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Ca Va Faire Mal !
(1ère publication de cette chronique : 2004)Titre original : Ca Va Faire Mal !
Titre(s) alternatif(s) :Aucun
Réalisateur(s) :Jean-François Davy
Année : 1982
Nationalité : France
Durée : 1h35
Genre : Sans chemise, sans pantalon
Acteurs principaux :Bernard Menez, Henri Guybet, Daniel Ceccaldi, Caroline Berg, Hubert Deschamps, Patrice Minet, Kathie Kriegel
Jean-François Davy est un pionnier du cinéma français, même si beaucoup l'ont un peu oublié. Il est notamment l'heureux auteur de « Prenez la queue comme tout le monde », « La Débauche ou les amours buissonnières », « Les Bananes mécaniques », « Exhibition » et enfin « Exhibition 2 ». Vous avez sans doute compris en lisant ces titres le point commun entre ces différentes oeuvres : c'est du cul, soft ou hard, mais du cul ! Davy était en effet dans les années 70 à la pointe de la libération des mœurs (mouais...) par le biais du cinéma, avec des réalisateurs plus âgés comme Max Pécas ou d'autres, de sa génération, comme Jean-Marie Pallardy. « Exhibition », son plus grand succès, est une sorte de faux documentaire à la gloire de la vedette du hard Claudine Beccarie, prétexte à la montrer en action sous toutes les coutures. « Exhibition 2 », centré sur Sylvia Bourdon (libertine à la ville et à l'écran) eut ensuite le privilège (?) de se faire totalement interdire par la censure. Bref, Davy, commerçant malin, a profité à plein de la vogue libertaire du « jouissons sans entraves ». Le problème est venu quand il a fallu se reconvertir… Un peu malmené par ses démêlés avec la censure, le maître a décidé au début des années 80 de s'ouvrir à un public plus vaste, en devenant le nouveau roi de la comédie !
Henri Guybet, alter ego de Jean-François Davy, obligé de faire "de l'art avec du cochon".
A l'époque, le film comique à la française cartonnait, même dans ses aspects les plus bas : les films de Philippe Clair, les Charlots ou Aldo Maccione remplissaient les salles. « De Dieu », se dit notre Davy, « VOILA la clé de ma nouvelle carrière ! Le cul, ça lasse, c'est trop limité, le classement X va tuer l'industrie : le comique bien français, l'amant dans le placard et les poursuites en caleçon, voilà un style qui ne se démodera jamais ! Ni une ni deux, je vais tourner ma comédie ! Heu… Qu'est-ce que je pourrais choisir comme sujet ? Faudrait que ça parle d'un truc que je connais bien… Qu'est-ce que je connais déjà ? Ha oui, tiens, le film de fesses ! Je vais faire une comédie sur le cinéma porno ! » Et au final, on se demande si cette pantalonnade totalement débridée ne serait pas en partie autobiographique, ce qui en ferait un objet fort intéressant.
Henri Guybet, héros du film (déjà présent dans une autre comédie française sur le porno, « On aura tout vu », avec Pierre Richard), joue un réalisateur-producteur indépendant totalement miteux, harcelé par un inspecteur du fisc (Daniel Ceccaldi) qui traque les irrégularités de sa société de production. Ayant besoin de se refaire, notre ami, cinéaste-auteur, se voit proposer un marché par son voisin garagiste : il recevra de l'argent frais… à condition de tourner un porno !
Bernard Menez, l'oeil collé à une caméra Mitchell.
Acceptant la proposition de son co-producteur providentiel, Henri Guybet recrute un metteur en scène spécialisé dans le porno à prétention artistique (Bernard Menez, totalement en roue libre) et se prépare à produire son film en trois jours dans un studio de fortune. Mais juste avant le tournage, le garagiste arrive avec l'argent… et une balle dans l'estomac ! Le « co-producteur » amateur de fesse avait en effet commis un hold-up pour se procurer les fonds nécessaires pour le film. Ne pouvant arrêter le tournage, Guybet se retrouve avec un cadavre sur les bras, qu'il va tout faire pour cacher à l'équipe d'acteurs et de techniciens qui vient d'envahir les lieux. A votre avis, les choses vont-elles bien se dérouler ? Non ? Bravo, vous avez gagné un disque de « Jolie poupée » !
"Oh-oh-oh, jolie poupée..." (bon, ça n'a pas trop de lien avec le film mais j'avais très envie de la mettre !)
Bernard Menez essaye d'amuser un poisson rouge. Mais que fait la SPA ?
A partir de cette situation, Jean-François Davy aligne les quiproquos les plus accablants à un rythme endiablé qui rend réjouissant ce qui aurait pu être consternant. « Ca va faire mal ! » a beau être nanar jusqu'aux tréfonds de sa pelloche (dialogues accablants, gags éculés, acteurs qui chargent comme des malades avec plus ou moins de bonheur), il évite en partie la vulgarité ! Quasiment un miracle, vu le sujet… Sur le même scénario, un Philippe Clair ou un Max Pecas aurait réalisé un film horriblement lourd, mais ici le résultat s'avère idiot mais agréable, sans consistance mais léger comme une bulle de savon. Et pas mal de gags ont beau être mauvais, ils découlent de bonnes idées et passeraient bien mieux dans des productions plus maîtrisées.
Kathie Kriegel cabotine avec enthousiasme dans le rôle d'Athalie, la secrétaire nymphomane...
