ce qui apparaît quand même comme le moindre des signes de promotion sociale dans les établissements d’outre-Atlantique).




A gauche la bonasse du bahut (la blonde), à droite la sympathique petite brune et au milieu...


En faisant preuve d’un minimum d’indulgence, on pourra concevoir la métamorphose du héros et les changements de personnalité qu’elle entraîne comme une bonne métaphore sur l'adolescence et la puberté, période où le jeune se cherche, troublé par les transformations de son corps. Si elle peut sembler amusante, l’idée d’un adolescent loup-garou n’a pourtant rien de foncièrement original, le concept ayant déjà été exploité dès les années 1950 – sur un tout autre ton il est vrai – dans le fameux "I Was a Teenage Werewolf". Ce que les années 1980 ont à offrir de plus se résume à Michael J. Fox, quelques chansons sympas (Win in the End de Mark Safan, Shooting for the Moon par Amy Holland sans ouboier l’impossible Big Bad Wolf du groupe Bunny & the Wolf Sisters) et une bonne humeur qui se veut communicative. L’ensemble ne s’avère pas vraiment génial, entre l’humour évoqué plus haut et les bonnes intentions énormes dont le scénario est farci, avec un respect très approximatif des conventions établies par les innombrables hordes velues de productions antérieures, des classiques plus ou moins lointains (Le Loup-Garou, La Nuit du Loup-Garou, La Fille du Loup-Garou) au vivifiant renouveau du début des années 1980 (Hurlements, Le Loup-Garou de Londres, Wolfen, La Compagnie des Loups).

Hihi ! Il mange la canette.

Devant son proviseur, Scott se la pète un peu.

Scott peut se transformer à volonté et conserver son apparence bestiale tant qu’il le veut, ce dont il ne se prive pas puisqu’il apparaît que ce que les gens aiment chez lui c’est le loup, pas l’être humain. Cette évidence regrettable mais compréhensible (sans ses pouvoirs, Scott est un loser, à l’instar de héros de comics comme Spiderman) sert plus ou moins d’idée de fond au film, qui dispense en marge mais avec une certaine fermeté des propos gentiment moralisateurs sur la tolérance et le droit à la différence (un message certes jamais aussi bien senti que celui d’un Elephant Man ou d’un Freaks mais tout de même beaucoup moins foireux que celui d’un Ratboy). "Comprends-le, merde, pourquoi est-ce qu’il faudrait que je sois comme les autres ?" demande à son amie d’enfance un Scott excédé, les paumes tournées vers le ciel. Parce que ça n’est pas tout de respecter ses semblables, les kids, que c’est aussi super important de pouvoir se respecter soi-même, que ça craint un max de privilégier le Paraître à l’Etre et qu’il vaut finalement mieux rouler des patins à une sémillante petite brune qui vous aime sincèrement pour ce que vous êtes qu’à la bonasse du bahut qui n’a d’yeux que pour votre cote de popularité.


Juré, dessous les cheveux y a bien Michael J. Fox.


Rock'n Roll


Free Style


Que là y zont dû y mettre un bon coup d'glue.


Les producteurs tenant fermement les rênes du projet, Teen Wolf n’a jamais eu l’occasion de s’écarter un tant soit peu des sentiers bien balisés du teen movie, à tel point qu’on peut considérer que ces 90 minutes de potacherie niaiseuse restent depuis parmi les mieux calibrées du genre. Ainsi, les effets spéciaux de maquillage ne devant pas être trop effrayants, Scott tient à peu près autant du singe ou du hippie que du loup-garou. Ces transformations ont pourtant été conçues par les studios Burman, déjà auteurs de celles, tellement moins ridicules, de The Boy Who Cried Werewolf en 1973 (depuis lequel, en outre, le cinéma avait encore fait des progrès considérables à ce niveau là). Et au-delà d’un pédantisme cinéphilique assez honteux, si je fais autant de références dans cette critique, c’est quand même que, intérêt nanardesque mis à part, tous les films de loups-garous précités valent vraiment mieux que ces piteuses frasques lycanthropiques, qui généreront pourtant une suite, encore plus piteuse, et même une série en dessin animé.




Parce qu'il le vaut bien.

Et en guise de bonus foireux que personne n'aurait songé à réclamer, voici les paroles du générique de fin :

When you're shooting for the moon and finally make it
I guess a lucky star is shining on you
The candle on the cake is yours so take it
Make another wish it's sure to come true
Isn't that the way you do it?
Maybe I could do it to...


Amy Holland - Shooting for the Moon,1985.
Applause the artist.

- John Nada -
Moyenne : 2.17 / 5
John Nada
NOTE
2.5/ 5
Kobal
NOTE
2.5/ 5
Wallflowers
NOTE
1.5/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation

Capitalisant sur Michael, les éditeurs "CNC" et "Monarch" avaient ressorti ce film en DVD pour supermarché sous son habillage d'origine. Une petite édition à l'image vidéo moche ne comprenant qu'une V.F. pauvrette en mono. Il faudra attendre 2011 pour voir "Fox/Searchlight" ressortir une véritable édition soignée, en Bluray et DVD avec toutes les langues et quelques bonus sympas comme un Trivial Pursuit sur les monstres au cinéma.


A noter qu'aux Etats-Unis (où le film est culte), le film sorti chez "MGM" bénéficie d'une édition de meilleure qualité, en simple ou double DVD avec sa suite nantis de sous-titres français. Attention "Monarch" a sorti ce double programme en France mais dans une qualité dégueulasse.

 

 

Depuis, et grace au succès de la série télé du même nom, des éditions blu ray ont été proposées. Celle de "MGM" est basique mais comporte la version française, tandis que la collector de "Shoot ! Factory" est particulièrement soignée et remplie de bonus mais n'offre qu'une version anglaise en zone A.