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Robot Monster


Robot Monster

Titre original : Robot Monster

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Phil Tucker

Année : 1953

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h02

Genre : Les scaphandriers gorilles attaquent la Terre

Acteurs principaux :George Nader, Claudia Barrett, Selena Royle, John Mylong

Rico
NOTE
3/ 5

Avertissement : cette chronique vous est présentée en 3-D. Si votre ordinateur n’affiche pas l’écriture en relief, veuillez tapoter sur l’écran de votre moniteur avec un marteau jusqu’à obtenir l’effet désiré.


“Moon Monsters launch attack against earth”... On fait moins les malins face à une accroche pareille !



En matière de série Z calamiteuse, « Robot Monster » dispute à « Plan 9 From Outer Space » la couronne du plus mauvais film du monde catégorie SF des années 50.
S’il n’a pas réussi à détrôner Ed Wood au panthéon des réalisateurs nanars, Phil Tucker a quand même conçu la créature la plus ringarde qui soit : Ro-Man le robot monster.

Imaginez un type dans un costume de gorille avec sur la tête un casque de scaphandrier surmonté de deux petites antennes.


Ah ben oui, tout de suite la redoutable invasion extraterrestre en prend un coup.



Tourné dans un pseudo procédé 3-D (vous savez, avec les lunettes spéciales), ce film est gentiment cheap malgré son affiche grandiloquante.Il faut dire qu'il a été tourné en 4 jours pour 17 000 $ ce qui, même en 1953, n'est pas grand-chose. Il s’offre tout de même une bande originale d’Elmer Bernstein, alors débutant et futur compositeur des musiques des « 7 Mercenaires » ou de « La Grande Evasion ».

Son auteur, Phil Tucker, est un distributeur de films de striptease pour l’Alaska qui tenta sincèrement de se reconvertir dans le polar et surtout la SF. « Robot Monster » est son premier essai et dans le genre on peut dire que c’est là un coup de maître :

L’histoire est particulièrement incohérente, je vais essayer de vous la livrer vaille que vaille : dans un canyon quelconque de Californie, une famille se réunit pour un pique-nique : un vieil archéologue à l’accent allemand (Georges, qu’on appelle aussi "le professeur"), son épouse Martha et sa fille Alice. S'y ajoutent Roy, le jeune bellâtre de service, assistant du professeur qui drague Alice, et deux insupportables gamins, Johnny et Carla.



Peu de temps après, Johnny qui a échappé à l'attention de ses parents pénètre seul dans une grotte où se déroulent des fouilles archéologiques lorsqu’il est frappé par un (stock-shot d’)éclair et s’évanouit. C’est alors que l’enfer se déchaîne : une boule de feu tombe du ciel et des dinosaures se mettent à se battre entre eux.

Oui, des dinosaures… enfin… des triceratops en animation image par image saccadés et surtout un combat de titans entre un bébé alligator et un gros lézard, affublés d’ailerons en carton. Le tout volé d’après les spécialistes à un vieux film de 1940 nommé « One Million BC ».


La production tient à nous rappeler qu'aucun animal n'a été humilié pendant ce film...



Lorsqu’il se réveille, Johnny s’aperçoit que la grotte est devenue le QG d’une invasion extraterrestre menée par Ro-Man, un extraterrestre venu de la Lune et qui a exterminé l’espèce humaine grâce à ses rayons cosmiques… Ledit Ro-Man a d’ailleurs élégamment meublé sa grotte avec divers appareils du style oscilloscope et électrodes, probablement volés à un savant fou, et surtout avec une étrange machine qui a la propriété de projeter des centaines de bulles de savons et qu’il s’acharne à essayer de régler pendant tout le film sans que jamais on ne sache à quoi elle sert. Cette machine est d’ailleurs créditée dans le générique sous le nom de « Automatic Billion Bubble machine » et a été aimablement fournie par N.A. Fischer Chemical Product (en gros un pote qui travaille dans cette boîte a probablement prêté le bidule à Phil contre un coup à boire).


Une déco sobre mais de bon goût : Ro Man beau, rangeait.



Or donc l’humanité a été totalement éradiquée, à l’exception de la famille du début car le professeur a inventé un super vaccin qui guérit toutes les maladies et protège des rayons cosmiques. Barricadés dans leur maisonnette qui, détail ballot, se trouve être juste à côté de la grotte de Ro-Man, ils tentent de trouver un moyen d’échapper au vindicatif extraterrestre.


Ro Man passe à la télé !



Ayant reçu de son chef suprême l’ordre de se débarrasser définitivement des terriens, celui-ci doit vite déchanter quand il s’aperçoit que son terrible rayon de la mort ne fonctionne pas sur eux. Après avoir rôdé pataudement autour de la maison en écrasant de rage quelques buissons, il finit par comprendre qu’on peut aussi étrangler les humains. Cool… D’autant que s’y rajoute le plaisir du travail manuel.


