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Harvard Story
(1ère publication de cette chronique : 2004)Titre original : Harvard Story
Titre(s) alternatif(s) :Harvard Man
Réalisateur(s) :James Toback
Année : 2001
Nationalité : Etats-Unis
Durée : 1h34
Genre : Teen movie philosophique
Acteurs principaux :Adrian Grenier, Sarah Michelle Gellar, Joey Lauren Adams
James Toback est le genre d'auteur-réalisateur génétiquement conditionné pour faire deux trucs bien dans toute sa carrière. Son principal fait d'arme est d'avoir écrit Bugsy, avec Warren Beaty, au début des 90's. Plus récemment, il a écrit et réalisé Black and White. Ce dernier racontait sous forme de sketches assez décousus (un défaut dont Harvard Story n'est pas exempt) les rapports de fascination/répulsion entre les Noirs et les Blancs aux Etats-Unis, avec un gros zoom sur deux microcosmes particuliers : le hip hop et le sport. Avec des participations du Wu Tang Clan et de Mike Tyson, le tout était souvent bien vu, même si le film peinait à raconter une "vraie" histoire.
L'idée lui était venu lorsqu'il côtoyait beaucoup les black stars dans les 70's (Jim Brown en tête) et qu'il finissait selon ses dires à se comporter comme eux au niveau du langage et de l'attitude. Sans doute tout aussi autobiographique, Harvard Story nous plonge dans la période de l'adolescence qui, au vu du film, a dû être sacrément enfumée pour le jeune James.
Le split screen comme point de départ.
Alan Jensen (Adrian Grenier) est le capitaine de basket de la prestigieuse université de Harvard. Il a en outre une passion pour la philo (qui a dit première incohérence ?). Sa jolie prof, Chesney Cort (Joey Lauren Adams, en lookalike de Renee Zellweger), qu'il se tape à l'occasion, va d'ailleurs nous gratifier de citations bien nanardes tout au long du film, devant nos yeux éberlués d'être tombé sur un ovni pareil.
"...ce qui nous amène à l'existentialisme et à la construction du moi par nos actes, qui sont issus des entrailles de ce vide"
Enfin, l'autre passion d'Alan est la débauche, qu'elle prenne la forme de meufs ou de drogues (diverses dans les deux cas). Un jour, il copule (quasiment par hasard, selon le dossier de presse que je tiens entre les mains) avec une cheerleader et là son destin bascule (et nous avec). La fille en question est Cindy Bandolini (Sarah Michelle Gellar), fille d'un parrain local, avec gros ventre et piscine.
Après une visite chez son père, cette dernière lui propose une forte somme d'argent pour qu'il fasse planter son équipe lors du prochain match. Vu que ses parents ont tout perdu lors d'une tornade (???), Alan finit par accepter non sans quelques états d'âmes qui ne semblent être là que pour faire traîner le film en longueur (Alan, en pleine crise : "C'est la certitude qui anticipe l'infinité, par conséquent l'angoisse est une possibilité de liberté")
Adrian Grenier, futur premier rôle dans la série Entourage.
Sarah Michelle Gellar, star de la série Buffy The Vampire Slayer à l'époque.
Vient encore se greffer par dessus une sombre histoire de paris clandestins que Cindy passe sans le savoir auprès de deux flics undercover du FBI sur le match truqué par son copain. La perversion sexuelle des deux agents causera d'ailleurs leur perte, dans un final époustouflant digne du Sixième sens (au moins).
Finalement, Alan perd le match comme prévu et empoche l'argent. Il saute alors dans le premier avion pour le donner à ses parents. Sur le trajet du retour, il se rappelle alors des petits sucres imbibés de LSD qu'une amie lui a refilé et qui traînent quelque part au fond de sa poche.
Rebecca Gayheart, dont la carrière était alors en pleine ascension.
"- T'as truqué le match pour du fric, t'es vraiment une merde, man !
- Calme-toi, tu sais bien que c'est la certitude qui anticipe l'infinité et que par conséquent l'angoisse est une possibilité de liberté."
Après avoir gobé une quantité déraisonnable de LSD, le film bascule enfin dans le nanar pur jus, dans lequel il avait déjà un pied. Le bad trip d'Allan dure alors plus de 30 minutes -- oui, plus de 30 longues minutes -- durant lesquelles le pauvre Adrian Grenier n'en finit plus de rouler des yeux et de débiter des propos encore plus incohérents qu'au cours de la première partie du film.
Pour que le tableau soit complet, on a bien entendu droit à des effets de caméra subjective à base de visages déformés et de visions psychédéliques. Le tout fait penser à Fabrice Luchini lorsqu'il parlait de l'épisode d'Hélène et les Garçons où l'un des protagonistes consommait des stupéfiants (à son insu) : "Ca n'était pas une drogue joyeuse, c'était une drogue délirante."
"- Allan, qu'est-ce que tu fais avec cette petite conne. Souviens-toi que le langage est un doux mensonge !
- Attends, je suis complètement perché à cause de ce que j'ai gobé, je te raconte pas l'angoisse...
- L'angoisse, c'est la peur du rien !"
"Ça n'était pas une drogue joyeuse, c'était une drogue délirante."
Puisqu'un malheur n'arrive jamais seul, Alan est poursuivi durant toute cette très longue séquence par les flics et les hommes de mains du père de Cindy (je ne sais plus trop pourquoi, je vous dis les choses franchement). Ces deux derniers ont un humour assez relou qu'on pourrait qualifier, c'est le cas de le dire, de Cheech and Chong-esque. Le tout donne l'impression d'être un final de Benny Hill sous acide.
Pour conclure, je ne veux pas spoiler à mort, mais je vous rassure, ça se termine bien.
L'acteur anglais John Neville dans un second rôle.
Incroyablement bordélique, Harvard Story tente de mélanger des genres à l'opposé les uns des autres : film sportif, policier, film sur la drogue, teen movie et cinéma d'auteur. On sens bien que James Toback lorgne du côté Larry Clark pour le côté "jeunesse en détresse". Déjà qu'il ne maîtrise pas du tout son sujet, il croit bon d'en rajouter 10 couches dans la réalisation arty : musique classique utilisée à tort et à travers, split screen et surtout une avalanche de faux raccords volontaires (au moins 50 en 1h30). La forme fait donc bien rire quand on se rend compte à quel point tout le reste tourne à vide.
Avec son 1m70 et sa grosse tête, Adrian Grenier est aussi crédible en basketteur que Pierre Arditi en caïd de téci. Sarah Michelle Gellar, qui a sans doute accepté ce rôle pour casser son image comme avait pu le faire Elizabeth Berkley dans Showgirls, s'est rapidement ravisée et est vite retournée à ses Scoubidou (comme Sacha Distel en fait).
Eric Stoltz qui joue double jeu.
Les distributeurs français ont bien dû halluciner devant ce truc. Ne sachant trop comment le vendre, ils lui ont collé le titre de Harvard Story (le film est sorti en gros au moment de Loft Story) et l'ont présenté comme un teen movie lambda.
Ce qui me fait le plus marrer dans tout ça, c'est d'imaginer les midinettes de 15 ans qui sont allées au cinéma en pensant voir un Elle est trop bien 2 avec Buffy et qui se sont retrouvées devant cette perle, dorénavant chroniquée sur Nanarland.
Gianni Russo, dans un rôle de mafieux, comme souvent.
Cote de rareté - 1/ Courant
Barème de notationComme de juste pour une production grand public récente, le DVD de chez "Metropolitan Films" est facilement trouvable avec son lot habituel de bonus sans intérêt comme... un générique alternatif (n'importe quoi !).