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Le Passage
Titre original : Le Passage
Titre(s) alternatif(s) :Aucun
Réalisateur(s) :René Manzor (René Lalanne)
Producteur(s) :Alain Delon
Année : 1986
Nationalité : France
Durée : 1h40
Genre : La grande évasion
Acteurs principaux :Alain Delon, Christine Boisson, Jean-Luc Moreau, Alain Lalanne, Daniel Emilfork
Hm, hm, brmbl.
"Y'a des trucs qui sont trop difficiles à comprendre pour les adultes. Y'a que les enfants qui peuvent." Jean Diaz
C'est sur cette phrase d'une profondeur, heu, profonde, que s'ouvre le film. Donc voilà, si vous n'aimez pas, c'est que vous n'avez pas su préserver l'âme d'enfant qui est en vous. Il ne faudra pas vous plaindre. Alain Delon, lui, il a su la préserver. Et c'est pas de sa faute s'il était un petit garçon vaniteux et capricieux... Mais bon, c'est une autre histoire.
"A mon fils. À mon père." Voilà la dédicace que fait le plus grand acteur français du monde entier en fin de générique d'après Imdb.
Mise en scène : René Manzor
Scénario : René Manzor (écriture) ; Alain Delon (adaptation) et René Manzor (adaptation)
Générique
Alain Delon : Jean Diaz
Christine Boisson : Catherine Diaz
Jean-Luc Moreau : Patrick
Alain Lalanne : David Diaz (as Alain Musy)
… plein d'autres…
René Manzor : Le journaliste TV
Daniel Emilfork : La Mort (non crédité)
Non, la mort n'est pas une fin ! Derrière elle se cache un au-delà d'où ceux qui nous aiment vraiment nous voient et nous parlent. Alleluiah, mes frères ! Et s'ils nous aiment vraiment fort – Fort comment ? Comme un éléphant ? Oui ! – eh bien ils peuvent trouver le Passage, celui qui permet de revenir d'entre les morts. Mais attention, c'est propre, hein, on n'est pas dans "Thriller", pas d'asticots, pas de bras qui tombent, pas de dents déchaussées. Voilà le message que veut nous faire passer Alain Delon. Alleluiah, mes sœurs !
L'histoire : Jean Diaz est un grand artiste – rappelez-moi un peu la dernière fois que Delon a incarné un minable ? – un grand cinéaste, le plus grand. Mais, il y a dix ans, pour protester contre un monde qui le dégoûtait, il a entamé une grève des tournages. Hélas, on en meurt bien moins vite que d'une grève de la faim, il est donc toujours là.
Jean Diaz, un homme qui en a (une 403).
Il vit seul avec son fils parce que sa méchante femme ne s'est pas rendue compte qu'elle vivait avec un type super. Son fils l'aime, il aime son fils et secrètement, il aime toujours sa femme. Il caresse le projet de réaliser un film, mais un dessin animé cette fois, qui mettrait en scène toute la violence du monde, pour faire comprendre à l'humanité qu'elle court à sa perte et qu'elle ferait mieux de s'aimer l'une l'autre plutôt que de passer son temps à s'entre-tuer elle-même... Un grand et beau projet.
"J'apparais à chacun comme il m'imagine..." Jean Diaz n'a pas beaucoup d'imagination, visiblement.
Mais la Mort (Daniel Emilfork, méconnaissable dans un rôle à la Z6PO) a d'autres projets pour lui. Et bon, là, je dis : "Halte là !". La Mort n'est pas cette vieille radasse qui fauche toute l'année pour gagner sa croûte, avec un amateurisme ridicule, des cadences infernales et une technologie d'un autre âge. Non, elle n'a pas remplacé la faux par le coupe-bordures, mieux que ça. Maintenant, elle a un grand ordinateur plein d'écrans duquel elle peut provoquer la mort de ceux dont l'heure est venue.
Une table de mixage a fait l'amour avec un ordinateur et un téléviseur modèle 1986...
Sa bécane est une HP, la marque est créditée au générique. Elle a gardé sa faux, mais c'est pour le folklore. La Mort, maintenant, elle est certifiée ISO9002 !
Nous savons maintenant que la Mort utilise des imprimantes Bull. Enfin, à l'époque. Depuis, elle a sans doute changé de matos et elle est peut-être passé chez Kyocéra, ils ont une formule d'abonnement à vie très intéressante, papier et toner compris...
Le fin du fin de l'interface Mort/machine.
Par ailleurs, la Mort fume. Mais bon, elle, le cancer du poumon, elle s'en fout. Voilà.
