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Harpies
Titre original : Harpies
Titre(s) alternatif(s) :Les Ailes démoniaques
Réalisateur(s) :Josh Becker
Année : 2007
Nationalité : Etats-Unis
Durée : 1H24
Genre : Harpie WC senteur des bois
Acteurs principaux :Stephen Baldwin, Velizar Binev, Scott Valentine, Jonas Talkington, Kristin Richardson
Pourtant, le pitch aurait dû éveiller leurs soupçons. Lors d'une de ses rondes de nuit au musée, Jason se fait attaquer par des mercenaires voulant s'emparer d'antiquités. Notre héros décide naturellement de les arrêter mais se retrouve projeté dans le passé à cause d'un artefact magique. Au Moyen-Âge, il devra chercher un moyen de revenir à son époque tout en luttant contre des harpies obéissant aux ordres de Vorian et Lord Castor, deux despotes qui souhaitent conquérir le monde et profiter de la peur des villageois pour augmenter les impôts. Ah ça, notre gouvernement peut en prendre de la graine ! Plutôt que de nous inventer des excuses bidons à coup de réformes des retraites et crise mondiale, il ferait mieux de réveiller des créatures démoniaques, ça la ramènerait moins chez les syndicats !
Ce vaurien de Vorian.
Lord Castor a les dents longues.
Kristin Richardson, premier rôle féminin et grande habituée de la télévision. Pour faire simple, disons qu'elle a tourné dans toutes les séries US un peu connues de ces dernières années.
Comme vous le voyez, le scénariste n'a pas fait dans l'originalité, se permettant de pomper dans les grandes largeurs le script de « Evil Dead 3 ». Mais outre ce grossier plagiat, ce qui donne son intérêt à l'histoire, c'est avant tout son épaisse bêtise, où chaque personnage va participer à un concours de stupidités comme on en voit rarement. En effet, dans une intrigue banale, lorsqu'un des méchants se fait capturer, il y a très peu de chances que l'antique feinte du « regarde dans ton dos pendant que je m'enfuis » puisse réussir. Sauf qu'ici, elle marche du tonnerre et ne se révèle qu'une des multiples inepties qu'on tente de nous faire gober. Décidé à ne nous épargner aucun poncif, Declan O'Brien - autant le dénoncer - a aussi parsemé son film d'humour reposant sur les anachronismes entre notre héros du futur et ses compagnons d'un autre temps. Du gag bien subtil, on s'en doute, et sans aucun arrière-goût de réchauffé, ce n'est pas le genre de la maison...
Des preneurs d'otages préférant tirer dans les vitrines alors que leur cible est totalement à découvert.
Vorian tend une coupe au vaillant héros. Se pourrait-il qu'elle soit empoisonnée ?
Gagné ! Mais bon, c'était facile.
Ces critiques mises de côté, l'histoire obéit sans accroc au cahier des charges de toute production Sci-Fi, à savoir du DTV vite bâclé, vite consommé. Habitués à combler les grilles de leurs chaînes de télé, les films produits pour le compte de cette boîte n'ont que rarement les honneurs d'une chronique en ces lieux : trop sages, trop formatés. Pourtant, « Harpies » bénéficie d'une petite originalité, en la présence de sa signature : Stan Lee. Père notamment de Spiderman et Hulk, monsieur Lee a depuis longtemps laissé tomber sa plume pour monter de nombreux projets reposant sur sa renommée. Avec sa firme Pow Entertainment, il s'est lancé dans la production de quelques films et séries télés sur lesquels il se contente d'apposer son illustre patronyme, à défaut d'y apporter une réelle influence artistique. Le présent film semble, hélas, confirmer la rumeur prétendant que le talent de l'auteur est en berne, tant cette mixture s'avère indigne de celui qui a profondément marqué de son empreinte l'univers du comic-book.
La vache ! On m'avait dit qu'il sucrait les fraises papy Stan, mais à ce point....
Autre élément indispensable à ce genre de produit hyper-calibré : le has been démotivé. Ici, les grands responsables de cette infamie ont réussi à s'attacher les services de Stephen Baldwin. Comédien efficace dans « Usual Suspects » ou « 2 garçon, 1 filles, 3 possibilités », Stephen devait connaître par la suite quelques ratés, apparentant sa carrière à une chute du haut d'un immeuble de quinze étages dont ce « Harpies » serait le rez-de-chaussée. N'ayant plus aucune illusion sur le métier de comédien, Stephen, à demi consterné, fait vaguement semblant d'y croire mais ne livre qu'une prestation alimentaire, pas aidé par un personnage manquant de consistance. Viré de la police, en plein divorce, ingérable, Jason est l'archétype du héros revenu de tout et qui ne s'étonne finalement pas tant que ça d'être projeté en l'an 900 après avoir fait le malin avec une amulette sacrée. Pour autant, on essaiera de ne pas trop l'accabler, monsieur Baldwin s'accrochant encore un peu à sa dignité, effort louable lorsqu'on voit le niveau de ses compagnons.
« - Lord Castor, souverain de ce royaume.
- Stephen Baldwin, acteur au chômage ».
Purée, encore cinq ans et je finis chez Ciné Excel...
Excepté des comédiens amateurs n'ayant que ce film à leur palmarès, le reste de la troupe est composé de toute une bande d'habitués des productions Sci-Fi et Nu Image : entre Jonas Talkington (« Lake Placid 2 ») et Atanas Srebrev (« Marines »), difficile de savoir qui gagnerait le prix de pire second couteau de l'année. Citons également le peu concerné Velizar Binev, qui traverse le film en ayant l'air de se demander ce qu'il fait là (il faut dire qu'enchaîner depuis dix ans les « Pièges en eaux profondes » et autre « Sharkman », ça vous blase un homme) et, à l'extrême opposé, le cabotin Scott Valentine, le seul à véritablement sortir du lot.
