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L'Homme Puma

(1ère publication de cette chronique : 2002)
L'Homme Puma

Titre original :L'Uomo Puma

Titre(s) alternatif(s) :L'Incroyable Homme Puma, Puma Man

Réalisateur(s) :Alberto De Martino

Année : 1980

Nationalité : Italie

Durée : 1h27

Genre : Félin qui vole

Acteurs principaux :Donald Pleasence, Walter George Alton, Miguel Angel Fuentes, Sydne Rome

Rico
NOTE
4.5/ 5


Les Italiens ont tout copié : « Alien », « Predator », « Mad Max », « Star Wars », « Indiana Jones », « Terminator » ou « Rambo ». Du moment que ça fait des sous au box office, ça peut se reproduire avec cent fois moins de budget et d’ambition artistique. Autant dire que quand « Superman » est sorti et a cassé la baraque, quelques producteurs romains se sont dits qu’il ne devait pas être difficile de faire pareil (bon O.K. moins bien, mais de toute façon ça se vend à l’export alors...).

C’est ainsi qu’est né « l’Homme Puma ». Un projet totalement barré dont le scénar a dû être torché un soir de cuite par les pires tâcherons du bis transalpin.

Au passage, « l’Homme Puma » n’est pas le seul super héros venu des Abruzzes : dans les années 60 déjà, des allumés en collant rouge ou noir jouaient les redresseurs de torts (« Superargo Contre Diabolikus ») ou les super criminels (« Danger : Diabolik » de Bava).


Le responsable du projet est un discret vétéran du photocopiage made in Italy : Alberto De Martino.

Encore un qui espérait passer entre les mailles du filet dans notre grand recensement des réalisateurs de nanars italiens. Et pourtant, c’est le responsable d’une des plus hallucinantes James Bonderie des années 60 : « Opération Frère Cadet » avec Neil Connery, le petit frère de Sean qui joue un médecin hypnotiseur champion de tir à l’arc recruté par les services secrets anglais pour affronter une organisation secrète style SPECTRE du pauvre. On retrouve dans le film une brochette d’acteurs issus des 4 premières aventures du grand James (entre autre : Bernard Lee (M), Loïs Maxwell (Moneypenny), Lotte Lenya (Rosa Klebb), Daniela Bianchi (Tatiana Romanova), Adolpho Celli (Emilio Largo) etc. etc. le jeu c’est de tous les retrouver et il y en a beaucoup...). Pour le reste de sa carrière, De Martino a touché à à peu près tous les genres des années 60 à 90 : westerns, péplums, polars : certains ont des titres qui font envie : « Miami Golem », « Agent 00 » etc.

Alberto n’est pas le plus mauvais réalisateur du lot des nanardeux italiens, il fait même preuve d'un certain professionnalisme avec des tentatives de mouvements de caméras agréables et léchés. Le problème c’est que De Martino (un des rares à ne pas prendre de pseudo américanisant) tourne des scénars totalement dingues, et totalement desservis par des effets spéciaux parmi les plus miteux de l’histoire du cinéma. Rappelons-nous les hallucinations ringardes du par ailleurs plutôt réussi « Holocauste 2000 », décalque efficace de « La Malédiction », où Kirk Douglas court nu dans un désert de sel pour empêcher la construction d’une centrale nucléaire où doit s’incarner l’antéchrist.

Attention au pssage à ne pas confondre avec Sergio Martino alias Martin Dolman, autre esthète du bis italien à qui l’on doit d’authentiques chefs-d’oeuvre tels que « Le Continent des Hommes Poissons » ou « Atomic Cyborg » (ce n’est que partie remise : tremble Sergio, ton tour viendra...).

Dans un passé lointain, des extraterrestres sont venus chez les Aztèques (en passant au-dessus d’une réplique maigrichonne de Stonehenge !) dans une grosse boule pleine de lumières. Ils ont laissé deux choses : un masque d’or très laid qui permet à celui qui le porte de contrôler les esprits et une lignée de « dieux blancs » pour protéger notre planète : celle des hommes-puma.


Pas étonnant que les extraterrestres se cachent, vu la dégaine de leurs vaisseaux...

