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Tintorera du Sang dans la Mer


Tintorera du Sang dans la Mer

Titre original :Tintorera

Titre(s) alternatif(s) :Les Dents d'acier, Le Monstre aux dents d'acier

Réalisateur(s) :René Cardona, Jr

Année : 1977

Nationalité : Mexique

Durée : 1h26

Genre : Jaws with Sex

Acteurs principaux :Hugo Stiglitz, Susan George, plein de Mexicains moustachus et des tas de bimbos dénudées.

Zord
NOTE
1/ 5



Exceptionnellement, cette chronique débutera par une page de publicité.

Jingle (TOUDADA TOUM TOUDADA TOUM TOUM) : PUB !

(La scène se passe dans une carrière abandonnée sensée signifier un pays chaud et sec. Au loin, plusieurs cactus en plastique servent de refuge à des mannequins en mousse coiffés de sombreros, faisant la sieste - car tous les Mexicains font comme ça, c'est bien connu. En musique de fond, le réalisateur a choisi quelques airs de flûte des Andes pour donner plus de "couleur locale" à son introduction. Certes, c'est péruvien et non mexicain, mais on ne va pas chipoter pour si peu).

- "Olà, gringo ! Viens donc goûter mon bon ciné, gringo !"

(le gringo plonge la main dans le vaste sac en toile de jute, en ressort quelques vieilles vidéos et, d'un air dédaigneux, lance):

- "Tu serais pas en train de te foutre de ma gueule, Ramon ? Tu me prends vraiment pour un commercial de chez Jacques Vabre ou quoi ? Non, pas assez bon pour Nanarland !" (Il jette les cassettes, la mine dégoûtée, mais résolue.)

(Ramon enrage ! Madre de dios ! Pas facile à entuber, le gringo !)

- "Alors regarde ça, gringo ! T'en penses quoi de "Tintorera, du sang dans la mer", hombre ?"


- "Viens voir... hum... un requin qui arrache le corps d'une baigneuse ? Le tout dessiné avec les pieds par un graphiste manchot, dans le noir ? Hummmm... mais tu sais que tu me tentes, Ramon ? Ah, et qu'est-ce que je lis là ? René Cardona Jr ? Le fils du type qui a fait les "Santo" ? Oh, oh, mais tu sais que ça m'a l'air bon tout ça ! Allez, t'as de la chance, Ramon. Je te le prends."

(Le gringo, l'air satisfait embarque la cassette dans sa besace, puis se retourne et lance) :

- "Tu vois Ramon ? T'y mettrais plus souvent du tien, tes filles seraient pas obligées de gagner leur vie dans un bordel de Tijuana !"

(Il semblerait que cette dernière réplique ait été coupée au montage lors de la diffusion de ce spot en France).

Jingle (TOUDADA TOUM TOUDADA TOUM TOUM) : FIN DE LA COUPURE PUBLICITAIRE !


Duos affichas qui en jetent muchos ! (Oui, j'ai fait allemand en deuxième langue, pourquoi cette question ?)



Et Dieu sait si Ramon ne l'a pas volé, le Gringo, tant "Tintorera" est au Mexique ce que "La Mort au Large" est à l'Italie et "Les Dents de la Mer" au cinéma. Cardona senior peut être fier de son rejeton ! En effet, la tradition familiale du cinéma navrant et médiocre ne s'est pas perdue avec le temps et voilà une petite famille qui a su maintenir vivaces ses traditions: un vrai sujet du JT pour Jean-Pierre Pernaud !Mais, contrairement à toutes les familles qui cachent leurs noirs secrets dans leurs placards, les Cardona, eux, préfèrent dissimuler un curieux atavisme au fond de leur baignoire... Cette tare familiale, c'est justement... le "Tintorera".

