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007 ½ : rien n’est impossible

(1ère publication de cette chronique : 2006)
007 ½ : rien n’est impossible

Titre original :The Impossible Kid

Titre(s) alternatif(s) :L'Invincible kid du kung fu

Réalisateur(s) :Eddie Nicart

Année : 1982

Nationalité : Philippines

Durée : 1h38

Genre : Nain posture

Acteurs principaux :Weng Weng, Tony Carreon, Ben Johnson, Romy Diaz

La Team Nanarland
NOTE
3/ 5


Le retour de Weng Weng sur Nanarland, à l'occasion de notre exploration de la production des Philippines, était un tel évènement que chacun a voulu y mettre son grain de sel : vous trouverez donc dans le corps de cette chronique plusieurs avis de nanardeurs venus crier (ou chanter, dans le cas de Rico) leur émotion (avis de Nikita, Labroche, John Nada et Rico).

L'Avis de Nikita


Tant qu’à avoir une bonne idée, autant l’exploiter à fond : c’est ce qu’a dû se dire Eddie Nicart, glorieux réalisateur de « For Your Height Only », en tournant le présent film, seconde et hélas, semble-t-il, dernière œuvre mettant en vedette Weng Weng dans son rôle fétiche de l’agent 00. Vous aviez aimé dans le premier film le spectacle d’un lilliputien vraiment petit, accomplissant au premier degré des exploits dignes de James Bond ? Hé bien là, c’est pareil : vous en aurez encore plus, avec des combats d’arts martiaux, des cascades dignes d’une dénonciation pour maltraitance de personne handicapée, et même des scènes coquines ! Notre ami Weng Weng se déchaîne littéralement dans une prestation qui le voit surpasser tout à la fois la classe de Sean Connery, l’agilité de Bruce Lee et la virilité de Max Thayer. Chaque scène est littéralement une ode au talent, à la force, à la beauté de Weng Weng l’inoubliable, l’insurpassable, l’imbattable. Le héros ultime existe, et il mesure 80 centimètres.



Born to be wild.




Notre héros n'a peur de rien, pas même des pensionnaires de Chez Michou !


Oui, enfin, bon… Ne nous leurrons pas, c’est encore à une aventure jamesbondesque des plus crapoteuses que nous allons assister ici. Action merdique, acteurs poisseux, figurants payés en sandwiches avariés composent pour nous un film d’aventures glorieusement minable. Le script, sans doute volé dans les cartons d’un scénariste de télé en panne d’inspiration, suit une histoire de chantage et d’extorsion assez banale : une organisation terroriste internationale, composée d’une petite dizaine de sbires philippins et dirigée par un grand stratéguerre en cagoule du Ku Klux Klan, exige de recevoir d’importantes sommes d’argent de divers hommes d’affaire, sous peine de mort. Interpol intervient et, bien évidemment, met sur l’affaire son meilleur limier : l’agent 00, Weng Weng en personne !


Un parrain philippin à l’élégance décontractée.

Un inquiétant sosie de Maurice Pialat.


Les méchants reçoivent des ordres de leur chef par magnétoscope interposé.



Faut vraiment pas lui baver sur les rouleaux !


Le titre vidéo français, « Rien n’est impossible », est le mieux adapté à décrire le spectacle qui nous est offert. L’intégralité du film semble en effet bâtie sur le principe même de la suspension temporaire de l’incrédulité, poussé ici à son point le plus extrême. Si l’on tient compte du fait que personne ne fait allusion à la taille de notre héros (sauf les méchants, vers la fin), il faut de surcroît être prêt à accepter la vision d’un homme de très petite taille, autrement dit un grand handicapé, accomplir des exploits physiques dignes de Jean-Claude Van Damme, tout en tombant au passage une bonne partie des interprètes féminines. Car, malgré un faciès issu d’un croisement entre un poisson et une aubergine, l’imbattable Weng semble exhaler une sensualité animale irrésistible à toute femme normalement constituée, jusqu’à lui permettre de bécoter une donzelle de passage, en pleine résolution de prise d’otages. La légende de Weng Weng acteur de films porno est peut-être fondée, à voir sa manière résolument imparable de mettre en émoi une jolie damoiselle.