Manque de bol, le masque est de nos jours (enfin à la fin des seventies), entre les mains d’une organisation criminelle diabolique dirigée par le maléfique Docteur Kobras. Celui-ci utilise le masque pour contrôler les gens importants dans le monde de l’énergie (1979, deuxième choc pétrolier, tout ça...) et ce pour devenir MAITRE DU MONDE ! ! ! Comme il ne peut pas se balader tout le temps avec le masque, ce bon docteur Kobras a mis au point un stratagème diabolique : il hypnotise des têtes de mannequins censées représenter ses victimes, ce qui lui permet de les contrôler à distance. Vraiment c’est trop fort. Surtout les têtes ! Absolument hideuses, genre mannequins de magasins de fringues avec une perruque et des moustaches. Sauf évidemment lorsqu’elles sont censées représenter un des acteurs du film. Là on voit bien que c’est le comédien, la peau rendu luisante avec un genre de paraffine, qui la joue lui-même.


Des effets spéciaux saisissants...

Au passage, notons que Kobras est joué par Blofeld himself : Donald Pleasence, dont la fin de carrière fut vraiment dédiée aux pires nanars. Conscient de la valeur intrinsèque de ce qu’on lui fait tourner, il joue toutes ses scènes avec une lassitude quasiment palpable. Il est évident qu’il ne croit pas une seconde à son rôle et ne fait d’ailleurs pas grand chose pour le sauver, attendant son chèque de fin de tournage en assurant le strict minimum syndical. On le comprend assez d’ailleurs, rien qu’aux costumes dont on l’affuble : dans sa base, une combinaison en skaï noir très club sado-maso et en soirée, une tenue vert lézard du plus mauvais goût. A vous dégoûter de vouloir devenir génie du mal, tiens...


Fais pas la tête Donald...

Cela étant, le Docteur Kobras est tout de même bien embêté : une seule personne peut se mettre en travers de son plan diabolique : « l’Homme-Puma » sensé garder le masque. Seulement personne ne le connaît. Qu’à cela ne tienne, il y a un profil type de l’homme-puma : un jeune américain blanc qui vient de perdre ses parents médecins dans un accident d’avion. Il suffit de le balancer du dernier étage d’un immeuble. Si c’est l’homme-puma, il va s’envoler et on saura qui c’est. Aussitôt dit, aussitôt fait : les hommes de main de Kobras défenestrent joyeusement quelques personnes (je sais, ça à l’air très con dit comme ça, mais à l’image ça l’est encore plus).


En fait, l’homme-puma est un jeune étudiant, Tony Farms, qui bosse dans un musée paléontologique à Londres. Et il est retrouvé avant les méchants par l’envoyé des dieux aztèques : Vadino, un Indien de presque deux mètres (Miguel Angel Fuentes, vu dans « Fitzcarraldo » ou plus modestement dans « La Mission »). C’est la véritable attraction du film, un type vraiment impressionnant qui joue avec un sérieux et une conviction imperturbables, au point de faire tache dans le désastre ambiant.


Vadino, il va lui falloir du courage pour garder son sérieux.

Scène comique, Vadino suit Tony dans le musée en essayant d’être discret puis finit par le chopper et le balancer par la fenêtre (décidément). L’autre fait donc une chute de 10 mètres et atterrit comme une fleur. Vadino redescends et lui lance « Tu es l’homme-puma » avant de disparaître. Il revient peu après pour tout expliquer à l’autre ahuri : tu as des superpouvoirs, il te suffit de mettre cette ceinture (très laide, avec une tête d’idole grimaçante) et tu deviendras l’Homme-Puma.


Evidemment l’autre refuse, d’autant qu’entre-temps il s’est fait draguer par la jolie Jane Dobson, une espionne envoyée par Kobras (hypnotisée et qui en fait est gentille et tombera comme il se doit amoureuse du héros), jouée par Sydne Rome, blonde à grande bouche dont le jeu d’actrice est hélas bloqué sur deux positions : effrayée ou bêtement contente.


Sidne Rome, l'atout charme (à défaut d'atout intelligence...)

Celle-ci invite Tony chez elle où il rencontre Kobras, qui l’identifie comme étant l’Homme-Puma. D’où bagarre avec les hommes de main et fuite sur le toit. Est-ce que notre héros est fichu ? Non, Vadino surgit et du sol lui balance la ceinture magique avec une trajectoire qui défie toutes les lois connues de la physique.

