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Le Ricain


Le Ricain

Titre original : Le Ricain

Titre(s) alternatif(s) :Kidnapped, The Man From Chicago, That Man From Chicago

Réalisateur(s) :Jean-Marie Pallardy

Année : 1977

Nationalité : France / Turquie

Durée : 1h35

Genre : Clint Eastwood m'a tout piqué

Acteurs principaux :Gordon Mitchell, Jean-Marie Pallardy, Jess Hahn, Jean Luisi, Ilker Inanoglu, Jacques Insermini

Lamule
NOTE
2.5/ 5


Après avoir visionné son fabuleux long-métrage "White Fire", nous nous sommes rués comme des hyènes sur une charogne putride vers cette nouvelle oeuvre signée John-Mary Pallardy. Sa date de parution étant antérieure au "joyau", inutile de souligner combien on en attendait de ce film !

Le premier qui critique mon film, je le descends ! 


John-Mary Pallardy et son mouflet Olivier (joué par Ilker Inanoglu, le Cowboy Kid de "Küçük kovboy" avec Cüneyt Arkin. La classe totale !)

Première déception : il y a un chef monteur (ah merde !). Première satisfaction, John-Mary joue lui-même. Par-devant et par-derrière la caméra, on sent bien que J-M a traîné ses guêtres dans le porno soft. Mais il faut bien le reconnaître, "Le Ricain" n'arrive pas à la hauteur de son glorieux successeur. Cependant, toutes proportions gardées, il nous offre un spectacle nanar des plus acceptables. Chef monteur ou pas, on a bien reconnu le coup de patte de notre réalisateur favori, notamment à base de gros plans outranciers sur des visages exprimant une émotion qu'il nous faut à grand peine deviner. La difficulté à comprendre un scénario (déjà pas logique pour un sou fétiche) s'en trouve décuplée. Que de fois a-t-il fallu mettre la projection en stase afin de rattraper nos troupes perdues... Pallardy, un architecte dédaléen malgré lui.


Jess Hahn alias Jeff, archétype de la grosse brute au coeur d'or.

Le sublime réalisateur incarne le héros Serva que la scène d'ouverture nous montre en compagnie de Jeff (incarné par le sympathique Jess Hahn, habitué des tournages de Pallardy) dans un trafic de contrebande (quelque chose de très illégal, quoi). Sans transition et de but en blanc, on retrouve le Héros à l'hôpital où sa femme accouche. Les choses se présentent mal et Serva se voit confronté à un gros dilemme par les médecins : sauver sa femme et perdre le bébé, ou sauver le bébé et perdre sa femme. "Voyons voir, si je sauve mon épouse - l'être que j'aime a priori - on pourra toujours avoir d'autres bébés" devrait se dire Serva. Mais non, il décide de sacrifier sa femme et de sauver le bébé. Pas de protestations, il s'agit du Héros, respectons sa décision, ne jugeons pas s'il vous plaît. À la sortie de la maternité, il rencontre un compagnon d'infortune, lequel a lui aussi perdu un être aimé (Gino qu'il s'appelle) et ils s'en vont prendre un godet. Ils deviendront de proches amis et Serva s'appellera dorénavant Marshall. Serva / Marshall n'est pas censé le connaître alors, mais son jeu d'acteur en a blousé plus d'un, un quiproquo fatal qui fera de cette scène une source d'incompréhension pour certains de mes congénères par la suite (il aura fallu rembobiner, comparer, argumenter et tout et tout).

Le méchant Gordon Mitchell en costume de marin.

La VHS américaine.

