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Spiderman (1977)


Spiderman (1977)

Titre original : Spiderman (1977)

Titre(s) alternatif(s) :L'Homme Araignée

Réalisateur(s) :E.W. Swackhamer

Année : 1977

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h27

Genre : Araignée au plafond

Acteurs principaux :Michael Pataki, Nicholas Hammond, David White, Thayer David

Wolfwood
NOTE
1.5/ 5



Les super héros ont toujours fasciné. Sorte de mythologie contemporaine, avec ses surhommes et ses golems aux pouvoirs extraordinaires, torturés par les aléas d'une destinée qu'ils ne peuvent éviter, les comics suscitent l'engouement depuis des générations. Rien d'étonnant donc à ce que le cinéma ait toujours tenté de s'y frotter, avec plus ou moins de réussite.

Le cas qui nous intéresse traite de l'un des personnages les plus connus de ce genre, j'ai nommé Spiderman, l’homme araignée. Apparu pour la première fois en 1962 sous les plumes de Stan Lee et Steve Ditko, le tisseur a su devenir au cours des décennies l'un des super héros les plus populaires, grâce notamment à la profondeur des thèmes que ses aventures abordent (affres de l'adolescence, devoir de l'homme face à ses responsabilités...) et aussi à son côté très spectaculaire tant le goût pour la cabriole de notre homme araignée n'est plus à démontrer. Tenter d'adapter les aventures de ce justicier voltigeur se révèle donc être une entreprise au potentiel intéressant mais pour le moins ardue. Inutile de vous dire que la version dont nous allons parler se plante assez lamentablement.



Contrairement à ce que beaucoup de monde croit, l'idée d'adapter les exploits de notre acrobate ne date pas d'hier. Non, Sam Raimi n'a pas été le premier à faire virevolter le tisseur. Ainsi, bien avant qu'un projet de la Cannon, après moult imbroglios, n'ait jamais vu le jour, à notre grand regret, il faut remonter à la fin des années soixante-dix (époque prolifique en adaptions chez la Marvel avec notamment la fameuse série « Hulk », où l'on retrouvait Lou Ferrigno, ou encore le « Captain America » de notre cher ami Reb Brown...), pour savourer les premiers exploits du jeune Peter Parker.

Le rôle du photographe échoue à Nicholas Hammond, acteur de télévision de vingt-sept ans à l'époque et ayant déjà pas mal roulé sa bosse dans bon nombre de séries. Et c'est là qu'il commence à y avoir un petit problème, un binz, voire même une couille dans le potage. Non pas à cause de son âge – Tobey Maguire avait le même lorsqu'il endossa le costume de l'araignée pour la première fois – mais ce qui saute aux yeux, c'est surtout son manque d'expérience évident pour soutenir à bout de bras un projet reposant en grande partie sur sa propre personne, contre-performance que l'on pardonne d'ailleurs en partie, lorsqu'on sait que l'ambiance sur tournage n'était pas vraiment été au beau fixe et que les différents participants auraient laissé Hammond s'embourber dans son rôle.



Du moment qu'il faut jouer les héros, n'est pas Max Thayer qui veut.



Sans être mauvais dans son jeu – on a quand même vu bien pire en ces lieux – le charisme de notre acteur principal réside plus dans son brushing que dans ses capacités d'athlète, donnant à notre héros une allure plus carnavalesque que véritablement héroïque. C'est bien simple, dès qu'il s'agit de démonter sa souplesse ou ses capacités de combat au corps à corps, notre homme araignée semble comme touché d'arthrite chronique, ce qui nous vaudra d'assister à des chorégraphies de combats d'un rare grotesque.


Un bâton, ça peut être très dangereux…surtout quand on ne sait pas s'en servir.



Mais ce n'est pas tout, on peut aussi clairement douter du sens de la discrétion de son personnage. En effet, Peter affiche ici une telle connaissance des pouvoirs et des agissements de Spiderman que cela le rend très franchement suspect. Notre héros aura d'ailleurs bien du mal à écarter les doutes qui pèsent sur lui, la faute à un sens de la répartie assez incroyable, lui fournissant toujours des alibis en mousse. Enfin, en ce qui concerne le costume, c'est pas trop ça non plus. Bien que fidèle à l'original, il donne vraiment l'impression d'avoir été brodé en dix minutes par un couturier stagiaire à partir d'un vieux jogging.