Tony la met et se transforme en Homme-Puma : une cape verte et rouge, un polo avec la même tête ridicule que sur la ceinture, j’ai mis une photo sinon on me croira pas.

Et ses pouvoirs ? Ben y vole... enfin il essaie... et c’est là qu’on plonge dans le nanar le plus absolu avec des trucages tout simplement hallucinants ! Il faut voir le pauvre héros tordu à 45° au niveau des fesses (il doit être suspendu par un harnais) battre des bras devant des images toutes pourries de Londres la nuit, le tout accompagné par des bruitages au synthé qui vrillent les tympans. Le top est atteint dans le final lorsqu’il poursuit l’hélicoptère de Kobras, où De Martino ne se donne même plus la peine de respecter les proportions entre l’homme et l’hélico. Il faut le voir pour le croire. Les autres pouvoirs sont à l’avenant : il passe à travers les murs, toujours accompagné du petit bruit de synthé qui stridule. Il a des visions astrales à base de trucages numériques pourris digne d’un show de Maritie et Gilbert Carpentier.



Le félin volant...

Les dialogues délirent dur pour essayer de remonter le niveau : « On aurait dit un félin qui volait ! » prétend un homme de main pas très doué en zoologie pour décrire l’homme-puma.

Vadino, lui, a des lacunes en histoire-géo quand il raconte l’histoire des Aztèques vénérant l’homme-puma sur les hauts plateaux des Andes (c’est les Incas qui vont être contents... et je ne parle pas du mini-Stonehenge du début).

Et puis il y a les bagarres, quand Vadino et Tony se frittent avec une dizaine de gros bras du Dr Kobras : c’est du Terrence Hill et Bud Spencer en à peine amélioré. Avec les bruitages de baffes monstrueux et les mines ahuries des méchants, mais surtout l’homme-puma, les doigts recourbés pour figurer des griffes, qui saute sur des trampolines (hors champs) pour faire bête fauve. Je défie quiconque de ne pas éclater de rire en voyant cela !


La fureur du puma !

Je ne vous raconterai pas le reste de l’histoire pour ne pas vous gâcher la surprise (bon, les gentils gagnent à la fin) et parce que j’ai promis de faire mes chroniques plus courtes. Sachez que c’est de la poilade tout du long et que ça vaut facile une amplitude de force 4,5/5 sur l’échelle Lambert-Van Damme du nanar.

Il est juste à noter que les producteurs croyaient vraiment en leur projet et espéraient initier toute une série de films (ou une série télé) ayant l’homme-puma pour héros. Les résultats au box office ont dû leur remettre les idées en place... Quant à Walter George Alton, le jeune premier du film, il a totalement disparu de la circulation, ce qui est dommage car il était meilleur acteur que la moyenne des bellâtres habituels du bis italien. A vous dégoûter de sauver le monde, tiens... [NDLR : selon Alberto De Martino, Walter George Alton était et serait toujours avocat à New York : voir notre interview du réalisateur en lien sur le côté de cette chronique]


Comment fait-on les bébé hommes pumas ?

- Rico -
Moyenne : 3.83 / 5
Rico
NOTE
4.5/ 5
Mayonne
NOTE
5/ 5
LeRôdeur
NOTE
2.5/ 5
John Nada
NOTE
4/ 5
Nikita
NOTE
2.5/ 5
TantePony
NOTE
4/ 5
MrKlaus
NOTE
4/ 5
Wallflowers
NOTE
3.5/ 5
Kobal
NOTE
2.5/ 5
Drexl
NOTE
4.5/ 5
Barracuda
NOTE
5/ 5
Jack Tillman
NOTE
4/ 5
Labroche
NOTE
3,5/ 5

Cote de rareté - 5/ Pièce de Collection

Barème de notation
Soyons clair, le film a fait le bonheur de très nombreuses collections vidéo. Il existe un paquet d'éditions en VHS (chez "Platinium Vidéo", "South Pacific Vidéo", "Aprovision / Initial" dans leur Power Collection rouge et blanche, "Carrere Vidéo", "Eagle Films"...).

A noter qu'aux Etats-Unis le film est ressorti dans un édition DVD "MSTK3000", c'est à dire parasitée par des blagues lancées par des personnages en surimpression. Le film se suffisant à lui même, nous ne pouvons conseiller cette version.

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