La phrase "Dix ans plus tard" tombe alors comme un couperet sur des images d'Istanbul, la ville fétiche de Pallardy. L'histoire peut commencer, nos interrogations dubitatives aussi. Car Gino est en fait le beau-frère de Marshall, présent dans le bloc opératoire lors de la mise à mort de sa soeur par son futur ami ! Pourquoi n'a-t-il rien dit alors ? Parce qu'il devait devenir le meilleur pote du Héros pour mieux pouvoir se venger bien sûr ! C'est mieux pour le scénario, certes, mais d'ors et déjà on part sur un postulat plus que dément (là encore, rembobinage et vérifications furent nécessaires). C'est pas grave, car nous sommes ici dans un nanar : donc c'est bien ! Gino va alors s'en prendre au fils de son beau-frère, le petit Olivier (son neveu quoi). Il lorgne sur les affaires fructueuses (honnêtes) de Marshall. Et son seul point faible c'est son fils (logique !).


John-Mary au téléphone.

Entre-temps, Jeff refait surface après dix ans d'absence car il est dans la merde : il s'est fait (stupidement) gaulé par les douaniers turcs pour une stupide histoire de patates remplies de cocaïne.


Un plan diabolique : passer la drogue dans les pommes de terre... reste juste à trouver un moyen de refermer les patates !

Marshall (fidélité et grandeur d'âme obligent) va se porter à son secours avec l'aide de Gino. Jeff est alors une aubaine pour Gino. Pourquoi ? Car figurez-vous que seul un Américain peut faire sortir Olivier de son camp de scouts ! Invraisemblable mais vrai, Gino va "manipuler" Jeff', ce Ricain, pour kidnapper le gosse. Ce dernier ne connaissant pas Serva sous le nom de Marshall mettra du temps à comprendre et nous aussi. Je vous passe les détails du déroulement, scrupuleusement à l'image de son plan : truffé d'incohérences.


Gino la "petite lopette, la sale petite gouape de tapette" (Jean Luisi, "gueule" du cinéma français et habitué des films de Pallardy).

Mais avouez que si tout se basait sur la nationalité américaine du quidam, alors pourquoi choisir cet Américain là ? La réponse, il vous faudra la découvrir par vous-mêmes car elle ne nous est pas apparue. Marshall enquête et remonte jusqu'à Gino, inutile de dire qu'il est furax après lui (il le traite de "petite lopette, la sale petite gouape de tapette"). En passant il en veut aussi à Jeff. Tout finit en règlement de compte dans un théâtre antique. C'est ce moment là qu'a choisi Pallardy pour perdre les pédales et retourner à son art premier : le n'importe quoi. De bosquet en fougère, le flingue luisant à la main, ce fou bondissant au regard énigmatique va utiliser les montagnes avoisinantes (elles retournent en écho sa voix de manière contrôlée... par ses yeux !) pour disperser l'attention de Gino qui se fera tuer par Jeff. Oui je sais, c'est incalculable, mais il faut suivre. Courage c'est bientôt fini. A la fin il ne reste plus que Jeff, Olivier et son Papa.


Discussion entre vilains.

On s'attend à un happy end légitime, où une fois expliquée, la méprise de Jeff serait pardonnée et où tout ce petit monde s'en irait bras dessus, bras dessous vers un soleil couchant enveloppant d'une couleur chaude les roches millénaires de l'amphithéâtre grec (Jeff nous en fait une petite rétrospective historique qui sent la foutaise en barre).


Jeff se fâche !

Mais non. Marshall s'en ira seul de son côté, abandonnant ainsi son fils à son ami (?) qui finalement est plus à même de s'occuper du garçonnet. En effet, que de fois sa pulpeuse gouvernante ne lui a-t-elle pas reproché de ne se consacrer qu'à son boulot... (Serva : "Je veux que cet enfant ait tout, vous comprenez, tout !" Elle : "Cet enfant n'a pas besoin de "tout", mais de vous !") Une fin un peu bancale similaire à celle de "White Fire". Serait-ce une signature ?


Une scène poignante d'émotion... dès que John-Mary arrêtera de pousser ses petits soupirs ridicules. La blonde, Elisabeth, est jouée par l'actrice turque Filiz Akin, notamment vue en karatéka vengeresse dans "Sous l'empire de la haine".