Peter, tout content dans son nouveau pyjama… euh, costume de Spiderman.


En même temps c'est normal : c'est Pierre Bellemare qui le lui a vendu.



La découverte de ces facultés arachnéennes se fait au bout d'un quart d'heure, c'est déjà ça de pris en effet spéciaux. Après une expérience scientifique foireuse et foirée, conduisant notre héros à se faire mordre par une araignée radioactive, ce dernier manque de se faire écraser par une voiture fonçant vers lui à la vitesse d'un escargot asthmatique. A cette allure, Peter pourrait bien sûr sauter à droite, à gauche, voire même simplement faire un pas de côté, mais non un justicier ça aime la difficulté et notre ami préférera s'enfuir dans une impasse.



- Tu ne trouves pas ça un peu débile de retirer un objet radioactif avec des gants mappa alors que ça fait 5 minutes qu'on fait les guignols avec un bras métallique ?
- On s'en fout, on est dans un nanar, personne ne nous en voudra.




Une araignée radioactive des années 70, ça ressemblait à ça.



Des cascades à la Derrick.



Spiderman devra d'ailleurs vite apprendre à maîtriser ses nouveaux dons pour pouvoir lutter contre les dangers qui menacent New York. En effet, un sombre complot se trame dans l'ombre, ourdit par un mystérieux maître chanteur.

A ce sujet, ne comptez pas trop sur le Lézard, Mysterio et autre Bouffon Vert pour venir semer le trouble dans la grande pomme. Notre vilain de service reste un gangster de seconde zone, qui menace la cité en hypnotisant des notables de la ville afin qu'ils commettent divers larcins à sa place et endossent la responsabilité de ses crimes. Afin d'extorquer cinquante millions de dollars au maire de la ville, il menace de pousser dix de ses concitoyens au suicide. Doué d'un grand sens de la persuasion, il arrivera à endoctriner ses victimes grâces à des discours de psychologie à deux balles, presque aussi confus que ceux d'un pilier de bar PMU, mais c'est surtout grâce à un petit insigne que notre mécréant arrivera à ses fins, ce badge envoyant des impulsions micro-ondes permettant de contrôler le cerveau de celui qui le porte.


Edouard Byron, le Diet-Coke du mal, la sucrette du vice.


Quand on pense que cette folie des pin's, c'était rien qu'un complot pour gouverner le monde…



Les personnages ont beau être ridicules, ce film ne serait rien sans son évident manque de moyens, inapte à rendre crédibles et palpitantes les aventures de notre justicier.

On peut sans conteste dire que les effets spéciaux de l'époque n'étaient pas ce qui se faisait de mieux. Vouloir adapter un personnage aussi spectaculaire que l'araignée reste donc une entreprise des plus casse-gueule et on est clairement en droit de se demander comment un esprit sain a pu imaginer un seul instant pouvoir restituer tout l'aspect acrobatique du personnage. Qu'il s'agisse de s'accrocher au mur ou de lancer des toiles, rien ici ne réussit son objectif premier mais plonge a contrario le spectateur dans une accumulation d'effets spéciaux joyeusement cheap.



Peter s'accrochant à un stock-shot de mur…


…ou alors à une vraie paroi (à noter la position de l'arrière train laissant supposer l'utilisation d'un harnais).

Des toiles d'araignées en cordes véritables.


Un sens de la discrétion indéniable.



Conscient de ces lacunes, le réalisateur et les scénaristes font ce qu'ils peuvent pour limiter les dégâts mais semblent oublier que sans démonstration de ces talents, un super-héros ne reste ni plus ni moins qu'un guignol en collant. Pour en témoigner, il suffit de regarder cette séquence où Spiderman, étourdi lors d'une chute qui se voudrait spectaculaire, se retrouve à devoir prendre un taxi pour pouvoir fuir ses assaillants. En plus d'être un véritable affront par rapport à l'œuvre initiale, cette scène reflète bien le cruel dilemme qui a dû habiter les concepteur du film : être ridicule en faisant étalage d'effets spéciaux et de cascades totalement fauchés ou l'être tout autant en tentant de limiter ces effets et ainsi faire de Spiderman un personnage couard, fuyant le moindre danger dans les arrières cours de New York?