C'est un beau Ro Man, c'est une belle histoire...




Allez hop, j'emporte du travail à la maison...



Hélas, à force de surveiller ainsi la petite famille, il commence à ressentir une étrange attirance pour Alice et décide de l’enlever plutôt que de l’étrangler. Il est aussitôt poursuivi par Roy, le jeune premier de service, qui n’arrive qu’à perdre sa chemise et se prendre une rouste.


Tu vas laisser ma copine tranquille sale bête !



De retour à sa grotte, Ro Man ne peut se résoudre à tuer la jeune fille malgré les ordres de ses chefs. La sanction est immédiate, le leader d’une telle race de fiers guerriers ne peut tolérer la rébellion d’un des siens et lâche une méga dose de rayons cosmiques, tuant tout le monde en provoquant de nouveau tremblements de terre et réveil des dinosaures ( la même scène de catch croco / lézard est repassée trois fois).

A cet instant, le jeune Johnny se réveille en sursaut dans la caverne… ouh là là tout cela n’était qu’un rêve ! D’ailleurs sa famille en riant vient le ramener à la maison.

Est-ce donc fini ? Non car dès qu’ils sont partis, Ro man sort de la grotte pour se jeter sur le spectateur (rappelez-vous le film est en 3-D !).

Est-ce donc fini ? Non car dès qu’ils sont partis, Ro man sort de la grotte pour se jeter sur le spectateur (rappelez-vous le film est en 3-D !).

Est-ce donc fini ? Non car dès qu’ils sont partis, Ro man sort de la grotte pour se jeter sur le spectateur (rappelez-vous le film est en 3-D !).


"Your death will be indescribable"



Oui, je sais, mais Phil nous refait la même scène trois fois de suite avant d’inscrire enfin le mot fin sur l’écran… Si c’est pas de l’acharnement !

Autant dire qu’on est là devant une œuvre très typée années 50, avec acteurs monolithiques et phases de dialogues interminables. Autant avouer qu’il y a quelques sérieuses longueurs dans le film (ce qui, pour une durée totale d’1h02, relève de l’exploit), mais on est largement récompensé par le monstre, véritable clou du film, par tous les trucages lamentables, les incohérences scénaristiques et les faux raccords en pagaille (Johnny commence une scène avec un pantalon, la suivante il est en short, Roy porte des traces de blessure dans une scène se déroulant avant d’avoir combattu Ro Man, on aperçoit clairement dans la scène où Johnny rencontre Ro Man la silhouette à l’arrière plan d’un type qui passait par là etc.).


Roy saigne des oreilles alors qu'il ne sera blessé qu'après. Curieux...




On distingue très clairement la forme d'un spectateur imprévu sur la colline.



Le film ayant été démoli par la critique (et son producteur l’ayant semble t-il escroqué au passage), Phil Tucker fit une dépression nerveuse et une tentative de suicide. Heureusement, il s’en sorti et ne décrocha pas du cinéma puisqu’il livra une demi-douzaine d’autres films, essentiellement des nudies à base de striptease (« Tijuana After Midnight », « Dream Follies ») ainsi qu’un autre film de SF réputé aussi fou que « Robot Monster » et nommé « The Cape Canaveral Monsters », où des extraterrestres s’emparent du corps de morts pour aller saboter le programme spatial américain (ça ne vous rappelle pas un certain plan numéro neuf…?).


Un dernier réglage pour buller tranquille...



Jusqu’à sa mort en 1985, Phil Tucker continua à défendre ses films et à assurer qu’au vu des budgets qui lui avaient été alloués, c’était le mieux qu’il pouvait faire. Dans son récent « Les Looney Toons passent à l’action », l’excellent Joe Dante ressuscite d’ailleurs le temps d’une scène Ro Man. Si ce n’est pas la preuve qu’une nouvelle invasion se prépare !

Tremblez pathétiques humains car l’heure de la vengeance de Ro Man approche !!!

 

- Rico -
Moyenne : 3.00 / 5
Rico
NOTE
3/ 5
MrKlaus
NOTE
3/ 5
Labroche
NOTE
3/ 5
Barracuda
NOTE
2.5/ 5
Jack Tillman
NOTE
3.5/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation

Malgré son statut culte aux Etats-Unis, ce film n'a jamais été distribué en salle en France et reste injustement méconnu chez nous. Il a fallu longtemps rechercher sur le net le DVD américain de chez "Image Entertainment". Un DVD multizone mais hélas en NTSC (vérifiez la compatibilité de votre lecteur) et seulement en anglais sans sous-titres. heureusement depuis 2010 "Bach Film", l'édite en double programme avec le plus respectable "Tobor the Great" de Lee Sholem.



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