Barbare, moine... une vraie foire aux stéréotypes. Plus original, l'écuyer avec son look de glam rocker prépubère.
Bon, vous avez fini vos âneries, j'peux y aller ?
Scott Valentine se plaît à en rajouter dix bonnes couches dans le registre du conseiller félon. Tout en rires diaboliques et en roulements d'yeux, l'acteur profite de l'occasion pour s'amuser comme un fou, conscient qu'on ne lui reprochera pas de jouer comme un pied dans le marasme ambiant. D'ailleurs, qui pourrait lui en vouloir ? Si on vous confiait un rôle de second empestant le vice et s'accouplant avec des harpies pour bâtir une armée, le tout fagoté comme l'as de pique, n'en feriez-vous pas des caisses, vous aussi ?
Scott Valentine est dans la place !
De son côté, le réalisateur Josh Becker fait semble t-il ce qu'il peut pour rendre ce film de commande un peu moins bancal, mais il n'est gère aidé par ses acolytes, ni même par ses propres déficiences. Collaborateur de longue date de Sam Raimi, Becker avait réalisé en 2004 le sympathique « Alien Apocalypse », porté à bout de bras par le non moins sympathique Bruce Campbell. Tourné en Bulgarie en 19 jours avec 1,5 millions de dollars, « Alien Apocalypse » avait permis à la chaîne Sci-Fi de réaliser un de ses meilleurs audimats. Du coup, Sci-Fi renvoie le soldat Becker en Bulgarie pour « Harpies » où, ayant à faire face à d'évidentes carences en matière d'effets spéciaux et de budget, le réalisateur laisse son film glisser mollement sur la pente de la parodie involontaire. Siège d'une forteresse virant à la farce, acteurs livrés à eux-mêmes (il faut les voir faire tournoyer leur épée juste au dessus de leur tête, alors que les harpies planent à dix bons mètres du sol !), chevalier fraichement énucléé qui cherche son glaive pour continuer le combat, « Harpies » est tellement hors sujet qu'il se donne un peu malgré lui des faux airs du « Sacrée Graal » des Monty Python.
Quoi, ça ? Oh, c'est rien qu'une écorchure ! Attends donc que je trouve mon arme, bandit !
Cette impression est d'ailleurs renforcée par un sens de l'esthétique qui laisse rêveur. Tourné en Bulgarie pour le prix d'une tonne de yaourt, le métrage de Josh sent bon le carton pâte et les décors bricolés à la va-vite, au point d'utiliser les mêmes ornements pour décorer deux pièces censées être différentes. Misère oblige, ne vous attendez pas non plus à un péplum en matière de figuration : compter dix personnes pour jouer les villageois et les soldats ennemis. C'est sûr, Becker et son équipe de fumistes y ont mis du leur, mais il y a aussi des éléments sur lesquels ils ne peuvent rien, comme l'inégale version française. Si elle n'est pas en soit d'une nullité transcendante, il faut bien souligner que le boulot accompli par nos amis doubleurs apporte néanmoins une légère plus-value, avec ses timbres de voix ridicules, sans doute pour masquer que certains comédiens doublaient plusieurs personnages. Certains moments de flottement en plein milieu d'une phrase laissent supposer que le texte ne devait pas défiler assez vite lors de la post-synchro, ou bien que les acteurs respectaient trop scrupuleusement le rythme original du dialogue. La débâcle est donc périodique, mais a le mérite d'être assez fidèle à la VO, si on en juge par les intonations grotesques que l'on peut entendre à l'occasion.
Des figurants joyeux auxquels on a omis d'ajouter des voix ! Effet comique garanti.
L'armée du père Castor au grand complet.
Une salle de musée et une grotte du Moyen-âge. Deux lieux, deux époques, mais une tenace sensation de déjà-vu.
Avec tous ces éléments, on en aurait presque oublié celles qui restent pourtant les stars du film, et qui combinent à elles seules toutes les imperfections exposées précédemment : les harpies. Maquillées comme des fans d'Alice Cooper et portant des robes de nuit pour seuls costumes, nos guerrière volantes comptent sans doute parmi les pires craignos monster de ces dernières années, de celles capables de faire passer la créature d' « Alien 3000 » pour une réussite totale. Juchées sur leurs perchoirs ou battant des bras pour simuler une attaque, les comédiennes frôlent la névrose permanente, bien aidées par des cris de corbeaux pris de boisson aussi irritants que ridicules. Notons tout de même que le résultat aurait pu être tout autre, si on en croit la défense du metteur en scène, persuadé que celles qu'il surnommait les « flying crack whores » durant le tournage seraient remplacées par des images de synthèse en post-production. Difficile de penser que cela aurait été mieux lorsqu'on admire les quelques rajouts numériques, tellement grotesques qu'on les dirait programmés sur minitel et incrustés à même la pellicule. Certains trouveront regrettable qu'on ne voit pas assez ces oiseaux de malheur, mais en l'état, leur présence demeure indubitablement un gros atout, faisant de chacune de leurs apparitions un ravissement pour tous les amateurs de créatures foireuses.
Un petit coup d'harpies avant de tirer la chasse.
« Harpies » fait évidemment figure de bagatelle dans l'univers du cinéma décadent. Lamentable à plus d'un titre, ce hors-d'œuvre vaut néanmoins d'être vu pour quelques moments de vrai amusement à base d'effets spéciaux décrépits, de situations absurdes et d'acteurs au fond du ravin. Les harpies, elles, seront sans doute déçues du traitement qui leur a été réservé. Mais qu'elles ne s'en fassent pas trop : si toutes leurs interventions cinématographiques sont de ce niveau, chez nous, elles auront toujours le gîte et le couvert.