L’agent 00 et ses hommes partent à l’assaut des preneurs d’otage…

…mais notre héros sait prendre le temps de goûter aux bonnes choses.


Ajoutons en outre que notre ami fait preuve sur le tatami d’une maîtrise certaine des arts martiaux, ce qui tendrait à accréditer la thèse historique selon laquelle il aurait été ceinture noire de karaté. Ce qui nous vaut une scène inoubliable où, victime d’un guet-apens dans son dojo, l’indestructible nabot vient à bout d’une sbirette sadique et de ses hommes de main. La vision d’un gnome de moins d’un mètre de haut terrassant sans trop d’efforts quatre hommes et une femme normalement constitués constitue cependant un test très sérieux pour la santé mentale du spectateur, qui assiste bouche bée à l’un des clous du film.


Weng Weng assure bien sur le tatami…


…par contre, la méchante fait à peu près n’importe quoi.






Si l’on applaudira la prestation de Weng Weng, qui donne réellement de sa personne au cours des scènes de combat, l’invincibilité de son personnage laisse littéralement pantois, jusqu’à en devenir fascinante par son absurdité même.





Qu’il parcoure les routes à 20 kilomètres/heure à bord d’une moto-jouet jaune poussin, mette KO des adversaires six fois plus grands que lui, affronte un travesti dans un combat sans merci ou saute en parachute du haut d’un building, Weng Weng est tout à la fois la star et le point cardinal d’un film qui, sans lui, n’aurait strictement aucun intérêt. Transcendant scénario poussif et mise en scène plan-plan, le lilliputien de Manille hypnotise littéralement. Jouant la plupart des scènes avec un sérieux papal, notre ami se montre cependant moins inexpressif qu’on n’a pu l’écrire, se permettant ici et là quelques écarts par des sourires et des clins d’yeux qui semblent indiquer qu’il a dû bien s’amuser sur le tournage.





Atomisant toute logique à chaque apparition du nanifique héros (présent dans quasiment toutes les scènes, autant dire que le film ne s’en relève jamais), « The Impossible Kid », malgré des baisses de rythme typiques des nanars philippins, se révèle une curiosité tout à fait appréciable dont le caractère souvent hallucinatoire lui vaut une place bien méritée au panthéon des films « autres ». Plus proche dans son esthétique et son argument d’un épisode de série télévisée que d’un James Bond, le film bénéficie à plein de la classe folle de son protagoniste, plus viril qu’un Schtroumpf, plus habile que Mickey Mouse, plus imbattable que Tic et Tac réunis ! Véritable héros des temps modernes, Weng Weng s’affirme comme l’un des acteurs les plus improbablement géniaux de tous les temps : on ne pourra que regretter que le troisième film prévu, « License Expired », n’ait apparemment jamais vu le jour (dans le cas contraire, nous sommes preneurs de toute information !). Du mini-Bond comme ça, on en mangerait tous les jours !

L'Avis de La Broche


Weng Weng… Ce nom résonne comme l’appel d’une sirène en chaleur aux oreilles du navigateur nanar perdu en pleine mer. Tel un phare breton philippin, un film avec Weng Weng guidera n’importe quelle promeneur égaré vers des terres où la nanardise est reine.
Bon, je m’emporte peut être un peu, mais il faut dire que la vision de « For Your Height Only » nous avait laissé en bouche comme un goût de nanar ultime, indépassable en son genre. Pour ceux qui auraient raté cet épisode il convient de rappeler le « concept Weng Weng » : dans un accès de folie furieuse comme seule la décennie des 70’s le permettait, l’industrie du cinéma philippin accoucha un jour d’un héros unique en son genre. Un héros défiant les imaginaires les plus débridés. Un héros, agent secret de son état, capable de faire la nique aux pires méchants du monde, tout en mesurant moins de 90 centimètres : un Weng Weng.
Héros ou nain ? On le sait, le cinéma a pour habitude d’être binaire (un point à qui décode le jeu de mot contenu dans la phrase précédente). Weng Weng, c’est tout le contraire. On pourrait décrire l’acteur comme un concentré de mauvais comédien dans un corps d’enfant malingre. Loin d’être un nain connu, Weng Weng pourrait se résumer à un faciès de bambin empruntant autant à Mireille Mathieu (la coupe) qu’à Jean Lefebvre (l’œil vide), gaulé comme un « Passe-Partout » ayant fait une overdose de Slim Fast après s‘être fait renvoyer de Ford Boyard pour cause d’abus sexuel sur le Père Fourras. [le lecteur n’est pas obligé de tenir compte de ce dernier paragraphe] Le matricule de cet agent est à la hauteur du concept puisque notre nain playboy se présente comme l’agent 007 ½.



