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Lady Kickboxer
Titre original :Lady Dragon
Titre(s) alternatif(s) :Aucun
Réalisateur(s) :David Worth
Année : 1992
Nationalité : Indonésie
Durée : 1h37
Genre : Baston lobotomisée
Acteurs principaux :Robert Ginty, Cynthia Rothrock, Richard Norton, Advent Bangun, Bella Esperance
Un jour, il faudra se pencher plus avant sur le cas de David Worth. Cet homme est-il en effet un génie méconnu ? On est en droit de se le demander au vu de sa filmographie de ringard tout-terrain, qui explora tous les genres, tous les pays de tournage, toutes les coproductions, sans jamais montrer la moindre once de talent !
Le DVD italien, délicieusement cheap.
Qu’on en juge :
1983 : DRING ! Allô, David Worth ? Ici Sos-Nanar Consulting, nous supervisons actuellement un film en projet intitulé « Le Chevalier du monde perdu ». C'est un post-apocalyptique italien avec Robert Ginty et Fred Williamson. Le film paraît prometteur dans le genre nanar, mais on nous a demandé de bien nous assurer qu'il serait totalement raté. Accepteriez-vous de le réaliser ?
- Mais, bien sûr ! Répond l’ami David.
1989 DRING ! Allô, David Worth ? Ici Sos-Nanar Consulting, comment va ? Nous sommes actuellement en train de travailler sur un film d'action tourné en Thaïlande, avec un jeune athlète belge du nom de Jean-Claude Van Damme. Nous avons déjà un réalisateur, Mark Di Salle, mais nous craignions qu'il ne rate pas suffisamment le film. Seriez-vous d’accord pour le co-réaliser ?
- Ni une, ni deux, j’arrive !
2002 DRING ! Allô, David ? Comment va ? Oui, cest Sos-Nanar Consulting. Vous êtes désormais une de nous valeurs sûres ! Vous avez déjà raté « Shark Attack 2 », c'était un superbe navet. Mais attention, nous co-produisons maintenant « Shark Attack 3 : Megalodon » avec la Bulgarie, et cette fois nous aimerions que le film soit vraiment exceptionnellement mauvais. Pour ça, nous comptons sur un final avec un requin géant en images de synthèse mal foutues. On peut compter sur vous ?
- Pas de problème, les nanars à requins, c’est mon dada !
De l’Italie à la Bulgarie en passant par la Thaïlande, David Worth, globe-trotter fou du cinéma ringard, parcourt donc la planète, poursuivant une météorique carrière sous le signe du grotesque et de l’absence de talent. Et ne voilà-t-il pas qu’après le tournage de « Kickboxer », notre homme se trouve intronisé nouveau maître du film de baston, talent présumé qu’il va, en l’an de grâce 1992, exercer… en Indonésie !
Revenons donc en 1992 : DRING ! Allô, David ? Oui, c’est encore nous. Alors, dis donc, bravo ! Tu nous as bien foiré « Kickboxer », mais le film a tout de même fait un carton. Comme quoi, le nanar, ça paie, ha ha ha ! Bon, assez plaisanté, nous avons un contrat en or pour toi : des Indonésiens veulent produire leur propre succédané de « Kickboxer », mais ils auraient besoin de ton savoir-faire « à l'américaine ». L'originalité, ce serait de prendre une femme comme protagoniste. On a Cynthia Rothrock, qui cartonne en Asie, et on est un peu embêtés : elle est tout de même assez crédible dans des films d'action, on a donc peur que le film soit trop réussi. Si tu pouvais réaliser le film et la rendre bien ridicule, ça nous sauvera la mise. Tu serais partant ?
- Je veux, mon neveu !
"Dans la jungle le lion est une femme"... Peut-être aurait-il fallu dire à l'éditeur français que les lions vivent dans la savane et non dans la jungle...
On dit souvent qu'un livre se juge à sa première phrase. Hé bien dans ce cas, « Lady Dragon », alias « Lady Kickboxer », pourrait presque se juger à sa première ligne de dialogue : « BEEEUUUUUAAAAAAAAAAAAR ! », cri du coeur d'un kickboxer se préparant au combat sous les encouragements d'une foule hystérique.
Nous sommes en Indonésie, et le décor d'un combat de kickboxing clandestin va nous permettre de faire la connaissance de notre héroïne : Kathy Gallagher, alias Cynthia Rothrock, est une ancienne agente de la CIA dont l'époux et collègue a été assassiné (sur les marches de l'église !) sur ordre d'un vil mafieux. Depuis, notre amie a démissionné de l'agence : elle zone en Indonésie et gagne sa vie en livrant des combats d'arts martiaux clandestins, en attendant de se venger.
