Recherche...

Garv : pride and honour


Garv : pride and honour

Titre original : Garv : pride and honour

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Puneet Issar

Année : 2004

Nationalité : Inde

Durée : 2h42

Genre : The Punishoor

Acteurs principaux :Amrish Puri, Salman Khan, Shilpa Shetty, Arbaaz Khan, Mukesh Rishi, Mohan Joshi, Vijayendra Ghatge, Kulbhushan Kharbanda, Hemant Birje

Nikita
NOTE
3.5/ 5


Le film d’auto-défense, c’est tout un art. On avait pu admirer dans ce domaine le talent des Italiens dans les années 1970 avec des films comme « Un Citoyen se rebelle » ou « Rome violente », où flics et honnêtes gens réglaient leurs comptes aux malfaisants au mépris de la loi laxiste et des magistrats corrompus ; les Américains étaient bien sûr les maîtres incontestés du genre, avec « Un Justicier dans la ville » comme référence impérissable et une de ses suites, « Le Justicier de New York », comme perle nanarde absolue. Même les Philippines s’y étaient mises en faisant de la contrefaçon pseudo-américaine (« Eliminator »). Des productions plus récentes comme « The Punisher » ou « Plus Jamais ! » avec Jennifer Lopez nous ont confirmé que le genre avait encore de beaux restes.



Mais quand Bollywood s’empare du genre, quand la luxuriance outrée du cinéma indien se frotte au thème a priori austère et sec de l’insécurité urbaine, quel peut être le résultat ? Hé bien, le résultat, le voilà : c’est « Garv », sans doute le film le plus robuste qu’il nous ait été donné de voir depuis des lustres en matière de sécuritaire testostéroné, agrémenté de l’indispensable exotisme musical indien. Ici, le justicier ne se contente pas de tuer les malfaisants, il chante entre deux gunfights !


Un film pas du tout cocardier.


Le héros sévèrement burné, c’est l’inspecteur de police Arjun Ranavat, joué par la star indienne Salman Khan, tout en muscles et en regards lourds qui en disent long. Arjun est un Indien modèle, respectueux de sa mère, veillant sur sa sœur, attaché à sa patrie. Le film s’ouvre cependant sur son procès, qui le voit accusé d’avoir commis un massacre. Que s’est-il donc passé ? C’est ce que nous allons apprendre par une narration tout en flash-back.


Toi aussi, fais comme Salman : aime ta maman.

Et fais du sport.


C’est qu’Arjun n’en peut plus ! Il n’en peut plus des criminels défendus par des avocats marrons et libérés par des juges laxistes, des politiciens corrompus, et de l’insécurité galopante qui menace perpétuellement la vie des honnêtes citoyens. Si la société va mal, c’est à cause de la recrudescence du crime ! Mais contrairement à un vulgaire Charles Bronson, ce n’est pas dans une croisade solitaire que notre héros va se lancer, après avoir occis un fétide gangster qui avait menacé sa soeur. En effet, l’Inde compte encore, contrairement aux Etats-Unis, suffisamment de citoyens sains et couillus pour agir de concert contre le crime avec les vrais champions de la vraie justice. Ayant la chance de travailler sous les ordres d’un commissaire intègre et courageux, Arjun va convertir toute sa brigade aux joies de la justice expéditive. Plus de droits civiques pour emmerder les honnêtes représentants de l’ordre : désormais, c’est sans sommation que les policiers tireront pour transformer en passoire les criminels malpropres et dégueulasses qui infestent la région de Mumbaï (c'est le nouveau nom administratif de Bombay, changé dernièrement par la droite nationaliste qui trouvait que l'ancien nom d'origine portugaise faisait trop "passé colonial"). Evidemment, ces tapettes de médias gauchistes harcèlent nos héros, mais ils ont vite fait de se faire remettre à leur place.




Le coéquipier musulman du héros (joué par Arbaaz Khan, le frère de Salman).


Mais les forces du mal n’ont pas dit leur dernier mot, et c’est là qu’apparaît LE PARRAIN, l’ignoble Zafar Supari, interprété par Mukesh Rishi avec une outrance purement délectable : barbu, le visage perpétuellement crispé en un rictus de haine, Supari n’est pas explicitement désigné comme pakistanais, mais sa barbe, la djellaba qu’il porte dans une scène, et le fait qu’il dirige son organisation « depuis un pays étranger », rencontrant ses sbires à Dubaï (Emirats Arabes Unis), le désignent assez explicitement comme musulman et probablement étranger.



Un sbire du parrain…


…et le parrain lui-même.