Notre agent secret revient donc dans une suite. Encore un moyen de faire du freak, diront les mauvaises langues. Et sans mauvais jeu de mot, on peut dire de cette suite qu’elle est à la hauteur.
Dès le générique on est sous le charme : un 33 tonnes roule à vive allure sur une route sinueuse des Philippines. Ce sont des gredins qui s’enfuient. Soudain, dans le rétroviseur apparaît un point jaune, qui devient de plus en plus gros, jusqu’à atteindre au bas mot 40 centimètre de haut. Ce n’est autre que l’agent Weng Weng chevauchant une mini moto, ces petits engins équipés de moteurs de tondeuse à gazon. Harnaché à son monstre vrombissant, Weng Weng se lance dans un véritable abordage du camion, et met à terre deux sbires sans leur laisser la moindre chance de survie. Quel nain trépide.




Ca vous apprendra à venir chercher noise à Weng Weng, malandrins !


Comme mes collègues de Nanarland ont eux aussi rédigé un texte, je ne m’étendrai pas sur l’histoire sans queue ni tête de ce film. Simplement, il faut savoir que malgré un rythme moins soutenu que l’opus précédent, cet « Invincible Kid du kung-fu » vaut très largement le détour. Des katas foireux d’un nain puissant, aux poursuites à mini moto d’un nain compétent, notre Weng Weng international porte le film à bout de bras. Bon, du coup ça ne vole pas haut, mais c’est tout de même 1h20 de bonheur.

L'Avis de John Nada


Comme tout film philippin de cette période, cette seconde aventure de l'agent 00 contient certaines longueurs mais, comme tout nanar de poids, il contient surtout ses morceaux de bravoure désopilants propres à faire oublier toute faiblesse de rythme. « L’Invincible Kid du Kung-Fu », c’est, certes, des Philippins moustachus fringués avec un manque de classe total qui parlent au ralenti devant des tapisseries tristes à se faire éclater un canon dans la bouche.



Mais c’est surtout d’hallucinantes courses-poursuites à mini moto avec cascades à la clé, un thème musical entraînant ("Weng Weeeng, I love you my Weng Weeeng, come to me and kiiiss meeeee, I love you Weng Weeeng !!!"), qu’on se surprend quelques jours plus tard à siffloter sous la douche ou au boulot, tout ceci tournant autour de la présence immanquablement réjouissante de Weng Weng, entré en grande pompe au panthéon des méga stars de Nanarland depuis la découverte de l’inoubliable « For Your Height Only ». Weng Weng est un phénomène qu’il importe de voir en images animées pour en mesurer toute l’ampleur. Magie de la mémoire et du cerveau humain, il me suffit de fermer les yeux pour revoir à tout moment cette séance de katas sur tatamis durant laquelle notre super agent secret évoque irrésistiblement un bambin mal réveillé jouant en pyjama sur son tapis de chambre. Ou pour être hanté par un Weng Weng jetant sur ses conquêtes féminines aussi bien que sur ses ennemis les plus farouches cet immuable regard de gastéropode dépressif, ce regard du type qui a soit tout compris à la vie, soit rien compris du tout.


