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Sacrifices

(1ère publication de cette chronique : 2006)
Sacrifices

Titre original :The Laughing dead

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :S.P. Somtow

Année : 1989

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h43

Genre : La Mort Amusante d'un réalisateur

Acteurs principaux :Tim Sullivan, Wendy Webb, Premika Eaton, Patrick Roskowick

Kobal
NOTE
2.5/ 5



"Un groupe d'Américains atterrit au Mexique pour un voyage éducatif organisé par le père O'Sullivan. Le programme prévoit non seulement une visite guidée des temples aztèques, mais aussi la découverte d'un festival baptisé "Mort Amusante", au cours duquel des personnages en costumes sont censés pratiquer des exécutions factices. Mais peu à peu, les spectateurs s'aperçoivent que leurs vies sont en danger."

Il faut avouer que le début du film peut laisser supposer le pire. En effet, rien de bien folichon ne vient égayer l'allure un peu molle de l'introduction des personnages, d'autant plus complexe que de nombreux cauchemars et flash-back viennent embrouiller le récit. On craint alors de devoir perdre 90 minutes de sa vie à regarder un petit navet d'horreur comme il en existe malheureusement tant. Mais l'apparition soudaine de deux prêtres aztèques adeptes de la bombinette à fumée et du balançage de cadavre de petite fille ligotée ("attachée de la tête aux pieds") sur des bus de touristes réveille soudain l'esprit engourdi du spectateur. D'autant plus que l'un d'eux mâche nonchalamment un chewing-gum. Ah ah, peut-être que ce film recèle quelque chose de plus intéressant que prévu ! Et la suite du film de confirmer cet espoir. Car en effet, dès l'arrivée du groupe dans le petit village mexicain, les effets s'enchaînent et le nanar se déchaîne.


It's the fiiiinal countdoooooooown !!!



Le père Ezekiel O'Sullivan est un ecclésiastique plutôt torturé car il se trouve qu'il a perdu la foi depuis qu'il s'est défroqué, attisé par le désir qu'il éprouve pour une jeune nonne du couvent voisin. Seulement, il a tendance à rechercher sa foi comme s'il avait perdu ses clés de voiture. Il se retrouve d'ailleurs bien vite confronté à sa crise hépatique, euh pardon, de foi en la présence d'une brave petite vieille locale qui le supplie de venir exorciser sa fille, possédée. Hélas, O'Sullivan trop occupé à courir la gueuse à chapelet avait dû faire l'impasse sur cette matière car il diagnostique non pas une possession mais un syndrome de Touretz (Gilles de la Tourette en VO, sic).


Deux docteurs en théologie et une infirmière à la retraite : la consultation s'annonce mal.


Mmmmh, ce n'est pas ce que je voulais dire quand je parlais de frottis vaginal...



Cette tragique erreur diagnostique aboutit logiquement à une mauvaise attitude thérapeutique, à savoir une xénogreffe chirurgicale manuelle d'un cœur noir démoniaque, dans des conditions bien peu stériles. Résultat, le père est à son tour possédé.




RAAAAAAAH, MAIS BORDEL ELLE EST OU CETTE FOI !!!!



Mais il faut dire que l'examinateur lui a foutu la pression. En plus d'être le père de la patiente, le Dr Umtzek est un notable du coin et porte bizarrement le nom du Dieu Aztèque de la Mort.


La cucaracha, la cucaracha...



Parlons-en un peu de ce fameux Dr Umtzek. On aurait pu s'attendre à un être décharné, vil, diabolique, bref un Bad God of Death. Et bah à la place, on a un Mexicain jovial, un peu enrobé, qui veut se donner des airs raffinés en jouant sur son piano une mélodie classique sud-américanisée par une guitare sèche. Il adore prononcer son nom à haute voix en appuyant bien les syllabes, ainsi que rappeler à tous quel est son but maléfique. Au final, on a plutôt envie de lui payer un coup à boire et de déconner avec lui en parlant de l'ancien temps, des sacrifices à la chaîne, au moins on avait des repères à l'époque, on croyait en quelque chose, enfin bref. En plus, le pauvre Umtzek a l'air de souffrir de ses conditions de travail : je vous laisse juge (vous remarquerez que son poignard rituel ressemble plus à un gourdin qu'autre chose).


Ouuummmmmm...


...Tzek !!!!



Pour parachever le tout, ce Dieu infernal mais sympa dans le fond n'est pas n'importe qui. C'est le réalisateur-scénariste-écrivain-musicien du film, monsieur Somtow. C'est à lui qu'on doit « The Laughing Dead ». Quel blagueur ce Umtzek !

