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Our Friend Power 5

(1ère publication de cette chronique : 2021)
Our Friend Power 5

Titre original : Our Friend Power 5

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Park Ho-Jin

Année : 1989

Nationalité : Corée du Sud

Durée : 1h20

Genre : L'invasion des profanateurs de copyright

Acteurs principaux :Seok Lee, Plein d'acteurs coréens non identifiés

Barracuda
NOTE
4/ 5

Jouets de contrefaçon collector : des tortues ninja coréennes qui pilotent des robots géants.


Au début, on ne s’est pas méfié.

Quand on a découvert les dessins animés à base de robots géants réalisés en Corée du Sud et édités dans le courant des années 90 par la firme IFD, la même qui nous a abreuvé de la moitié des films de ninjas chroniqués sur le site, on a mis le fait que les robots étaient de pâles copies de Transformers ou de Goldorak sur le compte de la filouterie habituelle de la société. De toute façon, au milieu de la nanardise générale de l’ensemble entre dessin approximatif, animation à l’ouest et VF de feu qui brûle, un peu plus un peu moins…

Vous pouvez aller consulter nos chroniques de ces films dans la rubrique "Enfants" pour en savoir plus.

Toutefois, nous aurions dû faire plus attention. Il n’y a pas que Joseph Lai et Godfrey Ho qui ont été en Corée du Sud faire des nanars pour le jeune public : c’est un genre à part entière qui a fleuri dans les années 80. Attention c’est un peu technique, c’est le sous-genre des “films adaptés de contrefaçons de jouets américains et japonais”.

Il est difficile d’estimer l’ampleur du phénomène car peu de ces films sont visibles chez nous aujourd’hui. Déclinés entre films live et animation, destinés aux enfants de la péninsule, il en existerait des dizaines et les quelques-uns qu’on a pu voir jusqu’ici se sont tous révélés de beaux nanars, mais peut-être aucun aussi furieux, aussi dingue, aussi hallucinant que Our Friend Power 5.



Dès la première scène, le film envoie du bois ! Et du plastique. Et du papier mâché.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, ajoutons encore des remerciements chaleureux au youtubeur Phelous qui a non seulement exhumé ce film de l'oubli mais en plus en a mis en ligne une version intégralement sous-titrée en anglais. Vous pouvez également retrouver sur sa chaîne sa propre chronique du film.


Pour être complet, la Corée du Sud a aussi produit pas mal d'adaptations pirates de mangas japonais populaires, comme Ken le survivant ou ici Dragon Ball.

Le détail qu’il faut bien intégrer pour comprendre, c’est que Our Friend Power 5, comme ses congénères, n’est pas tant une adaptation des jouets Tortues Ninjas, comme la série de films américains des années 90 ou les Transformers de Michael Bay (eux-même en réalité adaptés surtout de séries animées à succès). Our Friend Power 5 est adapté de contrefaçons des Tortues Ninjas, fabriquées en Corée du Sud du temps où ce pays était la capitale du gadget en plastoc à deux balles, et pas encore le pôle mondial de haute technologie qu’on connaît aujourd’hui. Ici point de Leonardo, Splinter et Donatello, les personnages n’ont pas de nom et leurs costumes sont calqués sur les jouets bootlegs, avec leurs coloris aléatoires et leur rictus de poupée totalement ridicule que même la Foir’Fouille de Sarreguemines aurait refusé de mettre en rayon.


Alors qu'à Nanarland, ils ont tout de suite droit à une tête de gondole !


Notez que les méchants sont vachement bien aussi.

Décidément, pas facile d'être un enfant coréen dans les années 80 !

A bord de leur vaisseau spatial, nos 5 tortues ninjas – 4 garçons et une princesse – sont poursuivis par un méchant empereur de la galaxie quelconque, qui ressemble très vaguement à Splinter en plissant les yeux. Ils échouent sur Terre dans la banlieue de Séoul et se lient d’amitié avec quelques enfants du coin, avec qui ils vont botter le cul des méchants d’abord sur Terre puis dans l’espace, avec l’aide cette fois d’une contrefaçon de GoBots (mais si, rappelez-vous, les sous-Transformers cheapos !).


Inversion des valeurs : au début du film, les tortues ne savent pas se battre et ce sont les enfants qui leur apprennent le tae kwon-do.

La tortue à tête de vieux, celle-là non plus on ne l'avait pas vue venir mais c'est tout de suite devenu notre meilleur ami.

Il n’y a pas vraiment besoin de grandes phrases pour expliquer la nanardise de Our Friend Power 5 : les images se suffisent à elles-mêmes. Pas de tromperie sur la marchandise ici, les costumes des tortues comme des méchants sont vraiment ridicules, on se marre dès qu’ils sont à l’écran et le meilleur est qu’ils ne sont pas timides, les bougres. Ils s’affichent tout au long du film, s’exposent sans pudeur et s’offrent à la caméra du réalisateur qui s’attarde langoureusement sur le grain du papier mâché, sur les rictus figés en plastique, sur les déguisements de farces et attrapes, sur les câbles qui virevoltent pendant les combats... Rien n’est caché, rien n’est tabou. Our Friend Power 5 fait dans la pornographie du cheap, dans l’exhibitionnisme du foutage de gueule.




Porn for nanardeurs.

Une tentative louable mais vaine de camoufler la misère.

Ca se confirme dans la dernière partie du film, où le réalisateur se dit qu’il n’a pas donné toute sa mesure et peut encore nous surprendre. Les tortues et les enfants montent alors dans des espèces de chaises volantes qui tirent des rayons laser pour se greffer sur un robot géant (le fameux GoBot) et partir dans l’espace à l’assaut du vaisseau des méchants. A l’écran c’est un mélange agressif entre de l’animation particulièrement laide, avec des perspectives aux fraises et des proportions aux champignons, des acteurs figés et détourés au marteau-piqueur et, occasionnellement, un jouet en plastique filmé en gros plan afin de ne pas oublier qu’on est là avant tout pour soutenir le petit commerce.

Peut-être la toute meilleure scène du film.




Super promo de -30% sur le nombre d'images par seconde.


Ray Harryhausen nous a quitté, mais la contrefaçon de son esprit vit encore.

Our Friend Power 5 est plus qu’un gros nanar : c’est une promesse. La promesse d’un nouvel horizon à défricher, d’une nouvelle étincelle à allumer dans l’oeil des nanardeurs les plus blasés. La Corée du Sud, pays du Matin Calme et Eldorado du nanar animé nous ouvre ses bras en plastique. Jetons-nous-nous dans son étreinte.

Canon-bite, feu à volonté !

- Barracuda -
Moyenne : 3.80 / 5
Barracuda
NOTE
4/ 5
Jack Tillman
NOTE
4.5/ 5
Rico
NOTE
3.5/ 5
Kobal
NOTE
3.5/ 5
John Nada
NOTE
3.5/ 5

Cote de rareté - 7/ Jamais Sorti

Barème de notation

Techniquement, le film n'est jamais sorti en France, et seuls des bootlegs de VHS coréennes circulent encore. Mais comme indiqué en début de chronique, il est aujourd'hui devenu facile de le voir en version sous-titrée en anglais grâce à Phelous.



A gauche, la VHS du Dragon Ball coréen, à droite celle de Our Friend Power 5.