Quel genre d’homme était Weng Weng ? Un génie cynique et blasé, à l’enthousiasme réduit à néant par l’inanité de l’existence, ou bien un idiot ahuri n’ayant même pas les ressources de se demander ce qu’il fout là ? Plutôt Cioran ou plutôt Florent Pagny ? Parce qu’il laisse cette question en suspens et les cinéphages à qui il en faut toujours plus sur leur faim, dommage, hélas, que Weng Weng n’ait pas illuminé plus de films de sa présence aussi forte qu’ambiguë…

La chronique chantée de Rico :


A entonner sur le thème de “The Man I love”, la chanson du film :


Il est le plus grand des p’tits nains.
Le super espion philippin.
Personne ne peut l’arrêter,
Un vrai chevalieeeeeerrrrrrr !
Il sauve toujours les Philippines,
Plonge du dixième dans une piscine,
Echappe à des tueurs embusqués
En tue des pelletéééés…
Toujours sûr de lui, il arrête,
les méchants avec une chaussette sur la tête,
C’est comme tous ces sbires qu’il dérouille
à coups de poing dans les c…

 

 

Fonçant sur sa mini moto,
Il est le plus fort, le plus beau
Sa coupe au bol plaquée par le vent,
Il nargue les méchaaaannnts !

 

 

Au dojo, il est super bon,
Même s’il s’entraîne en p'tits chaussons
Il enchaîne à l’aise les katas
Ca rend folles les nanaaaaaas !

 

 

De tous les cœurs c’est le bourreau,
Même coincé dans une cage à oiseau,
Une fille accourt le libérer
Nul ne peut l’arrêteeeeeeer !

 

 

La vie est belle aux Philippines,
On va prendre ses douches en string
Les fringues sont de vraies horreurs,
Eighties foreveeer !

 

 

Oubliez tout esprit critique,
Même si l’action est souvent pathétique,
Le sérieux de Weng Weng est fascinant
Limite hypnotisaaaaant.
Le réalisateur en plus ose
Piquer le thème de la Panthère Rose !
S’offrir un générique à la James Bond,
Eddie tu t’ moques du mooonde…

 

 

Qu’importe ne boudons pas notre plaisir,
Laissons-nous prendre par le délire,
Et vive les films de dingues !
Quand je serais grand, je serai Weng Weeeeeng !!

 


Icono : www.dvdmaniacs.net, www.vhs-survivors.com (site aujourd'hui disparu)

- La Team Nanarland -
Moyenne : 3.38 / 5
La Team Nanarland
NOTE
3/ 5
Rico
NOTE
4/ 5
John Nada
NOTE
3.5/ 5
Nikita
NOTE
3/ 5
Peter Wonkley
NOTE
4/ 5
Wallflowers
NOTE
4/ 5
MrKlaus
NOTE
3.5/ 5
Mayonne
NOTE
3.5/ 5
Kobal
NOTE
3/ 5
LeRôdeur
NOTE
2.5/ 5
Labroche
NOTE
4/ 5
Drexl
NOTE
3.5/ 5
Jack Tillman
NOTE
2.5/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation


Incroyable mais vrai : contrairement à « For Your Height Only », ce film est sorti en salles en France, sous le titre de « L’Invincible Kid du Kung-fu ». Il a ensuite connu une édition VHS chez « Script ». En 2017 "Bach films" l'a édité dans sa collection "Freaksploitation" avec plein de bonus dont des interventions d'Andrew Leavold et Christophe Bier.

Le DVD allemand, lui aussi de la belle ouvrage avec les versions anglaises et allemandes du métrage et quelques bonus chapeautés par Andrew Leavold himself.


Aux Etats-Unis, apparemment tombé dans le domaine public, il se trouve sur certains sites de téléchargement légal ! Le film peut se trouver en DVD américain chez "Digiview Entertainment" ou chez "Synergy", propres mais sans fioritures.





On trouve aussi le film dans un pack de 50 films d’arts martiaux de chez "Mills Creek" grands spécialistes du refourgage massif de films libres de droit dans des versions immondes (à 3 ou 4 films par DVD l'encodage est fait au marteau pilon).