Tellement méchant qu’il aurait pu figurer dans un épisode de « Goldorak » en qualité de général des forces de Vega, Supari a en outre comme botte secrète un ignoble politicien pourri dégueulasse, qui cache sous sa bonne bouille d’aimable démocrate opposé à la justice expéditive une âme de salopard de dernière catégorie.



La corruption et le crime au pouvoir !

Le commissaire ripou.


Elu Ministre principal (équivalent de gouverneur d'Etat américain), le sbire politicard va tâcher de mettre des bâtons dans les roues à Arjun et à ses hommes, commençant par remplacer leur chef honnête et intègre par un commissaire aussi corrompu que lui, à l’infamie insondable. Mais Arjun ne va pas se laisser faire, d’autant que les méchants vont commettre l’erreur de s’attaquer à son coéquipier puis, pire encore, à sa sœur. Et quand on touche à sa sœur, Arjun voit rouge…





A ce discours plus musclé qu’une circulaire du Ministère de l’Intérieur, et totalement premier degré, « Garv » ajoute un style de mise en scène typiquement indien. Couleurs si vives qu’elles piquent les yeux, bruitages intempestifs, mouvements de caméra extrémistes, scènes d'action filmées dans un ralenti assorti de grossiers effets de rémanence : tout est fait pour en mettre plein la vue au spectateur en même temps qu’on lui enfonce le cerveau à grands coups de marteau-piqueur idéologique. L’outrance du discours rejaillit sur tous les aspects de l’œuvre. Le film est une véritable enfilade de scènes anthologiques, magnifiées par le jeu d’une troupe d'acteurs ne craignant jamais d’en rajouter des kilos. On citera notamment la scène où le coéquipier musulman d’Arjun, accusé par le commissaire pourri d’être un espion à la solde du Pakistan, arrache en hurlant sa chemise pour montrer, outre un torse velu et viril, des cicatrices de balles prouvant sa valeur au combat et son attachement à sa patrie. Cette scène pourrait presque être considérée comme un monument à l’outrance.


Comme tout blockbuster de Bollywood qui se respecte, « Garv » est agrémenté de séquences chantées et dansées : Arjun vit en effet avec une chanteuse une histoire d’amour qui, objectivement, n’apporte rien à l’histoire. Entre deux gunfights, les deux tourtereaux se déclarent donc leur flamme en une succession de clips que la distance culturelle nous empêche de juger à leur réelle valeur. Disons que les chansons en elles-mêmes sont loin d’être l’aspect le plus ridicule du film, le nanar pouvant se chercher principalement dans le caractère hystérique de la mise en scène et dans certaines poses de Salman Khan.





Highlandoor !


Le cinéma d’autodéfense remplit ici sa fonction première, qui est celle de servir de défouloir au spectateur ; ici, le public local, notoirement frustré par l’incompétence et la corruption de son administration politique, et inquiet du développement de la criminalité, trouve un exutoire à la démesure de l’Inde. C’est précisément l’exagération constante du film, son message pouvant faire passer les plus hardcore des vigilantes pour des humanistes, les outrances régulières de la mise en scène, qui font basculer « Garv » dans le camp des nanars purs et durs. Citons parmi bien d’autres séquences la scène où Arjun, jusque-là impassible à son procès, entend le procureur mettre en doute la vertu de sa sœur et arrache à mains nues la barre du prétoire avant de la jeter avec force sur le magistrat indélicat. Un vrai bonheur pour ceux qui trouvent les scènes de procès trop statiques !




On me signale par ailleurs que Salman Khan aurait été soupçonné de liens avec la mafia et qu’il aurait entrepris le tournage de ce film outrageusement « légaliste » pour se défaire de son image sulfureuse. Je n’ose y croire.


Sans être à la hauteur du délire d’un « 7 Aatankwadi », car nous sommes en présence d’une grosse production, « Garv » contient suffisamment de solides morceaux nanardesques pour donner au cinéphile pervers l’envie de découvrir plus avant les délices que l’on nous mijote du côté du sous-continent indien. Chaudement recommandé !

- Nikita -
Moyenne : 3.45 / 5
Nikita
NOTE
3.5/ 5
MrKlaus
NOTE
2/ 5
Kobal
NOTE
3.5/ 5
Drexl
NOTE
4.5/ 5
John Nada
NOTE
3.75/ 5

Cote de rareté - 4/ Exotique

Barème de notation
Soyons clairs, vous ne trouverez pas ce film n’importe où. Le DVD est par contre dénichable dans les boutiques spécialisées en produits indiens. O joie, il est même disponible chez "Spark" en zone 0 avec des sous-titres français, rédigés dans un délectable baragouin (les sous-titres anglais, généralement exempts de fautes, sont conseillés pour ne pas être trop distrait).