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La Toubib du Régiment
(1ère publication de cette chronique : 2005)Titre original :La Dottoressa del distretto militare
Titre(s) alternatif(s) :Lady Medic
Réalisateur(s) :Nando Cicero
Année : 1976
Nationalité : Italie
Durée : 1h45
Genre : La toubib n’a pas de culotte !
Acteurs principaux :Edwige Fenech, Alvaro Vitali, Mario Carotenuto, Alfredo Pea, Gianfranco D’Angelo, Nino Terzo
Objet d’un culte chez certains cinéphiles vicelards mal remis des années 1970, le film dont il va maintenant être question est une sorte de mètre étalon (sans aucun double sens grivois) de la comédie italienne basse du plafond, la « commediaccia », comme disent nos voisins transalpins. A l’image de « Infirmière de Nuit », « La Prof donne des leçons particulières », « Les Lycéennes redoublent » et autres « Zizis baladeurs », ce petit classique suit scrupuleusement les codes de la « sexy-comédie » ritale : quatre livres de sexe soft, un ou deux litres de rire gras-double, on lie la sauce avec des pets, des gags scatologiques, des grimaces macaquesques de la part d’une escouade de cabotins déchaînés, des plans nichons sous le moindre prétexte, on fait réchauffer avec trois kilos de vulgarité, et on sert à la louche dans les écuelles, comme de la bonne purée de flageolets ! Ne pas hésiter à en reprendre, ça se consomme traditionnellement par grosses portions, jusqu’à l’indigestion ! (Ne pas hésiter à péter et à gerber durant ladite indigestion, histoire de rester dans le ton du film)
Oh, un beau montage photoshop avec la tête d’Edwige Fenech sur le corps d’une quelconque actrice de porno (ou mannequin de La Redoute) !
Incunable de ce genre très coté durant les années post-1968 (grosso modo jusqu’à l’autorisation du porno hard en Italie), « La Toubib du régiment » compte à son actif la participation de l’actrice française Edwige Fenech, star incontestée du cinéma trash italien. Opulente et gironde comme une accorte serveuse de trattoria, « la » Fenech, plus que les autres vedettes du genre comme Nadia Cassini, Paola Senatore ou Gloria Guida, incarna les fantasmes du spectateur italien moyen, ses douces formes rondelettes en permanence comprimées par d’étroites tenues prêtes à craquer. Elle trouve ici le rôle de sa vie, celui qui allait plus que tout autre symboliser sa grandiose carrière dans la mémoire collective. Edwige interprète une jeune femme médecin, chargée d’inspecter les bidasses avant leur incorporation.
Ah ça, c'est pas lors de J.A.P.D. qu'on pourra revivre les joies du temps beni du service militaire...
Haaaa, les bidasses ! Un mot sans doute destiné à disparaître du français courant tant il est lié à une époque révolue. On ne dira jamais combien la suppression du service militaire en France a contribué à appauvrir les sources d’inspiration potentielles des humoristes ringards. Fini, le bon vieux temps des Charlots et des « Comment se faire réformer » réalisés par Philippe Clair et autres « Embraye bidasse, ça fume » de Max Pécas ! A l’hospice, les comiques troupiers ! Vu souvent comme un ingrédient vernaculaire de l’humour naze français, le bidasse fut pourtant une mine pour les comiques du monde entier, les Italiens en tête (Dieu sait ce qu’ont dû faire les Turcs…). Aucun ingrédient ne manque ici : recrues prêtes à tout pour éviter leur incorporation, faux malades, blagues de potaches éculées, gags à base de flacons d’urine, grandes folles, travestis, soldats sans testicouilles, demeurés congénitaux, le tout relevé par un véritable festival de grimaces démentes.
LA TOUBIB DU REGIMENT ! UNE DEBAUCHE DE GAGS LEGERS ET DELICATS !
Crac ! Plouf !
Les officiers et médecins du régiment ne sont pas en reste, interprétés qu’ils sont par une troupe de cabotins dopés à la grappa et totalement en free style, le réalisateur s’étant sans doute contenté de poser sa caméra par terre et de leur demander d’improviser des âneries.
DES ACTEURS SUBTILS ET INSPIRES !
Gianfranco D'Angelo !