"Y'en a qui ont de la chance", me direz-vous. Eh bien non, ce n'est pas drôle d'être la Camarde ! C'est un boulot et, maintenant, elle pense qu'elle en a fait le tour. Elle voudrait donc se réorienter. On ne sait pas trop vers quoi, mais bon, dans un premier temps, il faut qu'elle se débarrasse de son arriéré. Elle voudrait donc provoquer la fin du monde.
La Mort tape sur un clavier sans barre d'espacement...
Mais il y a un hic : à l'école, elle a toujours eu zéro en scénario. Elle a donc besoin d'un scénariste. De là l'intérêt de Jean Diaz : elle va le faire caner et l'obliger à travailler pour elle. Par exemple, sous la menace de faire mourir son fils.
Sitôt dit, sitôt fait : elle sabote à distance la direction de sa 403, laquelle lâche au moment où il doit éviter un camion. Il s'emplafonne dedans et finit à l'hosto. Les médecins vont le tirer d'affaire ? Pschit ! Panne de courant. Le groupe électrogène se met en route ? Hop ! Resabotage ! Et le voilà crevé...
Comme vous pouvez le constater, la Mort a placé des caméras partout dans la 403 de Jean Diaz, même sous la bagnole, pour constater que la direction est bien en train de foutre le camp.
Jean Diaz sort de son enveloppe charnelle à la morgue et rencontre la Mort qui lui met le marché entre les mains. Il ne veut pas, puis il se résigne... et la Mort lui coupe la main pour sceller le pacte. Elle est rude en affaires, la garce !
Jean Diaz se sépare de son double astral.
Du coup, vu qu'il a la main droite tranchée, Jean Diaz devient gaucher. Lui qui beurrait ses tartines de la main droite et qui tenait son sèche-cheveux de la même main se met à réaliser tout un dessin animé de la main gauche. Ce n'est pas plus débile que voir la Mort passer un pacte pour la production dudit dessin animé ? Vous n'avez pas tort.
Le plus grand acteur français du monde entier est ambidextre (mais avec quelle main roule-t-il sa manche gauche ?). Cela dit, vu le film, il ne devait pas être le seul manchot du plateau de tournage...
Pour l'instant, le grand Jean ne se doute de rien, il pense juste que la Mort veut le faire travailler pour elle parce qu'elle aime ce qu'il fait. Logique ! Il est donc logé dans la grotte où la Mort se terre. Heureusement, il a du bon matos à sa disposition et le boulot avance bien... Parce qu'on pense trop souvent que l'au-delà, c'est la zone, mais en fait on y est très bien et le réseau de revendeurs HP est très performant. Un zombie qui travaille dans l'informatique, ça nous change des angelots et des diables grimaçants. On ne nous dit pas si la hotline et le centre d'assistance ont été délocalisés au Paradis parce que la main d'œuvre y est moins chère, mais ça ne m'étonnerait pas.
Mais en attendant, son fils ne croit pas à la mort de papa et le pense retenu prisonnier par une mendiante ! Ah, la télépathie infantile, on en parle trop peu ! Vous vous en doutez, Jean Diaz n'est pas du genre à se laisser faire. Heureusement, le passage pour retourner à la vie passe juste sous son labo et le sol est meuble. Ben oui. Je vous laisse deviner la suite (il y aura des rebondissements), sinon on va encore me reprocher de spoiler. Un nanar ? Et comment !
Commençons par le commencement : la musique. Il était une fois le petit frère de Francis Lalanne, Jean-Félix qui, outre qu'il était affublé d'un prénom impossible à prononcer pour un animateur de la bande FM, avait encore moins de talent (et sans doute de moins belles bottes) que son aîné. Mais son gentil frère eut une idée géniale : si on proposait à petit frère n°2 de réaliser un film avec Alain Delon (mais oui, le plus grand acteur français du monde entier !) dont Jean-Félix composerait la musique et dont la chanson générique serait le "hit" qui lancerait sa carrière. Le résultat en est "On se retrouvera", paroles de Francis, musique de Jean-Félix, interprétation de Francis, chanson du générique du film "Le passage" de René Manzor (alias René Lalanne). Et on en profiterait même pour faire jouer Alain Lalanne, le fils de René, dans le rôle de David, le fils du plus grand acteur français du monde entier. Passons sur le reste de la glorieuse carrière de Jean-Félix Lalanne, soit elle s'est passée au Turkisdétend, soit elle n'a pas eu lieu. Passons (bis).
Et alors là, il faut faire une pause : ou bien la famille Lalanne est bourrée de génies... hm hm, ... frrout frout, kof......... kof (un ange passe), ou bien nous sommes une fois de plus devant un exemple marquant des sommets de nanarditude que l'esprit de famille permet d'atteindre.
Continuons avec l'enthousiasmante esthétique du film ! Trois univers s'entrecroisent : les paysages naturels et studios éclairés dans lesquels évoluent les personnages vivants, les fausses grottes qui constituent l'univers de la Mort et les passages en dessins animés qui entrelardent le film.