...qui saute littéralement sur tout ce qui bouge (en l'occurence l'assistant Valentin, joué par Patrice Minet).
Le vrai quotient nanar du film vient de l'interprétation, très inégale, qui va du cabotinage lamentable (pas mal des seconds rôles qu'on trouve ici sont extrêmement mauvais), drôle par sa nullité, au cabotinage délirant (venant d'acteurs compétents comme Bernard Menez, Henri Guybet, Daniel Ceccaldi ou Hubert Deschamps), drôle au premier comme au second degré. Le film est à cet égard un festival de jeu d'acteur excessif, pour le pire et pour le meilleur, avec certains numéros totalement ratés (mention spéciale à l'acteur de porno italien, qui bat tous les records) et d'autres plus réussis (Menez, et un Guybet plus agité qu'à l'accoutumée). Que ce soit dans de bons ou de mauvais films, dans « Rabbi Jacob » et « La Nuit américaine », ou au contraire dans « La Frisée aux lardons » et « Ils sont fous ces sorciers ! », certains acteurs du cinéma comique français sont toujours capables de transcender les plus mauvais scénars et de faire de tout naveton vite fait mal fait, au minimum un agréable nanar comique.
Henry Guybet et l'indispensable cadavre encombrant de toute bonne comédie de boulevard.
Le film de Jean-François Davy est de plus franchement drôle dans sa description d'un cinéma érotique de série Z : tournage en folie, acteurs défoncés ou se prenant pour des vedettes alors qu'ils ne sont que des demi-stars du porno, appartement transformé en studio et ravagé par l'équipe du tournage… On sent le poids du vécu ! Le film n'en est pas pour autant un chef-d'œuvre, mais en tire ce supplément de dynamisme qui le place au-dessus de bien d'autres comédies françaises de basse catégorie. La chanson du générique de fin, entonnée (épouvantablement mal) par tous les acteurs du film, est en tout cas un très grand moment de nanardise terminant dignement une comédie qui, si elle n'atteint pas les niveaux nimportequoiesque des meilleurs Charlots, se place très honorablement sur l'échelle de la « bonne comédie ratée».
Cher monsieur, je tenais à vous dire que vous êtes hilarant.
Qu'une comédie ratée puisse être une bonne comédie est en soi un mystère, que ne peuvent comprendre que les nanarophiles émérites. Mais peu de films ont un thème musical aussi péchu que le générique du début : « TAGA-TAGA-TAGA-TAGA-DA ! Caaa-vaa-faiiiiiire-mal ! TAGA-TAGA-TAGA-TAGA-DA ! Caaa-vaa-faiiiiiire-mal ! ». Ce serait d'ailleurs de la mauvaise foi de rater cette chanson dans la mesure où elle se répète à peu près toutes les dix minutes. Certains prétendent que ça aide à apprécier le film tant on finit par être abruti par le refrain, mais ce sont de mauvaises langues...
Le reste du film tient ses promesses : idiot mais vitaminé, et toujours en mouvement jusqu'à une fin d'une rare ringardise ! Recommandé à tout amateur de nanar comique et aux accros de Bernard Menez, qui nous livre ici un numéro assez hallucinant (la Menezomania devient furieusement tendance, ce qui fait que le film a de bonnes chances d'être redécouvert…). Dire que même M6 ne nous exhume plus de telles merveilles, qu'elle allait jadis pêcher au fond de la poubelle du cinéma français...
Isabelle Mergault apparaît 5 secondes à l'écran, le temps de montrer ses seins lors de la baston finale à coups de spaghetti trop cuits.
Jean-François Davy n'a hélas pas persévéré dans la mise en scène, se concentrant sur ses activités de production et de distribution. Il faut avouer que le film fut un échec en salle qui faillit mettre Davy le producteur sur la paille. Mais des bruits insistants dans certains milieux de la cinéphilie dégénérée laisseraient entendre qu'il serait responsable de l'édition en DVD de plusieurs films d'un certain Jean-Marie Pallardy… Nanar un jour, nanar toujours ! Et vive la solidarité des cinéastes Z !
Ils iront tous au Paradis.
Cote de rareté - 2/ Trouvable
Barème de notationLe film a bénéficié d'une petite édition DVD chez "Grenadine" en duo avec "Les p'tites têtes", le seul film réalisé par Bernard Menez lui-même.
Puis est sortie une édition chez "Fil à Film" à la couverture bénéficiant d'un dessin plus qu'étrange qui pourrait faire croire que c'est Alain Resnais qui a tourné ce film sous cocaïne. L'amateur y trouvera des entretiens avec Jean-François Davy (par ailleurs propriétaire de Fil à Film) et Henri Guybet.
Les plus warriors d'entre-vous le retrouverons aux côtés de "Mon Curé Chez les Nudistes", "Mon Curé Chez les Thaïlandaises" et plein d'autres chefs-d'œuvre du même calibre dans un coffret de 10 films, estampillé "Les rois de la comédie" et édité par les rois du recyclage "Fravidis".
Nous déclinons toute responsabilité pour les éventuelles séquelles traumatiques qui pourraient résulter de la vision du coffret dans son intégralité...
Avant l'avènement de l'ère digitale, le film avait bénéficié de trois éditions VHS : 2 éditions différentes chez "Fil à Film" (la société de Jean-François Davy) et une chez "Sunset Vidéo / GCR".
La version "Fil à Film"
La version "Sunset Vidéo / GCR"