Après avoir livré un combat spectaculaire sous le regard cupide d'un mafieux d’opérette, Kathy reçoit la visite de Gibson, l'un de ses anciens collègues, qui vient prendre de ses nouvelles. Un film se juge également à la qualité de ses guest-stars, et là nous sommes servis, car Gibson est interprété par Robert... qui a dit Robert De Niro ? Mais non, voyons, ROBERT GINTY en personne ! Son rôle, quasi-inutile, n'est guère étoffé (une dizaine de minutes en cumulant toutes ses scènes) mais nous permet par là même de juger des époustouflants talents de notre Bob préféré. Pour peu qu'il soit suffisamment peu motivé, Robert est en effet capable de nanardiser un film en y apparaissant à peine un quart d’heure ! Fabuleux d'inexpressivité et d'inintérêt à peine déguisé, Ginty (un copain de Worth depuis « Le Chevalier du monde perdu », je présume...) mâchonne des dialogues du genre « Fais gaffe, la vie est une pute, elle nous aura tous » (cette réplique mirifiquement mal traduite de l'anglais sera d’ailleurs répétée trois fois dans le film) avant de disparaître pendant une bonne demi-heure. Le tournage a surtout dû représenter pour lui de chouettes vacances dans l'archipel indonésien !
Le mari de Cynthia est tué, tandis que Robert Ginty exprime... heu, qu'est-ce qu'il exprime ??
Le mari de Kathy a été tué sur l'ordre de Ludwig Hauptmann (Richard Norton), affreux gangster germano-australien qui passe ses soirées dans des boîtes de nuit minables à regarder des combats de catch féminin dans la boue. Après un flash-back d'une très forte nanardise montrant le meurtre de son époux, notre héroïne se prépare à aller affronter Ludwig en personne. Or, le plan de Kathy est d'une connerie assez exemplaire, qui nous fait nous demander si Miss Rothrock (ou plutôt le scénariste) n'aurait pas du fromage blanc dans la tête. Déguisée en pute (un déguisement et une perruque exceptionnellement peu seyants pour Cynthia, qui se trouve transformée en boudin vulgos de la pire espèce), Kathy va tenter d'approcher Ludwig dans son night-club préféré. Pour être sûre de ne pas se faire repérer, elle va aussitôt engager une baston avec les gardes du corps de l'affreux ! C'est ça, les techniques d'infiltration qu'on apprend aux agents de la CIA ? Capturée, Kathy est violée par l'infâme Ludwig, qui la fait ensuite jeter, plus morte que vive, dans la forêt voisine.
Cynthia undercover !
Remarquons ici la délicatesse exceptionnelle du scénario. On a un personnage principal féminin ; que fait-on pour le mettre en valeur ? Hé bien, non contents de faire agir l'héroïne comme une parfaite abrutie, on la fait violer par le méchant : la classe.Ce n'est pas Chuck ou Jean-Claude qui se feraient sodomiser dès le début du film.
Kathy est ensuite recueillie par un vieux paysan muet et son jeune petit-fils. Scène grandiose du grand-père qui fait tomber la perruque noire de notre héroïne, encore inconsciente. « Grand-père ? Pourquoi sa chevelure est ivoire et ébène en même temps ? » s'étonne le petit-fils . Le grand-père s'explique par quelques gestes. « Ha, d'accord ! Le bien et le mal s’affrontent dans son esprit » opine gravement le moutard.
Vous l'aurez deviné, le vieux muet, bien qu'étant un paysan loqueteux, n'en est pas moins un maître en arts martiaux, qui va aider Kathy à reprendre des forces, à s'entraîner et à rejoindre la sérénité intérieure, à coups de sentences en pur baragouin new age, traduites par le mioche : « Ce qui fait beaucoup de bien, comme ce qui fait beaucoup de mal ne dure jamais très longtemps. C’est le karma. »
Une affiche égyptienne.
Kathy va donc repartir à l'assaut de Ludwig, en procédant cette fois plus « subtilement ». Usant d'un stratagème totalement idiot (que je vous laisse découvrir, et qui fonctionne contre toute vraisemblance), Kathy gagne la sympathie, puis la confiance de Susan, la maîtresse de Ludwig, et parvient à se faire embaucher comme secrétaire de celle-ci.
Cynthia se prépare à la jouer fine...
Citons au passage la sublimissime prestation de Bella Esperance, starlette indonésienne interprète du rôle de Susan, qui semble affligée de la danse de Saint-Guy tant elle agite ses épaules de manière désordonnée (la demoiselle na' pas l'air habituée à se tenir devant une caméra), et concentrons-nous sur le personnage de Ludwig, censé être le super-méchant de l'histoire. Richard Norton, artiste martial australien, assure comme une bête les scènes de combat. Mais dès qu'il s'agit de jouer la comédie, c'est une autre histoire.
- Tu sais quoi, Cynthia ? Jackie Chan voudrait que je joue avec lui dans "Niki Larson" !
- Non ! Sans blague ?