Le "Tintorera" est l'appellation mexicaine du requin tigre, l'un des rares prédateurs marins pouvant s'attaquer à l'homme pour s'en nourrir. Enième resucée des "Dents de la Mer", sorti deux ans plus tôt, "Tintorera" ne se voudrait donc qu'un film de squale mangeur d'hommes comme tant d'autres. Sauf qu'habituellement, la base d'un film de requin, ce sont... les attaques de requin (étonnant, non ?). Eh bien, dans Tintorera, pas du tout ! Il faut attendre au moins trois quart d'heures avant que le squale ne montre le bout de son museau dans le métrage, et encore, on sent que le réalisateur l'a fait de mauvais gré, se rappelant quelques jours avant la fin du tournage qu'il n'était pas en train de mettre en boîte une banale comédie de moeurs porno-soft, mais un film censé faire peur au public.


L'affiche allemande, très "emphase" avec le sujet...



Alors, que se passe t-il pendant tout ce temps ? Eh, bien, au Mexique, c'est l'été sans fin : la Playa, les Nanas, la Tequila, les Putas, la Fiesta, tout ça c'est la Costa Mexicana ! Dans ce pays de cocagne, où le jeu de la séduction consiste à sortir son American Express pour tirer son coup, Steven, millionnaire américain, fait son marché. Grâce à son yacht, son fric et sa chemise ouverte sur un torse velu, il emballe comme un gnou et fourre à glaouis rabattus sans se soucier du lendemain. Normal : lorsqu'on est plein aux as en pays pauvre, un physique ingrat n'est pas une fin de non-recevoir pour trousser de la donzelle. Au passage, on peut s'interroger sur les intentions de Cardona... apologie ou dénonciation du tourisme sexuel ? Car s'il y a bien une constante dans "Tintorera", c'est que toutes les femmes sont présentées comme des putes avides (et c'est rien de le dire), prête à se mettre à poil devant le premier occidental friqué qui se présente. Encore que les filles "faciles" soient essentiellement des touristes anglaises. Car la Mexicaine, comme chacun le sait, est pieuse, travailleuse et ne perd pas son temps à courir les plages, contrairement à ces Occidentales en rut.


"Dites monsieur l'imprimeur, si on met pas toutes les couleurs de l'affiche originale, vous nous faites une ristourne sur nos jaquettes ? "



Séduite par le charisme de la carte bleue du héros, la belle Patricia accepte d'aller roucouler avec lui sur son yacht, mais se trouve bientôt sous le charme du beau Miguel, professeur de plongée, musclé, bronzé et particulièrement poilu sous sa belle chemise ouverte.


Patricia, la pouffiassa, prima victima del Tintorera !



Drame chez les maquereaux ! Ne supportant pas d'être négligé au profit d'un moins riche que lui, Steven va casser la gueule à Miguel sur la plage et lui laisse bien volontiers cette salope qui ne connaît même pas la valeur de l'argent ! Heureusement, il y a une morale à tout et, une fois remplie de stupre, la félonne se fera dévorer par le Tintorera (un stock-shot de requin tigre particulièrement mal filmé) lors d'un bain de minuit post-coïtal. Le lendemain, Steven, inquiet, va demander des comptes à Miguel, qui ne sait pas où Patricia a bien pu passer. "Qu'importe", se disent les deux hommes, désormais copains comme cochons, "oublions cette traînée car, sur les plages mexicaines, ce ne sont pas les filles faciles qui manquent : rien de tel qu'une bonne virée chez les putes pour oublier son chagrin !"


Miguel, el bogosso mucho nanaro !



Séduit par la profonde psychologie de Miguel, Steven s'en va donc ramasser les deux premières qui traînent avant d'organiser un festival de nichons à l'air sur le pont de son yacht. Le spectateur appréciera les saines réflexions des deux maquereaux, du style "la mienne est plus jolie que la tienne : tiens, je te la prête !" (et non, ils ne parlent pas de leurs serviettes...).


Una pouffiassa de la playa ! C'est el bueno apéro per el Tintorera !




Te quiero mucho, mi amor de American Express !