Carlo Delle Piane !
Mario Carotenuto !
Nino Terzo !
Curiosité : Jimmy il fenomeno, l'acteur porte-bonheur de la comédie naze italienne, joue ici en travesti un petit rôle de bonne soeur...
UN HYMNE AU RAFFINEMENT ET A LA POESIE !
Des gros, des vieux, les recettes immuables du comique de proximité.
La scène du lavement. Indispensable !
Du cinéma vérité !
L’histoire tourne autour des mésaventures d’un jeune réceptionniste d’hôtel, désireux d’éviter le service pour conserver son poste qui lui permet de côtoyer de superbes clientes en rut. Notre héros va-t-il réussir à échapper à l’incorporation en bernant la toubib Edwige Fenech d’une part, et à se taper la doctoresse, de l’autre ?
UN HEROS CHARISMATIQUE !
Les tribulations d’un héros « positif » se devant d’être accompagnées de celles d’un sidekick comique, les auteurs du film flanquent le jeune protagoniste d’un copain de chambrée tout aussi réfractaire, interprété par l’inénarrable Alvaro Vitali, le nabot simiesque le plus hallucinatoire du cinéma.
FESTIVAL ALVARO VITALI !
Ahhhh... le grand Alvaro ! Révélé par des apparitions dans les films de Federico Fellini qui appréciait sa tronche, cet acteur allait être durant les années 1970 l’un des seconds rôles les plus cotés de la comédie débile italienne, jusqu’à devenir vedette à part entière dans « Le Con de la classe », qui allait l’amener au sommet de la gloire tout en faisant de lui le symbole du pire cinéma italien, ce dont il allait avoir ensuite du mal à se remettre. Ici, Alvaro est totalement déchaîné, et multiplie les stratagèmes les plus idiots pour se soustraire aux obligations militaires, avalant tout ce qu’il est humainement possible d’avaler pour se provoquer un ulcère. Attrapant les œufs avec ses fesses, grimaçant comme un babouin sous injection de chianti frelaté, Alvaro Vitali pique amplement la vedette au jeune héros, s’imposant comme la star incontestée du film, dont il personnifie la nanardise sous sa forme la plus brute. Respect total !
The scène culte du film : pour le faire rapetisser et lui éviter le service, le sergent lave les pieds d’Alvaro, lui faisant perdre plusieurs millimètres (de crasse !).
En comparaison, Edwige Fenech, bien qu’exhibée par le réalisateur comme un parfait objet sexuel, parvient à garder une certaine dignité de par la sympathique présence dont elle fait preuve dans un rôle par essence limité. Sans être une grande comédienne, loin de là, Edwige avait généralement l’air de s’amuser à montrer ses atours à un public en chaleur, se rendant plus attachante que la plupart des actrices de film érotique.
Oh Edwige !
Véritable document sur une époque révolue du rire, « La Toubib du régiment » se montre plus attachant que les mauvaises comédies à la française, son « italianité » lui conférant un surcroît d’exotisme que rehausse une version française particulièrement redoutable. Humour niveau pétomanes et fête du slip, chair fraîche à gogo, ce film fut l’un des plus gros succès du genre en Italie comme en France, faisant la gloire d’Edwige Fenech et la fortune du producteur Luciano Martino, qui s’imposait définitivement comme le nabab du rire gras en Italie. La légèreté évanescente d’un scénario invertébré achève de donner à ce plaisir coupable un caractère complètement inoffensif, a contrario de ce que sa vulgarité laissait craindre ou espérer. A consommer comme une friandise hors d’âge un peu lourde, mais toujours savoureuse. Attention quand même au cholestérol, c’est carrément gras !
Mission accomplie mon colonel !
Cote de rareté - 2/ Trouvable
Barème de notationQuand on vous dit qu'ils ressortent n'importe quoi en kiosque. Vous pouvez ranger vos vieilles VHS ("Socaï", "AZ Videodis", "Carrère", les éditions ne manquaient pas !). "CNC" nous a édité un DVD de toute beauté (en scope pour mieux matter les nichons d'Edwige !) mais hélas, seulement pourvu d'une V.F. On ne peut pas tout avoir. Vos marchands de journaux l'ont peut-être encore...