La discrimination est partout : un super-héros ne peut même plus prendre un taxi sans se faire refouler ! Honteux.



Pour limiter au maximum le besoin en effets spéciaux, l'autre solution consiste à gagner du temps et ainsi meubler encore plus que dans un Conforama. Un exercice auquel vont s'atteler tous les comédiens, du flic tout en beuglements et autres rictus en passant par une tante May encore plus insupportable que l'original, afin d'atteindre tant bien que mal la fin du film. D'ailleurs, il est intéressant de souligner que ce final demeure quand même parmi les plus cons du genre. Je n'en dirais pas d'avantage mais sachez que notre héros ne s'en tirera que grâce à un coup de bol magistral, pour finalement sympathiser avec les sbires du méchant et immortaliser l'instant par une photo.


No comment.


Le capitaine Barbera, qui passera tout le film à ne rien trouver.



Faut dire qu'en même temps, on était dans les années soixante-dix, un aspect qui a dû amener le scénariste à changer certains détails de l'histoire originale afin de coller à l'époque. Ainsi, l'oncle de Peter n'aura pas besoin de mourir pour que ce dernier décide de combattre le crime, envoyant aux ronces la notion visant à dire "qu'un grand pouvoir implique de grandes responsabilités" (seventies et responsabilité, il y a comme qui dirait un mot en trop). Cette période confère aussi son petit charme à l'ensemble, avec ses musiques et surtout ses coupes de cheveux et ses vêtements, dont on se demande toujours aujourd’hui comment ils ont pu être considérés comme des marques de bon goût.


Avec un col pareil, un coup de vent et c'est l'éborgnement assuré.



Mais la véritable cause de ce désastre relève avant tout du budget ultra restreint, un manque de moyens que l'on comprend mieux lorsqu'on se rappelle que ce « The Amazing Spider-Man » datant de 1977 n'est ni plus ni moins que le pilote d'une série télé. Face aux audiences peu convaincantes, la chaîne CBS n'a d'ailleurs pas continué fort longtemps cette aventure et décide d'arrêter le massacre au bout d'une saison de quatorze épisodes seulement (pilote inclus). Deux séquelles seront toutefois réalisées, qui ne sont en fait que des épisodes doubles remontés ensemble (« Spider-Man Strikes Back » en 1978, sorti chez nous sous le titre « La Riposte de l'Homme-Araignée », puis « Spider-Man: The Dragon's Challenge » en 1979).



Au final, ce « Spiderman 1977 » n'atteint malheureusement pas le niveau stratosphérique d'un « Homme Puma » dans le registre du film de super héros ringard. Néanmoins, son indigence par rapport à ses ambitions et son ambiance très seventies le font sombrer dans un kitsch involontaire des plus amusants, d'autant plus remarquable si on le compare aux opus plus récents. Sans être absolument hilarant, il arrivera sans peine à vous faire sourire à de nombreuses reprises.

Décidemment, l'araignée reste un être bien singulier.

 

- Wolfwood -
Moyenne : 1.50 / 5
Wolfwood
NOTE
1.5/ 5
Labroche
NOTE
1.5/ 5
Kobal
NOTE
2/ 5
Rico
NOTE
1.5/ 5
Jack Tillman
NOTE
1/ 5

Cote de rareté - 6/ Introuvable

Barème de notation

Il va falloir être persévérant et très chanceux pour mettre la main sur cette rareté. Aucune édition DVD n'est apparue (ils auraient quand même pu y penser à la sortie des nouveaux films) et c'est donc vers la très rare VHS de chez "Gaumont/Columbia" qu'il faudra se tourner.

 

La série télé dont ce film est le pilote, n'a d'ailleurs, elle non plus, pas eu le droit au moindre revival sur DVD. Dommage.