La Mort ne se fournit pas chez Ikea... et ça se voit.
Eh oui, la Mort est froide et triste, elle habite donc dans une sombre grotte en papier mâché expansé, éclairée à la torche, mais équipée du dernier cri de la technologie. Pour ce qui est du dessin animé, on nous inflige des passages du salmigondis millénariste de Jean Diaz. Un dessin animé en noir et blanc, sauf le sang qui coule de partout et finit par submerger le monde. Il faut savoir que c'est René Manzor qui est crédité de la conception graphique et de l'animation. Une fleur de plus à son chapeau !
Paix à Vietnam ! Ah, c'est beau, le cinéma engagé !
C'est déjà moche et ringard, mais le sommet est atteint quand la Mort, au lieu de massacrer le gamin de Diaz à la régulière, l'intègre au film catastrophe de son père pour le faire mourir, noyé dans des flots d'hémoglobine ! L'intégration est juste un peu moins bonne que celle d'Elliot – 1977 – dans "Elliot le dragon" de Disney. La classe !
Ceci fut un sommet des effets spéciaux (Elliot).
1986, la France découvre le blue key (sans commentaire).
Dans le tas, il y a plein de détails qui tuent et qui montrent la qualité du projet de Manzor. Delon se promène impavide avec une main rentrée dans la manche à partir du moment où elle lui a été coupée, la Mort garde les mains sur des petites piques plantées dans un socle en bois portant une étiquette au nom de l'amputé, la Mort passe toutes ses commandes sur son ordinateur en tapant sur son écran monochrome vert des ordres comme "panne du groupe électrogène" ou "n'y a-t-il rien de neuf, ce cycle-ci ?", par ailleurs, elle fume (elle respire donc) et, si elle fait chier, il suffit de l'envoyer bouler dans une de ses armoires-mémoires pour qu'elle foute la paix, le temps de modifier les commandes sur son grand ordinateur... La classe !
À gauche, la manche remontée, à droite, la manche abaissée sur le moignon... super, les effets spéciaux, non ?
La nanarditude de l'objet filmique tient évidemment aussi au jeu des acteurs. D'habitude, Delon est magnifique et il tire la couverture à lui : pas question que qui que ce soit d'autre la ramène sur la pelloche.
René Lalanne/Manzor fait un caméo. Le générique ne crédite pas la plante verte, on ne sait donc pas si elle appartient à la famille.
Ici, c'est encore mieux : il n'y a pour ainsi dire pas d'autre rôle. Bon, la Mort ne risque pas de lui faire de l'ombre, elle n'a pas de visage, il ne reste donc que son gamin, qu'on voit de temps à autre, et son ex-femme, qu'on voit à l'occasion en train de pleurnicher et de promener son désespoir dans la grande maison si vide...
"Noooooooooooooon, pas David, beuheuheuheuuuu…"
Voilà donc le plus grand acteur français du monde entier face à lui-même et à la Mort. Bon, il nous fait le coup classique de "j'habite tellement mon personnage qu'il n'est plus nécessaire que je fronce un sourcil pour faire se pâmer la ménagère de moins de cinquante ans", mais, de temps en temps, il sort de sa réserve. C'est que, Delon, quand il s'agit de gosses, il ne se tient plus. Résultat ? Consternant, heureusement !
"Beuheuheuheuuuu, pas mon enfaaaaaaant ! Pitiéééééé !"
Évidemment, pas de bon nanar sans bon scénario. Et là, on est gâtés. Je vais essayer de ne pas trop spoiler, mais bon, quand un mort n'a qu'à creuser le sable au fond de sa chambre pour tomber sur "le passage", quand René Manzor est capable de concevoir un dessin animé susceptible de ramener l'humanité dans le droit chemin, quand la Mort tape "sur son grand ordinateur" façon Tandy TRS80, on approche tout doucement de la folie. Le tout dégouline bien entendu de bons sentiments, le père est idéal, l'enfant est aimant et épanoui, la femme adultère est repentante... c'est beau ! À propos de sa femme, qu'est-ce qui a fait qu'elle s'est tirée ? On ne le saura pas, aucun scénariste n'ayant été capable d'imaginer une situation qui explique de manière un tant soit peu plausible pourquoi une femme pourrait quitter le plus grand acteur français du monde entier !
Mauvaise nouvelle, plus moyen d'éliminer le plus grand acteur français du monde entier, il ne figure plus sur aucune liste... Il est donc éternel ! Mais bon, est-ce vraiment une surprise que le plus grand acteur français du monde entier soit éternel ?
Cote de rareté - 1/ Courant
Barème de notation
Une collection "Alain Delon", ça vaut bien tous les bonus du monde.