Moins expressif que Steven Seagal, moins charismatique que Jean-Claude Van Damme, notre Richard a de surcroît un handicap considérable pour jouer le méchant : il a une bonne bouille ! Reconnu assez unanimement dans le milieu de la série B d'action comme étant un type très sympathique, le bon gros Norton est un gentil géant débonnaire, aussi menaçant qu'un tonton gâteau. Autant dire que malgré un scénario qui le dépeint comme le pire des sadiques, il ne fait peur que lors des bastons, où il s’avère au contraire des plus crédibles. Ce bon Ludwig ne semble pas non plus en avoir très lourd sous la calebasse, puisqu'il s'avère incapable de reconnaître Kathy quand Susan lui présente sa nouvelle secrétaire. Notre héroïne portait certes une perruque lors de leur première rencontre, mais Cynthia Rothrock a tout de même un visage des plus reconnaissables (comprendre : elle a un peu un gros pif).
Cynthia versus the evil costumier from hell...
Traînant des clichés éléphantesques, un scénario aux ficelles grosses comme des câbles, « Lady Kickboxer » est une série B poussiéreuse à la médiocrité si patente qu'elle finit, selon l'humeur, par déboucher sur la consternation, ou sur une béatitude ravie. Le film échoue en effet quasiment sur toute la ligne tant l'indigence (financière, artistique, intellectuelle) saute aux yeux à chaque instant. Le look du film est pour beaucoup dans l'ampleur du ratage. Rappelons que David Worth est à la base chef-opérateur : hé bien, on ne le dirait pas, tant l'image vire constamment au marronnasse ! Le caméraman semble avoir laissé tomber son objectif dans la boue, négligeant ensuite de le nettoyer. Cynthia Rothrock, enlaidie au possible par la photo et la mise en scène, passe la moitié du film fagotée dans des tenues abominables, qui la font ressembler au choix à une pute à un dollar la passe, ou à une boulangère harassée par une journée de boulot. Un comble pour un film reposant sur ses mérites et censé la mettre en valeur !
Le DVD allemand.
De l'action merdique, des personnages à une dimension, des rebondissements téléphonés, bref tout pour faire un navet, n'était l'amusement que l’on ressent face à un tel étalage de bêtise et de beauferie. Lamentablement vulgaire dans son traitement des personnages féminins, le film aligne en outre tous les clichés du film d'arts martiaux à deux balles : vieux maître taciturne (et pour cause, il est muet !), entraînement à la dure, revanche implacable. Le tout est filmé à la paresseuse, par un David Worth qui semble avoir appris son métier de cinéaste à l'école des téléfilms allemands, et nous offre un festival de champs-contre-champs lamentables, avant qu'une poursuite en voiture filmée par le frère mongolien de Jean-Marie Pallardy ne vienne achever le tout.
Cynthia contre Richard : du sang, de la chique et du mollard !
Comme beaucoup de nanars d'action, « Lady Kickboxer » se rattrape par un combat final particulièrement violent qui, faute d'être mieux filmé que le reste, bénéficie des talent d'artistes martiaux de Cynthia Rothrock et Richard Norton. L'énergie de ces deux derniers fait presque regretter la nullité du reste du film : ha, si seulement ce combat avait pu figurer dans un métrage d'une qualité supérieure ! Le décalage est tel qu'il gâcherait quelque peu le plaisir nanar lié à la bêtise de ce qui a précédé.
Scène de ménage chez les kickboxers.
Sans être un must absolu du nanar, « Lady Kickboxer » est néanmoins à voir car transcendé par sa propre connerie. Réjouissant en ce que symptomatique du film d'action beauf du début des années 90, dont il est un exemple particulièrement laid et pauvre, le film est achevé en outre par sa tentative d'apporter une sensibilité « au féminin » à un genre totalement plat du ciboulot. Sauvé en partie par quelques bonnes scènes d'action, le tout se laisse voir d'un oeil paresseux, grâce à de bonnes grosses tranches de nanardise bien juteuses, disséminées tout au long du film, grâce également à un scénario à l'encéphalogramme tellement plat qu'il constitue une attraction à lui seul.
Salaud, c'est à cette heure-ci que tu rentres ? Tu pues la vinasse !
Les nanardeurs novices, mis en appétit par la découverte des pires Van Damme, pourront approfondir leur exploration du continent nanar, en découvrant le niveau en-dessous. Il en est du nanar comme de tout stupéfiant : on commence par du David Worth (drogue douce), et on finit dépendant au Cüneyt Arkin (drogue très dure) ! Prenez garde, jeunes gens !
Cote de rareté - 3/ Rare
Barème de notation
Le DVD américain.
Nous vous ferons grâce de toutes les éditions exotiques (russe, polonaise etc.) : le DVD américain de chez "Sterling" reste le plus courant, d'autant qu'il semble multizone malgré son unique version anglaise. Les deux seules éditions vidéos connues chez nous demeurent celle, très tape à l'œil, de "Une Vidéo", rééditée par la suite sous la bannière "TF1 Vidéo".
Les deux éditions VHS françaises.