Rassérénés par ces ébats, nos deux héros tombent sur Gabriella, qu'ils ramènent sur le yacht de Steven. Pas regardante sur le ménage à trois, Gabriella passe de folles vacances entre Miguel, Steven et la pêche aux requins qu'ils pratiquent assidûment. Seulement, là où on aurait aimé de véritables stock-shots, il n'y en a aucun ! Comprendre : les scènes de pêche sous-marine sont réellement filmées et les poissons (requins, raies, mérous...) réellement tués ! Et la colère qu'on ressent envers ces deux salopards réussit presque à se transformer en joie lorsque "Tintorera" vient subitement happer Miguel au milieu de cette chasse-massacre, entraînant dans son sillage un des plus beaux exemplaires de mannequins en mousse gorgé de barbaque qu'il m'ait été donné de voir dans ma putain de vie ! Gabriella, traumatisée par le spectacle du mannequin en mousse, repart en Angleterre, laissant Steven désespérément seul face à son chagrin (le sous entendu homosexuel qu'on devinait est ici pleinement exploité), décidant pour se consoler... D'ALLER AUX PUTES, TIENS ! On change pas une méthode qui marche !


Une affiche japonaise sobre et efficace.



Pas traumatisé, Steven persuade les joyeux fêtards qui l'accompagnent de rejoindre son yacht à la nage et offre ainsi un beau dîner au "Tintorera" qui passait par là. Et, au milieu de figurants agitant les bras pour montrer leur panique face à un requin en mousse monté sur rail faisant des cercles dans un mètre d'eau, Steven décide qu'il y en a marre ! A quoi ça sert d'être bourré de thunes si le premier requin venu peut venir dévorer ses conquêtes avant même qu'elles n'aient été autrement consommées ???



El Terrifico Tintorera !!! (Tremblez, car il fait bien 1 mètre de long !)



Et comme c'est le cas pour les primates se disputant les faveurs de la femelle, c'est désormais la guerre entre Steven et "Tintorera" ! Guerre qui sera bâclée en deux temps-trois mouvements, histoire de bien gâcher la seule scène qui eut pu éventuellement sauver le film, et qui se concluera par la mort annoncée du "plus gros requin jamais vu" - d'un mètre cinquante environ - tué par une capsule explosive lors de la scène la plus pathétique de l'histoire du cinéma. Scène pathétique précédant une fin de film encore plus pathétique. Cardona en a marre, il veut remballer ses gaules - si l'on me permet cette métaphore halieutique - ça tombe bien. Nous aussi.


Caramba, encore oune attaque de stock-shot !

 



Consternant de machisme, risible de nullité, pitoyable d'amateurisme, "Tintorera" tiendrait plus du navet que du nanar si les scènes d'attaque de requin ne venaient pas corriger le tir. Heureusement, d'ailleurs, sinon, je vous dit pas où Ramon pouvait se la mettre, sa Green Card ! El gringo, il aime pas se faire endauffer !

1/5, et c'est bien payé !

- Zord -
Moyenne : 0.75 / 5
Zord
NOTE
1/ 5
Rico
NOTE
0.5/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation
Le film se paye le luxe de quelques rééditions DVD qui tentent de se la jouer classieuse. Le méritait-il vraiment ? La question reste posée. La version (mexicaine ?) de chez "Desert Moutain", comme celle américaine de "WEA", affichent crânement un "25th anniversary edition" mais n'offrent qu'une V.O. en stéréo, des sous-titres anglais et quelques maigres bios...



En France, les éditions VHS ont été nombreuses, variées et se sont curieusement lancées dans une compétition pour celui qui sortirait la plus moche : "S.M. Vidéo" lance les hostilités en rebaptisant le film "Le Monstre aux dents d'acier" et reprend l'affiche originale imprimée en 4 couleurs (voir dans le corps de la chronique). Toutes nos félicitations à "Socaï Vidéo" qui, pour contrebalancer l'offensive des précédents, réussit l'une des plus hideuses affiches de l'histoire de la vidéo.



Une horreur reprise un temps par "VIP production" (la même boîte en fait) qui s'est aussi fendu d'une jaquette plus cheap avec un visage féminin dans les vagues.



Bien conscients qu'ils ne pourraient battre "Socaï" sur le terrain de la laideur, les esthètes de chez "CK Vidéo" contre-attaquent sur celui du ridicule en rebaptisant le film "Les Dents d'acier" et en le garnissant d'un requin rigolard qu'on jurerait dessiné par Franquin. Chapeau bas, messieurs les artistes...

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