DEFILE DE MODE AZTEQUE, COLLECTION DIEU DE LA MORT




Un passage réalisé sous LSD où Somtow a jugé bon de limiter les dialogues à "LA MORT", répétée des dizaines de fois.






Umtzek en aide-soignante... Il craque là.



Là où « Sacrifices » est ambitieux, c'est qu'en plus de nous offrir un enchaînement de meurtres sanglants pratiqués par le père O'Sullivan, il compte bien traiter de la réconciliation entre ce dernier et son fils Tommy qui est du voyage, mais qui ne connaît pas son véritable paternel (Amouuur, gloire et beauuutééé). Le mélange entre problème de paternité et bouchaille débouche sur de nombreuses situations involontairement cocasses. D'autant plus que Tommy est un teenager dans toute sa splendeur, à la voix abrutie de stupidité adolescente, s'opposant à toute nouvelle relation de sa mère et encore plus à O'Sullivan. Et il mâche pas ses mots le p'tiot : "C'est ta faute sale plouc de curé ; tu lui rappelles l'époque pourrie où elle se prenait pour une sale nonne !". Même quand le rapprochement entre Ezekiel et Marie-Thérèse (pas de blague) est amorcé, Tommy balance sévère : "'Man, j'hallucine ! J'ai vu défiler des profs de fac, et des acteurs, j'ai vu des politiciens, mais un prêtre, là tu vas trop loin !". Mais sous son apparence rebelle, Tommy est en manque d'amour et chaque dispute se termine en gros câlin bien niais et sirupeux.


'Man, je crois que Umtzek m'a enfoncé une autruche dans le fondement...


Je t'aime Tommy... Et j'ai retrouvé la foi... Ah non, c'est juste ton foie.



Le reste de l'équipe de touristes n'est pas mieux. Entre le couple de bouffons occupant respectivement les rôles de lâche et de hippie new-age, la jeune asiatique qui déplore la maladie de son père qu'elle aime/déteste (quelle profondeur psychologique !), le jeune héros apprenti archéologue Aztèque (bien utile aux scénaristes pour sa capacité à avoir de soudaines illuminations de connaissances faisant progresser le scénario) et autres personnages secondaires qui ne sont là que pour servir de chair à canon, il y a de quoi s'amuser.


Tu veux dire que mes lunettes ne sont pas tendance ?


Vite, formez tous le Serpent à Plumes pendant que je fais des grimaces !


Un perso sous-exploité malgré sa tronche sympa et son petit côté Otto.



Il faut reconnaître que comme bien souvent, le doublage français est assez effrayant de nanardise, même pour les phrases les plus bateau. On en arrive même à des extrémités où nos chers doubleurs parviennent à vider de tout sens compréhensible des dialogues de base. Quelques morceaux choisis :

- Le père O'Sullivan dit qu'ils vendent des bonbons en forme de squelettes et d'autres horreurs, à base de pâte d'amande, de tripes et de cervelles.


Oh, un crâne en forme de pâte d'amande, et de la gelée de groseille à base de produits sanguins !



*Le couple de hippies devant une bande de cadavres*
- Oh chérie, c'est trop horrible, non, ne regarde pas !
- Non, j'ai fermé les yeux bien trop longtemps. Je n'ai jamais imaginé que le new-age puisse être aussi négatif, mais je l'ai choisi et je veux l'affronter.


- Chérie, regarde, une circulaire du cordon chez un enfant âgé de 12 ans, c'est une pathologie rare.
- Je ne pensais pas que l'obstétrique puisse être aussi négatif !



*Le jeune archéologue voulant empêcher le sacrifice rituel*
- Pas si vite, Umtzek, vous semblez oublier le Jeu de la Mort !
- J'ai donc affaire à un vrai puriste. Qu'à cela ne tienne, je vais vous faire plaisir.
- Vous savez que le sacrifice n'est rien sans le Jeu de la Mort, c'est pour ça que nous sommes ici !


Pour pouvoir participer au Jeu de la Mort, il va falloir se transformer en Bruce-like.



Les intonations des personnages renforcent encore plus le côté bêtifiant de ces dialogues déjà ridicules sur le papier. Faut voir le fond d'accent allemand que se traîne Umtzek à certains moments ainsi que le doublage mexicain à la truelle des peones, à base de ayayayaya senor. A la rigueur, il y a un certain côté harmonieux avec l'amateurisme évident de la majorité des acteurs. On peut en voir certains se marrer dans des circonstances douteuses. D'ailleurs, la plupart ont vu leur carrière débuter et s'arrêter avec ce film. Quant à ceux qui ont persévéré comme Tim Sullivan (qui interprète le prêtre), il faut voir le jeu d'acteur très appuyé, cabotinant à outrance lors des scènes de possession renforcées à grands coups de bave verdâtre.