Pallardy semble aimer voir ses personnages persévérer pour atteindre un but qui leur échappe désespérément pour qu'à la fin, lorsque la victoire est leur, ils abandonnent tout pour une phrase bien placée d'une tierce personne (ici son fils et les mots remémorés de sa gouvernante). Étonnant ce Pallardy, vraiment ! Pour finir, il est à noter que le tout est régulièrement émaillé de petites touches nanardes qui ne mangent pas de pain. D'un combat suffoquant qui dure une plombe (où Jess Hahn tabasse Gordon Mitchell comme c'est pas permis) aux diverses répliques décalées, il y a vraiment matière à se marrer même si ce n'est pas la quintessence du genre. Mention spéciale à Gordon Mitchellpour ses regards affolants qui nous ont bien fait ricaner. Bon à voir. Ne serait-ce que pour s'adapter au "style" Pallardy.


Jacques Insermini, trafiquant de patates. Un fidèle des productions érotiques de Pallardy qui embrayera malgré un physique de camionneur sur une carrière de hardeur !


Un autre méchant, non identifié celui là...


Addendum :
Notons que le maître semble tenir à ce film, lui qui déclarait dans le journal grenoblois "Petit Bulletin" : "Si le Ricain est un nanar, comment se fait-il que Clint Eastwood s'en soit inspiré pour Un Monde Parfait ?" Voilà une phrase qui nous met du baume au coeur. Que seraient en effet les grands du cinéma sans les idées qu'ils piquent aux auteurs de films plus modestes ?

Par ailleurs, en voyant ce film, Mr Klaus dit avoir reconnu la BO de "Texas" de Tonino Valeri (musique de Luis Bacalov) et celle de "Dans les griffes du loup-garou" avec Paul Nashy. Pour le second, les deux films datant sensiblement de la même période, difficile de savoir qui a copié qui. Certains sites spécialisés dans la musique de films pensent que Morricone n'a composé que le thème principal, le reste ayant été compilé à partir de musiques de Bacalov et Bruno Nicolai par Christian Bonneau de CAM records. D'après Pallardy lui-même, le thème est bien de Morricone mais, à l'origine, n'aurait pas été composé précisément pour "Le Ricain".

Une superbe lobby card turque d'époque.

- Lamule -
Moyenne : 2.11 / 5
Lamule
NOTE
2.5/ 5
Labroche
NOTE
2.5/ 5
Mayonne
NOTE
2/ 5
TantePony
NOTE
2.5/ 5
Rico
NOTE
2.5/ 5
John Nada
NOTE
2/ 5
Nikita
NOTE
1/ 5
Kobal
NOTE
1.5/ 5
Drexl
NOTE
2.5/ 5

Cote de rareté - 5/ Pièce de Collection

Barème de notation

C'est surprenant mais si Pallardy considère ce film comme son oeuvre la plus aboutie et la plus personnelle, elle n'est étonnamment sortie en DVD qu'en 2015 alors que White Fire ou Overdose, que le Maître considère comme secondaires, ont eu droit à leur édition DVD dès le milieu des années 2000. Faut-il y voir la patte malfaisante d'Eastwood ? S'il n'a pu faire taire l’intègre Jean-Marie, l'ignoble Clint doit à coup sûr être responsable des fautes et coquilles qui parsèment la jaquette. Soyez attentif il y en a 3 différentes à trouver...


...Gordon MiCHtell au lieu de Mitchell, "érreur" avec un accent sur le premier e, et Ennio MoRicoNNe au lieu de Morricone

Plus sérieusement c'est dommage car malgré ses défauts, ce film est effectivement le plus réussi de Pallardy. Par chance les éditions VHS se trouvent encore fréquemment. Qu'il s'agisse de celle de "VIP" (la plus ancienne), celle des "Films du Diamant" ou encore celle de "CVC", qui n'hésite pas à mettre au dos de sa jaquette une photo de Jess Hahn dans "Les Grandes Gueules"... tss, aucune déontologie.