Les acteurs en train de visionner le film monté.


Voilà un vrai acteur. Dès qu'on l'a vu, on ne le quitte plus des yeux.



Par contre, il est amusant de noter que les nombreux rôles de figurants (zombies, cadavres, etc.) ont été confiés à quelques scénaristes spécialisés dans le DA américain (Transformers, Gargoyles, The Real Ghostbusters, Les Maîtres de l'Univers...) ou dans des séries asthéniques (Spiderman, Beverly Hills Teens...). Y'en a même qui ont bossé pour Cine Excel, la classe quoi.


C'est donc là qu'on range les scénaristes pour qu'ils se rechargent ?


C'est à cause de ma maladie de peau que j'ai pensé au personnage de Skeletor.



Difficile de ne pas aborder la place importante accordée au basket dans ce film. L'auteur insiste bien sur l'origine aztèque de ce sport, et nous le sert à un peu toutes les sauces. On assiste même à notre plus grande joie au Jeu de la Mort abordé plus haut : un match de basket opposant une équipe de zombies qui jouent très physique, à nos héros un peu dépassés par la situation.


La passe, la passe !!


Les zombies du Jeu de la Mort sont sponsorisés par Tennis Shoesware.



Pour finir avec l'aspect nanar de « The Laughing Dead », parlons un peu de son montage. En effet, ce dernier est assez catastrophique par moment : changement de scène inopportun en pleine phrase, inserts de femmes hurlant en décalage de l'événement déclencheur, village désert sur un plan puis soudainement animé par une fête sur le plan suivant, etc. Le montage augmente ainsi la confusion générale et s'autorise des sauts du coq à l'âne assez fendards. C'est d'ailleurs ce qui frappe en premier le spectateur dès le début du film.


Bombinette à fumée forever !



Mais même si « Sacrifices » semble assez pauvre financièrement, il réussit toutefois à surprendre à de nombreuses reprises par de jolis effets gores bien sympathiques, à base de tête décapitée lancée dans des paniers de basket, de bras arraché et enfoncé dans la gorge, et surtout de rites sacrificiels producteurs de plusieurs kilos de barbaque cardiaque.


Et en plus, les doigts bougent. Pratique pour se gratter le larynx.


Déjà à l'époque des Aztèques, les taggueurs saccageaient tout.



On assiste même à un affrontement final dantesque entre Quetzalcóatl (le Dieu Serpent à Plumes) et Umtzeck en version scarabée géant noirâtre, affrontement dont l'effet horrifique est toutefois ridiculisé par une lutte à base de claques sur les joues. De nombreuses idées se révèlent ainsi fort intéressantes, les décors sont assez réussis et on se prend à imaginer ce qu'aurait pu être « Sacrifices » avec une meilleure réalisation et un budget plus conséquent.




Un sympathique effet gore....


...bien vite ridiculisé par un policier qui prend des notes.



« The Laughing Dead » se pose ainsi en bon film de techniciens de l'horreur, mais se transforme macabrement en nanar de part tout ce qui en compose le reste. A noter que S.P. Somtow réalisera un second film 5 ans plus tard : une adaptation de Shakespeare dans laquelle on retrouve Robert Z'Dar. Que le monde est petit.


Un exemple de détail nanardifiant. L'acteur jouant le rôle du père malade n'étant probablement plus disponible, on met un masque sur quelqu'un d'autre et le tour est joué.



Je conclurai cette chronique en laissant la parole à notre famille cléricale nouvellement reconstituée, qui après toutes ces aventures goûte enfin les joies de la fête de la Mort Amusante :
- 'Man !! 'Pa !! Merde, amenez-vous c'est l'enfer !!
- Encore un mot dans ce goût là mon garçon, et je te prive de sortie jusqu'à l'année prochaine.

(d'un air enjoué) - Oh ouaiiiis !!...
*Tout le monde se serre dans les bras*

Ah oui, mais non, car « Sacrifices » est bien évidemment un film qui ne saurait se terminer sans se laisser une porte ouverte :

*Plan sur le ciel*
La voix de Umtzek :
- L'étoile sanglante de la mort.

Et ?... Ah non, c'est tout.

- Kobal -
Moyenne : 1.67 / 5
Kobal
NOTE
2.5/ 5
LeRôdeur
NOTE
0/ 5
Rico
NOTE
2.5/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation

« Sacrifices » a été édité en France en DVD par "Bamboo Films" dans une édition de bac à soldes. Aucune interactivité et film en VF seule, mais la qualité vidéo et audio reste toutefois très correcte.


Il existe aussi 2 éditions VHS, une chez Fox Films et l'autre chez ANCA Video.

Une V.H.S japonaise qui défonce !